Blog 06.05.2023 - GrandTerrier

Blog 06.05.2023

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search
Image:Right.gif Les billets récents du Blog de l'actualité du GrandTerrier

[modifier] Contrôle des débits de boissons

06.05.2023 - Source documentaire : cote 2 O 792 aux Archives départementales du Finistère en Série O (administration et comptabilité communales).

Il s'agit précisément d'une lettre adressée le 18 octobre 1844 par le maire René Laurent sollicitant la validation d'un règlement de police des débits de boisson dont le texte, sous la forme d'une affiche appelée à l'époque « placard » est joint.

En cette année 1844, il y a sur le territoire communal quinze établissements vendant des boissons alcoolisés, si l'on en croit le nombre de placards devant être « distribués à chaque caberetier ».

En 1836, pour 2025 habitants, neuf cabaretiers sont déclarés sous cette appellation dans le recensement officiel : François Ascoët à Pen carn Lestonan, Laurent Douguet à Gadigou (route de Coray), Pierre Peron au Bourg, Jacques Calloc'h au Bourg, Hervé Auffret au Bourg, Yves Taboret au Bourg, Toussaint Caugant à Gars halec, Jean Caugant à Lenhesk et Yves Auffret à la Croix-Rouge. Mais les cabarets ou auberges supplémentaires sont très certainement aussi ouvertes dans d'autres commerces, à l'instar des forgerons ou des cordonniers, et ce dans les villages un peu excentrés comme Saint-André, St-Guénolé, Lostarguillec, Kerdévot.

En 1868, une enquête diligentée par le ministre de l'intérieur sur le développement de l'ivrognerie en France donne les chiffres suivants pour le département du Finistère : « Il y a dans le département 5806 débits de boissons, c'est à dire un pour 114 habitants [....] Pas une commune n'est exempte de ce fléau. Un homme sobre est une exception. Dans les classes élevées, on s'inquiète. Les propriétaires surtout qui voient leurs champs délaissés pour le cabaret ».

Pour ce qui concerne Ergué-Gabéric, le nombre de débits de boisson par rapport à la population est proche de cette moyenne nationale en 1836-1844, soit un café pour 135 habitants (15 pour 2025), bien que la population soit très rurale et éclatée sur tout le territoire communal.

 
D'où la nécessité pour la municipalité de lutter contre les dérives des débits de boissons en rédigeant un règlement de police comme forme de placards ou affichettes à apposer dans ces lieux de perdition.

Après ces premiers affichages, la préfecture du finistère généralisera cette action préventive à tout le département en publiant des « arrêtés contre l'ivrognerie ». Ainsi cette affiche du préfet Richard en 1859 (cf. ci-contre, ADF 4M68).

Mais autant le texte préfectoral est plutôt sommaire, la seule interdiction étant de servir jusqu'à l'ivresse, la version gabéricoise de 1844 est bien plus contraignante  :

Image:Space.jpgLe premier article interdit carrément l'ouverture des bars pendant les messes, dimanches et jours de fête. Ces jours-là « Il est interdit à tous cabaretiers de cette commune, de donner à boire à qui que ce soit  ».

Image:Space.jpgSont exclus des établissements à toute heure, conformément à l'article 2, les enfants au-dessous de seize ans, « à moins qu'ils n'accompagnent leurs auteurs ou tuteurs », les vagabonds, les filles publiques et « les gens dans l'ivresse ».

Image:Space.jpgLes horaires doivent être strictement respectés, surtout en soirée : ouverture après 4 heures du matin et fermeture avant 8 heures du soir (7 heures en hiver).

Image:Space.jpgLes autres règles administratives sont de disposer « d'une enseigne distincte où son nom sera écrit en caractères bien lisibles » (article 4), de faire une déclaration à la mairie pour toute ouverture ou déménagement (article 5), de « débiter des boissons falsifiées » (article 6), et de respecter toutes les mesures légales (article 7).

Image:Space.jpgEt enfin, un article 8 de politique familiale et de lutte contre l'alcoolisme : « Il est enjoint aux cabaretiers de livrer à la première réquisition des pères, mères et tuteurs les personnes réclamées par ces derniers. »

En savoir plus : « 1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois »