Kervinic, Kervinig - GrandTerrier

Kervinic, Kervinig

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search


Forme française Kervinic
Forme bretonne Kervinig
Signification "village d'un dénommé Evenic, petit fils du dieu celte Esus"
Décomposition Ker pour "lieu habité, village" et le diminutif du patronyme Evenic, du grec Esusgenios "fils de dieu celte Esus", et porté par un chevalier de la Table Ronde
Relevés 1540, 1682, 1686, 1790
Référentiel : « Cartographie, cartes anciennes » ¤  « Index des toponymes » « Étude de Bernez Rouz sur les noms de lieux d'Ergué-Gabéric » ¤ « Dictionnaire des noms de lieux bretons d'Albert Deshayes » ¤ 

[modifier] 1 Géolocalisation du village

Coordonnées géographiques : 48° 0' 50.66" N 4° 0' 1.12" W (lat. 48.014071, long. -4.000311)

Cartographie du lieu-dit : « Géo.Kervinic »

[modifier] 2 Explications toponymiques

Dans le Cahier n° 9 d'Arkae publié en 2007, Bernez Rouz explique l'origine du lieu-dit comme suit :

Kervinic (Kervinig)

Orthographe Année Source (cf. ) Référence, côte
Kerevenyc 1540 A.D.L-A. B 2012
Kerevenic 1540 A.D.F. A 85
Keravinic 1682 A.D.F. A 85
Kerivinic 1686 A.D.F. 32 J 67
Kervinic 1790 A.D.F. 10 L 168, recensement
Kervinic 2002 I.G.N. Carte 0618 O

Kêr est ici en composition avec le nom Even dont le diminutif est Evenic. L'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe a contaminé le /e> précédant, ce qui donne la forme Kerivinic, puis la forme contractée actuelle : Kervinic.

Even est un des noms les plus anciens de Bretagne. On le trouve déjà au IXe siècle dans le Cartulaire de Redon. C'est le nom d'un saint qui a donné son nom aux communes de Ploeven et de Pléven dans les Côtes d'Armor. C'est un nom fréquent au Pays de Galles, ancêtre du patronyme <i>Owen. Enfin la forme francisée Yvain a donné le nom d'un des chevaliers de la Table Ronde.

Pour le lieu-dit, Bernez Rouz avance l'explication suivant dans son mémoire en breton (et son résumé en français publié en 1980) :

4 - ANVIOU GANT KER
a) AN ANV KER

30% eus an anvioù-lec'h studiet ganeomp a ao dezho anvioù gant KER. E 1834 eo 40% eus an atantoù a zo gant an anv KER. En o zouez m'eus nikun a hañval bezañ gant ar ster "castrum" : kastell kreñv pe kêr vogeriet a gaved gwechall gozh e-barzh Caermarthen e Bro Gembre pe Ker Ahez e Breizh.

Aet eo da get ar ster-se tro an Xvet kantved ha diwar neuze ez eus bet krouet kêrioù pe atantoù dezho un ti hepken da zigentañ, emichañs. Gant kresk ar boblañs en XIIvet kantved ze eus deuet ur bern eus an anvioù-se. Ha roet zo bet dezho anv an ozhac'h evit o disheñvalaat. Setu perak emañ al lodenn vrasañ anezho savet gant KER + anv den. Un nebeudig a zalc'h d'un anv all Ker ar Penn Sal da skouer, ha nebeutoc'h c'hoazh a zo gant KER + anv gwan Kernevez, Kervihan ...

d) KER + ANVIOU ALL

-- Kervinic  Image:Kervinic-phonétique.jpg  (Kervinig), 1682 : Keravinic

Ul lec'h Binic zo e bro Sant Brieg. N'emañ ket Binic war roll an anvioù-tud kennebeut.

KERVINIG : Le village de Binig.

PARTIE "Les lieux de vie"
Chapitre "Les lieux habités"


Kêr "lieu habité" et, par dérivation sémantique, "village" et "ville", connaît à partir du XIe siècle une expansion rapide et durable puisque son utilisation en toponymie se chiffrerait à plus de dix-huit mille noms, dont la moitié pour le seul Finistère. A l'origine le terme kêr avait l'acception de "endroit clos, agglomération enclose", sens conservé par le gallois caer "forteresse". La plupart des villages d'Armorique étaient défendus par un fossé et un talus de terre mais, dans un contexte économique favorable et une paix relative qui suivra l'arrêt des invasions normandes, le sens de ce terme évoluera en "lieu habité et cultivé". Il perdra donc le sens primitif du latin castrum pour adopter celui de villa et s'appliquera à des groupes de maisons rurales. Plutôt rares dans les chartes du Cartulaire de Redon (on n'en dénombre que treize), les toponymes en Ker- se font plus nombreux dans les autres cartulaires.

Pour le patronyme "Even" ou "Evénic", Albert Deshayes détaille son origine page 299 de son dictionnaire des noms de lieux bretons :

PARTIE "Des noms de personne"
Chapitre "Des noms de baptême bretons"

Even, latinisé parfois en Eugenius, a été généralement expliqué par le grec Esugenios au sens de "race de Esos". Un éventuel composé en eu "bon" et uuen "blanc, sacré, béni" est rejeté par le nom ancien Euuen qui revient régulièrement dans les chartes du haut Moyen Age. À cette époque, en effet, on aurait eu *Euuin. Ce nom que l'on relève à 22 reprises noté Evenus se montre avec une très forte fréquence en toponymie si l'on ajoute les variantes Iven, Ivin, Yven et Yvin. Il serait vain de formuler tous les noms de leux en Ker- dont on ne mentionnera que les différentes graphies.

On trouve Even et ses variantes associés à : - bod "demeure" [...], - bren "colline" [...], - dour "eau, ruisseau" [...], - enes "île" [...], - feunteun "fontaine" [...], - garzh "haie" [...], - gwazh "ruisseau" [...], - gwern "marais ; ainaie" [...], - kenkis "plessis" [...], - kêr dans 26 Keréven [...], - <i>krec'h "côte, colline" [...], - kroas "croix" [...], - lann "lieu sacré" [...], - les "cour seigneuriale" [...], - maes "champ ouvert" [...], - menez "montagne" [...], - pont "pont" [...], - porzh "manoir" [...], - poull "mare" [...], - prad "pré" [...], - rann "part, portion" [...], - red "cours d'eau" [...], - rest "demeure" [...], - ros "coteau" [...], - (?) run "tertre" [...], - stank "étang" [...], - ville [...]

Il est fort probable que la fréquence de ce nom en composition est dû à la vogue au Moyen Age des "Romans de la Table Ronde". Le nom du héros gallois Ywein, issu du vieux gallois Euuen, s'était francisé en Yvain et sans doute en Iven, Yven en breton.

Evénic est un diminutif en -ic du précédent. Comme lui, il présente plusieurs variantes. Sa juxtaposition à kêr amène la contraction du nom en -vénic, -vennic ou -vinic. Son identification n'est donc possible que par le recours aux formes anciennes. [...]

Sur Wikipedia on trouve quelques explications sur le dieu celte Esus :

Ésus semble avoir été l'un des dieux les plus importants de la mythologie celtique gauloise, il est équivalent au Dagda irlandais qui règne sur les Tuatha Dé Danann, sans en être l’exacte réplique. Dans certaines représentations, il est figuré par un taureau accompagné de trois grues. Les activités sous sa tutelle sont l’agriculture, le commerce et la guerre.

Sources et étymologie

Dans la littérature, Ésus est mentionné, avec Teutatès et Taranis, dans La Pharsale de Lucain (Ier siècle) ainsi que dans les Scolies bernoises du même auteur, qui l’assimile au Mars romain. Il est aussi représenté sur le Pilier des Nautes avec des inscriptions, on le voit en train d’abattre un arbre, d’où certaines interprétations qui en font un dieu bûcheron, sans que cela soit attesté par ailleurs. Sur un relief de Trèves (Allemagne), il est montré sous forme d’un taureau en compagnie de trois grues.

Étymologiquement, Ésus provient du préfixe celtique Veso dont le sens est « excellent, bon maître, meilleur ». On retrouve le terme dans les mots sunertus (aussi fort qu' Ésus) et esugenus (fils d’ Ésus) et esumagius (puissant comme Ésus). Il est aussi présent dans le nom de plusieurs peuples : Esubii ou Esuvii, Esubiani.

Selon Joseph Vendryes, le nom « Esugenos » se retrouve en gallois sous la forme d’« Owain » et en irlandais dans « Eogain ».

Identification et Culte

Le manque de documentation rend difficile la définition du dieu et les équivalences avec la mythologie romaine, rapportées par les contemporains sont approximatives. Lucain évoque la figure de Mars, mais l’étymologie de son nom le rapproche de Jupiter. Il n’est pas sans évoquer le Dagda irlandais, le dieu bon, qui est au sommet de la hièrarchie des Tuatha Dé Danann, après Lug ; il était vraisemblablement le dieu de l’agriculture, du commerce et de la guerre.

Un culte lui était rendu qui comprenait vraisemblablement des sacrifices humains, dont on sait, par ailleurs, qu’ils étaient assez rares dans la civilisation celtique. Dans les Scolies bernoises, Lucain, qui le qualifie de hideux, rapporte : « Ésus Mars est honoré de cette façon : un homme est suspendu dans un arbre jusqu’à ce que ses membres se détachent ».