Grève avortée à la papeterie de Cascadec, Union Agricole & Echo de Bretagne 1924 - GrandTerrier

Grève avortée à la papeterie de Cascadec, Union Agricole & Echo de Bretagne 1924

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Catégorie : Journaux
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§ E.D.F.
L'histoire d'Henri Jégou, ouvrier bobineur, qui ose affronter l'autorité d'un contremaître et d'un patron, et qui est accusé d'entrave à la liberté de travail, relatée par les lignes éditoriales de deux journaux politiquement engagés.

Autres lectures : « Jean Jadé et René Bolloré contre le Cartel des gauches, Le Progrès du Finistère 1925‎ » ¤ « 1925 - Famille Rannou de Kerangueo-Odet » ¤ « L'appel de la C.F.T.C. aux ouvriers de la papeterie d'Odet, Le Progrès du Finistère 1936 » ¤ 

1 Présentation

L'« Union Agricole » [1] et L'« Écho de Bretagne » [2]

 

2 Transcriptions

18.01.1924

Scaër. Une grève aux Papeteries de Cascadec.

Les ouvriers papetiers, de la Papeterie de Cascadec n'ont jamais été gâtés par un salaire élevé. S'ils ont patienté très longtemps ce n'était sans doute pas une raison pour patienter toujours. Et la semaine dernière, en raison du prix élevé de la vie, ils décidèrent de demander de l'augmentation.

Aux Papeteries de Cascadec il n'y a aucun ouvrier syndiqué. Les uns disent que ça a du bon, d'autres prétendent le contraire. Toujours est-il qu'eux mêmes se sont trouvés parfaitement gênés quand il s'est agi de poser leurs revendications.

Qui allait se sacrifier pour les autres ?

Jégou, 32 ans, en prit l'initiative.

25.01.1924

Aux papeteries de Cascadec.

Nous relations la semaine dernière les circonstances dans lesquelles avait été opéré l'arrestation, sous l'inculpation d'entrave à la liberté du travail, de Jégou.

L'Union Agricole qui l'a littéralement écrasé dans ses colonnes a trouvé à nous opposer que nous faisions risette aux grévistes, que M. Bolloré, propriétaire des Usines de Cascadec est un philanthrope faisant des largesses à certains de ses ouvriers. Il a même prétendu que nous démentirions aujourd'hui ce que nous avancions la semaine dernière.

01.02.1924

L'affaire des Papeteries de Cascadec. Jégou est remis en liberté. « Jégou est en prison, depuis 16 jours, pour un motif qui n'existe pas », déclare son avocat.

Mercredi dernier, Jégou, l'ouvrier papetier, de Cascadec, arrêté dans les circonstances que nous savons a, après 16 jours de prévention, comparu devant le tribunal correctionnel de Quimperlé, pour violences légères et entrave à la liberté du travail.

22.02.1924

Et pour bien démontrer que, ce que vous prêtez aux autres est bien le propre des vôtres, nous donnons à méditer les lignes suivantes que, nous empruntons pour la circonstance, à notre confrère « le cri du Peuple ».

07.03.1924

Scaër. Aux papeteries de Cascadec.

Après les incidents dont nous avons parlé qui ont abouti à l'arrestation arbitraire de Jégou

18.04.1924

Scaër. Papeteries de Cascadec.

Nous recevons la lettre suivante :

10.10.1924

Mise au point. Nous lisons dans le Cri du Peuple :

Notre journal a publié, à la date des 16 février et 1er mars dernier, à propos d'une condamnation prononcée

 

19.01.1924

Scaër. Entraves à la liberté du travail.

Lundi 14 janvier, Henri Jégou, 32 ans, ouvrier bobineur à Cascadec a été mis en état d'arrestation, pour avoir empêché les ouvriers Bochard Yves et Daëron, d'apporter, ce jour, vers midi, leur repas avec eux, à l'usine, au moment de la relève.

La veille, vers 2 h du matin, le surveillant, Henri Moysan, vint prévenir M. René Rannou, contre-maître, alors couché, qu'il se passait quelque chose d'anormal à l'atelier des bobineurs. M. Rannou s'y rendit aussitôt et constata que les machines avaient été arrêtées sans ordre. Ayant demandé ce qui se passait, Jégou s'avança vers lui et lui réclama de l'augmentation.

26.01.1924

À Cascadec.

Commentant la grève avortée de Cascadec, M. Coffrant, dans l'Echo de Bretagne, dit que les ouvriers papetiers n'y ont jamais été gâtés par un salaire élevé. Or, M. Rene Bolloré est, à juste titre, considéré, dans les milieux industriels, comme un patron modèle, prenant de l'hygiène et de l'habitation de ses ouvriers le plus grand souci. L'an dernier, la fête du centenaire de l'usine d'Odet donna lieu à des réjouissances de caractère familial où les cadeaux du patron prirent figure d'augmentations et de pensions ... M. Coffrant mieux renseigné démentira sans doute M. Coffrant trop pressé de faire sa cour.

02.02.1924

Scaër. Entrave à la liberté du travail.

Dans un de nos derniers numéros, nous avons relaté les faits dont s'était rendu coupable, Henri Jégou, 32 ans, ouvrier bobineur, à la papeterie de Cascadec, qui, après avoir voulu frapper son contremaître, fut mis en état d'arrestation, le 14 courant, sous l'inculpation d'entrave à la liberté du travail. Cette dernière accusation portant sur ce motif que Jégou, en conseillant aux ouvriers Bochard et Daëron de ne point apporter leur repas, à la relève, n'a pas été admise par le Tribunal comme constituant l'entrave. La plaidoirie de Me Pierre Piton, avocat, l'a réfutée. Par ailleurs, Jégou s'en tire avec 15 jours de prison avec sursis pour violences légères.

09.02.1924

Scaër. À la papeterie de Cascadec.

Le jugement rendu dans cette affaire fait droit à deux choses d'ordre différent. Jégou un ouvrier papetier, se livra à des violences légères sur la personne d'un contre-maître, M. Rannou, qu'il ne frappa pas grâce à l'intervention d'autres ouvriers papetiers.

Renvoyé six mois auparavant, repris par charité, il avait été, en dépit de cela, chargé par ses camarades de présenter des revendications. Bien fondées ou non, elles ne légitimaient pas l'acte d'être produites à 2 heures du matin, devant un contre maître que l'on fait lever brusquement, qui n'est pas chargé de les recevoir, et que pour plus de persuasion, Jégou, l'étendant sur la table, allait rosser.

Le Tribunal a condamné Jégou à quinze jours de prison. Le sursis lui a été accordé, les juges estimant sans soute que n'ayant pas frappé, il était suffisamment puni par la détention préventive. Nous ignorons si, sans cette prévention faite, le sursis lui eut été accordé.

3 Coupure de presse

4 Annotations

  1. L'Union agricole et maritime, qui a d'abord été appelée L'Union agricole du Finistère est un journal local d'informations générales qui a paru à Quimperlé (Finistère) de 1884 à 1942. Il a connu des orientations éditoriales différentes, selon ses propriétaires successifs. La périodicité a aussi été variable : bi-hebdoadaire, tri-hebdomadaire et hebdomadaire. Avec pour sous-titre Organe Républicain Démocratique de la région du Nord-Ouest, le journal paraît le 1er août 1884 à l'initiative du conseiller général de Quimperlé, James Monjaret de Kerjégu, un riche propriétaire terrien et ancien diplomate résidant à Scaër. [Ref.↑]
  2. Le journal républicain, politique et régional « Le Quimperlois » paraît le 10 janvier 1909. A la parution du n° 22 bis du 21 mai 1909 l'hebdomadaire est rebaptisé « Écho de Bretagne ». Très engagé dans le combat politique lors des élections législatives des 14 et 28 février 1909 pour soutenir la candidature de Jules Le Louédec. [Ref.↑]
  3. Léon Le Berre, né en 1874 à Ergué-Armel, fut un journaliste et homme de lettres en français, et en langue bretonne. Il a dirigé plusieurs journaux d'information, dont L'Union agricole et maritime avant de collaborer au quotidien L'Ouest-Éclair. [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5]


Thème de l'article : Revue de presse

Date de création : Octobre 2013    Dernière modification : 26.10.2013    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]