1944 - Arrestation de la féministe Jeanne Le Pape, communiste et sympathisante FTP - GrandTerrier

1944 - Arrestation de la féministe Jeanne Le Pape, communiste et sympathisante FTP

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Elle est inconnue aux Archives Centrales de notre Direction. Elle est inconnue aux Archives Centrales de notre Direction.
-Aux Archives de la Police Judiciaire, elle fait l'objet d"un dossier n° Y.189.228, pour vol, en 1942.+Aux Archives de la Police Judiciaire, elle fait l'objet d"un dossier n° Y.169.238, pour vol, en 1942.
Son nom n'est pas noté aux Sommiers Judiciaires. Son nom n'est pas noté aux Sommiers Judiciaires.

Version du 31 janvier ~ genver 2019 à 07:37

Catégorie : Documents    
Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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L'arrestation à la Garenne-Colombes par la police française pendant l'occupation du militant FTP [1] Lucien Briffaut et ses supposés complices, dont Jeanne Le Pape, veuve d'Alain Le Corre, née et mariée à Ergué-Gabéric, militante de l'Union des Femmes de France, mouvement affilié au Parti Communiste.

Biographie inscrite au dictionnaire ouvrier et social Le Maitron, et archives des Brigades Spéciales de la Préfecture de Police de la Seine.

Autres lectures : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social » ¤ « Yvon Queinnec, engagé volontaire et communard condamné pour insurrection » ¤ « Jean et Francine Lazou, instituteurs de 1926 à 1950 » ¤ 

1 Présentation

On connaît aujourd'hui l'arrestation en 1943 du groupe Manouchian par la Brigade spéciale no 2 des Renseignements généraux de la police française. Ces jeunes francs-tireurs et partisans communistes ont fait partie de la branche MOI (Main-d'Ouvre Immigrée) de l'organisation FTP [1] et fusillés au Mont-Valérien.

Jeanne Le Pape est arrêtée le 5 mars 1944 par la même Brigade Spéciale.

 

2 Transcriptions

Schéma de l'organisation

Renseignements

Briffaut 12.109 ------ Debail G. 12.116 ----- Vve Le Corre x s'est présentée chez Debail

[...]


Rapport du 15 mars 1944

15 mars 1944

Le 4 courant, un homme et une femme qui semblaient surveiller, rue de Nanterre à La Garenne, un immeuble habité par un inspecteur du Commissariat de Colombes, ont été appréhendés.

Il s'agit des nommés :

- BRIFFAUT Lucien, né le 17 juillet 1902 à Paris (17ème), français, Aryen, marié, sans enfant, ajusteur sans travail, domicilié 40, rue de l'Isère à Houilles, mais réfugié 101, Allée du Nord à La Garenne-Colombes.

Ex-membre du Parti Communiste, arrêté le 15 mai 1942 pour infraction au Décret-loi du 26 septembre 1939, interné en septembre de la même année, BRIFFAUT a été libéré en juillet 1943.

Il a reconnu militer depuis août dernier dans l'organisation des F.T.P. [1] où sous le pseudonyme de VERTHE, Matricule 12.109, il était chargé de la responsabilité du service des renseignements.

Il a ainsi été amené à effectuer différentes surveillances à l'égard de fonctionnaires de la Police. Il communiquait par rapports le résultat de ses observations à une femme de son groupe en liaison avec un responsable de l'Inter Région. Cette femme nommée ROTH née ZELTER Annette, a été arrêtée au cours d'une affaire précédente. Elle répondait au pseudonyme de "FERNANDE".

- DEBAIL née PAVOT Germaine, Marie-Louise, le 23 avril 1913 à Reins (Marne), française, aryenne, mariée, un enfant, sans profession, domiciliée 11, rue Pierre Béguin à St-Denis (Seine).

Au cours de son interrogation, elle a reconnu militer sous le pseudonyme de "NICOLE" matricule 12.116 au service de renseignements des F.T.P. [1].

En compagnie de BRIFFAUT, elle a participé à différentes surveillances effectuées notamment à l'égard de fonctionnaires de la Police. Appointée par l'organisation, elle recevait mensuellement 2.600 francs.

La visite domiciliaire a amené la découverte de différents documents concernant notamment des demandes d'enquêtes sur des gardiens de la paix et des individus considérés comme suspects par les F.T.P. [1]. Ainsi qu'un plan et des annotations relatives à la Kommandantur de l'Avenue de l'Opéra à Paris.

[...]

Par ailleurs; il a été procédé à l'arrestation de plusieurs hébergeurs, agents de liaison et autres complices des précédents. Il s'agit des nommés :

- POIRIER Yvette [...]

- LE PAPE, Veuve LE CO(R)RE Jeanne, Marie, née le 5 septembre 1895 à Ergué-Gaberic (Finistère), française, aryenne, journalière, demeurant 14 boulevard Félix Faure à Saint-Denis.

[...]


Arrestation, 5 mars

Paris, le 5 mars 1944.

Les Inspecteurs A..., S... et T...,

À Monsieur le Commissaire Divisionnaire, Chef du Service,

Nous mettons à votre disposition la nommée

- Veuve LE CORRE née LE PAPE Jeanne, Marie, née le 5 septembre 1895 à Ergué-Gabéric (Finistère), de feu Jean Pierre et de Pennec Marie Jeanne, un enfant, de nationnalité française, race aryenne, journalière, demeurant 14, Bld Félix-Faure à Saint-Denis (Seine).

Arrêtée ce jour, vers 11 heures, au moment où elle se présentait chez Mme Debail, 11, rue Pierre-Béguin à Saint-Denis, précédemment arrêtée pour menées communo-terroristes.

Amenée au service et fouillée, elle n'a été trouvée porteur d'aucun objet ou document suspect.

Une visite domiciliaire effectuée en sa présence n'a amené la découverte d'aucun objet ou document suspect.

Elle est inconnue aux Archives de notre Direction ; à celles de la Police Judiciaire, elle possède un dossier, n° Y.169.238, pour vol en 1942

Son nom n'est pas noté aux Sommiers Judiciaires.

 

Mise à disposition, 5 mars

Mise à disposition de la nommée Vve LE CORRE et née LE PAPE, Jeanne.

L'an mil neuf cent quarante quatre, le cinq Mars, Nous P... G..., Continuant notre information

Constations que les Inspecteurs D..., S... et T... mettent à notre disposition la nommée :

- LE CORRE, née LE PAPE, Jeanne, Marie, née le 5 Septembre 1895 à Ergué-Gaberic (Finistère), de feu Jean-Pierre et de PENNEC Marie-Jeanne, veuve, un enfant, française, aryenne, journalière, demeurant 14, Bd Félix Faure à St-Denis (Seine).

Arrêtée ce jour, dans les circonstances énoncées au rapport ci-joint à St Denis, domicile de la nommée DEBAIL, dite "NICOLE", arrêtée précédemment alors qu'elle se trouvait en compagnie de BRIFFAUT.

Fouillée à notre service, par une personne de son sexe, la veuve LE CORRE, n'a été trouvée porteur d'aucun objet, ni document suspects.

La visite domiciliaire effectuée en sa présence constante et avec son consentement, dans les lieux qu'elle occupe, est demeurée sans résultat.

Elle est inconnue aux Archives Centrales de notre Direction.

Aux Archives de la Police Judiciaire, elle fait l'objet d"un dossier n° Y.169.238, pour vol, en 1942.

Son nom n'est pas noté aux Sommiers Judiciaires.

Nous procédons à son interrogatoire par acte subséquent.

Le Commissaire de Police.


Interrogatoire, 5 mars

Interrogatoire de la nommée LE PAPE veuve LE CORE

L'an mil neuf cent quarante-quatre, le cinq mars, Nous ... Continuant notre information

Faisons comparaître la nommée LE PAPE veuve LE CORRE, qui, interpellée, décline son état-civil et répond comme suit à nos questions.

Je me nomme LE PAPE veuve LE CORRE Jeanne, Marie, née le 5 septembre 1895 à Ergué-Gabéric (Finistère), de feu Jean Pierre et de Pennec Marie Jeanne ;

Je suis de nationalité française et de race aryenne ;

Je suis domiciliée 14, Bld Félix-Faure à St-Denis, depuis 1937, dans un logement au loyer annuel de 1.000 francs ;

Je suis journalière de profession et travaille aux établissements Cens à Saint-Denis, depuis août 1943, au salaire mensuel de 1.500 francs environ ;

Je me suis mariée en 1918 à Le Corré Alain, décédé en 1941, j'ai un fils de 24 ans, actuellement en Allemagne.

Je ne sais ni lire ni écrire ;

J'ai été condamnée une fois en 1942 à 4 mois de prison avec sursis pour vol.

Sur les faits -

Avant la guerre, j'appartenais à « l'Union des Femmes de France », affiliée au Parti Communiste, aux Etablissement Floquet à Saint-Denis ; je ne faisais pas d'autre politique.

J'ai connu la nommée Debail aux établissements Floquet à Saint-Denis, où je travaillais avec elle. Je ne sais si elle faisait de la politique ; je ne la voyais pas souvent à Saint-Denis, le logement de la mère de Debail, resté vacant depuis la mort de cette dernière, au mois d'août 1943, et que Debail voulait louer depuis un moment. Mme Cailliac, qui devait louer le logement, s'étant adressée à moi, j'avais pensé que le logement de la mère de Debail pourrait être libre. C'est pour cette raison que j'étais allée chez Mme Debail, afin de chercher la clef pour le logement.

Mme Cailliac m'accompagnait d'ailleurs. Je ne conaissais pas le logement, et c'était la première fois que j'y allais.

(signature Le Corre)

Lorsque je voyais Debail, elle ne me parlait pas de son activité politique ; d'ailleurs je la voyais très rarement.

Lecture faite, persiste et signe, Le Commissaire de Police

(signature Le Corre et cache ETAT FRANÇAIS)


3 Documents

4 Annotations

  1. F.T.P., abrév. : francs-tireurs et partisans (FTP), également appelés Francs-tireurs et partisans français (FTPF), est le nom du mouvement de résistance intérieure française créé à la fin de 1941 par la direction du Parti communiste français (Wikipedia). La branche FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée) a été bien représentée en région parisienne où résidaient un grand nombre d'étrangers, notamment lors de l'affaire de l'affiche rouge du groupe Manouchian. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]


Thème de l'article : Fonds documentaires, pièces d'archives

Date de création : janvier 2019    Dernière modification : 31.01.2019    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]