L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet - GrandTerrier

L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet

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Catégorie : Odet
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Cet article est une investigation sur l'arrivée des premières machines de papier en continu, après l'introduction des piles hollandaises de préparation de la pâte.

Cette enquête nous a mené du côté d'Annonay, la ville papetière des Montgolfier, amis de Nicolas Le Marié, le fondateur du moulin à papier d'Odet,

En parallèle, nous avons fait une escapade en Angleterre où étaient vraisemblablement ces machines, et d'où provenait aussi le tout premier mécanicien d'Odet, Thomas Pharaol Doidge.

Autres lectures : « Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec » ¤ « La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822 » ¤ « Le site de la papeterie d'Odet et son alimentation en eau » ¤ « Nicolas Le Marié (1797-1870), entrepreneur papetier » ¤ « ANDRÉ-FOUET Edouard (abbé) - Discours des Fêtes du Centenaire » ¤ « Mann Kerouredan raconte la fabrication du papier » ¤ « Notes et croquis de Mann Kerouredan, jeune papetier d'Odet » ¤ « CGF et AFQP - Moulins à papier et familles papetières de Bretagne » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Pour démarrer cette enquête, il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloré en 1922 : « La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier. »

Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier et quelles machines exactement furent transplantées à la papeterie bretonne d'Odet, nous ne le savons pas précisément. Mais les explications historiques et documentaires du musée de la Papeterie Canson-Montgolfier nous donnent des indices (cf transcriptions des panneaux de l'exposition ci-dessous). Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson (gendre du cadet Etienne de Montgolfier) tenaient à cette époque des fabriques différentes près d'Annonay, à Saint-Marcel et à Vidalon, et ils eurent quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son directeur à la papeterie de Corbeil-Essonnes (Léger-Didot). Ce dernier racheta sa part du brevet, s'exila en Angleterre d'où il organisa sa filière d'importation pour les entrepreneurs français.

Canson fut le premier à négocier avec Léger-Didot, et réussit même à signe un contrat d'importation en exclusivité à Annonay. Il équipa sa papeterie en 1822 d'une première « machine à table plate », et par la suite son fils inventa les « caisses d'aspiration » placées en dessous de la toile métallique. Son cousin par alliance, Jean-Baptiste de Montgolfier, négociera avec Cameron, autre fabricant anglais, et introduira dans sa papeterie une « machine à forme ronde et cylindre aspirant ».

À qui Nicolas Le Marié fit appel pour l'achat de ses machines en 1834 ? À l'héritier de Vidalon-les-Annonay, Barthélemy Barou de Canson ? Ou à Jean-Baptiste de Montgolfier [1] et son beau-frère Elie de Montgolfier [2] (frère de l'épouse de Jean-Baptiste, une Montgolfier également). Nous pensons plutôt à ces Montgolfier et à leur filière d'importation de machines anglaises. Mais ceci mérite confirmation, par l'étude des livres des comptes des papeteries respectives.

 
machine du musée de Vidalon-les-Annonay
machine du musée de Vidalon-les-Annonay

Par contre à la fin du 19e siècle les machines d'Odet furent achetées à une entreprise du Creuzot, conformément au témoignage de Jean-Marie Déguignet daté de 1895 : « Une machine arrivée l'autre jour du Creusot et qui fait à elle seule l'ouvrage de dix ouvriers ».

Quant au mécanicien anglais présent à Odet dès 1822, on peut s'étonner qu'il n'assista pas à l'arrivée des nouvelles machines en 1834. Certes Thomas Doidge avait installé les piles hollandaises pour la préparation de la pâte, mais la technique de travail à la cuve et le séchage sur perches étaient trop artisanale pour une production mécanisée. Les « machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu » en provenance d'Annonay, puis du Creusot, allaient changer la donne industrielle.

[modifier] 2 Musée d'Annonay

Les panneaux du Musée des Papeteries Canson & Montgolfier de Vidalon-Annonay apportent de précieux renseignements sur l'introduction en France des machines de fabrication du papier en continu par les Montgolfier et Canson, et permettent de lever des hypothèses sur les contacts entre Nicolas Le Marié et entre les Montgolfier, vraisemblablement Jean-Baptiste de la papeterie de St-Marcel.

Ce dernier proposa-t-il au papetier breton en 1834 l'une de ses machines en seconde main, organisa-t-il l'importation d'Angleterre de machines neuves ? Ou alors Le Marié préféra-t-il traiter avec les Canson de Vidalon ? On réfèrera à l'arbre généalogique ci-contre, exposé au musée, pour comprendre toutes les liens de parenté et l'histoire des papeteries des Montgolfier.

1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »

12 mars 1689 : Vente de la fabrique de Vidalon à Antoine Chelles, qui en est le fermier, par dame Olympe Galbert des Fonds.

1702 : Raymond Montgolfier prend la direction de la papeterie.

§ 1743 : Pierre Montgolfier hérite de Vidalon-le-Haut ...

2. « Les premières machines à papier en continu »

Pendant dix-sept siècles, le papier étant fabriqué feuille par feuille, la quantité produite demeure faible.

Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger.

§ Un conflit va les opposer ...

§ Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...

§ A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...

§ Les caisses d'aspiration d'Etienne de Canson ...

 

3. « Papetiers de Vidalon, St-Marcel et Grosberty »

Le 12 juin 1823, Jean-Baptiste de Montgolfier demande un brevet d'importation pour une « une machine à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu dans des dimensions déterminées sans qu'on soit obligé pour cela d'employer des toiles métalliques ou des moules à articulation ».

Il ne peut acheter le type de machine fonctionnant à Vidalon car Barthélemy de Canson s'en est assuré l'exclusivité. Le 12 février 1824, Jean-Baptiste obtient enfin l'autorisation par l'acquisition d'une machine ronde Cameron. Il l'installe finalement dans sa papeterie de Grosberty construite en 1817 par son beau-frère Elie.

[modifier] 3 Mécanicien anglais

Au début du 19e siècle il est indéniable que les mécaniciens anglais étaient les plus doués et reconnus pour la mise en route des machines industrielle que l'on voyaient apparaitre en France. À Odet, c'est un dénommé Thomas Pharoal Doidge qui assure la direction technique de la papeterie créée à Odet par Nicolas Le Marié.

Il est né en 1794 à Mevagissey en Cornouailles britanniques, et avant de s'établir à Odet, il est constructeur domicilié à Roscoff où il déclare une première fille en 1818 [3]. En 1825 et 1827, avec son épouse Mary Williams, il déclare les naissances d'un garçon et d'une fille [4].

 

Peut-être un jour il sera possible d'établir un lien entre Thomas Doidge et les ingénieurs et mécaniciens anglais qui ont conçu et fabriquer les premières machines « machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu » que les Montgolfier et Canson ont introduit dans leurs papeteries d'Annonay.

[modifier] 4 Annotations

  1. Jean-Baptiste de MONTGOLFIER, né le 11 février 1767 - Paris, 75000, Paris, France. Décédé le 18 septembre 1831 - Saint-Marcel-lès-Annonay, 07100, Ardèche, France , à l’âge de 64 ans. Fabricant de papier. Marié le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec sa cousine germaine Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER. [Ref.↑]
  2. Elie Louis Simon de MONTGOLFIER, né le 24 juillet 1784 - Rives, 38140, Isère, France. Décédé le 21 janvier 1864 - Cannes, 06400, Alpes-Maritimes, France , à l’âge de 79 ans. Fabricant de papier. Soeur : Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER 1780-1851 Mariée le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec Jean-Baptiste de MONTGOLFIER 1767-1831. [Ref.↑]
  3. Naissance - 26/02/1818 - Roscoff de DOIDGE Mathilde, fille de Thomas Pharoal, Constructeur , âgé de 25 ans et de Mery WILLIAMS, âgée de 20 ans. Notes : Père ° Maveegesay (Angleterre) & Mère ° Fowey (Angleterre) [Ref.↑]
  4. Naissance - 04/03/1825 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet) de DOIDJE Albert Jean, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 31 ans et de Marie WILLIAMS. Notes : le père signe DOIDGE, DOIGE dans l'acte. Naissance - 15/04/1827 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet), de DOIDJE Isabelle Marie, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 33 ans et de Marie WILLIAMS [Ref.↑]


Thème de l'article : Mémoires des papetiers d'Odet

Date de création : juin 2015    Dernière modification : 17.03.2021    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]