Blog 26.01.2014 - GrandTerrier

Blog 26.01.2014

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[modifier] Jeunes conscrits en 1904/31

« J'ai déjà fait cet appel aux jeunes gens qui doivent aller au service, et je les prie d'y venir le plus nombreux possible. Cette retraite leur fera grand bien. On vous a montré, pères et mères de famille, les dangers qui attendent nos enfants à la caserne pour l'âme et pour le corps ... », abbé F. Nicolas.

Une photo inédite où 120 jeunes gens ayant l'âge de la conscription militaire posent devant l'école de filles de ND de Kerdévot. On l'a soumise à quelques anciens gabéricois, et déjà quelques têtes sont reconnues : Pierre Le Bihan, René Quéré, Laouic Saliou, Corentin Coîc ... Peut-être avez-vous d'autres noms à proposer ?

Ce cliché nous renvoie à une époque où l'emprise de l'église dans la vie publique pouvait donner lieu à des conflits et des plaintes de la part des consciences républicaines. Et notamment en 1904, où l'organisation de la retraite des conscrits donna lieu à un formidable pataquès. Nous l'avions déjà signalé en 2010 sur la base d'une citation dans le livre « La séparation de l'Église et de l'État dans le Finistère » de Jean-Paul Yves Le Goff.

À l'époque nous n'avions pas encore épluché le dossier, c'est chose faite aujourd'hui, et le jeu en valait vraiment la chandelle, tellement il s'agit d'une représentation symbolique du climat qui régnait en ces années troublées par l'introduction de la loi de séparation des Églises et de l'État.

Le dossier conservé contient des pièces à charge et à décharge : après réception de la plainte contre un vicaire qui a agressé un paroissien, le préfet fait procéder à une enquête par un commissaire, notamment le plaignant Balès et des témoins voisins, il en fait un résumé et adresse une lettre motivée à l'évêque, celui-ci répond par la défense de son vicaire et une protestation signée de paroissiens de St-André (sans doute obtenue sous la menace de fermeture de la chapelle), le préfet fait procéder à une nouvelle enquête pendant laquelle les pro-républicains mettent en évidence les contradictions de la défense, le préfet renvoie sa demande de déplacement du vicaire, et l'évêque répond négativement en évoquant une possibilité de procédure pénale.

Ce qui est poignant et convaincant dans les déclarations des plaignants est la spontanéité et répétition des propos. De plus l'homme insulté est un Républicain « pratiquant », Louis Balès, en charge de la conservation et entretien de la petite chapelle de St-André, et qui « en sonne les cloches ». Jean Thomas, jeune charron de la Croix-St-André, précise même : « j'aurais été à la place de M. Balès je ne crois pas que j'aurais eu sa patience ».

Le sermon inquisiteur du vicaire François Nicolas a été délivré en breton, comme cela est relevé par le commissaire : « Dans ses sermons comme au catéchisme il fait exclusivement usage du langage breton ». Un qualificatif breton est même donné dans une déclaration : « C'est un malfaiteur (eun den fall) ». Pour se faire une idée, l’Évêque demande une traduction en bonne et due forme : « Abordons maintenant la partie incriminée de l'allocation ... La voici telle qu'elle a été traduite devant moi sur le manuscrit original ».

En savoir plus : « 1904 - Dénonciation par le préfet d'un sermon pour la retraite des conscrits » et « 1931 - Retraite religieuse de jeunes gens à l'école ND de Kerdévot » Billet du 26.01.2014