Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses carnets IV et VIII - GrandTerrier

Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses carnets IV et VIII

Un article de GrandTerrier.

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Les éditions Michel Lafon et Frédéric Morvan ont inséré, parmi les nombreuses pièces d'archives du livre « Les Bretons - L'esprit valeureux et l'âme fière (1870-1970) », un facsimilé d'extraits de deux carnets d'Anatole Le Braz [1] racontant la mort de son protégé et certaines conversations avec le paysan bas-breton.

Une heureuse initiative qui permet, dans un ouvrage grand public, de pouvoir toucher un objets témoin de notre histoire.

L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C [2] de Brest : Fonds Le Braz.

Autres lectures : « MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970) » ¤ « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric » ¤ « TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne » ¤ 

1 Présentation

On trouvera la transcription de ces textes dans l'article « Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric » ¤ . Cette transcription intégrale est également page 92 du livre de Frédéric Morvan.

Ce qui y transparait c'est l'empathie portée par le mémorialiste à l'égard de Jean-Marie Déguignet : « Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? »

Ensuite lorsqu'il reçoit une lettre du fils du défunt lui demandant la restitution des cahiers manusscrits, il rappelle les conditions sur lesquelles ils s'étaient entendus : « Je suis, en effet, possesseur de 24 cahiers manuscrits que votre regretté père est venu m'apporter spontanément en juin 1898. Il voulait m'en laisser la libre disposition sans condition, affirmant qu'il n'avait plus personne qui s'intéressait à lui. Lecture faite de ces manuscrits et ayant constaté qu'ils présentaient un tableau, d'autant plus curieux qu'il était plus sincère, de la vie d'un homme du peuple en Basse-Bretagne, je ne me reconnus pas le droit de les accepter en don et il fut convenu, entre M. Deguignet et moi, que je lui verserais une somme totale de 200 fr. (deux cents), moyennant quoi il me confirait la propriété de ces manuscrits et le droit exclusif de les faire paraître à ma convenance et sous telle forme que jugerais préférable. Si je trouvais un éditeur pour les publier en volume, il était entendu qu'au cas où il y aurait des droits d'auteur, ils me reviendraient après sa mort. cette éventualité ne s'est pas encore produite. »

Seule une première édition fut faite dans la Revue de Paris de 1905, sous forme de feuilletons reprenant les premiers cahiers. Entre temps Jean-Marie Déguignet avait du réécrire de nouveau l'intégralité de ses cahiers, car, à son goût, Anatole Le Braz trainait pour trouver un éditeur.

 

Dans l'ouvrage « Les Bretons », on peut lire aussi deux courts passages complémentaires des Mémoires de Déguignet (extraits de la 2e série des cahiers).

Page 17, chapitre « Une aristocratie influente »

« Quand je vis arriver la voiture du sire, je m'éloignai pour qu'il ne me vit pas avec sa bande. Il descendit de voiture, offrit encore à boire à ceux qui en voulaient, ensuite il les mit en rang sur la route et leur donna chacun un bulletin bien ployé dans la main.

Il ne les fouilla pas. La distribution terminée, il commanda par le flanc droit et les conduisit ainsi jusqu'à la salle du vote, marchant derrière eux pour les empêcher de prendre d'autres bulletins. Tous les autres nobles châtelains arrivaient ainsi avec des bandes de cinquante à soixante.  »

Page 47, chapitre « La restauration industrielle »

« J'ai passé par là depuis et, où je voyais autrefois une véritable fourmilière humaine, je ne voyais plus personne. Si je n'avais pas vu fonder cette fabrique, j'aurais pu me croire en présence d'un de ces palais enchantés des contes orientaux. Je voyais des machines tourner partout, en dehors, en haut, en bas, à droite et à gauche. [...] Mais j'avais beau regarder, je ne voyais personne, d'abord parce que la vapeur m'en empêchait. Cependant, quand mes yeux parvinrent à percer la vapeur, j'entrevis trois ou quatre individus, les bras croisé sur la poitrine à la manière des paysans bretons. Ils étaient là comme des fantômes, les yeux fixés sur les machines, ne bougeant, ni parlant. »

On espère de tout cœur retrouver un jour la 1ere série des cahiers qui ont été en possession d'Anatole Le Braz, ne serait-ce que pour la fraicheur de cette premier jet, car, il faut l'avouer, vers la fin de sa vie la paranoïa du paysan bas-breton avait gagné du terrain.

2 Facsimilés

 

3 Annotations

  1. Anatole Le Braz (1859-1926) est né a Saint-Servais (Côtes-d'Armor). Il a écrit beaucoup d'ouvrages sur les traditions en Bretagne. Collecteur infatigable de contes, chansons et légendes populaires, il est considéré, avec Théodore Hersart de la Villemarqué. comme un des piliers du renouveau de la culture traditionnelle et populaire en Bretagne. Son œuvre la plus connue, éditée en 1893, est « La Légende de la mort en Basse-Bretagne ». Il a contribué à faire connaître les mémoires de Jean-Déguignet en publiant ses premiers cahiers en 1905 dans la Revue de Paris. [Ref.↑]
  2. Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. [Ref.↑]




Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Octobre 2014    Dernière modification : 12.10.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]