L'assassinat crapuleux d'un casseur de pierres à Niverrot, journaux de 1930-31
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Avant de s'embaucher au service de M. Quéméré, sur les terres du moulin, il s'employait avec deux autres manœuvres à casser du caillou sur la route de Kerdévot à Niverrot et cela depuis trois ou quatre mois. Il ne fit alors, pas plus qu'antérieurement, parler de lui. On ne lui connaissait pas d'ennemis. Les deux dimanches qui ont précédé le crime, il avait mis à profit son repos hebdomadaire pour aller voir sa fille à Rosporden. C'était là l'un des rares déplacements qu'il s'accorait. Au demeurant un brave homme sur la triste fin duquel on se montre unanime dans le pays à s'apitoyer. | Avant de s'embaucher au service de M. Quéméré, sur les terres du moulin, il s'employait avec deux autres manœuvres à casser du caillou sur la route de Kerdévot à Niverrot et cela depuis trois ou quatre mois. Il ne fit alors, pas plus qu'antérieurement, parler de lui. On ne lui connaissait pas d'ennemis. Les deux dimanches qui ont précédé le crime, il avait mis à profit son repos hebdomadaire pour aller voir sa fille à Rosporden. C'était là l'un des rares déplacements qu'il s'accorait. Au demeurant un brave homme sur la triste fin duquel on se montre unanime dans le pays à s'apitoyer. | ||
- | <spoiler id="991" text="Comment fut découvert le cadavre ..."><b>Comment fut découvert le cadavre</b> | + | <spoiler id="991" text="Comment fut découvert le cadavre ..."><center><b>Comment fut découvert le cadavre</b></center> |
- | Peut-être n'est-il | + | Peut-être n'est-il indispensable de revenir sur les circonstances qui ont amené la découverte du cadavre, ne serait-ce que pour y ajouter quelques détails qui au premier moment n'avaient pas été retenus. |
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+ | Lorsque l'alarme eut été donnée à Quimper par M. Kernéis, maire d'Elliant, M. le capitaine Mahé, de la gendarmerie de Quimper, accompagné de ses hommes, MM. Kergonna, Doniec, Degrez, que devaient rejoindre un peu plus tard sur les lieux le maréchal des logis Faivre et le gendarme Morvan, puis l'adjudant Cabellan, commencèrent immédiatement les recherches. C'était dimanche soir. La nuit était complète et il fallait s'aider des lanternes-tempête pour avancer en des sentiers impraticables. Arrivés dans un champ qui se trouve à 150 mètres, en ligne droite du moulin, sur le versant sud de la colline de Ménez-Niverrot, dont l'altitude dépasse 120 mètres, un cercle de curieux entourait le cadavre. Celui-ci était étendu tout droit, les bras au corps, les pieds joints. Il n'y avait aucune trace de sang sur le corps, ce qui indique de l'hémorragie s'était produite alors que le malheureux gisait à terre. Un filet de sang s'échappait des narines et de la bouche ouverte, coulait de chaque côté de la tête vers la base fu cuir chevelu et la casquette jokey que portait la victime était, au reste, remplie de sang. Le faux-col rabattu, en celluloîd, que Gourmelen portait, même au travail, n'était aucunement ensanglanté. | ||
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+ | Dans les poches de Gourmelen, on trouva des couteaux de poche, un mouchoir, un morceau de savon et un porte-monnaie d'enfant, très usagé, contenant une image religieuse, des dessins à décalquer et une carte de visite au nom de M. Nicolas, agent d'assurances à Quimper. Aucune trace d'argent. | ||
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+ | <center><b>L'enquête</b></center> | ||
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+ | Dès le lendemain matin, la gendarmerie | ||
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Quimper, 18. - Les débats sont présidés par M. Bertin, conseiller à la Cour d'Appel de Rennes, assisté de MM. Dufour et Durand, juges. M. Lhéritier occupe le siège du ministère public ; M. Michard celui de greffier. | Quimper, 18. - Les débats sont présidés par M. Bertin, conseiller à la Cour d'Appel de Rennes, assisté de MM. Dufour et Durand, juges. M. Lhéritier occupe le siège du ministère public ; M. Michard celui de greffier. | ||
- | Les faits | + | <center><b>Les faits</b></center> |
L'accusé Louis-Marie Lizen, 19 ans, domestique de ferme chez M. Bourbigot, cultivateur au village de Niverrot, en Ergué-Gabéric, avait travaillé précédemment comme ouvrier verrier à Blangy-sur-Bresle (Seine-Inférieure), où il avait laissé une jeune fille qui était, dit-il, devenue sa maîtresse. Au mois d'août 1930, celle-ci lui écrivit qu'elle était fiancée et que, dès lors, il eut à cesser sa correspondance. | L'accusé Louis-Marie Lizen, 19 ans, domestique de ferme chez M. Bourbigot, cultivateur au village de Niverrot, en Ergué-Gabéric, avait travaillé précédemment comme ouvrier verrier à Blangy-sur-Bresle (Seine-Inférieure), où il avait laissé une jeune fille qui était, dit-il, devenue sa maîtresse. Au mois d'août 1930, celle-ci lui écrivit qu'elle était fiancée et que, dès lors, il eut à cesser sa correspondance. |
Version du 30 octobre ~ here 2020 à 17:34
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Où il est question de l'assassinat d'un vieillard en pleine campagne gabéricoise et du procès en assises d'un jeune domestique qui avait l'intention d'aller tuer sa maîtresse entre Dieppe et Abbeville. Autres lectures : « GILDAS Louis - Faits divers en Bretagne - 2e saison » ¤ « Village du Niverrot » ¤ « Divers faits divers à Ergué-Gabéric, journaux locaux 1930 » ¤ |
1 Présentation
Cette transcription de procès dans les colonnes de l'Ouest-Eclair L'accusé Louis-Marie Lizen, natif de Fouesnant de parents miséreux, est domestique pour 200 francs par mois (300 pendant la moisson) dans une ferme de Niverrot, après avoir été ouvrier verrier dans la région rouennaise. En 1930 il tue à coups de houe un casseur de pierres et lui dérobe ses 1660 francs d'économies. Pour commettre son délit il avoue avoir bu un litre de vin rouge et de l'eau-de-vie de cidre. Il est condamné à 15 ans de travaux forcés. La victime est Fanch (François) Gourmelen. Il a 56 ans et est qualifié de vieillard. Méfiant, il porte ses économies sur lui, dans son veston. Casseur de pierres en charge du remblaiement des routes, il est aussi employé par un meunier comme journalier et ramasseur de pommes de terre. Les personnes citées à la barre et impliquées de près ou de loin dans cette affaire sont :
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2 Transcriptions
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Dépêche de Brest du 16.10.1930
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Dépêche de Brest du 17.01.1931
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3 Coupures de presse
Octobre 1930 | |||||
Janvier 1931 | |||||
4 Annotations
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- Coupure de presse signalée par Mme Hélène Gille-Perrier. [Ref.↑]
- L'Ouest-Éclair est un ancien quotidien régional français, créé par deux Bretons chrétiens d'une sensibilité républicaine et sociale, l'abbé Félix Trochu, prêtre en Ille-et-Vilaine, et Emmanuel Desgrées du Lou, natif de Vannes, commissaire de la Marine, puis avocat. Les ventes décollent après la Première Guerre mondiale et, en 1930, le patron embauche son gendre, Paul Hutin, un Lorrain de 42 ans qui deviendra son gendre. Le journal rayonnait, à ses débuts, sur cinq régions, la Bretagne, la Normandie, l'Anjou, le Maine et le Poitou, comme Journal républicain du matin. En 1940, Paul Hutin, militant antinazi comme sa femme, souhaite que L'Ouest-Eclair ne paraisse pas sous le joug allemand et s'engage dans la Résistance. L'Ouest-Éclair sera interdit à la Libération pour acte de collaboration. Paul Hutin revient à Rennes, à peine libérée, le 4 août 1944 pour créer le Ouest-France. [Ref.↑]
- La Dépêche de Brest est lancée le 18 novembre 1886 avec des moyens très limités et succède à l’Union Républicaine du Finistère créée 10 ans plus tôt. Quotidien, il sera même biquotidien durant des périodes d’actualité forte, comme lors de la première guerre mondiale, avec une édition du matin et une édition du soir. Installé rue Jean Macé à Brest (à l’époque rue de la rampe), à l’emplacement des locaux actuels du Télégramme, La Dépêche de Brest poursuivit son évolution jusqu’au 17 août 1944. Ce jour là, en application de la nouvelle réglementation de la Libération, les biens de la Dépêche furent mis sous séquestre. L’ensemble du matériel est alors loué au Télégramme, nouveau titre autorisé par le Comité régional de l’information. [Ref.↑]
- Alexandre Massé est un industriel et un inventeur français, né à Quimper le 15 février 1829 et mort le 13 avril 1910 à Plomelin (Finistère). Il est l'auteur d'une invention d'apparence modeste, mais qui est une innovation d'importance mondiale : le bouton de vêtement comportant quatre trous pour une meilleure fixation. Il se retire à Plomelin pour se consacrer à l'aide à l'éducation des orphelins auxquels, n'ayant pas d'enfants, il lègue toute sa fortune. Une fondation à buts sociaux, la Fondation Massé-Trévidy, héritière de la Fondation Massé-Peticuénot créée en 1894 pour gérer l'orphelinat de Quimper, perpétue ses œuvres. [Ref.↑]
- Les deux journaux titrent "Le crime d'Elliant" parce que la victime est employé dans un moulin situé sur la commune d'Elliant, mais le champ de ce moulin où a été commis le meurtre sont de l'autre côte de la rivière sur le territoire d'Ergué-Gabéric à proximité du village de Niverrot. [Ref.↑ 5,0 5,1 5,2]
- Blangy-sur-Bresle, au coeur de la Vallée de la Bresle, à mi-distance de Dieppe et d'Abbeville, est au centre d’une vallée verrière mondialement connue « La Glass Valley » qui fournit environ 80% des plus beaux flacons de la parfumerie de luxe du monde. [Ref.↑]
- Le crime de Gouézec, ou plus exactement de Men-Gleuz-ar-Pont près de Pont-Coblanc, date du 5 jullet 1930 : une jeune fille, une vieille femme et son fils assassinent un vieillard pour le voler. [Ref.↑]