La gwerz de l'Inventaire des biens de l'Eglise en 1906 à Ergué-Gabéric
Un article de GrandTerrier.
| Voici une traduction des 81 strophes de la gwerz de l'Inventaire des biens de l'Eglise, effectué à Ergué-Gabéric le 2 mars 1906. C'est le début d'une étude qui demande encore beaucoup de prolongements. La collaboration de tous ceux qui veulent intervenir est souhaitée.
Cette gwerz représente la "mémoire" d'un groupe particulier, qui se déclare "victime" d'une persécution, et qui trouve dans la gwerz un instrument pour appeler au combat, mobiliser pour la résistance à opposer aux Francs-Maçons... C'est bien un point de vue. On peut parfaitement imaginer par exemple une autre gwerz faite par les "crocheteurs" pour présenter leur état d'esprit, une gwerz des hommes de troupe mobilisés tous les jours de février-mars 1906 pour contenir les manifestants… Mais elles n'existent sans doute pas. | ||||||
Autres lectures : « Carte postale d'un gendarme en mission le 2 mars 1906 à Ergué-Gabéric » ¤ « 1907 - Rapport de police sur la campagne d'un crocheteur socialiste » ¤ « Une procession pour le retour des crucifix, Le Progrès du Finistère 1907 » ¤ |
[modifier] 1 INTRODUCTION
POUR BALISER LE CHANTIER, voici quelques questions à traiter :
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[modifier] 2 PREMIERE PARTIE
IVANTOR
ILIS AN ERGUE VRAS
ER BLOA 1906
D'AN 2 A VIZ MEURZ.Var don
Kantik Santez Anna
- - - - - - - -INVENTAIRE
DE L'EGLISE
D'ERGUE-GABERIC
LE 2 MARS 1906.Sur l'air
du Cantique à Sainte Anne
- - - - - - - -M'ho ped, Spered Santel
deuz a leïn an Envou
tollit varn'hon eur zell,
roït d'in ho krasou.1. Je vous prie, Esprit-Saint,
du haut des cieux
jetez sur nous un regard,
donnez-moi vos grâces.DISKAN :
Henor d'an Ergue-Vraz !
Eno zo tud kalet
'vit difenn ar groaz
deuz ar Franc-Maçonnet.REFRAIN :
Honneur au Grand-Ergué !
Il y a là des durs
pour défendre la croix
contre les Francs-maçons.C'hui, Sant Charles, m'ho ped,
dre ma zeoc'h va faëron ;
kennerzit va spered
ha tommit va c'halon2. Vous, Saint Charles
[1]
, je vous prie,
puisque vous êtes mon saint patron ;
confortez mon esprit
et chauffez mon coeur.Roït d'in an talanchou
pere am euz ezom
'vit displeg 'n torfejou
erruet er c'hanton.3. Donnez-moi les talents,
ceux dont j'ai besoin
pour exposer les crimes
survenus dans le canton.Dre urs an Otrou Prefet,
kerkent ha goulou de
'n iliz dle bea kelc'het
e barz bourc'h an Ergue.4. Par ordre de Monsieur le Préfet,
dès la lumière du jour,
l'église devait être encerclée
dans le bourg d'Ergué.Dre ma oa eun torfet,
ar pez en oa d'ober,
abred oant partiet
deuz ar gear a Gemper5. Ce qu'ils avaient à faire
s'avérant être un crime,
ils étaient tôt partis
de la ville de Quimper.Ar jendarmetennou
'nem lakaz da garga
dirag maner 'r c'hleuziou
'vit mont buanoc'h c'hoa6. Les gendarmes
se mirent au pas de charge
devant le manoir du Cleuziou[2]
pour aller plus vite encore.'Vel eur bouted kelve
o guelet oa eskamm
entrel e bourc'h Ergue
oll oan dre an daou lamm.7. Comme surprend un panier en noisetier
[3]
,
il était surprenant de les voir
quand ils entrèrent dans le bourg d'Ergué,
tous au galop.Adjudant ar c'harter
me a gred o lakaz
pemp kichen peb skalier
o zabrinnier enn noaz.8. L'adjudant de la troupe,
c'est lui, je crois, qui mit
cinq hommes auprès de chaque échalier[4]
,
le sabre au clair.'Rog m'erruent e kear
oa klevet eur c'horn-boud,
ha mouez trist ar c'hleier,
evit ober da c'houd.9. Avant qu'ils n'arrivent au village
on entendait une corne appeler,
ainsi que la voix triste des cloches
Pour donner l'alerte (faire connaître).Tud a feiz, a galon,
'vel poulzet gant 'n avel foll,
d'anzao ho religion,
ielaz 'n iliz 'n eun toll.10. Des gens de foi, de coeur,
comme poussés par un vent de folie,
pour déclarer (affirmer) leur religion,
allèrent d'un seul coup dans l'église."Si vis pacem, para bellum".
Rackal an noriou oa prennet.
Ar reze oa komzou Samson
pa gombattaz ar Philistined11."Si vis pacem, para bellum
[5]
"
Aussitôt les portes furent fermées.
C'étaient là les paroles de Samson
quand il combattit les Philistins.Groaget Kerfrez ha Lezergue
vije stropet gant eur jadenn
a kunduet da Gemper goude,
pa nefe urs ar c'habiten.12. Les femmes de Kerfrez et de Lezergué
[6]
auraient été enchaînées entre elles
et conduites ensuite à Quimper,
s'il n'y avait eu l'ordre du capitaine.Klasket 'n oa mont er vered
'Vit sicour ar re all
goude ma oa bed kelc'het
dre urs an dud fall.13. Elles avaient essayé d'entrer dans le cimetière
[7]
pour porter secours aux autres
après qu'ils aient été encerclés
sur ordre des mécréants.Koueza re kalzik glao,
pa nem gavas ar c'hontroller
gant daou zen guisket divalo
hag ive eur c'homissair.14. Il tombait pas mal de pluie
quand arriva le contrôleur
avec deux hommes vilainement habillés
et aussi un commissaire.Daou gantonnier oa prezant
'vit servich da destou
dre urs ar gouarnamant
gant aon da goll o flaçou.15. Deux cantonniers étaient présents
pour servir de témoins[8]
,
par ordre du gouvernement,
Avec la peur de perdre leurs places.Ne ket red beza difficil
'vit ober eur sort micher ;
ober rankont soubenn vijil,
c'hoec'h real bemdez zo dister16. C'est pas la peine de faire le difficile
pour faire un tel métier ;
ils doivent faire abstinence :
six réaux par jour, c'est maigre.Neuze ar c'hontroller er penn
vel eur vanden tud nec'het
a yent da zispleg ho lezen
kichenn dor ar porchet.17. Alors avec le contrôleur en tête
comme d'une bande de gens désavoués
ils allèrent exposer leur loi
à côté de la porte du porche.Bonjour, eme ar c'hontroller,
me c'houl an nor digor.
Me zo deuet a Gemper
'vit ober 'n ivantor.18. Bonjour, dit le contrôleur,
je demande que la porte soit ouverte.
Je suis venu de Quimper
pour faire l'inventaire.Eno, a rankent silaouet
diou brotestation :
hini Jean-Marie Nédélec,
hag hini 'n otrou Person.19. Là, ils durent écouter
deux protestations :
celle de Jean-Marie Nédélec,
et celle de Monsieur le Recteur.KOMZOU
'N OTROU PERSON.PAROLES
DE MONSIEUR LE RECTEUR[9]
C'hoazet oun gant Doue,
'vit prezek he lezenn ;
Ne c'houzantin morse,
'n digor ne po biken.20. Je suis choisi par Dieu
pour prêcher sa loi ;
Je ne consentirai jamais
À vous faire ouvrir la porte.Vel person ar barrez,
Me ra d'eoc'h eun ali :
c'hui ra eur fallagriez,
lako dichanç n'o ti.21. En tant que recteur de la paroisse,
je vous donne un avis :
vous faites quelque chose d'odieux (mauvais)
Qui attirera le malheur sur votre maison.Kalon po da brofani
ti redemptor ar bed ;
"Potius mori quam foedari".
Ne drec'hoc'h biken bretoned.22. Vous aurez le cœur de profaner
la maison du rédempteur du monde !
"potius mori quam foedari"[10]
.
Vous ne maîtriserez jamais des Bretons.Meur a iliz zo bed ruiet,
gant goad kristenien fidel,
neur gombatti franc-maçonnet,
o tifenn al lec'hiou santel.23. Beaucoup d'églises ont été rougies
du sang de chrétiens fidèles,
qui combattaient les francs-maçons,
pour défendre les lieux saints[11]
.Herodias e noa goulennet
dre eun ali treitour
vije laket var eun assiet
penn Sant Yann Badezour24. Hérode avait demandé
sur un conseil traître
que soit mise sur une assiette
la tête de Saint Jean Baptiste[12]
.Sant Lorans, Sant Sebastien
hen doa gouzanted ar maro
kentoc'h 'vit mankout d'ho lezen ;
Breiz ra kalz henor dezo.25. Saint Laurent, Saint Sébastien
[13]
avaient accepté de mourir
plutôt que de manquer à leur loi ;
la Bretagne leur fait beaucoup honneur.Ar prophet Isaï, guechall,
oa heskennet dre an anter ;
dre ma oa vel kallez all
bepred fidel d'hor Zalver.26. Le prophète Isaïe
[14]
autrefois
fut scié par le milieu
parce qu'il était comme beaucoup d'autres
resté fidèle à notre Sauveur.Ar vaouez Macchabee
hag he seiz krouadur,
sant Eleazar goudeze
zo bed merzerien pur.27. La femme de Macchabée
[15]
et ses sept enfants,
et ensuite Saint Eléazar
ont été de purs martyrs.D'ar maro seurezed zo ed,
hervez lavar an n'histor
amzer Robespierr, me gred,
neur gana ar "Veni Creator".28. Des religieuses
[16]
sont allées à la mort,
comme le dit l'histoire,
du temps de Robespierre, je crois,
En chantant le "Veni Creator".A viskoaz zo kombajou,
a viskoaz zo brezel ;
ar c'henta oa en Envou,
gant armee Sant Mikel.29. De toujours il y a des combats,
de toujours, il y a la guerre ;
la première fois, ce fut dans les cieux,
avec l'armée de Saint Michel[17]
.Pere hen doa kombattet
drouc-Elet Lucifer ;
dre ma oant n'em revoltet
a eneb ho C'hrouer.30. En effet, ceux-là ont eu à combattre
les mauvais anges de Lucifer ;
du fait qu'il s'étaient révoltés
contre leur Créateur.Gant an intanvez Judith
ar general Holophernès
a oa dibennet e publik
dre ma oa eur païen didruez.31. Par la veuve Judith
[18]
le général Holopherne
a été décapité en public
parce qu'il était un païen sans pitié.Tobi pa iez da gousket,
a oa eun den dispar ;
a benn ma oa divunet,
e oa dall, pebeuz glac'har.32. Quand Tobie
[19]
alla se coucher,
c'était un homme sans pareil ;
à l'instant où il s'est réveillé,
Il était aveugle, quelle affliction.Nabuchodonosor, eur roue,
noa gred eur statue vraz ;
eur menik a berz Doue,
kerkent er bruzunas ?33. Nabuchodonosor, un roi,
avait fait une grande statue[20]
un simple vœu (idée) de la part de Dieu,
et la voilà qui s'émiette[21]
?Galloud ar franc-maçonnet
zo ive memes tra ;
ar reze vo diskarret
pa sonjint an neubeuta.34. Le pouvoir des francs-maçons
est aussi la même chose ;
ceux-là vont être abattus
quand ils y penseront le moins[22]
.Dre c'hras ar brophetet,
me a oa douetans,
c'hui pije sicoured,
dishonori ar Frans.35. Par la grâce des Prophètes,
je m'en doutais bien
que vous auriez contribué
à déshonorer la France.Var Menez Sinaï guechall,
oa lennet an Decalog ;
me o ped da studial
an decvet articl 'vit ho lod.36. Sur le mont Sinaï autrefois,
était lu le Décalogue ;
je vous invite à étudier
le 10ème article en ce qui vous concerne[23]
.Ar bloaveziou a dremeno
'vit skoazella eur seurt lezenn,
ho brud fall bepred a jomo
e touez ar bobl kristen.37. Les années passeront,
pour consolider une telle loi,
votre réputation restera toujours mauvaise
Aux yeux des chrétiens[24]
.KOMZOU
JEAN-MARIE NEDELECPAROLES
DE JEAN-MARIE NEDELEC[25]
E hano Conseil ar fabrik
me lavar a vouez krenn :
hen desped d'ar Republik
ni jomo kristenien.38. Au nom du Conseil de fabrique,
je dis d'une voix forte :
en dépit de la République,
nous resterons chrétiens.Me lavar e brezonnek
ma fot déoc'h ivantori,
c'hui peuz netra da veled.
Pep hini zo mestr en e di.39. Je le dis en breton
[26]
:
si vous voulez faire l'inventaire,
vous n'avez rien à voir.
Chacun est maître dans sa maison.Gant rezon ne c'houzantin ket,
hon iliz gant he oll madou
vefe estimet hag prizet
roët d'eomp gant hon Tadou.40. Avec raison je ne consentirai pas
que notre église et tous ses biens
alors qu'ils nous ont été donnés par nos pères,
Soient évalués et mis à prix[27]
.Vel hon tud koz, ni vo fidel.
Lezomp a gostez hon anken :
d'an Iliz ha da Vreiz-Izel,
oll tud Ergue savomp hor penn.41.Comme nos vieux parents nous serons fidèles.
Laissons de côté notre angoisse :
pour l'Eglise et pour la Basse-Bretagne
nous tous gens d' Ergué, levons la tête.Na pegen kaër eo hon iliz
gant eun tour meïn-kizellet ;
aman koz ha yaouankiz
oll hen deuz tremenet.42. Qu'elle est belle notre église
avec un clocher en pierres de taille ;
ici, jeunes et vieux
tous y ont passé.Sevel a ra dreist an douar
he benn echuet gant eur groaz ;
dreist an drubuil hag ar glac'har,
guern burzudus kreïs ar mor braz.43. Elle lève au-dessus de la terre
sa tête terminée par une croix ;
par dessus le trouble et l'angoisse,
mât miraculeux au milieu de l'océan.Ped potr mad, zo bet guelet,
hen amzer vremma ha guechall,
dre an nor-dal frank-digoret
he tougen baniel Sant Guinal.44. Combien de braves garçons ont été vus
en ces temps-ci et autrefois,
par la porte de façade grande ouverte,
en train de porter la bannière de Saint Guinal.Pep kristen mad vê joaïus
pa vel deuz an touriou
an dud ho tont niverus
vit assista hen offiçou.45.Tout bon chrétien se réjouissait
de voir depuis le clocher
les gens venir nombreux
assister aux offices.Neur font, var zu joa an eured,
ve klevet fors kalonou ;
pe tristidigez ar vered
o skeï bep sort poulzadennou.46. Lorsqu'on marchait vers la joie du mariage,
on entendait palpiter les cœurs,
ou si c'était vers la tristesse du cimetière,
le sang battait dans les veines.Dre mao oa da Zoue fidel,
e harzik, kear Babylon,
oa tollet ar prophêt Daniel,
hen eur foz, e touez seïz lion.47. Parce qu'il était fidèle à Dieu,
aux abords de la ville de Babylone,
le prophète Daniel[28]
fut jeté en pâture,
dans une fosse, à sept lions,Habacuc, den a galon,
dre eur vleven, gant eun el,
oa douget, beteg Babylon,
vit kass boed da Zaniel.48. Habacuc, homme de coeur,
par un cheveu, a été porté par un ange,
jusqu'à Babylone,
pour porter à manger à Daniel.Bêo a benn seiz devez goude,
Daniel a oa sortiet.
Ken souezet oa ar Roue
ma oa nim gonvertisset.49. Encore vivant sept jours après,
Daniel était sorti.
Le Roi était tellement stupéfait
qu'il se convertit.Josue dre eur miracl dispar
evit hirrad an de
harpas an heol hag an douar
evit avantaj ho arme.50. Josué dans un miracle sans pareil
[29]
rallongea la journée
bloqua le soleil et la terre
Pour donner l'avantage à leur armée.Na pegen kaer oa guelet
euc'h ar gearik Gabaon
an heol a oa harpet,
al loar, euc'h Aialon.51. Que c'était beau de voir
au-dessus de la petite ville de Gabaon
comment le soleil était bloqué,
et la lune arrêtée au-dessus d'Ajalon.Mar gallfe ar spered furchal,
hag ar planedennou lennet ;
sekrejou don ar vein guechall,
vefe kurius braz da glevet.52. Si l‘esprit pouvait aller fouiller
et si on pouvait lire les destinées
il serait très curieux d'entendre
les profonds secrets des pierres d'antanC'hui rento kont deuz an drama,
da Zoue e traonen Josaphat
pa sonno ar varn diveza
'vit separi ar fall deuz ar mad.53. Vous aurez à rendre compte de ceci,
à Dieu dans la vallée de Josaphat,
quand sonnera le jugement dernier,
pour séparer le mal du bien[30]
.Morse meuz gred mechantiri,
na da mam, na da zad ;
mez ma fot deoc'h ivantori,
me a gred, c'hui po koat.54 Je n'ai jamais commis de méchanceté
ni envers ma mère, ni envers mon père ;
mais si vous voulez faire l'inventaire,
je le crois, vous tâterez du bâton (du bois).
[modifier] 3 SUITE DU RECIT
Neuze ar c'homissair Judic
[31]
a respontas he neur grena :
e hano ar Republik
an nor vo draillet memes tra.55. Alors le Commissaire Judic
[31]
répondit en tremblant :
"Au nom de la République,
la porte sera brisée quand même".Daou zen oa gant loc'hou
da heul ar c'hontroller
evit drailla an noriou ;
o min a verke skler.56. Deux hommes, qui avaient des barres à mine,
accompagnaient le contrôleur,
pour briser les portes ;
Ils n'en menaient pas large.O cheleten a oa re ver,
na pegen striz oa o bragou ;
o roched, mad dar pilaouer
a kalz re hir oa o boutou.57. Leur veste était trop serrée,
et qu'est-ce que leur pantalon était étroit !
leur chemise était bonne pour le chiffonnier,
et leurs souliers bien trop longs.Me a gred a oant offiserien
deuz compagnunez an heol ;
guech a glaskont an aluzen,
guech labouront 'vit Per ha Paul.58. J'ai le sentiment que c'étaient des officiers
de la compagnie du soleil[32]
;
parfois ils demandent l'aumône,
parfois ils travaillent pour Pierre et Paul.Kerkent ma oa eiz heur sonnet,
a gommenças an tolliou ;
var dor an iliz binniget,
en desped d'an daëlou.59. Dès que furent sonnées les huit heures,
commencèrent les coups
contre la porte de la sainte église,
malgré les pleurs.Me houlen var ma daoulin :
oh ? pa zonjan, na tra iskiz :
ne velim mui eur sort krim :
drailla doriou hon iliz.60. Je demande à genoux :
Oh ! quand j'y pense, quelle chose étrange,
je ne verrai plus pareil crime :
briser les portes de notre église.Eb resped vit ar re varo
hon neubeud jandarmetennou
c'hoant dezo dober o faro,
a zavas var ar beiou.61. Sans respect pour les morts,
nos quelques gendarmes,
qui voulaient fanfaronner,
montèrent sur les tombes.Neuze oa bed eur poulzaden
gant eun niver bras a dud,
ha forzas a nezo da zisken,
didrouz vel ma vijent mud.62. Alors il y eut une bousculade,
avec un grand nombre de gens,
qui les obligea à descendre
sans bruit comme s'ils étaient muets.Goude ma oa draillet an nor
gant potred ar c'hontroller
a zonje dezo kaout digor,
mez dustu oa eur voger.63. Après que fut brisée la porte
par les gars du contrôleur,
ils pensaient avoir accès,
mais immédiatement il y avait un mur.Pa oa foeltred ar voger,
int a zonje oant potred mad,
mez n'oa ket echu an affer :
goude oa treustennou koat.64. Quand ils eurent enfoncé le mur,
ils se prenaient pour des aigles (champions),
mais l'affaire n'était pas finie :
après, il y avait des poutres de bois.Pa zonnas kreiz te e kear,
e oant klevet e houlen dour ;
dustu oa ed eur messager,
da Gemper da houlen sicour.65. Quand sonna midi au bourg,
on les entendait demander de l'eau ;
tout de suite était parti un messager
demander de l'aide à Quimper.Raktal, ar Prefet Collignon
c'hortoz kelou, pad ar mintin
re urs da gass eur vataillon
hag ar c'hommandant Quentin.66. Aussitôt le Préfet Collignon
[33]
qui attendait des nouvelles toute la matinée,
donna l'ordre d'envoyer un bataillon
et le Commandant Quentin.Pa erruas ar zoudarded
gant ho munitionnou
evit daou zevez ganto boed
a me gred kartouchennou.67. Quand arrivèrent les soldats
avec leurs munitions,
et deux jours de nourriture avec eux,
et, je crois bien, des cartouches.Ouzpenn pevar hant a nezo,
unan bennag deuz ar barrez ;
kazi oll, pa sonjent hen o bro,
var ho visach oa tristidigez.68. Ils étaient plus de quatre cent,
dont quelques uns de la paroisse ;
presque tous, quand ils pensaient à leur pays,
avaient de la tristesse sur le visage.Eun tapouliner oa plaset
evit sonn teier abaden ;
ar c'homissair noa goulennet
digor e hano al lezen.69. Un tambour avait pris place
pour faire les trois sommations ;
le commissaire avait demandé
d'ouvrir au nom de la loi.Kerkent, vel eur messager,
ar C'honseiller general
ha zavas var eur voger
evit implori ha supplial.70. Aussitôt, en tant que porte-parole,
le conseiller général
monta sur un mur
pour implorer et supplier.E hano Kristenien ar c'hanton,
eme an otrou Servigny,
me lavar a greiz kalon,
potred kalet, poent eo echui !71. Au nom des chrétiens du canton,
dit Monsieur Servigny[34]
,
je déclare du fond du coeur,
braves gens, il est temps d'arrêter.Karet dant an dud a feson,
e gomzou oa silaouet ;
ha memez 'n otrou person
noa truez douz ar soudardet72. Il était aimé des honnêtes gens,
et ses paroles étaient écoutées ;
et même Monsieur le Recteur
avait pitié des soldats.Ar peoc'h oa bed sinet
divezat deuz an abardae ;
goude, ivantor e oa gred
ife Kerdevot ha Sant Guenole.73. La paix avait été signée
tard dans la soirée ;
ensuite, l'inventaire fut fait
aussi à Kerdévot et à Saint-Guénolé.Eur jandarme, eb damanti,
e Briec oa bed guelet ;
pa oar ed da ivantori
kri e kenver ar marc'hed74. Un gendarme sans scrupules
avait été vu à Briec,
quand il y était allé faire l'inventaire,
particulièrement brutal avec les femmes.Eur vedalen aour noa bed,
ha memez unan militair ;
hon neubeud tolliou var he veg
hag ar votez en e rêr.75. Il avait eu une médaille en or,
et même une médaille militaire ;
quelques coups sur la figure (son bec),
et le sabot dans son cul.An neb a vo louz he fri
koulz en Ergue hag e Briec,
hervez ma lavar peb hini,
ve hanved mec'hiek.76. Celui qui a de la morve au nez,
aussi bien à Ergué qu'à Briec,
comme chacun le dit,
est appelé morveux.Henor da vreiz da viken ;
diskouezet en deuz skler
e zint deuz gouen ar verzerrien
ha fidel d'hor Zalver.77. Honneur à la Bretagne pour toujours ;
Ils ont montré clairement
qu'ils sont de la race des martyrs
et fidèles à leur Sauveur.Hon neubeud kristennien vad
zo bed klozet er prisonniou
dre ma noa dalc'hed mad
o tifenn an ilizou.78. Quelques bons chrétiens
ont été enfermés dans les prisons
pour avoir tenu bon
à défendre les églises.Pennarun hag ar Gall
deuz potred kalet Briec ;
deuz Landelo oa eun all,
an otrou kure Dantec.79. Pennarun et Le Gall
[35]
(de parmi) les durs de Briec ;
de Landeleau il y en avait un autre,
Monsieur le vicaire Dantec[36]
E parrez Tourc'h, eur marechal
hag ar Roué, oa chadennet ;
evel ar sant guechall
d'ar prison oan kunduet80. Un forgeron de la paroisse de Tourc'h
[37]
et un nommé Roué, étaient enchaînés ;
comme le saint autrefois,
à la prison ils furent conduits.Aotrou Kure Langolen
Piedoye e hano mad
dre ma oa stard d'he lezen,
zo bed er prison, eur pennad.81. Monsieur le vicaire de Langolen
[38]
Piedoye de son vrai nom,
pour avoir été ferme-attaché à sa loi
a été quelque temps en prison.DISKAN :Henor da gristennien Arvor,
koulz hen de hag hen noz ;
int sur da gaout digor
gant Sant Per er BaradozREFRAIN : Honneur aux chrétiens d'Arvor,
aussi bien le jour que la nuit ;
ils sont certains de trouver porte ouverte
auprès de Saint Pierre au Paradis.Eur C'hernevet.
Kemper, moullet e ty de KerangalUn Cornouaillais.
Imprimé à Quimper, chez Kérangal[39]
.
[modifier] 4 Annotations
- Cette invocation donne un indice du prénom de l'auteur de la "gwerz": il se prénommerait Charles. [Ref.↑]
- Effectivement, à la limite de Quimper et d'Ergué-Gabéric. [Ref.↑]
- Traduction délicate et peut-être erronée. On considèrerait comme aberrant de faire un panier avec du noisetier (ou coudrier). La vannerie utilise l'osier, le saule, mais pas le noisetier. [Ref.↑]
- Pierre posée sur le chant et faisant partie de l'enceinte d'un enclos, permettant le passage des humains mais interdisant l'accès des animaux (ainsi, autour des cimetières). [Ref.↑]
- "Si tu veux la paix, prépares la guerre". Curieuse erreur : cette maxime romaine ici évoquée au moment où les gens d'Ergué s'enferment dans l'église pour la défendre, est faussement attribuée à Samson : elle n'apparaît pas dans la Bible (Livre des Juges, 13 à 16) .
On se réfère ici à cet épisode de la vie de Samson où les Philistins, qui l'ont capturé et lui ont crevé les yeux, l'ont attaché dans leur temple entre deux colonnes "pour qu'il les divertisse". Mais ses cheveux ayant repoussé, Samson retrouve ses forces, repousse les colonnes et le temple s'écroule sur la foule de ses ennemis Philistins. "Ceux qu'il fit mourir en mourant furent plus nombreux que ceux qu'il avait fait mourir pendant sa vie". Or, il en avait déjà tué des milliers. Beau modèle de "kamikaze".
L'affichage incongru de cette maxime romaine indique cependant la stratégie appliquée : pour que les intérêts de l'Eglise soient respectés, il faut manifester son opposition avec force, éventuellement avec violence. Il s'agit d'un combat d'idées sans doute (le bien, le mal), mais aussi d'un combat politique (la loi des uns contre la loi des autres –strophes 17 et 25), et beaucoup comprendront qu'ils sont appelés à de combats physiques. Le tout, assure t'on, dans un but de paix, bien sûr. [Ref.↑] - Les femmes de ces deux villages d'Ergué auraient-t-elles été particulièrement combatives ? [Ref.↑]
- Le cimetière se trouvait autour de l'église, dans l'enclos paroissial. [Ref.↑]
- Les opérations d'inventaire devaient se dérouler devant des témoins, appelés à signer le procès-verbal. Encore fallait-il les trouver… ou les désigner. [Ref.↑]
- Le Recteur de la paroisse est Monsieur Jean Hascoët, né à Ploaré, qui décédera à Ergué-Gabéric le 15 janvier 1908, à l'âge de 57 ans.
"A Ergué-Gabéric où il fut transféré le 13 mars 1897, il fit divers embellissements à la chapelle N.D. de Kerdévot. Mais surtout il dota la paroisse d'une école chrétienne de filles dont il était justement fier, malgré le renvoi des bonnes religieuses du Saint-Esprit à qui il en avait confié la direction" (Semaine Religieuse de Quimper et de Léon du 24 janvier 1908). [Ref.↑] - "Plutôt la mort que la souillure". On s'attendrait à trouver ici une devise donnée en breton, parce que tout simplement c'est la devise de la Bretagne : "kentoc'h mervel eget bezan saotred". Or, elle est fournie en latin.
Un rapport est établi entre la "profanation" de l'église par l'irruption des Francs-maçons et la "souillure", par principe insupportée par les Bretons (dont l'emblème est l'hermine). A rapprocher du cantique "D'ar Feiz hon tadou koz", les paroles "…kentoc'h ni a varvo, kentoc'h ni a varvo…". [Ref.↑] - La démonstration qui va suivre s'attache à présenter comme étant le sort ordinaire des "chrétiens fidèles" d'avoir à exposer leur vie, à verser leur sang, à mourir par fidélité à "leur loi". La "gwerz" nous fait parcourir un musée de l'horreur. Ainsi, Jean-Baptiste, décapité (24), Laurent, brûlé vif à petit feu sur un gril (25) et Sébastien, transpercé de flèches(25). Saint Laurent et Saint Sébastien ont chacun leur statue dans l'église du Bourg. [Ref.↑]
- Saint Jean Baptiste a été décapité par Hérode Antipas en 27 ou 28 pour avoir reproché à celui-ci d'épouser Hérodias, femme de son demi-frère. A la demande de Salomé, la fille d'Hérodias, la tête de Jean Baptiste lui sera apportée sur un plateau. [Ref.↑]
- On ne pouvait pas trouver meilleur exemple de défense des biens de l'Eglise ! Le diacre Laurent était le gestionnaire des finances de l'Eglise de Rome et était chargé de la distribution aux pauvres. En l'an 257, l'empereur Valérien publia des décrets contre les chrétiens et fit mettre à mort le pape Sixte. Le préfet de Rome somma Laurent de lui remettre l'argent qu'il gérait, et de lui livrer les vases et ornements sacrés, pour les besoins publics. Laurent vendit ces trésors et distribua l'argent recueilli aux indigents. Le préfet en fureur le fit déchirer à coups de fouet, puis étendre et attacher sur un gril. Ainsi Laurent fut brûlé à petit feu, subissant d'horribles tourments.
Sébastien, lui, était capitaine dans la Garde de l'empereur Dioclétien. Il profitait de son service pour encourager les chrétiens suppliciés. L'empereur le fit arrêter (en 288) et le livra entre les mains de quelques archers qui le percèrent de flèches. Il survécut et se présenta devant l'empereur pour protester contre la persécution. L'empereur le fit conduire dans le cirque attenant au palais impérial et ordonna qu'il fût assommé à coups de bâton. [Ref.↑] - Le prophète Isaïe aurait péri par le supplice de la scie, par ordre de Manassé : scié par le milieu du corps, de la tête jusqu'aux cuisses. La Bible ne rapporte pas un tel événement. [Ref.↑]
- Alors que la Palestine se trouve sous la domination des Grecs, le mode de vie imposé aux Juifs leur interdit la pratique de leur religion ; "le Temple est rempli de débauches et d'orgies par les Païens… il n'était possible ni d'observer le sabbat ni d'observer les fêtes de nos pères…". Eléazar subit le martyre pour avoir refusé de participer aux rites païens d'un banquet. Puis sept frères subirent la torture l'un après l'autre devant leur mère : "voyant ses sept fils périr en l'espace d'un seul jour, (elle) le supportait avec courage, en raison de ses espérances dans le Seigneur" (Livre II des Macchabées, chap. 6). [Ref.↑]
- Les plus connues sont les Carmélites de Compiègne, arrêtées le 22 juin 1794, conduites à la Conciergerie à Paris le 12 juillet. Le 17 juillet, elles étaient condamnées à mort et exécutées le jour même, place du Trône. [Ref.↑]
- L'histoire du monde est présentée comme l'histoire d'un combat titanesque entre les forces du Bien et celles du Mal. D'entrée de jeu, l'archange Michel, chef des anges, chef de la "milice céleste", affronte Lucifer, l'ange déchu ou Démon : "alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta avec ses anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel". Ils furent dès lors réduits à errer sur la terre et à tenter "ceux qui gardent les commandements de Dieu" (Apocalypse de Saint Jean, chap. 12, versets 1 à 17). Et l'histoire du monde se terminera au partage du Jugement Dernier dans la vallée de Josaphat (voir 53). [Ref.↑]
- Voici maintenant la mort tragique d'un "méchant" : l'Ancien Testament relate l'épisode de Judith (Livre de Judith, chap. 13) sauvant sa ville de Béthulie du siège d'Holopherne, général du roi assyrien Nabuchodonosor. Après avoir joué de ses charmes auprès d'Holopherne, Judith (qui s'était introduite dans les lignes ennemies) "fut laissée seule dans la tente avec Holopherne écroulé sur son lit, car il était noyé dans le vin". Elle prit le cimeterre d'Holopherne, saisit sa chevelure et dit :"Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël". Par deux fois, elle le frappe au cou, de toute sa force…elle retraversa les lignes… Et tout le peuple, saisi de stupeur : "Béni es-tu, notre Dieu, toi qui, en ce jour, as réduit à néant les ennemis de ton peuple!". [Ref.↑]
- Tobie est un Juif pieux qui, bien que déporté à Ninive et vivant dans un milieu hostile à sa religion, pratique les commandements et ne fréquente que la communauté juive. Malgré sa fidélité, il a droit au malheur : il devient aveugle après d'être endormi sous le nid d'un oiseau dont les déjections entraînent une inflammation de la cornée. N'y a t'il pas de quoi se décourager de rester fidèle ? (Livre de Tobie). [Ref.↑]
- Le roi Nabuchodonosor avait fait ériger une statue d'or de 30 mètres de haut et 3 mètres de large dans la plaine de Doura (province de Babylone). Tous ses sujets devaient se prosterner devant elle. Voici que trois juifs s'y refusent : ils sont jetés dans une fournaise, où ils ne brûlent pas et en sortent sans même sentir l'odeur du feu. Le roi en est effaré, libère les trois hommes et se fait désormais leur protecteur : "ils ont préféré risquer leur vie plutôt que de se prosterner et d'adorer un autre dieu que le leur" (Livre de Daniel, ch. 3). [Ref.↑]
- Traduction incertaine. Nous retenons "menik" comme diminutif de "meno" : opinion, idée. [Ref.↑]
- Et voici l'application à l'actualité du vote de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Les persécutions subies par les Prophètes fournissent un modèle explicatif éclairant : Dieu finit toujours par sauver ceux qui lui restent fidèles et confondre les persécuteurs, soit en obtenant leur conversion, soit en les détruisant. Cette référence doit inciter au courage et à la persévérance. [Ref.↑]
- Le dixième (et dernier) commandement dicté par Dieu à Moïse sur le Sinaï est le suivant : "Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain : tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf ni son âne ni rien de ce qui lui appartient" (Livre de l'Exode, XX-17). De même, tu ne nourriras pas un projet de t'approprier les biens contenus dans les églises… [Ref.↑]
- La gwerz semble considérer que la loi s'appliquera sans être remise en cause, mais que cependant la guerre ouverte entre "peuple chrétien" et Francs-maçons continuera. [Ref.↑]
- Jean-Marie Nédélec, habitant Saint Joachim, était né le 13 Novembre 1857. Il était le grand fabricien de la paroisse. Il décédera le 2 avril 1942. Nous lisons dans le Registre-Journal tenu par l'Abbé Gustave Guéguen, recteur d'Ergué-Gabéric, à la date du 2 avril 1942 : « Décès à Saint-Joachim du vénérable Jean Marie Nédélec, président du Conseil paroissial, âgé de 85 ans (même année que Mgr Duparc, 1885), et membre du Conseil depuis le décès de son père. L'enterrement a été célébré le dimanche de Pâques, au milieu d'une foule immense de la paroisse et des alentours ». [Ref.↑]
- Le simple fait de parler breton est présenté comme un défi à ceux qui se sont illustrés dans les années précédentes dans un combat pour éradiquer l'usage de cette langue : interdiction en 1902 par Emile Combes, Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur et des Cultes, de la prédication en langue bretonne dans les églises de Basse-bretagne, et obligation faite au clergé d'enseigner le catéchisme en français aux enfants. "A la fin de l'année 1904, ce sont en tout 87 prêtres finistériens qui auront été frappés de suspension de traitement pour usage abusif de la langue bretonne dans l'enseignement du catéchisme et la prédication" (voir Fanch BROUDIC, L'interdiction du breton en 1902. Coop Breizh. P. 24). [Ref.↑]
- Ces strophes 40 à 46 manifestent la forte symbolique de l'église paroissiale, et la crainte de s'en faire déposséder. [Ref.↑]
- Jean-Marie Nédélec se montre très inspiré pour évoquer l'histoire exemplaire de Daniel, en mauvaise posture quand le roi de Babylone l'a fait jeter dans la fosse aux lions : l'ange de Dieu saisit le prophète Habacuc par les cheveux alors qu'il portait leur repas aux moissonneurs, et le voici transporté par les airs, pour être déposé au bord de la fosse, ce qui permet à Daniel de se restaurer. Et encore un roi ennemi qui se convertit… [Ref.↑]
- L'exploit de Josué ne peut que donner à réfléchir. Il a succédé à Moïse à la tête du peuple juif en marche vers la Terre Promise. Il doit livrer le combat contre cinq rois canaanéens ligué contre lui. A la demande de Josué et pour lui permettre d'achever sa victoire, Dieu arrêta la course du soleil au-dessus de la ville de Gabaon, et celle de la lune au-dessus de la vallée d'Ajalon, "presque tout un jour", le temps de débarrasser le terrain : "l'Eternel avait écouté la voix d'un homme"et pour le satisfaire, il a été capable d'arrêter la course des astres. (Livre de Josué, chap. 10). [Ref.↑]
- Jean Marie Nédélec nous met dans la perspective de la grande mise en scène finale où le Bien finira par triompher du Mal : jugement qui se déroulera dans la vallée de Josaphat, selon le livre de Joël, ch. 4. [Ref.↑]
- Né en 1862, après avoir été commissaire des chemins de fer à Dieppe, le commissaire Pierre Judic accepte en 1904 un poste de commissaire de 3e classe à Concarneau, avant d'être muté en 1906 à Quimper, est nommée à Maubeuge en 1911, puis Saint-Brieuc, et revient à Quimper de 1913 à 1922. Avant son entrée dans la police, le fin limier était instituteur public et répétiteur de lycée. À ses début à Quimper il est très sollicité lors des inventaires des bien de l'église. Hormis les enquêtes pour vols et de délinquances ordinaires, il intervient sur quelques affaires de mœurs impliquant des ecclésiastiques. Le maire de Quimper, Théodore Le Hars, le présente comme « un agent très instruit, très actif, et très dévoué ». Il parle également le breton, avantage appréciable dans une ville qui est encore dans ses couches populaires largement bretonnante. [Ref.↑ 31,0 31,1]
- Il pourrait s'agir de la franc-maçonnerie dont les symboles sont : l'équerre, le compas et la truelle, mais également le soleil (et la lune). [Ref.↑]
- Henri Collignon était au Ministère de l'Intérieur et des cultes quand, en 1899, il fut nommé Préfet du Finistère du 1er novembre 1899 jusqu'en juillet 1906. Il dut quitter cette fonction en juin 1906, sous l'effet d'une sanction portée par Clémenceau à la suite des troubles sociaux survenus à Brest. A 58 ans, en 1914, il s'est porté volontaire pour la guerre et est tué au front en mars 1915. C'est lui qui a engagé les travaux de construction de la nouvelle Préfecture, boulevard Dupleix. Quand il était à Quimper la vie publique était alors sous l'emprise d'un cléricalisme étroit et remuant. Resté proche du peuple, recherchant la société des paysans et des pêcheurs, Henri Collignon en vaillant républicain, il a œuvré auprès du clergé breton pour essayer de les convaincre d'accepter les changements. Nonobstant tous les obstacles, toutes les difficultés, il finit par s'imposer et devint populaire. [Ref.↑]
- Monsieur Henri de Servigny ("Henri de Beauchef de Servigny, candidat de la Sainte Calotte"), avocat, a été élu Conseiller Général aux élections du 21 juillet 1901, puis du 28 juillet 1908. Il avait été le candidat malheureux aux élections législatives dans la 1ère circonscription, contre Louis Hémon, en 1902, puis dans la seconde circonscription, celle de Pont-l'Abbé, en 1906, contre Georges Le Bail [Ref.↑]
- "A Briec, malgré la présence d'un nombreux détachement de soldats, il y a eu un gendarme et un crocheteur blessés ; un manifestant a été arrêté ; le siège de l'église a duré une journée entière, et c'est seulement le lendemain que l'inventaire a pu s'effectuer". (Semaine Religieuse du 16 mars 1906).
"A l'audience de mardi dernier, Monsieur Yves Pennarun, propriétaire – cultivateur, et Corentin Le Gall, menuisier à Briec, poursuivis pour faits relatifs à l'inventaire, ont été condamnés l'un à 2 mois de prison et 16 francs d'amende, l'autre à 8 jours de prison et 50 francs, sans sursis". (Semaine Religieuse du 23 mars 1906). [Ref.↑] - "A Landeleau le vicaire, Monsieur Le Dantec a été arrêté et a eu les menottes aux mains pendant le crochetage ; relâché une première fois, puis repris, il est à présent à Châteaulin en attendant sa comparution devant le tribunal…" (Semaine Religieuse du 16 mars 1906).
"Monsieur Le Dantec est toujours à la prison de Châteaulin, au secret même, nous dit-on, car son recteur n'a pas été admis à le voir. Il comparait aujourd'hui (jeudi 22 mars) devant le tribunal, assisté comme défenseur de Maître Guivart de Kerstrad, du barreau de Quimper" (Semaine Religieuse du 23 mars 1906).
"Monsieur Le Dantec a comparu jeudi 22 mars devant le Tribunal de Châteaulin, sous l'inculpation d'outrages au maire, rébellion et coups aux gendarmes. Bien que les faits soient loin d'être prouvés, comme l'a fait clairement voir Maître Chamaillard, du barreau de Quimper, dans une éloquente plaidoirie, l'abbé Dantec a été condamné à 1 mois de prison sans sursis et aux dépens. Il est actuellement détenu à la maison d'arrêt de Châteaulin, où nous lui adressons l'expression de l'affectueuse estime et des sympathies de ses confrères et tous les catholiques du diocèse" (Semaine Religieuse du 23 mars 1906).
"Monsieur le Recteur de Landeleau rejoindra t'il son vicaire en prison ? Il est cité à son tour devant le tribunal pour aujourd'hui (jeudi 29 mars)" (Semaine Religieuse du 30 mars 1906. Monsieur Lein sera condamné à 200 francs d'amende. Il fera appel. Monsieur Lein sera nommé recteur d'Ergué-Gabéric en 1909 et le restera jusqu'en 1914. [Ref.↑] - "A Tourc'h, l'inventaire a donné lieu à d'autres incidents. Mr de Larminat, commandé avec sa compagnie pour maintenir l'ordre, a refusé, sur une réquisition écrite du commissaire, de faire dégager par ses soldats les abords de l'église. Devant la porte, un groupe nombreux de paroissiens, se tenant par les bras étroitement unis, formait un rempart qui empêchait les crocheteurs d'approcher…
Deux des vaillants catholiques ont été arrêtés pour ce fait de résistance : Mr Le Roy, frère du maire de Tourc'h, et Mr Le Bihan, aubergiste. Ils ont comparu jeudi devant le Tribunal Correctionnel de Quimper et ont été condamnés, le premier à 15 jours de prison avec sursis, le second à un mois de la même peine avec sursis, 200 francs d'amende et les dépens" (Semaine Religieuse du 23 mars 1906). (NB. Le Roy peut être aussi appelé "Roué", et l'aubergiste peut être aussi forgeron). [Ref.↑] - "A Langolen, mercredi, la résistance a duré 4 heures. Monsieur Piedoye, vicaire, qui se trouvait à l'intérieur de l'église, a été arrêté pour rébellion et conduit le soir même à la prison de Quimper" (Semaine Religieuse du 16 mars 1906).
"Il (Mr Piedoye) comparut le lendemain (jeudi) devant le tribunal qui, sur la demande du défenseur, Maître De Chabre, et pour permettre de citer des témoins, remit l'affaire à deux jours, mais refuse la remise en liberté provisoire de l'inculpé.
Monsieur Piedoye revint donc samedi devant le tribunal correctionnel, sous l'inculpation d'outrages aux agents chargés de l'inventaire, de délit de violence et de complicité de rébellion. Après des débats assez mouvementés, un réquisitoire très sévère du procureur de la République et une excellente plaidoirie de Maître de Chabre, le jugement fut renvoyé à mardi… Il a été rendu au commencement de l'audience de ce jour : Monsieur Piedoye a été condamné à 15 jours de prison et 100 francs d'amende, sans sursis" (Semaine Religieuse du 23 mars 1906). [Ref.↑] - La maison De Kerangal (« ti De Kerangal ») était l'atelier de typographie d’Arsène de Kérangal, imprimeur de l’Evêché. D’une famille originaire des Côtes d’Armor, à 31 ans Arsène de Kérangal épousa en 1858 Mademoiselle Darnajou, fille d’un riche négociant en vins quimpérois. Il était alors employé aux Contributions indirectes. En 1862, Eugène Blot lui vendit son imprimerie. Abandonnant sa situation de fonctionnaire, De Kerangal devint alors rédacteur en chef des revues imprimées, notamment « L’Impartial du Finistère », journal fondé en 1846. Comme ses prédécesseurs, il devint l’imprimeur officiel du diocèse, « mouler an aotrou‘n eskop ». L’évêque, Monseigneur Sergent, lui confia en 1866 l’impression de la revue intitulée « Feiz ha Breiz » (« Foi et Bretagne »), destinée à une large diffusion, dans l’ensemble du Finistère. Sous la Troisième République, Arsène de Kerangal se rangea dans le camp des catholiques et royalistes convaincus. Il imprima une quantité énorme d’ouvrages de dévotion, catéchismes, cantiques, vies de saints, missels et de nombreux tracts en faveur de la monarchie. Toute sa vie, il lutta contre les idées des anti-cléricaux. Il céda son affaire à son fils aîné, pour assurer la continuité de l’entreprise, déjà vieille de plus de deux siècles. [Ref.↑]