Blog 10.05.2014 - GrandTerrier

Blog 10.05.2014

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search
Image:Right.gif Les billets récents du Blog de l'actualité du GrandTerrier

[modifier] Le Concordat du Grand Terrier

« Je dis par sentiment intime je connois ma religion. Je n'ai jamais donné de preuve de l'avoir méconnue ni avant ni pendant, ni depuis la révolution »

Le Concordat de 1801 de Bonaparte était censé être la réconciliation de l’État français et de l’Église catholique, après la rébellion d'une Église réfractaire qui avait refusé de prêter serment à la Constitution civile du Clergé pendant la Révolution. En Bretagne, le nombre de prêtres et évêques insermentés fut plus important qu'ailleurs et nombre d'entre eux s'exilèrent. Derrière le pape, les évêques furent prompts à se réconcilier avec le pouvoir laïc. Mais la période du concordat fut probablement un changement social plus difficile pour les prêtres de paroisse, à l'exemple de notre premier recteur-desservant concordataire d'Ergué-Gabéric.

Nous publions deux longues lettres de 5 et 4 pages très denses écrites par François Le Pennec à son évêque. Cela démarre par la liste des reproches exprimés par ses délateurs contre lesquels il veut se défendre : « Les voici comme ils sont restés imprimés dans ma mémoire : 1°. j'ai toujours manqué de faire l'instruction les dimanches et fêtes. 2°. je les fais mal. 3°. j'ai manqué d'être exacte à écouter les personnes qui se présantoient au tribunal de la pénitence. 4°. j'ai manqué d'aller aux malades quand on m'y appelait. 5°. j'ai jetté cette corvée sur mon vicaire. 6°. devenu fermier, je m'occupe au labourage ou cela me divertit de mon devoir essentiel. 7°. j'ai fait des acquisitions ».

Le style du recteur est un peu ampoulé et daté, l’orthographe empreinte du 18e siècle avec ses imparfaits se terminant en -oit. Mais les propos libres, les arguments développés et sa spontanéité un peu naïve apportent un éclairage très intéressant sur les liens sociaux de cette période concordataire et post-révolutionnaire dans nos campagnes bretonnes.

La fin de la deuxième lettre de François Le Pennec est terrible : « D'après cet exposé que Monseigneur décide de tout dans sa sagesse. Je sais que je ne demande qu'un châtiment, mais entre deux maux il faut choisir le moindre ». Ce qui veut dire en clair qu'il préfère affronter l'autorité de son évêque que d'accepter d'être calomnié par le pouvoir laïc de certains de ses paroissiens et personnages publics municipaux.

L'évêque, le baron Pierre-Vincent Dombidau-de-Croiselles, connu pour sa poigne et son autoritarisme, prendra carrément le contre-pied de son desservant et écrira au maire, en utilisant le nom déformé de la commune avec sans doute un accent d'ostracisme : « Si Mr le desservant du grand terrier vous avait communiqué mon ordonnance approuvée par un décret impérial, vous auriez vu qu'il m'est impossible d'approuver l'emploi que vous désirez faire des offrandes perçues dans la chapelle de Kerdévot ».

En savoir plus : « 1809 - Campagne de calomnie contre le desservant François Le Pennec », « François Le Pennec, recteur-desservant (1802-1810) »

Billet du 10.05.2014. Nota: la semaine prochaine on publiera une troisième lettre de François Le Pennec sur un sujet connexe.