Ce travail d'investigation est basé sur les registres de recrutement conservés et numérisés par les Archives municipales de Quimper (1 H QUI 55) :
•Le paysan bas-breton de 20 ans qui a vécu son enfance à Ergué-Gabéric, Jean-Marie Déguignet, en fait partie (folio 218).
•Il raconte les circonstances de son engagement dans ses mémoires (version de la Revue de Paris en 1904 et celle d'An Here en 2001).
•Le soldat qui l'accompagne et l'aide dans ses démarches, Jean Ambroise Robique, fils de sabotier au bourg d'Ergué-Gabéric, remplit le même registre 27 ans plus tôt (1827, 1 H QUI 51).
•Le même jour, un autre jeune gabéricois, Jean-Marie Quiniou agriculteur à Kervoreden, est recruté aussi le même jour, le 23 août, mais aura moins de chance car il décédera à l'hôpital militaire de Perpignan en 1857.
•Les autres engagés, âgés de 17 à 30 ans, sont originaires de la région de Quimper-Chateaulin, avec des affectations diverses et des retours au pays pour les 3/4 d'entre eux.
•Les généalogies ascendantes et descendantes de Jean-Marie Déguignet sont détaillées en fin d'article.
Le nom d'engagement de Jean-Marie Déguignet porté sur le registre est « Duguines », patronyme recopié de l'acte de naissance qu'il a produit. Du fait de cette erreur de transcription en 1834, le soldat sera appelé de cette façon pendant toute sa carrière militaire. Ainsi il raconte dans ses Mémoires lors de sa montée en grade : « Soldats, tambours et clairons de la 6e compagnie, vous reconnaîtrez pour votre caporal le nommé Duguines, ici présent, et vous lui obéirez ». Et la fin signature du dernier cahier de ses mémoires est « Duguines - Déguignet ».
Pour bénéficier d'un contrat d'engagement de sept ans, outre son âge (plus de 18 ans), son statut de célibataire et la fourniture d'un certificat de « bonnes vie et mœurs», le candidat Duguines a dû remplir une autre condition plus difficile, la taille réglementaire : « On me saisit par le bras pour me mener sous la toise; je savais bien que je n'avais pas la taille, et je pensais qu'on allait me refuser du premier coup. Mais non, au contraire, on me dit que je ferais un très bon soldat. ».
|
|
À cette époque pour être incorporé, la taille minimale est de 1,56 m, et son registre indique un centimètre au-dessus : « un mètre 570 millimètres ». Et, d'après l'intéressé, les recruteurs pressés ont dû tricher un peu. Le « petit breton », comme l’appelleront ses acolytes plus tard, n'était certes pas grand, mais les autres engagés ne l'étaient pas non plus : Jean-Marie Quiniou faisait 10 centimètres de plus, et son mentor Jean-Ambroise Robique faisait à peine 1 m 61.
|