Jean-François Lazou est né en 1895 à Plougasnou d'un père maçon. Alors qu'il est élève-maître à l’École Navale de Brest, il est incorporé le 16 décembre 1914, et se retrouve au front dans les rangs du 25e régiment d'infanterie où il sera successivement soldat de 1ère classe en mars 1915, caporal en juin 1915, sergent début avril 1916, adjudant fin avril 1916, sous lieutenant en mai 1916, et enfin lieutenant en septembre 1918.
Outre ses nominations, sa fiche matriculaire fait état de 4 citations, au fur et à mesure des combats et de l'avancement de son régiment sur le front :
Chilly-Maucourt, Somme, sept. 1916 : « Plein d'ardeur, a conduit brillamment sa section, à l'assaut d'un village puissamment organisé. » (ordre du jour de la brigade). Le village en question de Chilly sera pilonné par les obus pendant 6 jours.
Prosnes, Champagne, avril 1917 : « Officier d'un dévouement et d'un courage à toute épreuve, s'est particulièrement distingué le 30 avril 1917 en entrainant sa section à l'attaque d'une tranchée ennemie. » (ordre de la division). L’attaque générale des monts par la 4e armée est fixée ce 30 avril à 12 h 40 et l'assaut final au Mont-Cornillet le 20 mai.
Les Éparges, Meuse, décembre 1917 : « Officier d'une admirable crânerie et d'un dévouement sans limite. A exécuté avec méthode et une habilité remarquable une série de reconnaissances. » (ordre de la division). Il est blessé le 16 décembre 1917, aux Éparges - lieu de « combats terribles » en février 1915 - par éclats de grenades aux jambes.
Verdun, Meuse, avril 1918 : « Officier très crâne au feu. Le 17 avril 1918, au cours d'un violent coup de main ennemi sur nos tranchées, s'est défendu avec la dernière énergie sur les positions de repli reconnues d'avance. S'est élancé en avant de ses hommes ... » (ordre du corps d'armée). Certes ce n'est pas la bataille de Verdun de 1916, mais les combats y sont encore violents.
Pour tous ses états de service, Jean Lazou reçoit la Croix de guerre et le droit de mettre sur son ruban une étoile de bronze, deux étoiles argent et une étoile vermeil. Et il est inscrit au tableau spécial pour chevalier de la légion d'honneur (J.O. du 10 décembre 1920) avec un bel éloge. Ce tableau est une procédure qui permet de nommer des militaires dans la Légion d'honneur, sans instruction immédiate du dossier et avec régularisation et officialisation ultérieures, et pour Jean Lazou ce sera fait trente ans plus tard.
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En 1919, après l'armistice, il se « retire à Grosblittersdorff », village de Moselle rebaptisé Grosbliederstroff quand l'Alsace-Lorraine redevient officiellement française par le traité de Versailles en 1919. Il y reste pour pour participer en tant qu'instituteur à la réintroduction de la langue française dans l’enseignement primaire. Il est rejoint par son épouse Francine Combot, également institutrice, et en octobre 1919 ils ont une petite fille prénommée Marie-Louise-France ou Malou.
De retour dans le Finistère, Jean et Francine Lazou enseignent à Roscoff en 1924. Puis au 1er octobre 1926, ils sont tous deux affectés aux écoles de Lestonan en Ergué-Gabéric où ils vont rester respectivement 13 et 18 ans.
Jean Lazou a laissé le souvenir d’un instituteur militant actif du Parti Communiste Français, engagé dans la formation des élèves et la défense de l’école laïque, et très investi dans la vie locale ouvrière et rurale.
Mobilisé comme capitaine à la seconde Guerre mondiale, il trouve la mort le 15 mai 1940 à Montcornet (Aisne) lors d’une « violente attaque ennemie ». La Légion d’Honneur lui sera enfin attribuée en 1950 (J.O. du 7.1.1950) à titre posthume en régularisation du tableau spécial de 1920.
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