Déguignet s'oppose au candidat Bolloré lors des élections législatives de 1877 - GrandTerrier

Déguignet s'oppose au candidat Bolloré lors des élections législatives de 1877

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Image:Espacedeguignetter.jpg Des élections locales dans la 1ère circonscription de Quimper où Jean-Marie Déguignet va jouer un bon tour lors du vote que les conservateurs auraient bien voulu gagner.

Autres lectures : « 1877 - Tract "votit evit An Aotrou Bollore ha na votit ket evit Loiz Hemon" » ¤ « Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien et entrepreneur » ¤ 


1 Présentation

 


2 Extraits, pages 389 et suivantes

« Mais quoi qu'il arrive, dans la lutte actuelle [1], je ferai mon possible pour le triomphe de ceux qui se disent républicains : car les autres, les nobles et les jésuites nous ramèneraient certainement quatre ou cinq siècles en arrière, au bon vieux temps où les paysans et les ouvriers étaient considérés et estimés à dix-sept degrés au-dessous des bêtes de somme et des chiens ; la lutte était commencée. Le gouvernement avait choisi le scrutin d'arrondissement ; par ce moyen il espérait un triomphe plus facile et plus complet de ses candidats, choisis dans chaque arrondissement parmi les plus notables, les plus connus, les plus riches et les plus influents du parti jésuitico-clérico-monarchiste. Celui qu'on avait choisi dans notre arrondissement était un gros industriel [2], plusieurs fois millionnaire, clérical et monarchiste jusqu'au bout des doigts, ayant pour l'appuyer toute l'administration, les nobles, les curés et confrères. L'autre, le concurrent républicain n'était qu'un pauvre avocat [3] ayant, il est vrai, pour l'appuyer, quelques vieux monarchiste millionnaires, mais anticléricaux.

 

Les amis et protecteurs du candidat officiel [2] avaient fait distribuer des brochures en français et en breton dans lesquelles la République et les républicains étaient flétris et maudits sur tous les tons. Le pauvre candidat républicain [3] y était traité et caricaturisé de toutes les façons : en diable, en loup, en renard et en âne. Les jésuites et cléricaux, quoique sûrs du triomphe, avaient cependant jugé à propos d'attirer à eux les paysans et les ouvriers par tous les moyens. Ils mettaient leurs agents en campagne avec des pièces de cens sous plein leurs poches, qui distribuaient partout des discours et des boniments appris par cœur, des brochures, des journaux, des cigares et du gwin ardent [4]. Les châtelains réunissaient chez eux leurs fermiers et leurs ouvriers, auxquels ils donnaient, comme on disait alors, des rastels [5] pleins, c'est-à-dire, à boire et à manger à volonté.

... Mais le malheur était que parmi les représentants de cette république démocratique, il n'y avait pas un seul démocrate ».

Texte complet (pages 389-394) : « Document PDF » ¤ 


3 Annotations

  1. Il s'agit des élections législatives d'octobre 1877, et non des précédentes de février 1876 comme cela est indiqué par erreur dans les annotations de l'Intégrale des Mémoires de Jean-Marie Déguignet. En effet ... [Ref.↑]
  2. Le candidat conservateur est Jean-René Bolloré (1818-1881), ancien chirurgien de la marine et patron des papeteries Bolloré à Odet en Ergué-Gabéric. [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Le candidat républicain est Louis Hémon (1844-1914), député républicain de Quimper de 1876 à 1885 et de 1889 à 1912, puis sénateur du Finistère. [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Gwin ardant, g.n.m. : eau-de-vie de raisin, alcool apéritif traditionnel de 18 à 25°, du breton « gwin » (vin) et « ardant » (ardent). [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]
  5. Rastell, sm. : râtelier, terme imagé désignant les collations apéritives (« apéros ») ou les buffets, notamment lors des campagnes électorales. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]


Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Janvier 2014    Dernière modification : 31.01.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]