1904 - Dénonciation par le préfet d'un sermon pour la retraite des conscrits
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Puis le vicaire, qui était dans une très grande colère, se retira oubliant de dire les dernières prières de la messe. | Puis le vicaire, qui était dans une très grande colère, se retira oubliant de dire les dernières prières de la messe. | ||
- | Bien que le vicaire Nicolas ne m'ait pas désigné par mon nom, tout le monde a compris que c'était moi qu'il voulait indiquer car lorsqu'il disait « <i>je l'ai devant les yeux, il est là !</i> », il me montrait de son doigt pointé dans ma direction. D'ailleurs | + | Bien que le vicaire Nicolas ne m'ait pas désigné par mon nom, tout le monde a compris que c'était moi qu'il voulait indiquer car lorsqu'il disait « <i>je l'ai devant les yeux, il est là !</i> », il me montrait de son doigt pointé dans ma direction. D'ailleurs afin que personne ne puisse s'y tromper, il a même indiqué ma situation de famille en disant « <i>Cet homme n'a jamais été soldat, il n'a pas d'enfants qui puissent l'être, il n'en aura jamais</i> ». |
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+ | Ces faits constituent une diffamation, des injures qui sont punissables par les tribunaux, mais si l'évêque déplace ce prêtre, je me déclarerais satisfait et n'intenterais pas d'action - autrement je l'appellerai devant les tribunaux. | ||
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+ | Je compte obtenir la satisfaction que je réclame avant la fin du mois, afin de ne pas laisser prescrire le délit. Je n'attendrai pas au-delà. | ||
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+ | Lecture persiste et signe. Balès Louis. Le commissaire spécial, Rouquier. | ||
+ | <hr> | ||
+ | Ce même entendu. Nous avons ensuite entendu par procès verbaux séparés : n° 2 Le sieur Leroux ; n°3 Les sieurs Thomas et Istin ; n°4 Le sieur Le Meur. | ||
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+ | Le commissaire spécial, Rouquier. | ||
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+ | Conclusions. Et vu ce qui précède avons clos la présente enquête que nous transmettons à M. le Préfet avec une liste de témoins dép... par le plaignant et annexée au présent. Le commissaire spécial, Rouquier. | ||
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===Déclaration du sieur Leroux=== | ===Déclaration du sieur Leroux=== | ||
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+ | L'an mil neuf cent quatre, le sept novembre à trois heures du soir. Nous, Emile Rouquier, commissaire spécial de Police sur les Chemins de Fer d'Orléans en résidence à Quimper département du Finistère Officier de Police judiciaire, auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République. | ||
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+ | Continuant notre information avons entendu le sieur Leroux, Pierre, âgé de 42 ans, propriétaire à Kernaon, commune d'Ergué-Gabéric. Lequel a déclaré : | ||
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+ | J'assistais à la basse messe à la chapelle de St-André le 16 octobre dernier et tous les assistants ont été outrés de l'attitude du vicaire M. Nicolas et des injures qu'il a adressées à M. Balès. Il a dit : | ||
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+ | « <i>J'engage les jeunes soldats à assister à la retraite qu'on organise pour la semaine prochaine et ainsi que je l'ai déjà fait à la grand messe dimanche dernier. Lorsque je parlais de cela il y avait un homme qui souriait et qui sourit toujours chaque fois que je parle. Cet homme est dans la chapelle, je le vois, il est ici présent devant mes yeux. | ||
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+ | Cet homme n'a jamais été soldat, il n'a même pas d'enfant pour l'être et il n'en aura jamais. C'est un mauvais homme et un damné. Prions pour lui pour qu'il change</i> ». | ||
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+ | J'avais cru tout d'abord que ces paroles outrageantes s'adressaient à moi car le vicaire ne m'aime pas et parce que son doigt était dirigé de mon côté, qu'il semblait me désigner mais, lorsqu'il a donné les détails sur la situation de famille, j'ai compris qu'il s'agissait de Balès qui, d'ailleurs, était mon voisin, tout à côté de moi, et c'était lui que le vicaire montrait du doigt. | ||
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+ | Personne ne s'y est trompé et tous les assistants ont compris que le vicaire désignait Balès. | ||
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+ | Lecture persiste et signe. F Le Roux. Le commissaire spécial, Rouquier. | ||
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Version du 26 janvier ~ genver 2014 à 08:40
[1] s'emporte et, dans son sermon, accuse un dénommé Balès d'avoir déconseillé aux jeunes conscrits de la commune de suivre une retraite religieuse organisée pour eux.
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1 Introduction
Lettre du préfet La première lettre du préfet est une représentation symbolique du climat qui régnait en ces années troublées par l'introduction de la loi de séparation des Églises et de l'État. Le préfet rapporte à l'évêque la violence des propos du vicaire pendant son sermon en pleine messe. Ce dernier invective un paroissien qui avait sans doute une conviction proche des Républicains qui voulaient limiter les pouvoirs de l'Église. On imagine l'émotion que cela a provoqué aussi bien auprès des paroissiens proches des autorités religieuses et favorables au concordat de 1801 que du côté des défenseurs d'une France républicaine et laïque. |
Les propos cités du vicaire sont virulents : « Défiez-vous de lui et n'écoutez pas ses conseils. Il veut empêcher les jeunes gens d'assister à la retraite ; de même qu'il détourne les familles d'envoyer les enfants aux écoles chrétiennes. (...) Cet homme est un damné. Prions pour lui ». |
2 Notes et pétition, transcriptions
3 Première enquête, transcriptions
3.1 Rapport du commissaire
3.2 Déclaration du sieur Balès
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3.3 Déclaration du sieur Leroux
3.4 Déclaration des sieurs Thomas et Istin3.5 Déclaration du sieur Le Meur3.6 Lettre du Préfet du 9 novembre |
4 Deuxième enquête, transcriptions
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4.1 Lettre du préfet du 26.11
4.2 Réponse de l'Evêque du 02.01
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5 Documents
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Notes et déclaration/pétition | |||||
Première enquête | |||||
Deuxième enquête | |||||
6 Annotations
- François Nicolas est vicaire d'Ergué-Gabéric de 1900 à 1905. [Ref.↑]
- Henri Collignon était au Ministère de l'Intérieur et des cultes quand, en 1899, il fut nommé Préfet du Finistère du 1er novembre 1899 jusqu'en juillet 1906. Il dut quitter cette fonction en juin 1906, sous l'effet d'une sanction portée par Clémenceau à la suite des troubles sociaux survenus à Brest. A 58 ans, en 1914, il s'est porté volontaire pour la guerre et est tué au front en mars 1915. C'est lui qui a engagé les travaux de construction de la nouvelle Préfecture, boulevard Dupleix. Quand il était à Quimper la vie publique était alors sous l'emprise d'un cléricalisme étroit et remuant. Resté proche du peuple, recherchant la société des paysans et des pêcheurs, Henri Collignon en vaillant républicain, il a œuvré auprès du clergé breton pour essayer de les convaincre d'accepter les changements. Nonobstant tous les obstacles, toutes les difficultés, il finit par s'imposer et devint populaire. [Ref.↑]
- François Virgile Dubillard (né le 16 février 1845 à Soye, mort le 1er décembre 1914 à Chambéry) fut un homme d'Église de la période de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Il fut ordonné prêtre à Besançon en 1869, évêque de Quimper en 1900 (nommé en décembre 1899, et sur place en mars 1900), puis archevêque de Chambéry en 1907. Il fut nommé cardinal par le pape Pie X en 1911 ; trop malade, il ne participa pas au conclave de 1914. [Ref.↑]
Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens Date de création : Octobre 2010 Dernière modification : 26.01.2014 Avancement : [Développé] |