Service départemental de la désinfection. Finistère. Ergué-Gabéric.
Quimper, le 19 Avril 1921. Monsieur le Préfet.
Conformément à vos instructions, je me suis transporté hier dans la commune d'Ergué-Gabéric pour visiter les Ecoles du bourg et de Lestonan, rechercher les mesures de préservation qu'il y aurait lieu de prendre contre l'épidémie de teigne qui nous a été signalée par M. le Maire et M? l'Inspecteur primaire et m'assurer que les prescriptions réglementaires étaient observées.
À l'école libre des filles du bourg, j'ai trouvé un cas de teigne, chez la jeune SALAÜN Marguerite/
À l’École publique des garçons de Lestonan, autre cas chez le jeune MOIGNE (Michel).
J'ai prescrit l'éviction immédiate de ces enfants et après confirmation au microscope faite ce matin, j'ai délivré des certificats de maladie aux fins de traitement.
À tous les Directeurs et Directrices d'école, j'ai rappelé les dispositions de l'arrêté du 3 février 1912 de M. le Ministre de l'Instruction publique : éviction des élèves malades jusqu'à production d'une certificat médical de guérison ; non évictions des frères et sœurs, mais redoublement de surveillance. Je leur ai recommandé l'examen aussi fréquent que possible de leurs élèves ; je leur ai fait de nouveau la description de la plaque de teigne et, rien n'étant meilleur que la leçon de choses par la vue, je les ai invité à profiter d'un jour de congé de jeudi pour venir me trouver à l'hôpital, où je leur montrerais nos petits teigneux que nous n'avons malheureusement qu'un trop grand nombre.
J'ai profité de cette occasion pour les prier de veiller plus que jamais sur la propreté corporelle des enfants qui leur sont confiés comme ils veillent, j'en suis convaincu, sur leur propreté morale.
La teigne se propage souvent dans les écoles par le changement de coiffures, soit par jeu, soit parce que les coiffures sont jetées en désordre les unes sur les autres et que dans le brouhaha de la sortie de classe les élèves les interchangent ; il y a bien longtemps, dans mes rapports d'épidémies, dans mes rapports d'aménagements d'écoles, que je demande l'installation de patères numérotées qui diminuerait quelque peu le danger que je viens de signaler et, ayant jusqu'ici clamé dans le désert, je suis heureux d'y revenir.
En somme, j'ai prescrit l'examen fréquent des têtes, l'éviction des suspects jusqu'à fourniture d'un certificat médical de non maladie ou de guérison.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que dans ce cas le licenciement n'a pas à jouer.
J'espère que si ces prescriptions sont bien et intelligemment appliquées, nous ne tarderons pas à voir enrayée l'épidémie menaçante : c'est l'intérêt même des maîtres et des maîtresses d'avoir des Ecoles de bon renom.
Veuillez agréer, monsieur le Préfet, l'assurance de mon très respectueux dévouement.
Signé : Dr CH. COLIN.
Pour copie conforme transmise à Monsieur l'Inspecteur d'Académie, comme suite à sa communication du 13 avril coyrant.
Quimper, le 16 Avril 1921, Le secrétaire général (signature).
Notes :
- Communiqué à Monsieur l'Inspecteur primaire de Quimper. Quimper, le 7 mai 1921, l'Inspecteur d'Académie, (signature).
- Faire retour à Monsieur l'Inspecteur d'Académi, le 8 mai 1921. L'Inspecteur primaire, (signature).
|