Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric - GrandTerrier

Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric

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Image:Deguignet2.jpg En 1886 Anatole Le Braz [1] est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions.

Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet.

Autres lectures : « TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne » ¤ « MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970) » ¤ « Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses cahiers IV et VIII » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Les bannières paroissiales de saint Guinal, ND de Kerdévot, Tonkin, saint Michel et Fatima » ¤ « Espace Déguignet » ¤ 

1 Présentation

Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées.

Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois.

L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C [2] de Brest : Fonds Le Braz.

Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants :

Couv. Titre Extraits Date Coll. Cote
VIII Carnet EG p. 96, 104-105
Déguignet (1905)
1989-1911 181 ALB M12
 ? Carnet EF p. 86 : Kerdévot (1899) 1997-1905 278 ALB M11
IV Carnet ED p. 40-45, 253-258 Ergué 1893-1895 283 ALB M9
 ? Carnet E p. 76 St Gwenaël 1887-1889 95 ALB M5


Autres lectures : « TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris) » ¤ « Fiche généalogique de J.M. Déguignet * » ¤ « Espace Déguignet » ¤ 

 

2 Jean-Marie Déguignet

En 1905, décès de JM Déguignet

« Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ».

(carnet EG, page 96)

J.M. Déguignet fils (né en 1873)
J.M. Déguignet fils (né en 1873)

« Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous :

"Je suis, en effet, possesseur de 24 cahiers manuscrits que votre regretté père est venu m'apporter spontanément en juin 1898. Il voulait m'en laisser la libre disposition sans condition, affirmant qu'il n'avait plus personne qui s'intéressait à lui. Lecture faite de ces manuscrits et ayant constaté qu'ils présentaient un tableau, d'autant plus curieux qu'il était plus sincère, de la vie d'un homme du peuple en Basse-Bretagne, je ne me reconnus pas le droit de les accepter en don et il fut convenu, entre M. Deguignet et moi, que je lui verserais une somme totale de 200 fr. (deux cents), moyennant quoi il me confirait la propriété de ces manuscrits et le droit exclusif de les faire paraître à ma convenance et sous telle forme que jugerais préférable. Si je trouvais un éditeur pour les publier en volume, il était entendu qu'au cas où il y aurait des droits d'auteur, ils me reviendraient après sa mort. cette éventualité ne s'est pas encore produite. Mais les deux cents francs ont été versés à votre père, en deux fois, et j'en ai quittance de sa main. Quant aux conventions relatives à la propriété exclusive qu'il me transférait et aux arrangements ultérieurs, elles ont été consignées dans un papier également écrit tout entier de sa main, signé et daté.

Voilà, Monsieur, dans quelles conditions je suis devenu, non pas dépositaire, mais possesseur des manuscrits de feu M. Deguignet. J'ajoute qu'en apprenant sa mort, au regret que j'en ai éprouvé s'est mêlée quelque satisfaction d'avoir pu lui donner dans ses derniers jours, la joie de lire un fragment de ses mémoires dans la Revue de Paris.

J'espère, Monsieur, que ces renseignements vous paraîtront suffisants, mais il va sans dire que je m'empresserai, si vous le désirez, de vous expédier copie des quittances que j'ai mentionnées ci-dessus, comme aussi de la pièce olographe qui fait foi de mes titres de possession.

Avec mes condoléances, Monsieur, pour la perte que vous venez de faire, veuillez agréer l'expression de mes distingués sentiments.

Port Blanc, 14 sept. 1905".  ».

(carnet EG, pages 104-105)

 

En 1897, conversation et extrait de cahier

« Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir.

"On voyait, quand je mendiais, on voyait par les campagnes des nomades montagnards, voyageant avec des petit chevaux surmontés de mannequins et qui donnaient des écuelles de Locmaria en échange de la vieille ferraille. On les appelait Potred an Houarn Coz. Ils logeaient dans les fermes, dans les étables, comme les mendiants. Nous les appelions aussi Potred ar Feuill, les gens de la Feuillée, ou potred ar chupen rouz. Il y en avait qui étaient riches, de ces batteurs de routes.

Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires.

Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, et ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille.

- Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit.

Mais, après avoir tiré la porte derrière lui, la curiosité lui vient de rester écouter la conversation des deux hommes. L'un disait :

- Il nous prend pour de pauvres gens et nous regarde en pitié. Mais, j'ai dans mon étable huit paires de boeufs auprès desquels les siens feraient triste mine.

- Et moi, dit l'autre, j'en ai dix.

On conçoit si le fermier le lendemain les pria d'aller loger à leurs frais.

Il y avait encore les stouper et les struprezed, toujours de la montagne aussi. Ils avaient une chanson qu'ils chantaient. Au lieu de dire leur prière comme les mendiants, ils chantaient cette chanson amusante, la leur, en guise d'écot pour leur souper et leur logement. Ils arrivaient dans le pays à l'époque de Noël. Ils portaient un sac sur le dos : ils n'avaient pas de chevaux comme les gars de La Feuillée. »

( Deguignet )

(carnet ED, pages 253-254)


« Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un porteur de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces kel, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef.

L'huissier l'ouvrit, mais il n'y trouva rien qu'un filet de pêche tout neuf.

Il s'en fut pas moins satisfait. Ce filet était plus que suffisant pour payer ce qui était dû au fisc. Pendant que l'huissier écrivait sa saisie, je fus obligé de sortir, je me sentais près d'étouffer par les efforts que je faisais pour retenir mes sanglots en présence de pareilles horreurs". (24e cahier). »

(carnet ED, page 253)

3 Le patrimoine d'Ergué-Gabéric

Stangala

« Notes prises dans les Mémoires de Déguignet sur Le Stangala

"Le nom dont l'appellent les paysans est Stangoled, ou Stangodet. Déguignet y signale, dans les rochers, un "creux" appelé Toul ar c'houriquet, un autre, beaucoup plus grand, appelé Toul ar Veloyen. On prétend qu'un certain nombre de prêtres réfractaires avaient passé là la trouble période révolutionnaire.

« Je vins à penser à la fameuse fée du Stangala que beaucoup de vieilles gens affirmaient avoir vu errer dans ces bois, avec une couronne de feuilles de houx et de bruyères sur la tête, à ces petits lutins ou Korriguets qui venaient la nuit s'ébattre au clair de lune sur les plateaux et dans les clairières du Stang ... Je reconnus cette nuit même ce que ces bonnes gens prenaient pour la fée du Stangala. Je rencontrai plusieurs de ces fées : c'étaient des arbres de houx, au tronc blanc et luisant, dont les fermiers coupent tous les ans ou tous les deux ans les branches, pour donner les feuilles aux bestiaux, ne laissant qu'une touffe de jeunes feuilles à leur sommet ».

(carnet ED, page 253)

St-Guénolé

« St Guénolé : pardon 3ème dimanche de juillet. La chapelle sur une hauteur dans un bois de hêtres. Monumentale reproduction à l'extérieur de l'église d'Ergué-Gabéric. A l'intérieur (bas-côté droit), dans le choeur statue de St Maudez, très belle statue, figure austère, mitre d'or, manteau bleu à franges d'or, grande robe blanche à plis tombants, crosse dans la gauche, la main droite, deux doigts levés pour bénir. Dans l'angle droit de la maitresse-vitre, St Guénolé en moine, sans mitre, en [...] rouge, croisée d'or, en pointe sur surplis blanc et robe brune, livre dans gauche, croisse curieuse dans droite ; à gauche du maitre autel, St Herbot, en ermite ; un ruban relie à lui une vache accrochée au montant de la fenêtre, une autre vache est à ses pieds. Cette statue en remplace une autre, reléguée maintenant au 2e pilier. Un St Michel fait pendant à St Modez. Le St Herbot du pilier ressemble à un St Jacques, chapeau large de pèlerin, à capu[... ) enserrant la face, tête inclinée à la longue barbe pèlerine, robe brune à surplis, corde autour des reins, livre dans la gauche. Au pilier d'en face vieil évêque à figure bénigne, appuyé sur sa croisse sans doute St Corentin. Inscription sur la voûte, au-dessus de St Maudez : HERVE MOYSAN FABRIQ FAICT PAR LAVRENS BALBOVZ ET YVON IAUVHEN, 1679. Frises curieuses, fleurs, dragons.  ».

(carnet ED, page 40, numération intérieure)


« À Ergué-Gabéric, auprès de Saint-Guennolé, il y a une fondrière (eun toul-lap) qu’on appelle poull ar c’héméner. C'est là, disait-on, qu'on trouvait tous les enfants qui naissaient dans les fermes des environs.

Le quéméner qui a donné son nom à ce poull était un tailleur extraordinaire : il allait toujours seul, ne voulait pas d'apprenti. Pour revenir chez lui le soir, il passait toujours par ce poull. Il y avait de l'eau là, dans l'hiver, jusqu'à la ceinture. Chaque fois qu'il arrivait près de ce poull noir, il criait :
- Harz ar Bleiz ! Venez à mon secours, car le loup me dévore. Il y avait réellement des loups en ce pays, dans ce temps-là. Les gens accouraient pour lui porter aide. Lui alors se moquait d'eux :
- Vous auriez mieux fait de rester au lit. Mais à la fin, à force de se moquer des paysans, ceux-ci n'allaient plus. Or, un soir, il fut dévoré. On ne trouva que sa tête. Cette tête est encore là sous une grosse pierre debout, un menhir où est sculptée une croix. Cette pierre est toujours là ».

« À Saint-Guennolé, il y a un saint Isidore au-dessus du portail d'entrée, avec une faucille à la main. »

(Déguignet)

(carnet ED, pages 254-255)

Fontaine

Fontaine St Guénaël à Kerrouz

« Fontaine de Saint-Guénaël près du Stangala au village de Kerrouz où l’on trempait les enfants pour les guérir de certaines maladies. Guénaël patron d’Ergué-Gabéric ».

(carnet E, page 76)

Église paroissiale

St Guinal

« 28 août Ergué-Gabéric. Clocher comme greffé sur l'église. A l'intérieur maitre-autel remarquable. Beau vitrail représentant les scènes de la vie du Christ. A gauche de l'autel, une belle représentation de la Trinité, Dieu le Père, Christ en travers, St Esprit perché sur l'épaule de Christ. A droite, une statue de St Guinal en abbé (Guennaël) la crosse dans la droite, la main gauche retenant les pans du manteau abbatial, manteau rouge, surplis blanc sur robe brune. Vitrail remarquable, encore dans le bas-côté droit. La rosace en pierre de ce vitrail dessine une très belle fleur de lys. Ossuaire au levant à 4 fenêtres de côté à 3 fenêtres de face.  »

(carnet ED, page 40, numération intérieure)

 

St-André

« Il y a encore en Ergué-Gabéric la chapelle de Saint-André qu'on a reconstruite il y a une quinzaine d'années ».

(Déguignet)

(carnet ED, pages 255)

Ste-Apolline

« Il y a en Ergué, sur la route de Kerdévot, auprès de Lézergué, une fontaine de Sainte Apolline (santez Apollina). C'est la patronne des dents : elle est représentée à St-Guénnolé avec une tenaille à la main, et une dent entre les pinces de la tenaille. On allait à la fontaine jeter des croix de bois, pour le mal de dents. Peut-être la statue de sainte Apolline est-elle maintenant au bourg d'Ergué ».

(Déguignet)

(carnet ED, pages 255)

Lezergué

« Vu au château de Lezergué (9 septembre 1893) sur une armoire datant de 1822 dans la cuisine une représentation de saint Edern mitre en tête sur un cerf à corps de cheval très fringant avec énormes bois sinueux, la crosse dans une main. Les gens de la maison savent du reste que c’est saint Edern ».

(carnet ED, page 42 numération intérieure)

Kerdévot

« 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ».

(carnet EF, page 86)


« Nous arrivons à Kerdévot la veille du pardon. Je m'assieds pour prendre ces notes sur le vieux banc de pierres déjetées qui entoure le piédestal du calvaire, très haut sur base, ce piédestal avec ses deux étages séparés par une frise qui est comme un enguirlandement de vigne autour du monument. Le 2e étage se compose de vides, quatre sur chaque face Sud et Ouest, 2 sur chaque face Nord et Sud. Les trois croix se dressent au-dessus de la plate-forme, le christ au sommet de la médiane, face à l'Ouest, deux anges courbés, recueillant dans des calices les gouttes du précieux sang.

Chœur à trois fenêtres, dont la centrale très belle, formant large baie ; 4 contreforts les accompagnent, les flanquent. Dans la sacristie, les choristes, en vêtements rouges, attendent l'heure de vêpres. Des petites filles en blanc et bleu vont et viennent. De très vieilles femmes, silencieuses, d'un pas hésitant, appuyés sur des bâtons ou d'anciens manches de parapluies, font le tour de la chapelle, leur chapelet dans les doigts, voûtées, avec leurs coiffes en forme de mitres.

Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins.

J'ai assisté à vêpres, adossé au pilier qui, dans une embrasure, porte un St-Edern sur un cerf, déguisé en St-Eloi. Sanctuaire agricole, du reste, que ce Kerdévot. - Dans le bas-côté de droite est la statue de St-Eloi, avec son cheval blanc, près de lui, et, dans le bas-côté de gauche, lui fait face St-Fiacre, en moine vêtu de bure grise, sa pelle dans sa main droite. La Vierge de Kerdévot toute dorée est assise sur un trône dominant le rétable. des gens se confessent. Un paysan tient l'harmonium. - Les hommes sont debout ; les bannières droites dans la balustrade. L'une d'elles, blanche, avec une image en or est l'Intron Varia Kerzevot. D.E.D. On lui a mis derrière une Vierge de Lourdes qui, bientôt sans doute la supplantera. Une autre bannière de velours écarlate représente St Corentin en rouge et en jaune, avec mitre d'or, et St Guénolé, tout en blanc, blanche la mitre, protégeant un jeune enfant en robe. - Au dessous, dans un cartouche, Tonkin, 1885. Elle a été offerte par Signour. D'autres vieilles bannières aux tons plus fanés ».


(carnet ED, pages 42-45 numération intérieure)

4 Facsimilés

Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux complémentaires de numérisation, le CRBC met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition.

5 Annotations

  1. Anatole Le Braz (1859-1926) est né a Saint-Servais (Côtes-d'Armor). Il a écrit beaucoup d'ouvrages sur les traditions en Bretagne. Collecteur infatigable de contes, chansons et légendes populaires, il est considéré, avec Théodore Hersart de la Villemarqué. comme un des piliers du renouveau de la culture traditionnelle et populaire en Bretagne. Son œuvre la plus connue, éditée en 1893, est « La Légende de la mort en Basse-Bretagne ». Il a contribué à faire connaître les mémoires de Jean-Déguignet en publiant ses premiers cahiers en 1905 dans la Revue de Paris. [Ref.↑]
  2. Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. [Ref.↑]


Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Avril 2009    Dernière modification : 11.10.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]