1790-1791 - Oppositions elliantaises et gabéricoises au canton de Rosporden
Un article de GrandTerrier.
Version du 6 mars ~ meurzh 2021 à 13:13 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (29 mars ~ meurzh 2021 à 07:36) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) |
||
(One intermediate revision not shown.) | |||
Ligne 11: | Ligne 11: | ||
{|width=870 | {|width=870 | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | C'est le décret du 22 décembre 1789 qui a institué les cantons, regroupement de plusieurs communes au sein des districts, eux mêmes subdivisions administratives des départements. Par décision de l'Assemblée nationale, Ergué-Gabéric et Elliant sont rattachés au chef lieu de canton de Rosporden en 1790, ainsi que Tourc'h, Saint-Yvi et Locmaria-Hent <ref>Sous l’Ancien régime Locmaria-Hent est une trève de la "mère paroisse" d'Elliant, elle devient commune en 1790, est supprimée en 1792 et rattachée à celle de Saint-Yvi.</ref>. Les électeurs amenés à se déplacer en assemblées primaires cantonales sont les 800 à 900 « <i>citoyens actifs</i> » <ref name="citoyen actif">{{K-Citoyen actif}}</ref> des 6 communes concernées | + | C'est le décret du 22 décembre 1789 qui a institué les cantons, regroupement de plusieurs communes au sein des districts, eux-mêmes subdivisions administratives des départements. Par décision de l'Assemblée nationale, Ergué-Gabéric et Elliant sont rattachés au chef lieu de canton de Rosporden en 1790, ainsi que Tourc'h, Saint-Yvi et Locmaria-Hent <ref>Sous l’Ancien régime Locmaria-Hent est une trève de la "mère paroisse" d'Elliant, elle devient commune en 1790, est supprimée en 1792 et rattachée à celle de Saint-Yvi.</ref>. Les électeurs amenés à se déplacer en assemblées primaires cantonales sont les 800 à 900 « <i>citoyens actifs</i> » <ref name="citoyen actif">{{K-Citoyen actif}}</ref> des 6 communes concernées |
En octobre et novembre 1790, les conseils des communes d'Elliant et d'Ergué-Gabéric prennent position. D'abord Elliant : « <i>Le bourg d'Eliant est distant de Rosporden de cinq gros quarts de lieues ... </i> » ; « <i>Il a arrêté de supplier au nom de tous citoyens actifs de la mère paroisse d'Eliant, messieurs les administrateurs du département du finistère et du district de Quimper, de vouloir bien pour la commodité générale fixer et déterminer irrévocablement au bourg d'Eliant le chef lieu du canton</i> » | En octobre et novembre 1790, les conseils des communes d'Elliant et d'Ergué-Gabéric prennent position. D'abord Elliant : « <i>Le bourg d'Eliant est distant de Rosporden de cinq gros quarts de lieues ... </i> » ; « <i>Il a arrêté de supplier au nom de tous citoyens actifs de la mère paroisse d'Eliant, messieurs les administrateurs du département du finistère et du district de Quimper, de vouloir bien pour la commodité générale fixer et déterminer irrévocablement au bourg d'Eliant le chef lieu du canton</i> » | ||
Ligne 17: | Ligne 17: | ||
L'argumentation elliantaise s'appuie aussi sur la distance de plus de quatre lieues et demi pour les villages éloignés d'Ergué-Gabéric, une lieue mesurant un peu plus de 4 km. Le conseil général d'Ergué-Gabéric, présidé par le maire Jérôme Kergourlay, joue sur deux tableaux. | L'argumentation elliantaise s'appuie aussi sur la distance de plus de quatre lieues et demi pour les villages éloignés d'Ergué-Gabéric, une lieue mesurant un peu plus de 4 km. Le conseil général d'Ergué-Gabéric, présidé par le maire Jérôme Kergourlay, joue sur deux tableaux. | ||
- | La première position gabéricoise est la solidarité vis-à-vis d'Elliant : « <i>le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près</i> ». Mais la préférence est bien le rattachement à Quimper : « <i>Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Quimper</i> ». | + | La première position gabéricoise est la solidarité vis-à-vis d'Elliant : « <i>le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près</i> ». Mais la préférence est bien le rattachement à Quimper : « <i>Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Rosporden</i> ». |
Comme les avis des conseils ne portent pas leur fruits, le recteur d'Elliant et député du Clergé à l'assemblée national, l'abbé Guino se fend d'une pétition qu'il signe de Paris en date du 31 mai 1791, tout en flattant l'auguste assemblée : « <i>Leur demande est d'ailleurs fondée sur les sages intentions de l'assemblée nationale qui a constamment exprimé le désir que les administrations se trouvent placées à proximité des administrés.</i> ». | Comme les avis des conseils ne portent pas leur fruits, le recteur d'Elliant et député du Clergé à l'assemblée national, l'abbé Guino se fend d'une pétition qu'il signe de Paris en date du 31 mai 1791, tout en flattant l'auguste assemblée : « <i>Leur demande est d'ailleurs fondée sur les sages intentions de l'assemblée nationale qui a constamment exprimé le désir que les administrations se trouvent placées à proximité des administrés.</i> ». | ||
Ligne 91: | Ligne 91: | ||
Parce que si le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et que les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près. 2° parce que le bourg d'Eliant fournit aux assemblées primaires autant de [...] que Rosporden. 3° parce que le chef lieu du canton étant plus proche des citoyens ils s'y rendroient plus volontiers et en plus grand nombre. | Parce que si le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et que les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près. 2° parce que le bourg d'Eliant fournit aux assemblées primaires autant de [...] que Rosporden. 3° parce que le chef lieu du canton étant plus proche des citoyens ils s'y rendroient plus volontiers et en plus grand nombre. | ||
- | <spoiler id="993" text="Mais le sus-dit conseil général a aussi arrêté ...">Mais le sus-dit conseil général a aussi arrêté de supplier messieurs les administrateurs du département et du district de Quimper, de réunir la paroisse d'Ergué Gabéric au canton de Quimper dont elle est beaucoup plus près que d'Elliant. Les villages d'Ergué Gabéric les plus voisins d'Elliant en sont distants de cinq quarts de lieux, et les plus éloignés à trois fortes lieux, ajoutez les mauvais chemins de cette paroisse à Elliant ; au lieu que plusieurs villages d'Ergué Gabéric ne sont qu'à une demie lieu de Quimper. Et nos villages les plus éloignés de Quimper n'en sont distants que de deux lieues au plus. Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Quimper. | + | <spoiler id="993" text="Mais le sus-dit conseil général a aussi arrêté ...">Mais le sus-dit conseil général a aussi arrêté de supplier messieurs les administrateurs du département et du district de Quimper, de réunir la paroisse d'Ergué Gabéric au canton de Quimper dont elle est beaucoup plus près que d'Elliant. Les villages d'Ergué Gabéric les plus voisins d'Elliant en sont distants de cinq quarts de lieux, et les plus éloignés à trois fortes lieux, ajoutez les mauvais chemins de cette paroisse à Elliant ; au lieu que plusieurs villages d'Ergué Gabéric ne sont qu'à une demie lieu de Quimper. Et nos villages les plus éloignés de Quimper n'en sont distants que de deux lieues au plus. Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Rosporden. |
En conséquence le conseil général d'Ergué Gabéric a arrêté d'une copie de la présente délibération à M.M. les administrateurs du département et du district e Quimper pour leur faire connaitre les voeux de cette commune et les supplier de réunir Ergué Gabéric au canton de Quimper, ou du moins de fixer pour chef lieu du canton provioire de Rosporden, au bourg d'Elliant. | En conséquence le conseil général d'Ergué Gabéric a arrêté d'une copie de la présente délibération à M.M. les administrateurs du département et du district e Quimper pour leur faire connaitre les voeux de cette commune et les supplier de réunir Ergué Gabéric au canton de Quimper, ou du moins de fixer pour chef lieu du canton provioire de Rosporden, au bourg d'Elliant. |
Version actuelle
| Des pétitions et des délibérations pour protester contre le découpage du nouveau canton et l'éloignement des communes rattachées au nouveau chef-lieu à Rosporden, et la décision finale irrévocable des administrateurs du directoire du département.
Merci à Jean-François Douguet Autres lectures : « Jérôme Kergourlay, maire (1790-1792) » ¤ « DOUGUET Jean-François - Les municipalités d'Ergué-Gabéric sous la Révolution » ¤ « 1790 - Un recensement inédit à Ergué-Gabéric » ¤ |
Présentation
C'est le décret du 22 décembre 1789 qui a institué les cantons, regroupement de plusieurs communes au sein des districts, eux-mêmes subdivisions administratives des départements. Par décision de l'Assemblée nationale, Ergué-Gabéric et Elliant sont rattachés au chef lieu de canton de Rosporden en 1790, ainsi que Tourc'h, Saint-Yvi et Locmaria-Hent En octobre et novembre 1790, les conseils des communes d'Elliant et d'Ergué-Gabéric prennent position. D'abord Elliant : « Le bourg d'Eliant est distant de Rosporden de cinq gros quarts de lieues ... » ; « Il a arrêté de supplier au nom de tous citoyens actifs de la mère paroisse d'Eliant, messieurs les administrateurs du département du finistère et du district de Quimper, de vouloir bien pour la commodité générale fixer et déterminer irrévocablement au bourg d'Eliant le chef lieu du canton » L'argumentation elliantaise s'appuie aussi sur la distance de plus de quatre lieues et demi pour les villages éloignés d'Ergué-Gabéric, une lieue mesurant un peu plus de 4 km. Le conseil général d'Ergué-Gabéric, présidé par le maire Jérôme Kergourlay, joue sur deux tableaux. La première position gabéricoise est la solidarité vis-à-vis d'Elliant : « le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près ». Mais la préférence est bien le rattachement à Quimper : « Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Rosporden ». Comme les avis des conseils ne portent pas leur fruits, le recteur d'Elliant et député du Clergé à l'assemblée national, l'abbé Guino se fend d'une pétition qu'il signe de Paris en date du 31 mai 1791, tout en flattant l'auguste assemblée : « Leur demande est d'ailleurs fondée sur les sages intentions de l'assemblée nationale qui a constamment exprimé le désir que les administrations se trouvent placées à proximité des administrés. ». La pétition reçoit un accueil favorable exprimé par François-Jérôme Le Déan, maire de Quimper, et Louis Alexandre Expilly |
Carte remodelée des cantons en 1791 (ADF, index série L) :
Il ne reste plus qu'à délibérer au niveau des directoires locaux de Quimper. Le 14 juin un premier arrêté du directoire du district tombe et donne raison aux pétitionnaires d'Elliant : « Le Directoire est d'avis que le chef lieu du canton composé par les municipalités susdites soit transféré à Elliant et que la prochaine assemblée primaire y soit convoquée ». Quatre jours plus tard, au niveau supérieur, le directoire du département émit un autre arrêt qui donne satisfaction à Ergué-Gabéric : « Le Directoire arrête 1° que la paroisse d'Ergué Gabéric sera à compter de ce jour irrévocablement attachée au canton de Suimper, [...] Arrête en second lieu que les municipalités d'Elliant, Locmaria n'hent, St Yvi, Tourc'h et Rosporden, continueront d'être un seul et même canton, dont le chef lieu demeurera irrévocablement fixé en la ville de Rosporden. » |
Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Elliant 1790.10.17
|
Elliant 1791.06
|
Facsimilés
ADF 10 L 30 | |||||
Annotations
Certaines références peuvent être cachées ci-dessus dans des paragraphes ( § ) non déployés. Cliquer pour les afficher : § Tout montrer/cacher
- Jean-François Douguet, historien et auteur de nombreux ouvrages sur la Cornouaille : § [ses publications] . [Ref.↑]
- Sous l’Ancien régime Locmaria-Hent est une trève de la "mère paroisse" d'Elliant, elle devient commune en 1790, est supprimée en 1792 et rattachée à celle de Saint-Yvi. [Ref.↑]
- Citoyen actif, g.n.m. : type de citoyens défini par l'Assemblée Nationale Constituante. Plusieurs conditions étaient requises pour être actif, mais il fallait surtout payer une contribution directe égale à trois journées de travail. Les citoyens "actifs" avaient le droit civil de se réunir en assemblées primaires de municipalité et de canton. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Louis-Alexandre Expilly de La Poipe, recteur de Saint-Martin-des-Champs, élu député du clergé du Léon en août 1788, préside à l'Assemblée Constituante la commission qui promulguera la constitution civile du clergé, premier évêque constitutionnel de Quimper et de Léon (de 1790 à 1794), sacré par Talleyrand à Paris, mais guillotiné le 22 mai 1794. [Ref.↑ 4,0 4,1]