L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet - GrandTerrier

L'importation des premières machines de fabrication du papier en continu à Odet

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-<i>Cet article est une investigation sur l'arrivée des premières machines de papier en continu, après l'introduction des piles hollandaises de préparation de la pâte. Cette enquête nous a mené du côté d'Annonay, la ville papetière des Montgolfier, amis du fondateur du moulin d'Odet, et aussi en Angleterre, pays de la mécanique et de la révolutions industrielle.</i>+<i>Cet article est une investigation sur l'arrivée des premières machines de papier en continu, après l'introduction des piles hollandaises de préparation de la pâte.</i>
-Autres lectures : {{Tpg|Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec}}{{Tpg|La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822}}{{Tpg|Le site de la papeterie d'Odet et son alimentation en eau}}{{Tpg|Nicolas Le Marié (1797-1870), maire et entrepreneur}}{{Tpg|Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien et entrepreneur}}{{Tpg|René Bolloré (1847-1904), entrepreneur}}{{Tpg|René Bolloré (1885-1935), entrepreneur}}{{Tpg|René Bolloré (1911-1999), résistant et entrepreneur}}{{Tpg|Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG}}{{Tpg|BOLLORÉ René - Livre d'or des papeteries|Livre d'Or des papeteries René Bolloré}}{{Tpg|L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949}}{{Tpg|Fermeture de l'usine d'Odet, OF-LQ 1983}}{{Tpg|André Péres, le dernier papetier, OF-LQ 1986}}{{Tpg|LE PORTAL Christine (ArMen) - Des papeteries à la haute technologie|Article de la revue Ar Men}}+Cette enquête nous a mené du côté d'Annonay, la ville papetière des Montgolfier, amis de Nicolas Le Marié, le fondateur du moulin à papier d'Odet,
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 +En parallèle, nous avons fait une escapade en Angleterre où étaient vraisemblablement ces machines, et d'où provenait aussi le tout premier mécanicien d'Odet, Thomas Pharaol Doidge.
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 +Autres lectures : {{Tpg|Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec}}{{Tpg|La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822}}{{Tpg|Le site de la papeterie d'Odet et son alimentation en eau}}{{Tpg|Nicolas Le Marié (1797-1870), entrepreneur papetier}}{{Tpg|ANDRÉ-FOUET Edouard (abbé) - Discours des Fêtes du Centenaire}}{{Tpg|Mann Kerouredan raconte la fabrication du papier}}{{Tpg|Notes et croquis de Mann Kerouredan, jeune papetier d'Odet}}{{Tpg|CGF et AFQP - Moulins à papier et familles papetières de Bretagne}}
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 +Pour démarrer cette enquête, il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloré en 1922 : « <i>La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier</i>. »
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 +Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier et quelles machines exactement furent transplantées à la papeterie bretonne d'Odet, nous ne le savons pas précisément. Mais les explications historiques et documentaires du musée de la Papeterie Canson-Montgolfier nous donnent des indices (cf transcriptions des panneaux de l'exposition ci-dessous). Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson (gendre du cadet Etienne de Montgolfier) tenaient à cette époque des fabriques différentes près d'Annonay, à Saint-Marcel et à Vidalon, et ils eurent quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son directeur à la papeterie de Corbeil-Essonnes (Léger-Didot). Ce dernier racheta sa part du brevet, s'exila en Angleterre d'où il organisa sa filière d'importation pour les entrepreneurs français.
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 +Canson fut le premier à négocier avec Léger-Didot, et réussit même à signe un contrat d'importation en exclusivité à Annonay. Il équipa sa papeterie en 1822 d'une première « <i>machine à table plate</i> », et par la suite son fils inventa les « <i>caisses d'aspiration</i> » placées en dessous de la toile métallique. Son cousin par alliance, Jean-Baptiste de Montgolfier, négociera avec Cameron, autre fabricant anglais, et introduira dans sa papeterie une « <i>machine à forme ronde et cylindre aspirant</i> ».
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 +À qui Nicolas Le Marié fit appel pour l'achat de ses machines en 1834 ? À l'héritier de Vidalon-les-Annonay, Barthélemy Barou de Canson ? Ou à Jean-Baptiste de Montgolfier <ref>Jean-Baptiste de MONTGOLFIER, né le 11 février 1767 - Paris, 75000, Paris, France. Décédé le 18 septembre 1831 - Saint-Marcel-lès-Annonay, 07100, Ardèche, France , à l’âge de 64 ans. Fabricant de papier. Marié le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec sa cousine germaine Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER.</ref> et son beau-frère Elie de Montgolfier <ref>Elie Louis Simon de MONTGOLFIER, né le 24 juillet 1784 - Rives, 38140, Isère, France. Décédé le 21 janvier 1864 - Cannes, 06400, Alpes-Maritimes, France , à l’âge de 79 ans. Fabricant de papier. Soeur : Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER 1780-1851 Mariée le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec Jean-Baptiste de MONTGOLFIER 1767-1831.</ref> (frère de l'épouse de Jean-Baptiste, une Montgolfier également). Nous pensons plutôt à ces Montgolfier et à leur filière d'importation de machines anglaises. Mais ceci mérite confirmation, par l'étude des livres des comptes des papeteries respectives.
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 +[[Image:MachineMuséeVidalon.jpg|400px|center|thumb|machine du musée de Vidalon-les-Annonay]]
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 +Par contre à la fin du 19e siècle les machines d'Odet furent achetées à une entreprise du Creuzot, conformément au témoignage de Jean-Marie Déguignet daté de 1895 : « <i>Une machine arrivée l'autre jour du Creusot et qui fait à elle seule l'ouvrage de dix ouvriers</i> ».
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 +Quant au mécanicien anglais présent à Odet dès 1822, on peut s'étonner qu'il n'assista pas à l'arrivée des nouvelles machines en 1834. Certes Thomas Doidge avait installé les piles hollandaises pour la préparation de la pâte, mais la technique de travail à la cuve et le séchage sur perches étaient trop artisanale pour une production mécanisée. Les « <i>machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu</i> » en provenance d'Annonay, puis du Creusot, allaient changer la donne industrielle.
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 +Les panneaux du Musée des Papeteries Canson & Montgolfier de Vidalon-Annonay apportent de précieux renseignements sur l'introduction en France des machines de fabrication du papier en continu par les Montgolfier et Canson, et permettent de lever des hypothèses sur les contacts entre Nicolas Le Marié et entre les Montgolfier, vraisemblablement Jean-Baptiste de la papeterie de St-Marcel.
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 +Ce dernier proposa-t-il au papetier breton en 1834 l'une de ses machines en seconde main, organisa-t-il l'importation d'Angleterre de machines neuves ? Ou alors Le Marié préféra-t-il traiter avec les Canson de Vidalon ? On réfèrera à l'arbre généalogique ci-contre, exposé au musée, pour comprendre toutes les liens de parenté et l'histoire des papeteries des Montgolfier.
 +
 +<big>1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »</big>
 +{{Citation}}
 +12 mars 1689 : Vente de la fabrique de Vidalon à Antoine Chelles, qui en est le fermier, par dame Olympe Galbert des Fonds.
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 +1702 : Raymond Montgolfier prend la direction de la papeterie.
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 +<spoiler text="1743 : Pierre Montgolfier hérite de Vidalon-le-Haut ...">1743 : Pierre Montgolfier hérite de Vidalon-le-Haut (don concédé par son père à l'occasion de son mariage, le 2 juillet 1727. Son frère Antoine a le moulin de Vidalon-le-Bas.
 +
 +31 octobre 1760 : Pierre Montgolfier rachète Vidalon-le-Bas et confie la direction à son neveu Antoine-François. Puis il vend le moulin à ce dernier le 30 septembre 1770.
 +
 +2 mars 1761 : Signature du contrat de mariage de Raymond (fils de Pierre) avec Claudine Devant. Son père l'associe à la direction et lui donne une de ses fabriques;
 +
 +11 mai 1774 : Raymond étant décédé, Pierre donne sa fabrique à son fils Etienne à l'occasion de son mariage avec Adélaïde Bron. Pierre associe son fils pour la la moitié au commerce actuel.
 +
 +1er août 1775 : Jean-Pierre Montgolfier entre dans l'association. La répartition se répartit entre Pierre : 5/12e des bénéfices ; Etienne : 5/12e des bénéfices ; Jean-Pierre : 2/12e des bénéfices.
 +
 +1788 : Pierre Montgolfier se retire ; les participations aux bénéfices sont Etienne de Montgolfier : 60% ; Jean-Pierre de Montgolfier : 20% ; Jean-Baptiste de Mongolfier (fils de Jean-Pierre) : 15% ; Jean-Marie de Montgolfier (fils de Jean-Pierre) : 5%.
 +
 +1er vendémiaire an V : Nouvelle société. La participation aux bénéfices s'établit ainsi = Etienne de Montgolfier : 40% ; Jean-Baptiste de Mongolfier : 35% ; Barthélemy Barou de Canson (gendre d'Etienne) : 20% ; Jean-Marie de Montgolfier : 5% (Jean-Pierre est décédé en 1795).
 +
 +21 octobre 1801 : Fondation de la société " Montgolfier et Canson " pour une durée de quatre ans (Etienne est décédé le 1er août 1799). Répartition des bénéfices = Jean-Baptiste de Montgolfier : 50% ; Barthélemy Barou de Canson : 50%. Ne sont pas associés, mais percoivent un traitement : Jean-Marie de Montgolfier et James de Canson.
 +
 +9 thermidor an XI : Barthémemy Barou de Canson rachète la papeterie mise en vente par licitation.
 +
 +1805 : Jean-Baptiste de Montgolfier crée la papeterie de Saint-Marcel-lès-Annonay ; elle fonctionne à partir de 1807.
 +
 +1er avril 1807 : Nouvelle société "Canson-Montgolfier " contituée pour 2 ans et 4 mois. Participation aux bénéfices = Barthélemy Barou de Canson : 90% ; James Barou de Canson : 10%.
 +
 +31 juillet 1816 : Deux employés, Augustin Ribes et Chapuis ne recevront plus de salaire, mais participeront aux bénéfices respectivement 3,5% et 0,5%.
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 +1817 : Création de la papeterie de Grosberty.
 +
 +1er août 1821 : James Barou de Canson ayant abandonné la papeterie, la répartition sera la suivante = Barthélemy Barou de Canson : 80% ; Gabril Veyre de Seras (gendre de Barthélemy) : 15% ; Augustin Ribes : 5%
 +
 +1er août 1826 : Etienne de Canson, fils de Barthélemy, participe désormais aux bénéfices.
 +
 +24 janvier 1861 : Achat de la papeterie par Marc Seguin ...</spoiler>
 +{{FinCitation}}
 +
 +<big>2. « Les premières machines à papier en continu »</big>
 +{{Citation}}
 +Pendant dix-sept siècles, le papier étant fabriqué feuille par feuille, la quantité produite demeure faible.
 +
 +Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger.
 +
 +<spoiler text="Un conflit va les opposer ...">Un conflit va les opposer, le patron voulant s'approprier l'invention de son subordonné, des procès s'en suivent. Didot est le plus fort, il part pour l'Angleterre où il s'associe avec son beau-frère John Gamble pour exploiter la part du brevet Robert qu'il avait acquise. Les premières machines anglaises sont construites par Fourdinier assisté de Bryan Donkin. Ils apportent quelques améliorations au procédé de Robert. Alors que de la machine de ce dernier sortait un ruban de pâte humide et essorée d'un maximum de 15 mètres pour permettre les manipulations, les constructeurs anglais parviennent à produire une bande infiniment plus longue enroulée sur des tambours extensibles. Peu après ,ils adaptent des cylindres sècheurs.</spoiler>
 +<spoiler text="Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...">Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage l'installation d'une machine puisqu'il achète la propriété de Pupil à cet effet. Mais les tractations sont longues. A Sorel, dans l'Eure, une machine fonctionne dès 1816.
 +
 +Par l'intermédiaire de son gendre, Gabriel de Soras, Barthélemy de Canson traite avec Didot. Ce dernier a pris un brevet d'importation à son nom pour une « <i>machine propre à fabriquer le papier et le carton</i> ». Le 10 mai 1822, alors que ses ateliers sont prêts, Barthélemy de Canson signe une Convention avec Didot qui, contre 20 000 F, lui concède l'exclusivité, à trente lieux à la ronde, de la machine importée. Barthélemy Barou de Canson avait fait le voyage en Angleterre pour en voir fonctionner une, prenant prétexte l'achat de quelques pièces. Dès août 1822, une machine à papier plate est en cours d'installation à Vidalon, non sans problèmes d'ailleurs. Les ouvriers n'acceptent pas le changement de méthode, un conflit s'engage, il faut recruter de la main-d'oeuvre à l'extérieur.</spoiler>
 +<spoiler text="A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...">A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également installer une machine à papier mais il ne peut traiter avec Didot, Barthélemy de Canson bénéficiant de l'exclusivité. Alors, il jette son dévolu sur une machine anglaise « <i>une nouvelle machine à fabriquer le papier par mouvement continu, d'une grandeur déterminée sans qu'on soit obligé pour cela d'employer des toiles métalliques ou des mouvements à articulation comme dans les machines déjà connues</i> ».
 +
 +Dans sa demande de brevet d'importation, Jean-Baptiste précise qu'elle peut faire de travail de cinq cuves avec un seul homme pour la diriger et l'aide temporaire d'un enfant. L'utilisation de moules séparés permet l'économie de deux coupeurs. Le 1é février 1924, il obtient un brevet de 15 ans et achète sa machine à forme ronde à Cameron.</spoiler>
 +<spoiler text="Les caisses d'aspiration d'Etienne de Canson ...">Par rapport à une machine à forme ronde, la machine à table plate installée par Barthélemy de Canson donne un papier moins feutré. Sur une ronde, l'aspiration opérée dans le cylindre évite l'écrasement de la feuille lors de la première pression.
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 +Pour pallier ce défaut, en 1826, Etienne de Canson met au point les fameuses caisses d'aspiration qui sucent l'eau sous la toile métallique. La feuille, plus compacte, s'écrase moins lors de la première pression.
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 +Conscient que son système est de grande valeur, il ne le dévoile pas et ne demande pas l'obtention d'un brevet ; au contraire, les caisses sont occultées. Mais, pour tirer profit de cette invention, le 18 décembre 1827, Etienne de Canson signe un contrat avec Stacey Wise et Carey Knyvett, pour l'exploitation de ce procédé dans les trois Royaumes-Unis d'Angleterre. Afin d'éviter toute indiscrétion, ils n'inscrivent pas la nature de l'invention, mais précisent qu'il s'agit de celle dont ils se sont entretenus verbalement.
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 +Cette discrétion est à l'origine d'erreurs sur la date d'apparition des caisses d'aspiration que l'on situe, en général, six à sept ans plus tard.</spoiler>
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 +<big>3. « Papetiers de Vidalon, St-Marcel et Grosberty »</big>
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 +{{Citation}}
 +Le 12 juin 1823, Jean-Baptiste de Montgolfier demande un brevet d'importation pour une « <i>une machine à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu dans des dimensions déterminées sans qu'on soit obligé pour cela d'employer des toiles métalliques ou des moules à articulation</i> ».
 +
 +Il ne peut acheter le type de machine fonctionnant à Vidalon car Barthélemy de Canson s'en est assuré l'exclusivité. Le 12 février 1824, Jean-Baptiste obtient enfin l'autorisation par l'acquisition d'une machine ronde Cameron. Il l'installe finalement dans sa papeterie de Grosberty construite en 1817 par son beau-frère Elie.
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 +==Mécanicien anglais==
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 +Au début du 19e siècle il est indéniable que les mécaniciens anglais étaient les plus doués et reconnus pour la mise en route des machines industrielle que l'on voyaient apparaitre en France. À Odet, c'est un dénommé Thomas Pharoal Doidge qui assure la direction technique de la papeterie créée à Odet par Nicolas Le Marié.
 +
 +Il est né en 1794 à Mevagissey en Cornouailles britanniques, et avant de s'établir à Odet, il est constructeur domicilié à Roscoff où il déclare une première fille en 1818 <ref>Naissance - 26/02/1818 - Roscoff de DOIDGE Mathilde, fille de Thomas Pharoal, Constructeur , âgé de 25 ans et de Mery WILLIAMS, âgée de 20 ans. Notes : Père ° Maveegesay (Angleterre) & Mère ° Fowey (Angleterre)</ref>. En 1825 et 1827, avec son épouse Mary Williams, il déclare les naissances d'un garçon et d'une fille <ref>Naissance - 04/03/1825 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet) de DOIDJE Albert Jean, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 31 ans et de Marie WILLIAMS. Notes : le père signe DOIDGE, DOIGE dans l'acte. Naissance - 15/04/1827 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet), de DOIDJE Isabelle Marie, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 33 ans et de Marie WILLIAMS</ref>.
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 +Peut-être un jour il sera possible d'établir un lien entre Thomas Doidge et les ingénieurs et mécaniciens anglais qui ont conçu et fabriquer les premières machines « <i>machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu</i> » que les Montgolfier et Canson ont introduit dans leurs papeteries d'Annonay.
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Version actuelle

Catégorie : Odet
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]

Cet article est une investigation sur l'arrivée des premières machines de papier en continu, après l'introduction des piles hollandaises de préparation de la pâte.

Cette enquête nous a mené du côté d'Annonay, la ville papetière des Montgolfier, amis de Nicolas Le Marié, le fondateur du moulin à papier d'Odet,

En parallèle, nous avons fait une escapade en Angleterre où étaient vraisemblablement ces machines, et d'où provenait aussi le tout premier mécanicien d'Odet, Thomas Pharaol Doidge.

Autres lectures : « Index chronologique de l'histoire des papeteries d'Odet-Cascadec » ¤ « La plaque inaugurale de la manufacture de papiers d'Odet en 1822 » ¤ « Le site de la papeterie d'Odet et son alimentation en eau » ¤ « Nicolas Le Marié (1797-1870), entrepreneur papetier » ¤ « ANDRÉ-FOUET Edouard (abbé) - Discours des Fêtes du Centenaire » ¤ « Mann Kerouredan raconte la fabrication du papier » ¤ « Notes et croquis de Mann Kerouredan, jeune papetier d'Odet » ¤ « CGF et AFQP - Moulins à papier et familles papetières de Bretagne » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Pour démarrer cette enquête, il y a cette phrase prononcée par l'abbé André-Fouet dans son discours lors du centenaire des usines Bolloré en 1922 : « La force motrice obtenue, c'étaient ... les procédés de fabrication à perfectionner (par exemple, en 1834, l'achat à Annonay de machines permettait de supprimer le travail à la cuve et de ne plus étendre le papier sur des perches pour le sécher). Le Marié suffisait à tout ... À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier. »

Comment Nicolas Le Marié était lié aux Montgolfier et quelles machines exactement furent transplantées à la papeterie bretonne d'Odet, nous ne le savons pas précisément. Mais les explications historiques et documentaires du musée de la Papeterie Canson-Montgolfier nous donnent des indices (cf transcriptions des panneaux de l'exposition ci-dessous). Jean-Baptiste de Montgolfier et Barthélemy de Canson (gendre du cadet Etienne de Montgolfier) tenaient à cette époque des fabriques différentes près d'Annonay, à Saint-Marcel et à Vidalon, et ils eurent quelques difficultés à s'équiper en machines car le brevet de fabrication enregistré en 1799 avait fait l'objet d'un gros conflit d'intérêts entre un ingénieur français (Louis-Nicolas Robert) et son directeur à la papeterie de Corbeil-Essonnes (Léger-Didot). Ce dernier racheta sa part du brevet, s'exila en Angleterre d'où il organisa sa filière d'importation pour les entrepreneurs français.

Canson fut le premier à négocier avec Léger-Didot, et réussit même à signe un contrat d'importation en exclusivité à Annonay. Il équipa sa papeterie en 1822 d'une première « machine à table plate », et par la suite son fils inventa les « caisses d'aspiration » placées en dessous de la toile métallique. Son cousin par alliance, Jean-Baptiste de Montgolfier, négociera avec Cameron, autre fabricant anglais, et introduira dans sa papeterie une « machine à forme ronde et cylindre aspirant ».

À qui Nicolas Le Marié fit appel pour l'achat de ses machines en 1834 ? À l'héritier de Vidalon-les-Annonay, Barthélemy Barou de Canson ? Ou à Jean-Baptiste de Montgolfier [1] et son beau-frère Elie de Montgolfier [2] (frère de l'épouse de Jean-Baptiste, une Montgolfier également). Nous pensons plutôt à ces Montgolfier et à leur filière d'importation de machines anglaises. Mais ceci mérite confirmation, par l'étude des livres des comptes des papeteries respectives.

 
machine du musée de Vidalon-les-Annonay
machine du musée de Vidalon-les-Annonay

Par contre à la fin du 19e siècle les machines d'Odet furent achetées à une entreprise du Creuzot, conformément au témoignage de Jean-Marie Déguignet daté de 1895 : « Une machine arrivée l'autre jour du Creusot et qui fait à elle seule l'ouvrage de dix ouvriers ».

Quant au mécanicien anglais présent à Odet dès 1822, on peut s'étonner qu'il n'assista pas à l'arrivée des nouvelles machines en 1834. Certes Thomas Doidge avait installé les piles hollandaises pour la préparation de la pâte, mais la technique de travail à la cuve et le séchage sur perches étaient trop artisanale pour une production mécanisée. Les « machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu » en provenance d'Annonay, puis du Creusot, allaient changer la donne industrielle.

[modifier] 2 Musée d'Annonay

Les panneaux du Musée des Papeteries Canson & Montgolfier de Vidalon-Annonay apportent de précieux renseignements sur l'introduction en France des machines de fabrication du papier en continu par les Montgolfier et Canson, et permettent de lever des hypothèses sur les contacts entre Nicolas Le Marié et entre les Montgolfier, vraisemblablement Jean-Baptiste de la papeterie de St-Marcel.

Ce dernier proposa-t-il au papetier breton en 1834 l'une de ses machines en seconde main, organisa-t-il l'importation d'Angleterre de machines neuves ? Ou alors Le Marié préféra-t-il traiter avec les Canson de Vidalon ? On réfèrera à l'arbre généalogique ci-contre, exposé au musée, pour comprendre toutes les liens de parenté et l'histoire des papeteries des Montgolfier.

1. « Des Montgolfier ... au XXIe siècle »

12 mars 1689 : Vente de la fabrique de Vidalon à Antoine Chelles, qui en est le fermier, par dame Olympe Galbert des Fonds.

1702 : Raymond Montgolfier prend la direction de la papeterie.

§ 1743 : Pierre Montgolfier hérite de Vidalon-le-Haut ...

2. « Les premières machines à papier en continu »

Pendant dix-sept siècles, le papier étant fabriqué feuille par feuille, la quantité produite demeure faible.

Pour permettre l'obtention de feuilles de plus grandes dimension, en 1798, Louis-Nicolas Robert met au point la première machine à papier en continu : un brevet lui est délivré le 29 nivose VII (18 janvier 1799). Robert est alors employé à la papeterie d'Essonnes dirigée par Didot Saint-Léger.

§ Un conflit va les opposer ...

§ Dès 1815, Barthélemy Barou de Canson envisage ...

§ A Saint-Marcel, Jean-Baptiste souhaite également ...

§ Les caisses d'aspiration d'Etienne de Canson ...

 

3. « Papetiers de Vidalon, St-Marcel et Grosberty »

Le 12 juin 1823, Jean-Baptiste de Montgolfier demande un brevet d'importation pour une « une machine à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu dans des dimensions déterminées sans qu'on soit obligé pour cela d'employer des toiles métalliques ou des moules à articulation ».

Il ne peut acheter le type de machine fonctionnant à Vidalon car Barthélemy de Canson s'en est assuré l'exclusivité. Le 12 février 1824, Jean-Baptiste obtient enfin l'autorisation par l'acquisition d'une machine ronde Cameron. Il l'installe finalement dans sa papeterie de Grosberty construite en 1817 par son beau-frère Elie.

[modifier] 3 Mécanicien anglais

Au début du 19e siècle il est indéniable que les mécaniciens anglais étaient les plus doués et reconnus pour la mise en route des machines industrielle que l'on voyaient apparaitre en France. À Odet, c'est un dénommé Thomas Pharoal Doidge qui assure la direction technique de la papeterie créée à Odet par Nicolas Le Marié.

Il est né en 1794 à Mevagissey en Cornouailles britanniques, et avant de s'établir à Odet, il est constructeur domicilié à Roscoff où il déclare une première fille en 1818 [3]. En 1825 et 1827, avec son épouse Mary Williams, il déclare les naissances d'un garçon et d'une fille [4].

 

Peut-être un jour il sera possible d'établir un lien entre Thomas Doidge et les ingénieurs et mécaniciens anglais qui ont conçu et fabriquer les premières machines « machines à fabriquer le papier par un mouvement de rotation continu » que les Montgolfier et Canson ont introduit dans leurs papeteries d'Annonay.

[modifier] 4 Annotations

  1. Jean-Baptiste de MONTGOLFIER, né le 11 février 1767 - Paris, 75000, Paris, France. Décédé le 18 septembre 1831 - Saint-Marcel-lès-Annonay, 07100, Ardèche, France , à l’âge de 64 ans. Fabricant de papier. Marié le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec sa cousine germaine Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER. [Ref.↑]
  2. Elie Louis Simon de MONTGOLFIER, né le 24 juillet 1784 - Rives, 38140, Isère, France. Décédé le 21 janvier 1864 - Cannes, 06400, Alpes-Maritimes, France , à l’âge de 79 ans. Fabricant de papier. Soeur : Méranie Marie Pierrette de MONTGOLFIER 1780-1851 Mariée le 7 juillet 1797, Lyon, 69000, Rhône, France, avec Jean-Baptiste de MONTGOLFIER 1767-1831. [Ref.↑]
  3. Naissance - 26/02/1818 - Roscoff de DOIDGE Mathilde, fille de Thomas Pharoal, Constructeur , âgé de 25 ans et de Mery WILLIAMS, âgée de 20 ans. Notes : Père ° Maveegesay (Angleterre) & Mère ° Fowey (Angleterre) [Ref.↑]
  4. Naissance - 04/03/1825 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet) de DOIDJE Albert Jean, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 31 ans et de Marie WILLIAMS. Notes : le père signe DOIDGE, DOIGE dans l'acte. Naissance - 15/04/1827 - Ergué-Gabéric (Moulin d'Odet), de DOIDJE Isabelle Marie, enfant de Thomas, Mécanicien , âgé de 33 ans et de Marie WILLIAMS [Ref.↑]


Thème de l'article : Mémoires des papetiers d'Odet

Date de création : juin 2015    Dernière modification : 17.03.2021    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]