Tout au long du 15e siècle plusieurs chantiers successifs ont été menés pour finaliser l’élévation de la chapelle de Kerdévot. Roger Barrié, conservateur général honoraire du patrimoine, a étudié les différents éléments d’architecture de l’édifice : « La chapelle fut commencée par le mur du chevet raidi, à l'extérieur, par six contreforts droits, et, à l'intérieur par deux murs de refend que terminent deux groupes de trois colonnes dans le chœur. Les premières colonnes du chœur sont encore dans la tradition du gothique de la première moitié du XVe siècle qui souligne clairement la fonction des supports autour d'un noyau central. »
Pour la datation il propose : « L'analyse du chœur de Kerdévot laisse apparaître la progression de la construction. Tout d'abord, à partir de 1470 environ, mise en place des colonnes au revers du chevet ; puis élévation des colonnettes pour donner plus d'élan au volume du chœur. La nef et l'ensemble du massif occidental restent en projet, et l'aménagement intérieur, notamment le recouvrement par une charpente et la pose des vitraux du chœur dont l'un d'eux porte la date de 1489. »
On peut donc dire que l’élévation du cœur, du chevet et de la maitresse-vitre de Kerdévot est contemporaine au chantier voisin de la cathédrale de Quimper. Pour Roger Barrié, il est probable que la nef, c’est-à-dire la partie occidentale, et la finalisation de la couverture ont été exécutées qu’après l’an 1500.
Une autre hypothèse est proposée par Philippe Bonnet, professeur associé à l’université de Bretagne-Sud et conservateur en chef du patrimoine : « Tout en observant que les premières colonnes du chœur sont encore dans la tradition du gothique de la première moitié du 15e siècle, R. Barrié propose pour l´édifice une chronologie basse : implantation du chœur dans les années 1470, achèvement du mur du chevet vers 1480, construction de la nef dans les premières décennies du 16e siècle. Il nous semble au contraire, à voir l´homogénéité du parti, que l´œuvre peut fort bien s´inscrire en totalité dans la seconde moitié du 15e siècle. À cet égard, la simplicité des chapiteaux et des grandes arcades de la nef peut être interprétée comme une volonté de hiérarchiser les espaces par le biais du décor, plutôt que comme l´indice d´une campagne tardive. »
Philippe Bonnet résume ainsi les nombreux traits stylistiques communs de Saint-Corentin et de Kerdévot :
«la coexistence des formes en plein-cintre et des arcs brisés, des nervures en pénétration et des chapiteaux, »
«la modénature qu'on retrouve identique à la croisée du transept de Quimper et à l'arc triomphal de Kerdévot, »
«le répertoire formel des portes, des remplages et des pinacles. »
Et il rejoint Roger Barrié sur ce constat : « En bref, tout indique que les travaux de la chapelle ont été conduits au 15e siècle en parallèle avec le grand chantier quimpérois, ou du moins dans sa suite immédiate, par des maîtres formés sur celui-ci. »
Gildas Durand a, quant à lui, remis en perspective un élément incontournable de la chapelle en le datant du siècle de la construction de la chapelle : « La Maestà de Kerdévot date probablement de la seconde moitié du 15e siècle, et semble-t-il plus précisément du dernier tiers de ce siècle. Cela coïncide trop avec la période de construction de la chapelle pour ne pas proposer une importation contemporaine, ou de peu postérieure ».
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Son article complet sur la statuaire de Kerdévot est publié en 1989 dans le cadre du cinquième centenaire de la chapelle de Kerdévot. Il est complété par une étude parue en parallèle dans les dossiers du Centre régional archéologique d'Alet.
Pour lui, la provenance de la maestà de Kerdévot n'est pas flamande comme l'autre oeuvre majeure de Kerdévot (le retable) : « Toutes les références nordiques que l’on pourrait trouver à An Intron Varia Kerdevot sont des œuvres italianisantes. C’est bien en Italie qu’il faut chercher des répondants à l’œuvre d’Ergué-Gabéric ».
Il s'agit d'une maesta, une vierge trônant entourée d’angelots. La Maestà est un terme italien désignant la Vierge Marie en majesté et de face, dans une attitude hiératique, assise sur un trône, entourée d'anges, et portant éventuellement son enfant Jésus. La représentation du trône y est matériellement importante et imposante.
Les visages de la Vierge et des angelots ne sont ni bretons, ni nordiques. Le drapé, nullement flamand, est lui aussi italien dans son rejet des cassures trop marquées. Le voûtement du trône par une grande valve de coquille saint Jacques se retrouve notamment dans Botticelli et Cosmé Tura.
Pour Gildas Durand, il s’agit d'une « grande oeuvre importée d'Italie » à laquelle il y a lieu « d’attribuer la paternité à un atelier du Nord de l'Italie », et plus précisément « des années 1480 comme période où ces madones étaient à la mode, entourés de riches et puissantes architectures renaissantes, aux décors parfois symboliques, et auréolées de putti. »
Et enfin, « Par sa majesté, la Maestà de Kerdévot mérite un renom autrement plus grand que celui dont elle aura bénéficié jusqu'alors. »
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