Blog 22.06.2012 - GrandTerrier

Blog 22.06.2012

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[modifier] La papeterie Bolloré au 19e siècle

« Il y a deux ou trois ans un individu ayant travaillé dans cette fabrique me disait que la veille on avait encore coupé les bras à dix ouvriers d'un coup »

Le texte de Jean-Marie Déguignet, aux observations datées de 1897-1898, en pages 514 et 515 de l'Intégrale des « Mémoires d'un paysan bas breton », est véritablement un morceau choisi très savoureux.

Après avoir introduit son sujet par une anecdote mettant en scène un milliardaire américain, puis évoqué l'inventeur de l'expression populaire « Tonnerre de Brest » (non ce n'est ni Hergé, ni le capitaine Haddock), et enfin glissé un dialogue entre un voisin et un ancien ouvrier de la papeterie, il nous présente avec ironie et passion le palais enchanté de la fabrique de papier d'Ergué-Gabéric, avec « des machines à couper les bras ».

Et c'est une scène digne des Temps modernes de Charlie Chaplin : « Je voyais des machines tourner partout, en dehors, en haut, en bas, à droite et à gauche ». Il décrit ensuite la fabrication entièrement automatique du papier, depuis les broyeuses de pâte, jusque les machines à découper, en passant par le plateau de fer et les cylindres sécheurs.

Mais c'est quand il évoque les milliardaires exploiteurs et les ouvriers « impassibles, paisibles, avachis, le ventre vide, en haillons » que son style s'amplifie, les phrases s’allongent, le rythme s'accélère ...

Et, en fil conducteur, la belle image de ces machines à couper les bras « qui tournent jour et nuit au profit de quelques millionnaires et milliardaires et semblent rire en leur mouvement perpétuel et se moquer de ces autres pauvres machines en chair et en os qui restent crever de faim en les regarder tourner ».

Un texte qui restera très certainement dans les annales : « Déguignet face aux machines de la papeterie Bolloré à la fin du 19e » ¤ 

On en profite pour publier et annoter deux documents inédits relatifs à la famille Bolloré à la fin du 19e siècle. Le premier daté de 1865 mettant en scène le premier patron Bolloré en succession du fondateur Nicolas Le Marié : le docteur Jean-René Bolloré qui signe du double nom « Le Marié & R. Bolloré ». Le deuxième document : une lettre de 1888 signée de la veuve du précédent, une patronne également et une Bolloré de son nom de jeune fille.

En savoir plus : « 1865 - Demande de réparation du chemin vicinal par Le Marié-Bolloré » ¤ 
« 1888 - Le mandat-poste de la veuve du docteur Bolloré au préfet du finistère » ¤ 
Billet du 22.06.2012