L'an mil neuf cent quatre, le sept novembre à deux heures du soir. Nous, Emile Rouquier, commissaire spécial de Police sur les Chemins de Fer d'Orléans en résidence à Quimper département du Finistère Officier de Police judiciaire, auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République.
Agissant en vertu et pour l'exécution des instructions de M. le Préfet relativement à la plainte verbale partie par le sieur Balès contre le vicaire Nicolas d'Ergué-Gabéric.
Nous sommes transporté en la dite commune au lieu-dit St André, où étant nous avons entendu
Le sieur Balès, Louis, âgé de 42 ans, propriétaire à St André, commune d'Ergué-Gabéric. Leqiuel a dit :
Le 16 octobre dernier à la messe de 7 heures du matin à la chapelle St André, je me trouvais assistant à l'office, à peu près au milieu de la nef.
Le vicaire Nicolas a, comme il est d'usage, prêché et il s'est exprimé à peu près en ces termes :
« J'engage les jeunes conscrits à aller à la retraite qui va avoir lieu la semaine prochaine, ainsi que je vous l'ai déjà annoncé dimanche dernier à la grand'messe.
Lorsque je parlais de cela, il y avait un homme qui avait l'air de sourire et il sourit chaque fois que je vais faire mon sermon, cet homme cherche à détourner les jeunes soldats.
Je le vois cet homme, il est là dans la chapelle, il est là devant moi, je l'ai devant les yeux, il est là ! Je le déteste, c'est un mauvais homme, un malfaiteur, un damné. Prions pour lui, afin qu'il se convertisse ».
Puis le vicaire, qui était dans une très grande colère, se retira oubliant de dire les dernières prières de la messe.
Bien que le vicaire Nicolas ne m'ait pas désigné par mon nom, tout le monde a compris que c'était moi qu'il voulait indiquer car lorsqu'il disait « je l'ai devant les yeux, il est là ! », il me montrait de son doigt pointé dans ma direction. D'ailleurs afin que personne ne puisse s'y tromper, il a même indiqué ma situation de famille en disant « Cet homme n'a jamais été soldat, il n'a pas d'enfants qui puissent l'être, il n'en aura jamais ».
Ces faits constituent une diffamation, des injures qui sont punissables par les tribunaux, mais si l'évêque déplace ce prêtre, je me déclarerais satisfait et n'intenterais pas d'action - autrement je l'appellerai devant les tribunaux.
Je compte obtenir la satisfaction que je réclame avant la fin du mois, afin de ne pas laisser prescrire le délit. Je n'attendrai pas au-delà.
Lecture persiste et signe. Balès Louis. Le commissaire spécial, Rouquier.
Ce même entendu. Nous avons ensuite entendu par procès verbaux séparés : n° 2 Le sieur Leroux ; n°3 Les sieurs Thomas et Istin ; n°4 Le sieur Le Meur.
Le commissaire spécial, Rouquier.
Conclusions. Et vu ce qui précède avons clos la présente enquête que nous transmettons à M. le Préfet avec une liste de témoins dép... par le plaignant et annexée au présent. Le commissaire spécial, Rouquier.
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