L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot - GrandTerrier

L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.
Au-dessus du porche occidental de la chapelle de Kerdévot, à la base de la chambre des cloches, on peut admirer une pierre sculptée en bas relief représentant une hermine passante accolée de la jarretière flottante de Bretagne, et constituant l'emblème des ducs de Bretagne.

Que sait-on des origines de ce symbole ? Quelle est la signification de sa présence à Kerdévot ?

Autres lectures : « KERDÉVOT 89, Association - Kerdévot, livre d'or du 5e centenaire » ¤ « La maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot » ¤ « La maîtresse-vitre de l'église St-Guinal » ¤ 

1 Présentation

Paul Peyron et Jean-Marie Abgrall ne l'ont pas mentionnée dans leur notice de la paroisse d'Ergué-Gabéric. Ni René Couffon et Albred Le Bars dans leur répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et du Léon, ni Louis Le Guennec dans son histoire de Quimper Corentin et son canton.

Par contre Anatole Le Braz l'avait bien remarquée le 29 juin 1899 : « Venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour ».

 

2 Albums photos


3 Présence ducale

Texte de Roger Barrié (pages 39-40 de l'ouvrage collectif « KERDÉVOT 89, Association - Kerdévot, livre d'or du 5e centenaire ») :

Il convient de remarquer qu'un poinçon de la charpente dans le chœur porte l'écu plein de Bretagne qui se retrouve, mais en alliance avec France, sur la sablière nord de la première travée de la nef.

L'emplacement de ces blasons confirme l'avancement du chantier tel que le montre l'analyse architecturale : le chœur, seul, est couvert durant le règne du duc François II dont le décès en 1488 est contemporain de l'exécution d'un vitrail du chœur sur lequel est peinte la date de 1489. Ce n'est qu'après le premier mariage royal d'Anne de Bretagne, en 1491, et sans que l'on puisse mieux préciser, que la couverture de la nef fut entreprise puisque le blason sur la sablière à l'ouest indique cette alliance.

Malheureusement, la baie axiale ni l'oculus ne conservent aucune trace du blason ducal à la différence de la maîtresse vitre de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric, datée 1516, ou de celle de Locronan qui est légèrement antérieure.

Ces blasons indiquent l'intérêt du pouvoir ducal pour la construction de Kerdévot. On connaît les voyages des divers ducs à travers la Bretagne ; on sait aussi qu'ils s'investirent dans la construction des sanctuaires au XVe siècle.

Jean V appuie le démarrage de la façade de Quimper et contribue aux chantiers du Folgoët, de La Martyre, de Kernascléden ; ses successeurs continuent cette politique de mécénat, au besoin par des libéralités, par des mesures d’exonération fiscale comme à Locronan ou encore à Lambader en Plouvorn où le produit de l'impôt sur les vins n'est pas perçu par le duc mais est gardé localement au bénéfice de l’œuvre ; elle leur permet d'asseoir, par des investissements tangibles liés à des cultes réputés, leur autorité et leur suprématie sur les grands féodaux du royaume.

 

Il faut, pensons-nous, interpréter dans ce sens les écus du porche occidental ; ils ont été bouleversés par les reprises du XVIe siècle et même de 1702 ; ils ont été martelés à la Révolution ; mais un seul, qui devait dominer les autres, est posé sur une bannière à deux pointes horizontales qui pourrait indiquer le blason ducal comme au chevet de Saint-Fiacre du Faouët ; cependant, il y manquerait les tenants qui présentent habituellement l'écu ducal.

En revanche, la lecture d'une pierre sculptée en bas relief et remployée, lors des travaux de 1702, en haut de ce pignon est claire : il s'agit de l'animal emblématique du duc, une hermine passante, ornée d'une sorte d'écharpe légèrement déployée au dessus d'elle. L'iconographie de cet emblème et son maintien en supériorité au XVIIIe siècle permettent de conclure à la présence ducale à Kerdévot.

Enfin un entrait [1] du chœur porte la tiare papale ; il n'est pas impossible d'imaginer qu'il y ait eu conjonction de facteurs ; on connaît l'habitude de Rome de favoriser, par le moyen d'une bulle exceptionnelle, la construction des édifices religieux.

Sur les instances de l'évêque de Quimper et à l'initiative du duc qui lui-même aurait accordé des exemptions d'impôts, la papauté a pu exonéré les paroisses de certaines charges afin d'accélérer le chantier, le tout assorti d'indulgences plénières pour favoriser la dévotion individuelle des familles et celle des populations.

Il faut reconnaître qu'aucun document archivistique ne confirme encore cette hypothèse ; elle a le mérite de prendre en compte des figurations et des dispositions peu remarquées à ce jour et qui situent la construction de Kerdévot dans le cours même de la politique ducale en Bretagne à la fin du XVe siècle.

4 Annotations

  1. Entrait, s.m. : terme de charpentier, pièce principale d'un comble, après la poutre, celle qui soutient le poinçon et empêche l'écartement des arbalétriers, dans chacun desquels on trouve assemblée une des extrémités de l'entrait. Source : Littré. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Descriptif et origine d'éléments de patrimoine

Date de création : septembre 2012    Dernière modification : 11.09.2012    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]