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Blog 10.09.2016

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[modifier] Cantique, pardon et archéologie

Billet du 10.09.2016 - « Les Bretons avaient décidément un rapport particulier au temps et à leur passé, si lointain puisse-t-il être. Pour eux, le passé n’existait pas. Il n’était pas passé. Rien ne passait. Tout ce qui avait été était encore et serait éternellement. Le présent ne perdait pas son importance pour autant, au contraire : il s’en trouvait grandi, accentué. », Jean-Luc Bannalec, " Étrange printemps aux Glénan " (texte allemand en fin de billet).

Cette citation n'est-elle pas une explication de notre attrait pour les pardons et les journées européennes du patrimoine en pays breton ? En tous cas elle est, pour nous, une belle introduction pour le grand pardon de Kerdévot de ce week-end et pour les journées du patrimoine dans 8 jours.

Pour ce qui concerne Kerdévot tout d'abord, nous avions publié, il y a tout juste un an, un article sur le cantique « Itroun Varia Kerdevot » avec partitions, enregistrement et ses 6 couplets en breton tels qu'ils sont chantés aujourd'hui, en pensant, à tort, que ce texte était le texte d'origine composé par Jean Salaûn (1831-1885), éditeur de musique à Quimper.

Nous venons de découvrir deux pièces d'archives attestant de ses origines exactes :

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgSous le titre « Itroun Varia Kerdevot air Laudate Mariam » les Archives Diocésaines de Quimper ont référencé ce document inédit, publié par la librairie J. Salaun avec imprimatur de 1881, et publié sur leur site Internet

Image:Right.gifImage:Spacer.jpgNous disposons également d'une feuille volante recto-verso, intitulée « Pélerinage à N.-D. de Kerdévot », éditée à l'imprimerie Kerangal, et incluant le même cantique aux 25 strophes strictement identiques.

Hormis le premier couplet identique, le texte est largement différent de la version courte actuelle. Le refrain est simplifié : « Mam Doue, ô Guerc'hez, Bezit hor c'harantez ) bis » (Mère de Dieu, ô Vierge, soyez notre Amour). Le vocabulaire est plus riche et les scènes plus imagées : « Gant mein dantelezet » (pierre de dentelle), « A ziouch ar c'hleuniou » (au milieu des talus) ...

La succession des 25 strophes délivre une introduction sur les chapelles bretonnes, la description de la plus belle d'entre elles (cf extrait ci-dessous), puis l'évocation des pèlerins de tous ages, de toutes conditions et de toutes les paroisses avoisinantes (« Kals a dud er bed ! » : beaucoup de monde au pays), et au 25e couplet « Ni 'gano da viken ... » (Nous te chantons pour la vie).

III. Gant mein dantelezet,
Ho deuz hon tadou,
D'ar Verc'hez benniget,
Savet ilisou !

IV. Hogen 'n ilis kaera,
Euz a vro Gerne,
D'ann Itroun-Varia,
A zo enn Ergue !

V. Kerdevot eo hanvet,
Chapel burzudus,
Enhi e ve kavet,
Grasou Mam Jesus !

III. Avec des pierres de dentelle,
Venant de nos ancêtres,
Dédiées à la Vierge bénie,
Des églises ont été érigées !

IV. Mais la plus belle église,
Du pays de Cornouaille,
Consacrée à la Vierge Marie,
Est à Ergué-Gabéric !

V. Kerdevot est nommée,
Chapelle de merveilles,
On trouve en ce lieu,
Des grâces de la mère de Jésus !

 
(bannière historique de Kerdévot, années 1880, armoiries de Léon XIII)

IX. Eno he ten bemde,
Ha gant fisians bras,
Da bedi Mam Doue,
Tud ann Ergue-Vras !

IX. Là viennent tous les jours,
Et avec grande confiance,
Pour prier la mère de Dieu,
Les gens du Grand Ergué !

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Le cantique populaire "Itroun Varia Kerdevot" de Jean Salaun en 1881 »

Quant aux journées du patrimoine, nous nous recommandons d'une part une conférence de l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives : « Du Mésolithique au Moyen Âge, premiers résultats de la fouille de Parc-al-Lann à Ergué-Gabéric » par Yvan Pailler, responsable des fouilles. Dimanche 18 septembre à 15 h, au Musée Départemental Breton de Quimper.

Et d'autre part, le dimanche également, de 10 à 12 h, la visite commentée du château de Toulven, implanté sur un terrain en hauteur dominant les bords de l’Odet. Jean-Marie Déguignet, le célèbre paysan bas-breton gabéricois, y est employé en 1868 et en parle dans ses mémoires : « le château était à deux pas de là et dont on voyait les tourelles ».

Image:Square.gifImage:Spacer.jpgEn savoir plus : « Découvertes archéologiques sur le site de Parc-al-lann, Le Télégramme et INRAP 2016 », « Espace Déguignet », et suite du programme dans le prochain billet

      Pour nos amis germanophiles et germanophones, voici le texte allemand de l'auteur : « Bretonen hatten ein besonderes Verhältnis zur Zeit, zur Vergangenheit, auch zur weit zurückliegenden Vergangenheit. Was vor allem hieß: Es gab sie für Bretonen nicht, die Vergangenheit. Sie war nicht vergangen. Nichts war vergangen. Alles, was gewesen war, war auch gegenwärtig und würde es immer bleiben. Die Gegenwart wurde dadurch kein bisschen in ihrer Bedeutung geschmälert, im Gegenteil: Es machte sie noch größer. », Jörg Bong, alias JL Bannalec, "Bretonische Brandung: Kommissar Dupins zweiter Fall". Cette série policière a un énorme succès outre-Rhin, et a même fait l'objet d'un feuilleton télévisé.