1904 - Dénonciation par le préfet d'un sermon pour la retraite des conscrits
Un article de GrandTerrier.
Version du 26 janvier ~ genver 2014 à 09:36 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 26 janvier ~ genver 2014 à 10:06 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 114: | Ligne 114: | ||
{|width=870 | {|width=870 | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | |||
- | |||
===Déclaration Balès du 18.11=== | ===Déclaration Balès du 18.11=== | ||
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
L'an mil neuf cent quatre, le dix huit novembre à trois heures du soir. Nous, Emile Rouquier, commissaire spécial de Police sur les Chemins de Fer d'Orléans en résidence à Quimper département du Finistère Officier de Police judiciaire, auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République. | L'an mil neuf cent quatre, le dix huit novembre à trois heures du soir. Nous, Emile Rouquier, commissaire spécial de Police sur les Chemins de Fer d'Orléans en résidence à Quimper département du Finistère Officier de Police judiciaire, auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République. | ||
+ | |||
+ | Reprenant notre information par suite des nouvelles instructions de Monsieur le Préfet relatives à la plainte du sieur Balès contre le vicaire Nicolzas d'Ergué-Gabéric. Nous sommes à nouveau transporté en cette commune au lieu-dit St André, où étant | ||
+ | |||
+ | Nous avons entendu le sieur Bal-s, qualifié d'autre part, et lui ayant donné connaissance des dires du vicaire Nicolas, lui ayant en outre communiqué la liste des témoins confirmant ces dires, il nous a déclaré ce qui suit : | ||
+ | |||
+ | M. Nicolas reconnait d'une façon générale avoir prononcé les paroles que j'ai rapportées dans ma déclaration du sept courant. | ||
+ | |||
+ | Il omet cependant de dire qu'il a employé à mon égard l'expression de « <i>mauvais homme</i> », « <i>damné</i> » et cependant il l'a bien employé, tous mes témoins l'ont confirmé. | ||
+ | |||
+ | Le point important c'est que le vicaire prétend que, lorsqu'il prononça son sermon, il ne savait pas qu'il parlait n'ayant pas reconnu l'homme qui avait souri et haussé les épaules à l'office de l'église paroissiale du dimanche précédent. | ||
+ | |||
+ | Or, cela est tout à fait faux. | ||
+ | |||
+ | Je n'ai d'abord jamais eu une tenue déplacée aux offices, mais si le vicaire s'était mépris il n'aurait pas pu ne pas me reconnaitre car il me connait très particulièrement puisque c'est moi qui m'occupe de l'entretien de la chapelle, qui en sonne les cloches etc ... | ||
+ | |||
+ | D'autre part, les dires mêmes du vicaire sont un aveu car il reconnait avoir dit « <i>Je pourrais lui dire, si je le rencontrais etc</i> ». Or pour dire quelque chose à ce quelqu'un s'il le rencontrait, il fallait qu'il le connût ! | ||
+ | Donc dans son esprit une personne avait commis l'acte qu'il reprochait et c'était pour lui une personne déterminée ! | ||
+ | |||
+ | Il a donné sur moi-même et sur ma famille des renseignements établissant qu'il entendait me désigner et qui le laissaient aucun doute à cet égard dans l'esprit des assistants, cela résulte également de ses aveux. | ||
+ | Et enfin il m'a montré au doigt ainsi que les témoins l'ont établie. | ||
+ | |||
+ | Vous me communiquez une liste de témoins qui ont signé une déclaration en faveur du vicaire Nicolas. Je dois vous faire connaitre que ces témoins ont été trompés ; on leur a dit pour les faire signer ou les faire consentir à laisser partir leur nom sur la liste que s'ils n'appuyaient pas cette déclaration « <i>on allait supprimer le vicaire et les offices de St André, qu'ils seraient obligés de se rendre à Ergué Gabéric pour entendre la messe</i> ». | ||
+ | |||
+ | C'était pour eux un grand dérangement et c'est dans la crainte de voir fermer la chapelle de St André qu'ils ont signé ou laisser figurer leurs noms sur la dite déclaration. | ||
+ | |||
+ | Sur cette liste je vois figurer des gens que je n'ai pas aperçu à la chapelle. Pour les Le Corre, les Quelven, je vous fais remarquer que les fermes de ces deux familles auraient été complètement abandonnées car sur la liste figure toute la famille, tous les domestiques, tout le monde de la maison. Cela est inadmissible. | ||
+ | |||
+ | Lecture persiste et signe. Balès Louis. Le commissaire spécial Rouquier. | ||
+ | <hr> | ||
+ | Par procès verbaux II et III, nous avons entendu les sieurs Leroux et Istin. | ||
+ | |||
+ | Conclusions. Et avons clos la présente ... que nous transmettons à M. le Préfet avec le dossier communiqué. Le commissaire spécial Rouquier. | ||
+ | {{FinCitation}} | ||
+ | ===Déclaration Leroux du 18.11=== | ||
+ | {{Citation}} | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
|width=4% valign=top {{jtfy}}| | |width=4% valign=top {{jtfy}}| |
Version du 26 janvier ~ genver 2014 à 10:06
[1] s'emporte et, dans son sermon, accuse un dénommé Balès d'avoir déconseillé aux jeunes conscrits de la commune de suivre une retraite religieuse organisée pour eux.
|
1 Introduction
Lettre du préfet La première lettre du préfet est une représentation symbolique du climat qui régnait en ces années troublées par l'introduction de la loi de séparation des Églises et de l'État. Le préfet rapporte à l'évêque la violence des propos du vicaire pendant son sermon en pleine messe. Ce dernier invective un paroissien qui avait sans doute une conviction proche des Républicains qui voulaient limiter les pouvoirs de l'Église. On imagine l'émotion que cela a provoqué aussi bien auprès des paroissiens proches des autorités religieuses et favorables au concordat de 1801 que du côté des défenseurs d'une France républicaine et laïque. |
Les propos cités du vicaire sont virulents : « Défiez-vous de lui et n'écoutez pas ses conseils. Il veut empêcher les jeunes gens d'assister à la retraite ; de même qu'il détourne les familles d'envoyer les enfants aux écoles chrétiennes. (...) Cet homme est un damné. Prions pour lui ». |
2 Première enquête, transcriptions
3 Deuxième enquête, transcriptions
3.1 Déclaration Balès du 18.11
3.2 Déclaration Leroux du 18.11 |
3.3 Lettre du préfet du 26.11
3.4 Note n° 1
3.5 Note n° 2
|
4 Réponses de l'évêque, transcriptions
4.1 Lettre de l'Evêque du 17.11
|
4.2 Déclaration à décharge
4.3 Réponse de l'Evêque du 02.01
|
5 Documents
Lieu de conservation :
|
Usage, droit d'image :
|
Première enquête | |||||
Deuxième enquête | |||||
Réponses de l'évêque | |||||
6 Annotations
- François Nicolas est vicaire d'Ergué-Gabéric de 1900 à 1905. [Ref.↑]
- Henri Collignon était au Ministère de l'Intérieur et des cultes quand, en 1899, il fut nommé Préfet du Finistère du 1er novembre 1899 jusqu'en juillet 1906. Il dut quitter cette fonction en juin 1906, sous l'effet d'une sanction portée par Clémenceau à la suite des troubles sociaux survenus à Brest. A 58 ans, en 1914, il s'est porté volontaire pour la guerre et est tué au front en mars 1915. C'est lui qui a engagé les travaux de construction de la nouvelle Préfecture, boulevard Dupleix. Quand il était à Quimper la vie publique était alors sous l'emprise d'un cléricalisme étroit et remuant. Resté proche du peuple, recherchant la société des paysans et des pêcheurs, Henri Collignon en vaillant républicain, il a œuvré auprès du clergé breton pour essayer de les convaincre d'accepter les changements. Nonobstant tous les obstacles, toutes les difficultés, il finit par s'imposer et devint populaire. [Ref.↑]
- François Virgile Dubillard (né le 16 février 1845 à Soye, mort le 1er décembre 1914 à Chambéry) fut un homme d'Église de la période de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il fut ordonné prêtre à Besançon en 1869, évêque de Quimper en 1900 (nommé en décembre 1899, et sur place en mars 1900), puis archevêque de Chambéry en 1907. Il fut nommé cardinal par le pape Pie X en 1911 ; trop malade, il ne participa pas au conclave de 1914. [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : Octobre 2010 Dernière modification : 26.01.2014 Avancement : [Développé] |