1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc - GrandTerrier

1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc

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§ E.D.F.

Sommaire

Des lettres écrites entre 1635 et 1659 par le gentilhomme historien gabéricois, retranscrites et publiés en 1899 par le comte de Romorduc et en 1940 par Daniel Bernard.

Lectures apparentées : « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « BERNARD Norbert - Guy Autret et l'église d'Ergué-Gabéric » ¤ « TORCHET Hervé - Missirien, la double vie littéraire de Guy Autret » ¤ « Eloge du français du Grand Siècle par le breton Guy Autret » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ « BERNARD Daniel - Quelques lettres inédites de Guy Autret » ¤ « LE GRAND Albert - Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique » ¤ « BERNARD Daniel - Les Autret et la seigneurie de Lezoualc'h » ¤ « WAQUET Henri - Messire Guy Autret, sieur de Missirien et de Lezergué » ¤ « WAQUET Henri - Guy Autret » ¤ « Mort et inhumation du chevalier Guy Autret de Lezergué en 1660 » ¤ 

1 Résumé des sources

Un nombre important de ces lettres, 51 au total, ont été étudiées par le Comte de Rosmorduc et rassemblées dans l'ouvrage « Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier ». Ces lettres sont conservées à la Bibliothèque Nationale de France, site Richelieu, services des manuscrits. Par ailleurs 17 autres lettres ont été publiées par Daniel Bernard dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère de 1940 dans un article intitulé « Quelques lettres inédites de Guy Autret ».

 

La plupart de ces lettres sont adressées à Pierre d'Hozier, généalogiste et correspondant de la Gazette de France, et quelques-unes à des confrères ou proches ;

  • le comte de Brulon, baron de la Muce et de Beaumont, ambassadeur du roi.
  • Jacques du Haffont, sieur de Kerescant, procureur du roi au présidial de Quimper.
  • Mr Nivet, procureur au parlement de Rennes.

2 Transcriptions « Rosmorduc »


2.1 Lettre du 14 mai 1635

Source : BNF. Cote Fr. 31799. Folio 232. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc I. Résumé : Projet d'un voyage à Paris.

MONSIEVR

Je cheris infiniment l'honneur d'estre cognu de vous & encore davantage d'estre vostre souvenir. Mr le baron du Vieuxchastel [a] m'a honoré d'une visite & dans nos conversations nous avons continuellement parlé de vous come du pere & du maistre de tous les curieux. Il m'a assuré que vous auriés agreable d'establir un comerce d'amitié & de corespondance aveq moy, peut estre m'a Il parlé plus par conjecture que par certitude & qu'il a voulu flater le souhait qu'il a remarqué que j'en avois, enfin je vous puis assurer que vous ne serés jamais part de vostre amitié à gentilhomme qui l'aye plus chere & la cultive aveq plus de soign & de recognoessance. Depuis nostre premiere veue, vous possedés mon coeur & mes Inclinations & j'accuse le malheur de ma naissance de m'avoir relegué en un extremité du Royaume, me privant par cette necessité de la douceur & du proffit de vostre conversation, & si j'estois en lieu de vous pouvoir visiter, je me proposerois vostre exemple & tacherois de vous imiter aux choses possibles, come un petit disciple fait un grand maistre. J'espere soulager mon deplesir par un voiage de Paris que je me propose dans quelques mois, celui qui a quelques Intervalles n'est pas toujours malheureux & quand je ne pourois estre que quinse jours en vostre escole, je ne puis que je n'i proffite extremement.

  Un proces que l'on poursuit contre moy au Prieé Conseil servira de pretexte à mon voiage, mais l'honeur de vous voir en sera le motiff veritable. Je n'oserois vous demander de vos lestres, vous estes si occupé à respondre aux depeches de tant d'amis et de corespondants que vous avés par tous les endroits du Royaume, que vous n'avés plus auceun loesir de reserve, j'ayme mieux estre privé du contentement de vos nouvelles que de vous estre à charge & importun, Il est vraye que lors que vous pourès avoir vu loesir, sans paine & sans le derober, je ne reffuseré pas la satisfaction de vos reponces.

J'attans aveq impatiance vostre grans travail & s'il n'estoit pas achevé d'imprimer & que vous puissiés juger qur j'aye quelque chose qui vous y puisse servir, je vous prie de le m'escrire & je vous doneré la satisfaction qui me sera possible & tiendré à faveur & honeur de vous pouvoir themoigner que je suis,

Monsieur,
Vostre tres humble & obeissant serviteur,
GVY AVTRET MISSIRIEN

A Lesergué, pres Kerpercorentin, ce 14 may 1635.

Si vous m'honorés d'une reponce, l'adresse, s'il vous plait, à Mr de la Touche Cheureul, procureur au Parlement de Renes, pour faire tenir à Mr de Missirien, à Kempercorentin. Je voudrois bien sçauoir par quelle adresse l'on vous pourra escrire, je mes la presente au paquet de Mr le marquis de Molac [b].

Notes (Rosmorduc) :

  1. Pierre de Lannion, baron du Vieuxchatel, chevalier de l'Ordre du Roi, commandant le ban et l'arrière-ban de l'évêché de Tréguier, gouverneur de Vannes et d'Auray. [Ref.↑] 
  2. Sébastien, marquis de Rosmadec, comte des Chapelles et de Crozon, baron de Molac, de Tyvarlen, de Pontecroix, etc., chevalier de l'Ordre du Roi, gouverneur de Quimper en 1634 et de Dinan en 1643. Ce seigneur, connu sous le nom de marquis de Molac, fut un protecteur des lettres et s'occupa beaucoup de recherches généalogiques. C'est à lui que Marc de Vulson, s. de la Colombière, dédia, en 1644, son ouvrage sur la Science héroique, sachant, lui dit-il dans sa préface, que " vous estes un des plus sages et des plus doctes Seigneurs de France, et que parmy le nombre de toutes les Sciences relevés que vous possedez universellement, vous cherissez, avec plus de soin et d'affection celle qui apprend la connoissance des Armes, qui déchiffre leurs blazons, et traite de leur origine ". [Ref.↑] 


2.2 Lettre du 30 juillet 1636

Source : BNF. Cote Fr. 31798. Folio 331. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc II. Résumé : Difficulté à recevoir les gazettes.

MONSIEVR,

Jé receu celle que vous avés pris la paine de m'escrire, vous aurés à presant ma derniere, la quelle je vous envoyé incontinent apres mon retour chés moy, affin de donner comencement à nostre comerce. Je n'ay receu auceune gazette & ne crois pas en recevoir, si vous mesme ne les prenés du burreau d'adresse [a], pour les me faire tenir. Jé opinion que les promesses de Renaudot & de ses comis ne sont que blecheries [b] & affronteries [c] pour attraper de l'argent, je ne pleins point ce que le levraye baillé, mais bien d'estre relegué au bout du monde, sans povuoir sçavoir les nouvelles comunes & voir la Gazette mentir de bonne grace. Si j'avois, tous les voiages, une lestre de vous aussi longue que vostre derniere, je me passerois bien du comerce du bureau d'adresse. La mauaise nouvelle du proges de l'armée espaignole dans la Picardie [d] m'a telement penetré, que Ie perds tout courage, & si bien tost vous ne m'escrivés que les armes jusques à presant victorieuses du Roy auront taillés nos enemis en pieces, Ie ne crois pas me pouvoir rappeller de mon estonement, ni avoir les fonctions de l'esprit libres. A touttes les heures du jour ma pensée est aux mains aveq les enemis, je leur enleve des quartiers, je deffais leurs convois de vivres, j'enclove leurs canons & jé de la paine à m'empecher de donner bataille, et certes si Dieu m'eut donné autant de vigeur au corps come en l'esprit et en la volonté, je ne voudrois jamais mourir que l'espée à la main & au mesme lit ou vous m'escrivés que Mrs de Rambures & baron du Bec, en finissant leur vie, ont eternisé leur memoere [e]. Nos bretons s'enrolent pour la plus grande part en deux compaignies de gendarmes qui se font en cette prouince, soubs le comendement de Mrs les ducs de la Trimouille [f] & de Brissac [g], & ainsi il ne nous restera plus qu'autant de noblesse qu'il nous faut pour deffandre nos costes des attaques & Incursions des ennemis. Ceste derniere nouvelle nous a causé une consternation publique, voyant Hanibal à nos portes, neanmoins, come bons citoiens, nous ne desesperons point de la chose publique & nous croions que le Dieu des victoeres nous a voulu faire ressentir ceste petite perte, affin de nous humilier & de nous montrer que les prosperités sont en sa main & que, quand il lui plait, il renverse nostre prudence & dispose des evenements contre nos Intentions. Et d'effait, il estoit expediant que notre grand Roy & son exellant ministre fussent touchés de quelque adversité, affin de faire dauantage esclater leur courage, leur adresse, leur vigilance & leur vertu. Seneque estime malheureux ceux qui n'ont Iamais eus que du bonheur, par ce qu'il estime que l'aduersité soit la pierre de touche, pour faire l'espreuve de la plus hautte vertu ; ne voions nous pas que nos antiens donnent plus d'eloges à Mucius dans les charbons, à Fabricius dans sa pauvretté, à Ruttilius dans son exil, à Regulus dans ses suplices, à Socrate en avalant du poeson & à Catton en sa resolution de mourir, qu'à ceux qui, enniurés de prosperités, n'ont Iamais experimenté la mauaise fortune.

 

Pour moy, je veux croere pour ma satisfaction, que nostre prosperité ne fait que dormir & qu'elle se reveillera au bruit du canon de nos ennemis. La paix, que vous themoignés souhetter par la vostre, est à mon advis hors de saison, les bons joueurs ne se retirent jaais sur leur perte & Il y auroit à present à creindre que l'on ne fit ue paix semblable à cette de Chateaucambresis [h] & come lors, en echange de la Capele & de quelques vilettes de peu d'importance, ils nous firent rendre Hesdin, Marienbourg, Thionuile, Damuiliers, le comté de Charolois, les duchés de Sauoye & de Piedmont & tout ce que nous tenions en Italie & en Alemaigne. Ie m'imagine que le Roy en cette conioncture vsera de la mesme promptitude & diligence dont son père sceut si bien se prevaloir à reprendre Amiens sur les mesmes enemis, & lors que nous aurons eue revanche & que nous serons but à but, nous parlerons de mettre l'espée au foureau ; vous me dirés que je parle come un Breton & non come un Picart, mais je vous assure que si je voiais le feu, le fer & le sang ou à presant je vois des fruits, des blés & des foigns, je hay assés les Espaignols pour ne changer point d'oppinion. Ie ne vous puis rien escrire de certain de nostre armée navale, un bruit avoit couru qu'elle avoit fait mettre pied à terre en Espaigne & pris d'emblée de bonnes places, aueq grand effait, d'autres ont assuré depuis qu'elle fait routte vers Donquerque & qu'elle se doit Ioindre aveq une flotte holandoese, si j'en aye novuelle assurée vous la receverés par ma premiere.

Jé veu monsieur le marquis de Mollac, qui ne fait pas dessein de vous aller voir plus tos qu'au caresme, s'il n'i est pressé par ses parties ; madame sa femme est prette d'acoucher & n'est pas en état de faire un si long voiage [i].

J'auré soign de vous esclercir de la genealogie des Gentils, ceux qui ont les actes de la maison de Baruedel ne refuseront pas de me les comuniquer.

Je vous demande la continuation de vostre amittié & de vos faveurs, vous ne les departirés jamais à personne qui les aye plus cheres, ni qui soit plus que moy,

Monsieur,
Vostre tres humble & tres obeissant servitteur & confrere
MISSIRIEN

A Lesergué, ce 30 Iuillet 1636.

Je vous prie aux rencontres d'assurer messieurs de Ste Marthe [j], du Chesne [k] & de la Peyre [l] de mes services ; jé compassion de Mr de la Peyre, je le tiens inconsolable de la mort de Mr de Toyras [m] & baron de Canisi [n]. Je vous remercie de vostre epitaphe de Mr de Toyras, elle est parfetement bien faite.

Notes (Rosmorduc) :

  1. On appelle Bureau d'adresse, dit le Dictionnaire de Trévoux, " un lieu où l'on s'adresse pour diverses choses qui regardent la société et le commerce. Il est principalement en usage en parlant du lieu où l'on reçoit les nouvelles pour la Gazette, et où on la débite. C'est à Théophraste Renaudot, fameux médecin, qu'on doit celui qui est à Paris. " Ajoutons que c'est en grande partie aux nombreuses correspondances de Pierre d'Hozier que l'on est redevable de la Gazette de France. Charles-René d'Hozier, l'un de ses fils, s'exprime ainsi à ce sujet : " Comme feu mon père, le célèbre Pierre d'Hozier, avoit beaucoup de relations par lettres au-dedans et au-dehors du Royaume, et par ses grandes correspondances étoit informé de tout ce qui se faisoit, se disoit et s'écrivoit, Théophraste Renaudot étant son ami, mon pere lui communiquoit toutes ses nouvelles ; et ce fut par là que le plan des Gazettes fut formé et suivi avec le succès qu'il a eu par les secours que mon pere fournissoit pour ce grand ouvrage. " (Armorial Général de France, registre III.) [Ref.↑] 
  2. Blecheries : fourberies. [Ref.↑] 
  3. Affronterie : tromperie(s). [Ref.↑] 
  4. Allusion à la prise par les Espagnols, le 10 juillet 1636, de la Capelle en Thiérache, qui leur fut enlevée l'année suivante, le 20 septembre 1637, par le cardinal de la Valette. [Ref.↑] 
  5. La nouvelle de la mort de messieurs de Rambures et du Bec était inexacte ; le premier, en effet, prit part l'année suivante à la reprise de la Capelle sur les Espagnols et mourut, en octobre 1637, des suites des blessures qu'il y reçut le 9 septembre ; quant à René, baron du Bec, marquis de Vardes, gouverneur de la Capelle, il rendit cette place aux Espagnols le 10 juillet 1636 et se retira ensuite à Sedan, où il entra dans le parti du comte de Soissons. Condamné à mort par contumace, en même temps que le sieur de Saint-Léger, qui avait rendu à l'ennemi la place du Catelet, ils furent l'un et l'autre exécutés en effigie, le lundi 18 août 1636. Leurs têtes avaient mises à prix, et le Conseil de Guerre du Roi avait décidé, lit-on dans la Gazette, qu'ils seraient " tirez à quatre chevaux en la place de Grève, & demembréz en quatre pieces. Ce fait, les quatre membres pendus & attachez à quatre potences qui seront plantées sur le chemin de Picardie hors les portes de cette ville : leurs testes fichées au bout d'vne pique au dessus de la porte S. Denys : si pris & apréhendez peuvent estre en leurs personnes. " Plus tard, dit le Père Anselme (Hist. des Grands Officiers de la Couronne), le Roi permit au baron du Bec d'aller servir en Allemagne, sous les ordres du maréchal de Guébriant, son beau-frère, avec assurance d'une déclaration pour sa justification, tant pour la reddition de la Capelle, que pour avoir pris le parti du comte de Soissons ; mais il ne l'eut que du roi Louis XIV, par lettres patentes du 14 juillet 1643, enregistrées au Parlement de Paris, les Chambres assemblées, le 7 août suivant. [Ref.↑] 
  6. Henri de la Trémoille, duc de Thouars, pair de France, prince de Tarente et de Talmond, comte de Laval, chevalier des Ordres du Roi et mestre de camp de la cavalerie légère française. [Ref.↑] 
  7. François de Cossé, duc de Brissac, pair et grand pannetier de France, lieutenant général au gouvernement de Bretagne et gouverneur du Port-Louis, de Hennebont et de Quimperlé chevalier des Ordres du Roi. [Ref.↑] 
  8. Traité de Cateau-Cambrésis conclu le 3 avril 1559 entre Henri II et Philippe II d'Espagne. {{note|2h}
  9. Madame de Molac eut, en effet, à Quimper, au mois de novembre suivant, un fils Louis-Corentin. Elle avait déjà deux fils, Sébastien et Barthélemy-René de Rosmadec. [Ref.↑] 
  10. Gaucher, dit Scévole II, et Louis de Sainte-Marthe, érudits, frères jumeaux, fils de Scévole Ier, nés à Loudun, le 20 décembre 1571, morts à Paris, Scévole, le 7 septembre 1650, Louis, le 29 avril 1656. Ils furent tous deux avocats et s'occupèrent tous deux d'histoire, et reçurent tous deux, en 1620, les titres de conseillers et d'historographes de Louis XIII. Ils ont composé : Histoire généalogique de la Maison de France, 1619, in-4° ; 1628, 1647, 2 vol. in-fol. ; Histoire généalogique de la maison de Beauvrau, 1626, in-fol? ; Gallia Christiana, 1656, 4 vol. in-fol., et donné une édition des Epitres de Rabelais, 1651, in-8°. (Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France) [Ref.↑] 
  11. André du Chesne, célèbre généalogiste, géographe et historiographe du Roi, né en 1584 à l'Isle-Bouchard, en Touraine, débuta comme simple correcteur d'imprimerie et devint un des plus grands érudits du XVIIe siècle. Outre divers ouvrages d'histoire et de géographie, il a laissé une quantité de généalogies, notamment celles des maisons de Luxembourg, Châtillon, Montmorency, Vergy, Albon, Béthune, Ardres, Gand, Coucy, etc. Il mourut accidentellement, le 30 mai 1640, en revenant en charette, de sa maison de Verrières, et fut inhumé le surlendemain, en l'église de Saint-André des Arcs. [Ref.↑] 
  12. Jacques d'Auzolles, s. de la Peyre, secrétaire du duc de Montpensier et son homme de confiance, était un gentilhomme Auvergnat, fils de Pierre d'Auzolles et de Marie de Fabry. Il aima les sciences, s'y appliqua avec un certain succès et sa réputation, comme chronologiste, fut même assez grande pour qu'on frappât, en son honneur, une médaille avec son portrait et qu'on lui décernât le titre de prince des chronologistes. On voit cependant par ses écrits, que les savants de son temps l'attaquèrent avec violence et qu'il eut de vives polémiques avec eux, notamment avec les jésuites Petau et Salian. M. de la Peyre, frappé d'une attaque d'apoplexie, mourut à Paris, le 19 mai 1642. La liste des nombreux ouvrages qu'il a laissés se trouve dans le Dictionnaire historique de Moréri. [Ref.↑] 
  13. Jean de Saint-Bonnet, s. de Thoiras, maréchal de France, tué le 14 juin 1636 devant le château de Fontanette, en Milanais. Il pointa lui-même un canon contre ce fort et alla ensuite jusqu'au pied de la muraille, pour voir l'effet du boulet ; en revenant, il eut le corps traversé d'un coup de mousquetade qui le fit tomber mort. Son corps fut porté à Turin et enterré dans l'église des Capucins de Notre-Dame du Mont. (J.F. d'Hozier, l'Impôt du sang, tome III, 2e partie, page 333). [Ref.↑] 
  14. Jacques de Carbonnel, baron du Hommet, tué au siège de Valence, en Italie, le 6 juin 1636, frère de René de Carbonnel, marquis de Canisy, maréchal des camps et armées du Roi. (D'Hozier, Armorial Général. Supplément). [Ref.↑] 


2.3 Lettre du 4 août 1636

Source : BNF. Cote Fr. 31798. Folio 332. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc III. Résumé : Progrès des armées espagnoles.

MONSIEVR,

Jé fait reponce à vostre derniere, et n'ayant rien receu de vous ce voiage, je me suis a rendu chès Mr mon marquis [a] pour aprandre de vos novuelles, jé esté tout consolé de sçavoir que le progres des Espaignols n'est pas tel que l'on l'avoit aprehendé. Nous somes aux escouttes pour aprandre quand les armes jusques à presant victorieuses du Roy auront deffait & taillés en pieces ses temereres, qui ont osés nous venir attaquer sur nostre fumier, s'il s'engagent en France & qu'ils s'eloignent tant soit peu de la frontiere, j'espere qu'il doneront dans nos filets & qu'il n'en rechapera pas un seul, pour reporter la nouvelle de leur deffaite. Nous avons nouvelle, confirmée par divers advis, que nostre armée navale a pris, à la coste de Galice & de la Cattaloigne, six gros gallions espaignols, pleins de canons, poudres, vivres & touttes munitions pour Flandres ; l'on assure que l'admiral de ses gallions portoit quatrevints pieces de canons, en suitte les nostres poussanttz leur victoere ont mis pied à terre, brulé & ravagé plus de dix lieux de pais, aveq promptitude & celerité, & s'estans retirés aveq un grand buttin & reanbarqués, ils ont passé le detroit, emmeants les gallions espaignols, & s'il n'ont trouvé quelque detourbier [b] en ce destroit & au cerneiement de toutte l'Espaigne, Ils doievent estre à presant à Marseille ou avoir donné dans la Sicile ou le bruit comun porte estre le premier & principal dessein.

 

Si Mr le marquis [a] n'avoit compassion de moy, je ne sçaurais non plus de nouvelles que si j'estois en une bouteille. Je né encore veu auceune gasette qui m'aye estée envoiée, si jamais j'en suis creu & qu'il s'imprime auceune chose par l'ordre de mes amis, je veux publier vostre burreau d'adresse pour la plus grande affronterie [c] qui aye jamais estée inventée en France. L'advocat de Renes au quel on devoit faire mes adresses m'escrit n'avoir de tout rien receu & si je pensois qu'il y eut de sa faute, je prirois ses messieurs les comis de faire l'adresse à Mr de la Touche Cheureul, procureur au Parlement, à Renes, pour faire tenir à Mr de Missirien, à Kempercorentin.

Le peu de loesir de jé à presant ne me permet pas de la vous faire plus longue & m'oblige de courir au compliment ordinere mais tres veritable, que je suis,

Monsieur,
Vostre tres humble & tres obeissant seruitteur,
MISSIRIEN

J'oubliois de vous dire que l'on fait exactement la garde à nos costes, de creinte que nos enemis ne voulussent prendre revanche sur nous ; toute la noblesse de nostre eveché est resolue de se renger aupres de Mr le marquis de Mollac, à la moindre alarme, et opposent formelement son retour à Paris, & de lui Il se promet, si l'occasion se presente, de faire voir qu'il est filz de pere ; Il est bien Interessé à nous deffandre, puisque son marquisat tient 30 lieux de nos costes ; si l'enemi nous vient attaquer, vous verrés que Kemper, qui ne se peut dire forte dans le courage de son gouuernement, sera plus de resistance que la Chapelle [d] & que nous sçavons bien garder nos poules des renards de Castille.

Au chateau de Botigneau [e], ce 4 aoust 1636.

Notes (Rosmorduc) :

  1. Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac. [Ref.↑] 
  2. Détourbier : obstacle. [Ref.↑] 
  3. Affronterie : tromperie. [Ref.↑] 
  4. La Capelle en Thiérache. [Ref.↑] 
  5. Le château de Botigneau, situé en la paroisse de Clohars-Fouesnant, appartenait au marquis de Molac, du chef de sa femme, Renée de Kercoent de Kergournadec'h. [Ref.↑] 


2.4 Lettre du 28 septembre 1636

Source : BNF. Cote Fr. 31798. Folio 333. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc IV. Résumé : Assignation à se rendre à l'armée.

MONSIEVR,

Jé toutjours receu les vostres & les gazettes depuis qu'il vous a pleu prendre la paine de blasmer de comis du sieur Renaudot & de vous esmouvoir du peu de soign qu'il avoit de me satisfaire. Je remercie messieurs de Ste Marthe de leur souvenir, leur soliciation & vostre approbation me sont des comendements tout puissants pour m'obliger de mettre la derniere main à mon petit ouvrage & veritablement, si la convocation de nostre arriere ban ne me fesoit monter à cheual, j'aurois bien souhetté emploier le peu de loesir qui met encore necessere à l'achevement de mon dessein ; ceste rencontre me surprent & si je j'usse preuve des Paris, j'usse mandié, par vostre faveur, quelque petite charge en la Cour, qui m'eut exempté de ceste corvée et doné les moiens de servir hors de la confusion qui est ordinere aux troupes de nouvelle levée ; je creins plus les maladies que les coups, et les infirmités de mon corps ne s'acomodent pas bien aveq la forme de mon esprit et la ferveur de ma volonté. Nous avons assignation au sixieme d'octobre pour nous assambler, mais l'on nous fait esper que l'on se contentera pour à presant de nostre montre, sans nous faire sortir de la prouince, que se ne soit au mois de feburier ou mars, d'autant qu'il seroit impossible de nous rendre en l'armée qu'à la saison que l'injure du temps oblige les plus desesperés de quitter la campaigne pour se retirer aux garnisons. Mr de Brissac & Mr d'Estampes de Valencé [a], comissere & intandant de la justice de ceste province, vont par les villes demander contribution d'argent & d'homes, ce qu'il obtienent, mais plus d'argent que de soldats. Un faux bruit semé parmi le peuple de Renes, que se comissere estoit venu pour establir des subsides, lui dona telle alarme & espouvante, qu'il se trouva en un instant armé, et Mrs de Brissac, d'Estampes & le Parlement assiegés,

 

le peril estoit eminant si Mr de Brissac n'ut sorti, en contenance de supliant & non de gouverneur, lequel alant par les rues apesa le tumulte que ce bruit estoit inventé & que le Roy demandoit rien au peuple, mais seulement une legere contribution aux aiesés, selon leur pouvoir & volonté, de quoy il leur dona declaration par escrit, qui fut à l'instant imprimée, publiée & affichée partout, ce qui apaesa la sedition et leur fit crier vive le Roy.

Mr de Molac est alé trouver Mr de Brissac depuis 15 jours & n'est pas encore de retour.

La compaignie de gendarmes que Mr le duc de la Trimouille a levé en ceste province doit estre à presant en l'armée & nos deux regiments levés pareillement icy sont en chemin pour s'i rendre. C'est l'estat de ceste province.

Ne me rechignés point pour la genealogie des Gentils, les actes sont entre les mains du sieur de Hirgars [b], aveq lequel je suis en proces & lequel me veut obliger de prandre Baruedel, en payement de 12 mille liuvres qu'il doit à ma fame, et jusques à que nous soions accordés, je ne pouré voir ses actes ni satisfaire à ma promesse. Assurés vous que je m'en aquiteré le plus tost qu'il me sera possible [c] & que je né rien tant à coeur que de vous themoigner que je suis,

Vostre tres humble & tres obeissant serviteur & confrere,
MISSIRIEN.
A Lesergué, ce 28 septembre 1636.

Je suis servitteur tres humble à messieurs de Ste Marthe, à Mrs du Chesne & de la Payre, je vous prie de les en assurer aux rencontres.

Notes (Rosmorduc) :

  1. Sans doute Jean d'Estampes de Valençay, conseiller au Parlement de Paris, maître des Requêtes, président au Grand Conseil, conseiller ordinaire du Roi en son Conseil d'Etat et Privé. (La Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse). [Ref.↑] 
  2. Allain de Hirgarz, s. dud. lieu, de Pontlez, de Barvédel, etc., fils de Maurice de Hirgarz et de Marie de Kerléann petit-fils de Jehan de Hirgarz et de Catherine de Kerlec'h, et arrière petit-fils de Jehan de Hirgarz, qui avait épousé, par contrat du 19 novembre 1536, Marguerite le Gentil, fille de Jehan le Gentil et de Loyse de Tyvarlen, s. et d. de Barvédel et de Pontlez. [Ref.↑] 
  3. M. de Missirien s'acquitta, en effet, de sa promesse et envoya à d'Hozier une généalogie des le Gentil, remontant à Hervé le Gentil, vivant en 1334. Ce mémoire est conservé à la Bibliothèque Nationale, dans le volume 31040 des manuscrits français. - La famille le Gentil, qui porte pour armes : D'azur au dragon volant d'or, est encore représentée de nos jours par la branche de Rosmorduc. [Ref.↑] 


2.5 Lettre du 24 août 1637

Source : BNF. Cote Fr. 31142. Dossier 6972. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc V. Résumé : Prééminences et études de généalogies familiales.

MONSIEVR MON CHER & HONORÉ CONFRÈRE

Lors que j'ay receu la vostre, je fesois rendre mes lestres à nostre ordinere, parmi les queles il y en avoit une pour vous. J'avois ponctuelement comté le temps de vostre absance de Paris, que vous aviés limité devoir estre de trois mois, & vous ayant toutjours approuvé veritable, j'avois creu qu'il estoit temps de vous sercher au sejour ordinere de vos muses, mais jé esté prevenu par vostre civilité ordinere & au lieu de vous demander des nouvelles de vostre voiage, je me trouve obligé de vous faire une reponce ; mais auparavant de la comancer il faut que je vous dise que vostre absance m'a estée bien dure & ennuieuse à suporter, n'ayant receu pandant tout ce temps que lesnouvelles du Pont Neuf & de la basse court du Louvre, encore ne pouvois je lire la Gazette sans quelque aprehension d'i trouver vostre nom parmi ceux que le hazart de la guerre a moessoné dans ses isles de Provance ou plus tost dans le champ de Mars, ou tant de braves ont cueilli milles lauriers. Je raisonois que si vostre voiage vous portoit en Provance parmi vos parants et vos amys, vostre courage & vostre honeur vous obligeroit de prandre parti aveq eux & d'accepter l'occasion si favorable de tires l'espée contre les ennemis de la France, & souvant dans ceste immagination, je vous ayes veu, tout couvert de poudre à canon, de poussiere, de fumée et du sang des Espaignols, tenir la teste de nos volontaires et executer aveq vérité toutes les prouesses que l'on a escrit aveq romant de Pierre de Provance, vostre parrein [a]. Je m'alois encore figurant que vous pouriés estre faict chevalier en temps de paix, vous pretandiés de recevoir l'accolade & l'épée du general de l'armée, en quelque jour de bataille. Parfois jé pansé que ce brave prince de Loraine [b], de quel vous estes cognu & aymé, n'avoit pas beaucoup de paine à vous persuader de vous embarquer en son admiral, pour vous faire meriter une courone relevée de poupes & de proues de navires, ou bien, en l'attaque des forts des isles, trouver occasion de vous honorer de la murale.

Tous les confrères genealogisqtes ont des remerciements à faire à cest excellent advocat de Bourg, qui a rompu votre premier dessein & vous a obligé de borner vostre voiage au Rhone & au Lyonnais, & si j'avois le pouvoir que vous avés de faire cognoestre son merite à toutte l'Europe, son nom seroit escrit en lestres rouges dans le catalogue des curieux, et l'écusson de ses armes auroit lieu honorable en vostre livre que vous préparés en l'honneur des amateurs des muses.

Je vays repondre à la vostre, non pas suivant l'ordre de vos demandes, mais de mon affection. Mr le Comte de Brulon [c] ne perderoit rien en l'affection qu'il me themoigne, si ma puissance egaloit mes volontés, je l'honore au dela de tout ce qui se peut exprimer &, en sa seule condideration, j'advance mon grand dessein, affin de trouver occasion & lieu convenable d'escrire advantageusement de lui,

 

il m'a honoré de deux lestres, j'attandois vostre retour pour faire reponce à sa dernière, pour qu'elle lui fut baillée par vos mains, je n'ose le prier de s'emploier pour m'obtenir le don des preeminances [1] des queles je vous avois escrit il y a longtemps, j'aprehande qu'il ne m'estime estre un home à charge de ses amys & qu'il me croye tout autre que je ne veux estre, je vous prie de sonder ce gué auparavant que je ne présente pour y passer, & de pressentir si la priere que je lui pourois faire seroit bien receue, j'aprehanderois de m'exposer au hazart d'un refus & certes je ne cognois si lache à demander, que je proteste qui si jamais l'intention d'estre moyne le surprand, je ne seré jamais de l'ordre des mendiants.

Quand aux genealogies que vous m'avés demandées, rafrachissés moy s'il vous plait la memoire de ce que vous souhaités ; je regrette ne vous pouvoir doner satisfaction bien entière sur celle de Mr de Loumaria du Parc, les actes du quel je n'ay encore veus, quoy qu'il m'aye promis les me comuniquer ; tout ce je vous en puis dire à presant est que les seigneurs de Loumaria portoeint, il y a 200 ans, le nom de Coetgoureden, et en armes : De geules à la croix engrelée d'argent, mais un puisné de la maison du Parc (quoy que Mr de Loumaria soutient qu'il estoit l'aisné) ayant espousé l'heritiere du nom de Coetcoureden, porter la terre du Parc, qu'il eut en partage, aveq son nom & ses armes, en celle de Loumaria, les seigneurs de la quelle du depuis portent sur le tout : D'or [d] à 3 gemelles de geules ; la maison des aisnés du Parc, soigneurs de la Motte du Parc, se fondit bien tost après en celle de Beaumanoir, en la branche d'Assigné, noste cher messire Sebastien de Rosmadec, le bien aymé de nos muses. Une premiere branche de la mesme maison du Parc a duré deux générations aux maisons de Grandbois & de la Rochejagu, auparavat que le nom de Pean y eut entré, mais enfin celle de Loumaria subsiste seule aujourdui ; je suis marry que je ne puis contenter vostre curiosité & prendre cestre branche en sa racine ou au moins en son tige, mais d'autant que je ne veux rien advancer sans preuve, ni obliger personne à se tromper & mesprandre sur ma foy, je me contanteré de vous escrire les predecessurs du dit sieur de Loumaria depuis cent à six vints ans seulement. Jacques du Parc, seigneur de Loumaria, vivoit l'an 1520 &, de Peronelle de Lezerfaut, dame du dit lieu, lessa François du Parc, seigneur de Loumaria.

Si j'avois plus de loesir & de papier, je ne vois dirois pas encore que je suis, Monsieur, Vostre tres humble, tres obeissant & fidele serviteur & confrere, MISSIRIEN.

A Lesergué, ce 24 août 1637.

Le sieur de la Touche Cheureul n'est plus procureur au Parlement de Renes, il vous plera faire vos adresses d'oresnavant à Mr Nivet, procureur de Renes, pour faire tenir à Mr de Missirien, à Kempertin.

Notes (Rosmorduc) :

  1. Pierre d'Hozier signait souvent ses lettres du nom de ce célèbre héros de roman. On trouve notamment dans le vol. X de la collection du Chesne, à la Bibliothèque Nationale, des lettres de lui, signées : Pierre de Provence, Dom Pedro, le Grand front, Messire Pierre, Messire Pierre au grand front. [Ref.↑] 
  2. Henri de Lorraine, comte de Harcourt, d'Armagnac et de Brionré, vicomte de Marsan, chevalier des Ordres du Roi, etc., commandait avec Henri d'Escoubleau de Sourdis (archevêque de Bordeaux), l'armée navale qui reprit aux Espagnols, en 1637, les îles de Saint-Honorat et de Sainte-Marguerite, sur les côtes de Provence. [Ref.↑] 
  3. M. de Missirien, dans une généalogie qu'il a dressée de la maison de Brulon (Bib. Nat. Fr 30950) consacre au comte de Brulon les lignes suivantes : « Haut & puissant Saldebreil, comte de Brulon, baron de la Muce, du quel les bonnes qualités & rares mérites ne se peuvent dignement exprimer. Il a esté employé en diverses ambassades vers les Electeurs de l'Empire par le roy Louis 13 & le cardinal duc de Richelieu, qui estimoint singulierement sa conduite et son esprit. Il moyenna la redition de Treffues & fit deposer cette ville entre les mains du Roy & forma en Alamaigne ceste puissante ligue qui a cuidé depuis ruiner la maison d'Autriche. Il a depuis exercé la charge de conducteur & introducteur des amabassadeurs & princes estrangers vers le Roy, la quelle est importante & requiert une persone de grande fidelité et extreme capacité. Il a aussi servi en la guerre, ayant comendé pour le service du Roy divers corps de cavalerie. » [Ref.↑] 
  4. Il faut lire : D'argent. [Ref.↑] 


2.6 Lettre du 8 février 1638

Source : BNF. Cote Fr. 31799. Folio 234. Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc VI. Résumé : Soutien à Guez de Balzac et Histoire de Bretagne.

MONSIEVR MON CHER CONFRERE,

Je viens de recevoir la vostre & celle de Mr le comte de Brulon, qui justifient la diligence & l'affection que vous apportés pour faire reussir, ce qui me touche. Je ne mets point en doute que le dit seigneur comte n'obtiene du Roy tout ce qu'il voudra demander, et jé aussi peu de subjet de creindre que vous manquiés de soign pour soliciter mes expeditions, je vous suplie de me themoigner en ceste affaire les effaits de vostre amittié, puis qu'elle m'est importante au dela de tout ce je vous puis exprimer [a].

Je ne puis revenir de l'estonement dans lequel vous m'avés jetté touchant Mr de Balzac [b], d'autant que j'avois creu iusques à presant que ses ouvrages estoeint dans l'aprobation universele et particulierement de l'Academie Royale en laquelle il est associé. Je ne veux non plus estre estimé heretique dans les sciances que dans ma creance et je deffere aux sentiments de nos maistres en l'aprobation des livres aussi absolument qu'à un decret de Sorbone ou au texte d'un concile en ce qui concerne la foy, mais puis que je né point de sufrage entre les juges, je veux prandre place au bang des advocats et deffandre de toutte la force de ma raison la cause de Mr de Balzac ; que si nos juges sont nos parties ou telement prevenus par nos adverseres que l'on nous condamne sur l'estiquete du fac, il faut que le pauvre Balzac cede à sa mauvaise fortune et s'arme de patiance, et pour moy, apres mes protestations de me pourvoir par les voyes de droit, je seré aussi paesible que Gautier ou le maistre, lors qu'un appelant, pour lequel ils ont pledé, est déclaré sans grief et condamné aux depans et en l'amande. Je n'entreprans point de faire une apologie pour un autheur qui n'est cognu de la plus part de la France que par lestres, mais je ne puis soufrir que l'on mal trette un gentil esprit, ni aprouver que les homes sçavants, norris au Parnace, ou il n'i a que douceur & harmonie, se mordent et se deschirent sur de mauvais pretextes, c'est mal fait de rompre la société et le comerce sur une chaleur de soy et de condamner un autheur sur une periode trop coupée ou une syllabe superflue, un corps ne lesse pas d'estre beau et bien proportioné encore que l'on y puisse remarquer une tache ou vne verrue, ni vn edefice d'estre parfait pour y avoir un deffaut en une arriere cuisine. C'est une rigeur plus cevere que cele de l'Inquisition de souhaiter un autheur qui ne peut iamais faillir, c'est vouloir qu'un home ne soit pas home, et cercher des chimeres & des choses impossibles. Il n'i a persone qui n'aye son peché original & qui ne travaille à surmonter les deffauts de la nature, malaisement trouverés vous un Aleman sobre, un Espaignol yvrogne, un Normant fidele, un Breton sans courage, un Manceau sans finesse, un Provancal sans esprit et un Gascon sans vanité. Pourquoy veut on que Mr de Balzac [b] aye toutes les bones parties d'un Gascon sans se ressentir de ses deffauts ? c'est sans mentir une critique trop exacte, puis qu'il est veritable que les petites vanités qu'il affecte ressamblent les petites mouches apliqués industrieusement pour relever l'esclat d'un beau visage ; j'advoue bien qu'il usurpe des mots nouveaux, qui ne sont pas encore dans le dictionere, mais on m'accordera aussi qu'il en use assés rarement et, au pis faire, la bonté d'une pansée doit faire excuser la liberté d'une parole. Certes les lestres de nostre Mr du Run [c] n'ont garde d'estre bien receues où celles de Mr de Balzac [b] auront estées rebutées, et puisque l'on comte de si pres aveq un accademiste, je suis au desespoir du mauvais tretement que pouront recevoir nos phrases de Kempercorentin.

Vostre gesnie a un ascendant absolu sur le mien et je n'ay jamais d'objections à proposer sur les matieres que vous avés resolues, vous estes mon Pitagore et je crois payer de bonne raison lors que je cite vostre authorité, vous estes capable de me persuader que le Roy n'est pas en la Cour et que le Danube passe au Pont-Neuff, neanmoins vostre retorique n'est pas encore assés puissante pour imprimer en mon immagination que mes escrits puissent esgaler en auceune proportion ceux de Mr de Balzac [b] ; ce seigneur academiste, du quel vous m'escrivés, m'a flaté pour vous contanter et a eu la discretion et l'adresse de ne blasmer par vostre amy en vostre presance. Je ne suis point esloquant, ni ne me picque point de l'estre, et j'auré attaint l'accomplissement de mon degoust à mon lecteur, j'attans mon aprobation de l'Accademie historique et ne me tiendré humilié que quand messieurs du Chesne et de Ste Marthe me condamneront par vostre advis,

 

mais si l'on me chicane sur quelques termes de Landerneau que jé encore retenus de ma nourice, je ne suis pas resolu d'en former une querelle, ni de jetter mon gage de bataille, ce n'est pas une injure de porter les marques d'enfant legitime et je né garde de desadvouer un pais où ma naissance ne fait fond d'une pansion mieux assurée que celles des historiographes de la Cour et que je reçois sans brevet ni sollicitation. Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin [d], come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois, mais j'espère qu'à son retour à Paris il poura publier que le navire qui le portoit en exil a fait naufrage dans le Perou ou aux isles fortunées.

Jé veu le volume que vous avés envoyé à nostre marquis [e], qui l'a receu aveq des ravissements indicibles, je vous assure que cest ouvrage est fort acompli et que vous avés fait une belle teste à une vieille anthique, je n'ay jamais rien leu de plus eloquant et mieux ordoné que vostre espitre dedicatoere et l'explication des saese quartiers de Mr de Molac ; vous faites sa genealogie entière sans themoigner en avoir le dessein, et en peu de discours vous faites remarquer les circonstances qui rendent sa maison la plus illustre et mieux marquée de nostre province. Tous ceux qui ont des yeux et de la raison vous doevent des louanges et tous les Bretons en general une recognoessance eternele come au restaurateur de leurs anthiquités. Si l'on ne trouve rien à dire en vostre livre, ce ne peut estre que dans la page où vous me donés des louanges que je né pas méritées. Enfin je vous done absolument toute mon aprobation et neanmoins je ne lesse pas d'estre touché de la passion d'Alexandre, lors qu'il aprenoit les victoeres de son père, j'admire et aprouve vostre travail, mais avec ce deplaesir que vous ne nous lessés plus rien à dire ni à faire. L'Armorial que j'avois préparé n'est dessormais qu'une copie de celui que vous avés fait imprimer, et le peu que j'y pouré adjouter ne sera pas capable d'empecher que l'on ne crie au larron, et je creins que quelque changement que je lui done, il ne sera pas plus déguisé que celui qui prenoit son colet à l'anvers affin de n'estre pas cognu. Neanmoins puisque mon dessein est formé, je le continuré, j'adjouteré peut-estre 6 ou 600 armoeries, que vous n'avés pas voulu employer au vostre, et pour rendre mon ouvrage plus historique je feré imprimer 15 ou 20 lignes au-dessous de chaque escusson, affin de spécifier l'eveché, la paroesse et la juridiction où la maison se trouvera située, je diré combien de fois elle aura changé de main, de nom et d'armes & si celui qui la possède la tient par ecquet ou succession. Mais pour rendre ma pièce belle il faut grand nombre de tailles douces et la paine de quelque persone capable d'instruire le graveur, je ne puis refuser l'offre que vous me faites de vostre assistance, laquelle je n'usse osé vous demander, sachant vos occupations continueles, mais que j'accepte de tout mon coeur, puis qu'elle procède de vostre mouvement et affections ; je vous faits le mesme compliment pour mon histoere du Chastel, vous supliant de m'aider de ce que vous en avés et de prier de ma part messieurs du Chesne et de Ste Marthe de me faire la mesme faveur ; vous m'esclercirés aussi, s'il vous plait, s'il y a quelques maisons en France du mesme nom. Jé remarqué en l'histoere de la guerre sainte, soubs l'an 1246, que Jaques du Chastel, evesque de Soesons, passa en la Palestine et y fit des merveilles.

Je vous envois la genealogie de Lesonet Le Prestre, affin de m'aquiter de mes debtes ; quand je suis à Lesergué, je ne me defans jamais par delays, respirs [f] ou exones [g]. Vous receverés encore par ordinere ma rente quadragesimale, la quelle je vous constitue de bon coeur durant ma vie, j'escris à Renes pour que l'on face ceste depeche & si mon ordre est bien exécuté, les pots ne seront pas vuides, vous n'avés chatouillé le coeur par vos esloges et je veux greffer le vostre par mon beure, en attendant que ma muse trouve l'occasion de prandre sa revanche et de publier par toute la France que je suis,

Monsieur, Vostre très humble & très obligé confrère & serviteur. MISSIRIEN.

À Lesergué, ce 8e fevrier 1638.

Je vous prie que messieurs de Ste Marthe, du Chesne et la Paire trouvent en ce lieu les assurances de mon service.

Notes (Rosmorduc) :

  1. M. de Missirien faisait alors des démarches pour obtenir du Roi le don des prééminences de sa paroisse ainsi que l'érection de ses terres en vicomté. C'est ce que nous apprennent les deux lettres suivantes qu'il écrivait au comte de Brulon les 1er et 17 juin 1638. [Ref.↑] 
  2. Jean-Louis Guez, seigneur de Balzac, célèbre écrivain du XVIIe siècle, qui se plaça par ses ouvrages au premier rang des prosateurs de son temps. L'engouement fut vif et prompt, mais la critique le fut aussi. Le père Goulu, général des Feuillants, l'attaqua avec une animosité violente, dans ses Lettres de Phyllargue à Ariste. Ces désagréments décidèrent, dit-on, Balzac à se retirer dans sa terre, où il passa le reste de sa vie, solitaire, mais entretenant un commerce de lettres soignées avec la plupart des beaux esprits de son temps, même avec des souverains, parmi lesquels Christine de Suède. (Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France. [Ref.↑] 
  3. Julien Furic, s. du Run, avocat au Parlement de Bretagne, auteur des ouvrages suivants : I. L'Usement du domaine congéable de l'évêché et comté de Cornouaille, commenté par Julien Furic, avec l'usement local de la principauté de Léon et juridiction de Daoulas. Paris, 1644, in-4°. - II. Réflexions sur le gourvernement du cardinal de Richelieu, avec un narré raccourci de toutes les actions qu'il a faites pendant son administration. Paris, 1468, in-4°. III. Entretiens civils du sieur Furic, advocat, dédiés à Mme de Carman. Paris, Journal, 1659, in-18. (P. Levot, Biographie bretonne). - Julien Furic mourut à Quimper, en sa demeure de la rue Obscure, le 23 novembre 1665 et fut inhumé le lendemain dans la cathédrale de Quimper. Il avait épousé Marie Le Beguec, dont il laissa : 1° Corentin Furic, s. de Keramanoir, décédé recteur de Loctudy et inhumé, le 22 janvier 1679, en son église, "dans vne tombe a voutte donnant vers le midy et despendante du manoir de la Forest". - 2° Ignace Furic, s. de Keramanoir et de la Forest, avocat en la Cour, qui épousa, en premières noces, le 20 août 1665, Françoise Bobet, et en secondes noces, le 8 avril 1677, Marie du Stanguier, dame douarière de Kermorvan - 3° Françoise Furic, mariée le 12 août 1655 à Guillaume de Kerguélen, écuyer, s. de Kerbiquet, conseiller du Roi au siège présidial de Quimper. [Ref.↑] 
  4. Nicolas Caussin, jésuite, né à Troyes en Champagne, l'an 1583, se fit religieux en 1596, ou plutôt selon le père Alegambe en 1606, âgé de 23 ans, & enseigna avec beaucoup de réputation à Rouen, à Paris, à la Flèche & ailleurs ; ensuite il parut avec tant d'éclat dans la chaire, que cela le fit choisir pour confesseur de Louis XIII. C'était un homme d'une grande probité et qu'aucune considération humaine ne pouvoit obliger de trahir ses sentiments, lorsqu'il les croyait raisonnables. Persuadé par les conseils du confesseur de la Duchesse de Savoye, il travailla à faire rappeller la reine mère Marie de Medicis, & à détruire le cardinal de Richelieu ; mais ce ministre plus habile que lui, le fit reléguer, & il ne revint à Paris qu'après la mort du cardinal. Il y mourut le 2 juillet 1651 (Moréri, Dictionnaire historique). Cet ouvrage renferme en outre l'énumération des oeuvres du père Caussin. [Ref.↑] 
  5. Il s'agit de l'Histoire de Bretagne avec les Chroniques des Maisons de Vitré et de Laval, par Pierre le Baud, ouvrage édité à Paris, en 1638, par Pierre d'Hozier, et dédié au marquis de Molac. [Ref.↑] 
  6. Délais. [Ref.↑] 
  7. Excuses. [Ref.↑] 


2.6.1 Lettre du 1er juin 1638

Source : BNF. Cote Fr. 30902. Destinataire : comte de Brulon.
Référence : Annexe 1 à lettre Rosmorduc VI. Résumé : Prééminences et érection en vicomté.

MONSIEVR,

Je receu vos deux derniers en mesme jour par l'adresse de Mr d'Hozier & une minute des lestres de don que vous esperés obtenir en ma faveur. Celui qui les a dressées est si sçavant aux affaires de ceste nature que j'estime que son premier projet vaut incomparablement mieux que tout ce que je y pourois adjouter. L'advis qu'il vous a pleu me doner touchant la difficulté de la verification des lestres d'erection est fort iudicieux. Les cours souverenes ne sont pas toutjours disposées à faire faveur & souvant en ses rencontres le bon heur & l'industrie operent plus que le merite. Vous sçavés que la pansée de cette erection de ma terre en vicomtée n'est que come accessoere à une premiere qui estoit d'obtenir le seul don des preeminances [2], aussi n'u aye auceune atache ni dessein arreté, et depuis jé fait reflection sur vos raisons jé bien jugé qu'il ne failloit pas faire les morceaux plus grands que la bouche ni se charger d'un fardeau qui surpasse les forces ; ceux qui veulent courir trop fort sont subjetz à tomber & à reculer bien souvant, quand ils pansent à s'advancer. Enfin j'aprehande que par ceste erection ie ne me prepare une bariere contre mon dessein de preeminances [3] aux queles consiste mon principal advantage, de forme que (sauf vostre milleur advis) il seroit à propos d'obtenir simplement le don d'icelles sans auceun meslange de l'erection ; et toutefois puis que demander une grace du Roy & l'obtenir vous est vne mesme chose, et que l'occasion est favorable de demander l'un & l'autre ensemble, ce me seroit un grand advantage d'obtenir les deux, pourveu que par ce moien la verification s'en peut faire par lestres separées & s'il estoit possible de divers dates, d'autant que par ce moien la verification du don se pouroit demander sans obligation de parler de celle de l'erection, la quele se pouroit defferer à un autre temps, affin de prandre aveq adresse l'occasion de les faire passer en nostre Parlement. S'il n'i avoit autre raison contre ceste ouverture que celle des fraitz des deux expeditions, elle ne seroit pas considerable, je satisferé ponctuellement l'advocat du Conseil auquel vous cometerés les soign des dictes expeditions & des à presant, si ie sçavois son nom & la some qui seroit necessere, ie la lui enverrois par nostre ordinere. Ie vous prie de me continuer vos soigns & vos faveurs, et de crere que ie suis en une confusion extreme de la paine que ie vous donne ; je prans tout & ne done rien & mon impuissance resiste toutjours aux inclinations que j'ay de vous servir,

 

je ressamble aux Gascons & aux gens de bone maison qui mandient, l'espée au costé, ils font des rodomontades & promettent de la faveurà ceux mesme qui leur font la charité, ils ont les habis dechirés et le coeur entier, & soubs la contenance d'un pauvre soldat ils ont le courage d'un valeureux capitaine ; ses braves prometent d'exercer la liberalité de Caesar lors que la necessité les oblige à exercer la vertu de Bellifere, & se vantent d'estre riches lors qu'ils sont accablés du fais de leurs miseres ; je tiens quelque chose de leur humeur, lors que je reçois de vostre liberalité des faveurs extraordinaires, je vous prometz de recognoestre les obligations que vous acquerés sur moy, aveq autant d'assurance que si j'en avois le pouvoir, et neanmois apres avoir fait inventere de tout ce qui m'appartient, je ne trouve pas seulement de quoy satisfaire à vos interets. Il n'i a que les muses toutjours secourables qui puissent relever mes esperances et estançoner mes ruines, elles se vantent de posseder plus de biens qu'il ne s'en peut trouver dans le nouveau monde, ni dans les flotes qui arrivent à Sivile, ses filles du Ciel, les queles par une grace qui leur est toute particuliere sont belles & vieilles tout ensemble, font les doux yeux à mon trauail & agreent mes sacrifices, elles ne dedeignent pas mes caresses & me donent d'vne main liberale tout ce qu'elles gardent de plus precieux dans leurs trésors inestimables. A la vérité leurs richesses ressamblent fort à des chansons et à des vers & à de la prose & malaisement les Genois les voudroient prandre pour ce que leur doet le roy d'Espaigne, ni l'armée du Vuimar pour une montre bien payée, toutefois cette monoye n'est pas toutjours de singe quand elle est marquée au coign du Parnasse, elle a cours partout ou il y a des homes qui sçavent lire ses caracteres, et iamais elle n'est descriée dans le pais des honestes gens. J'auré grande obligation à ma Clio si elle peut deminuer celle que vous avés acquise sur moy & me fournir avec abondance les termes necesseres pour publier de bonne grace la verité & vos louanges qui sont inséparables, elle peut me rendre riche à sa mode & à la miene, c'est à dire en conceptions & paroles, je vous assure que je ne veux pas ses liberalités que pour avoir les moiens de me degager en quelque façon des vostres et vous themoigner que je suis plus personne du monde

Vostre ...


2.6.2 Lettre du 17 juin 1638 (BR)

Source : BNF. Cote Fr. 30902. Destinataire : comte de Brulon.
Référence : Annexe 2 à lettre Rosmorduc VI. Résumé : Prééminences et érection en vicomté.

MONSIEVR,

Il y a 15 jours que ie vous renvoié les memoeres que vous avés souhetés, mais par autre voye que celle de Mr d'Hozier, le quel je ne croiois plus à Paris. Je feré en esperance continuele jusques à avoir receu l'accomplissement de vos promesses & l'effait de vostre faveur. Je continue toutjours en ce mouvement de desirer le don des preeminances [4] en une expedition separée, aymant beaucoup mieux ne panser en auceune erection que de m'engager en un labirinthe, qui me seroit dechoir de l'avantage que je puis esperer des droits honorifiques de mon eglise ; mais si l'on peut expedier separement, come je le vous aye escrit par ma derniere, se me seroit une faveur extraordinere d'obtenir les deux, au hasart mesme d'estre obligé de superceder la verification de l'erection.

 

Ma confusion augmente ensemble aveq vos obligations & je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin. Vous resamblés au soleil du quel la chaleur penetre les lieux les plus reculés & qui, demeurant toutjours dans le ciel, produit neanmoins l'or & les mineraux dans les desers & dans les montaignes les plus steriles de la terre. Ie vous suplie de ne juger pas de mes ressentiments par les effaitz, ni de ma volonté par mon pouvoir, et de croere que si je demeure toute ma vie inutile pour vostre seruice, se sera aveq un deplaisir bien cuisant & un courage bien mortifié, mais jé toutjours ceste confiance en Dieu ne permetera pas que je meure sans me doner quelque occasion de vous faire voir que vous avés augmanté la fortune de la persone du monde la moins ingrate & qui a plus de passion de vous themoigner qu'il est

Vostre ...


2.24 Lettre du 22 avril 1648

Source : BNF. Cote Fr 31798, fol. 335 Destinataire : Pierre d'Hozier.
Référence : Lettre Rosmorduc XXIX. Résumé : Vaisseaux pirates espagnols sur côtes bretonnes

A Lésergué, ce 18 septembre 1645.


Monsieur et cher Confrère,

J'ay receu la vostre du 5e de ce mois & la genealogie de Maillé dont je vous remercie & regrette la paine que vous prenés à copier de vostre main tant d'escritures, les vers qu'il vous a pleu aussi m'envoier sont fort excellantz, quoy que l'imitation de ses vieilles rimes de Marot ne soint pas à mon goust comme les vers de St Amant ou de Theofile ; Mr nostre marquis aux pals [a] [5], que j'ay enfin veu, me retient ceste bone raillerie pour la faire copier. Je le suis alé visiter & apres quelques paroles de pleintes respectives il m'a faillu lui bailler encore terme pour un an de la forme de 3200 livres de principal, d'autant qu'il m'a baillé quelques rentes escontées pour 2300 livres qu'il deuoet pour interest & pour partie de principal, moyenant quoy nous passames hier toute la journée ensemble & somes racomodés & devenus consins aveq promesse qu'il m'a faite que dans un an il payera sans se lesser plus contumacer ; je ne panse pas qu'il face voiage à Paris de deux ou trois mois, il est occupé icy à doner l'ordre à ses affaires & puis voecy la saeson de la recolte & de la recepte. Il me montroet hier des missives d'amour et des vers qu'il avoet faits pour les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur ; au reste je vous prois doresenavant quand vous m'escrivés quelque chose du dit marquis, que ce soet aux termes qu'il n'i aye pas d'inconveniant pour lui montrer vos lestres. Il a fort souhetté voir ma derniere, mais par ce que vous saesiés reflection sur la promenade qu'il a fait à madame de la Trousse & sur ce qu'il eut deub se retrancher des depances inutiles, j'ay dit l'avoer oublié à Lesergué, mais s'il arrive qu'il y aye occasion d'escrire quelque chose qui doeve demeurer en nostre secret comun, il vous plaera escrire dans un brevet à part & j'en useray de mesme lors qu'il sera à Paris. Je n'ay encore eu le temps de travailler pour Mr de Refuge, ni de vous faire des memoeres pour Beaumanoer & Chateaubriand Beaufort, je u adjouteré Marec & Thierry que je panse avoir assés bien & ay rien de caché pour vous, si je pouvois vous livrer tout mon cabinet, j'en seroes fort satisfait, il ne pouroet jamais tomber en milleure main. Je ne panse pas que vous rencontriés si tost Mr le Comte de Carné, à Paris, si vous le voiés jamais vous m'obligerés bien de lui parler en la forme que vous me l'escrivés, l'on me dit tous les jours qu'il s'anime de plus en plus contre moy pour je ne scay quele vieux proces que j'ay poursuivi contre son père, qui devoet grosses somes à la maison de ma fame. Je n'ay pas les armes de nos Bertrands de Bretaigne, j'ay veu le sceau d'un Guillaume Bertrand, escuier, de l'an 1381, qui est empreint d'un lion soustenant de sa patte droette un oeseau. Vous me rejouissés par l'esperance que Monseigneur de Rieux doeve rentrer en son eveché, l'on me fit hier une piece bien faite & limée, qui est la remontrance faite à messieurs du Clergé par le dit seigneur de Rieux ;

 

Je doute que le cardinal Mazarin & les creatures du deffun Cardinal [b], qui composent le Conseil de la Royne, se departent si facilement de leur premier sentiment & qu'ils veillent advouer que le deffunt aye mal fait. Je vous prie de m'escrire le progres de ceste affaire, qui est nostre, puis qu'elle regarde particulierement nostre province ; si mes souhaits estoint exaucés dans le Ciel, messire René de Rieux porteroet la pourpre & le chapeau rouge & seroet au lieu où sa naesance & son merite le doevent porter.

Je vous diray qu'il y a trois ou quatre mois que le sieur du Kergoet, senechal au presidial de Kemper, mon beaufrere, m'ayant assuré qu'il avoet habitude particuliere aveq le sieur du Tertre Mengui, natif de ceste province & habitué à Paris par le suport de Mr de Loumenie, du quel il a esté cognu come serviteur de la maison de Liscoet. J'ay prié mon dit beaufrere d'escrire au dit Mengui, qui s'occupe à soliciter des affaires au Privé Conseil, de me faire passer au sceau certaines lestres pour rafrechir les previleges du Papegaut [c] du bourg & paroesse de Penmarc & Treoultré, lequel releve à presant de moy pour la plus part à cause de ma terre de Kergoz. Il me sembloet que n'i ayant rien à obtenir de nouveau, mais seulement à refrechir un ancien previlege concedé depuis 200 ans & que tous les Roys de suitte ont aprouvés, il n'i auroet pas grande depance, & neanmoins il escrit qu'il faut cent escus pour ce subjet, & d'autant que les habitans de ce bourg n'ont point de deniers comuns, ni d'octroy, ils ne savent où les prandre & il m'en faudra faire l'avance, ce qui me fait pester contre le dit Mengui, que l'on m'assure souhetter à faire fortune par prandre largement par tout où il peut ; si les antiens actes n'estoint pas engagés entre ses mains je les vous enverrois & vous prirois de la bailler à quelque comis de secretere du Conseil, pour les faire expedier, mais ne pouvant les retirer, je vous prie d'en scavoir au vray ce que doevent couster pareilles expeditions et de combien le dit Mengui me serre la malle, & si par hasard il estoet de vostre cogneoessance, le prier d'adoucir sa rigeur & de n'exiger pas plus qu'il ne faut sur des pauvres gens qui n'ont pas les moyens de payer.

Je vous prie aussi de m'escrire ce que pouront couster à un de mes amys des lestres de creation de foeres en un bourg de son domaine propre pour cela.

Je ne vous parle plus des lestres de chevalerie de mon nepveu Guy Autret, que vous m'aviés autrefois promises au lieu de celles de deffunt Alain, son frere aisné, vous en un userés come il vous plaera. Je m'en vais en un petit voiage de huit jours chés mes amys, ce qui poura m'enpecher de vous escire plus tost que quinsene. Je suis tout à vous, sans reserve ni dissimulation, & je cesseray de vivre quand je cesserau d'estre,

Mon cher confrere,

Vostre tres humble, tres obéissant & infaillible serviteur.

MISSIRIEN

Notes (Rosmorduc) :

  1. Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac. [Ref.↑] 
  2. Le cardinal de Richelieu. [Ref.↑] 
  3. Le papegault consistait en une société qui avait le droit de se réunir à certains jours et en un lieu fixe, pour s'exercer au tir à l'arc, de l'arbalète et de l'arquebuse. Le but offet aux tireurs consistait en un oiseau de bois, ressemblant sans doute à un perroquet et nommé, pour cette raison, papegai ou pagegault. Le Dictionnaire de Bretagne de Ogée, édition de 1843, tome II, page 493, donne des renseignements intéressants sur le papegault de Rennes. [Ref.↑] 

3 Transcriptions « Bernard »


3.1 Lettre de 1640-41

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant.
Référence : Lettre Bernard I. Résumé : Affaire de Kermadio et nouvelles de quelques personnalités.

Monsieur,

Mon très cher cousin, je receus la votre à Kemperlé & vous en fis réponce. J'ai baillé à Mr de la Varye [a] celle que vous m'aviés fait tenir & lui aye dit que pendant mon sejour en ce quanton, il ne devoit perdre auceun temps. Il m'a dit qu'il travaille & fait travailler à nos moyens de démunitions & qu'il espère bone issue de ceste affaire, laquelle il me comuniquera & dont je feray extrair et m'en instruira comme je le vous aye promis, mesme assisteré pour moy s'il est besoig à l'examen des moyens de démunitions ; le procureur me dit que Mr de Kermassonet [b] s'estoet fait comettre par intelligence aveq un greffier & qu'il lui avoet dit depuis qu'il estoet suspect à cause qu'il a procès contre les hériters du deffunt sieur de Kerminisic [c], mais il protesta à vostre procureur qu'il vous feroet justice & le pria de me dire à moy qu'il estoet mon serviteur & que si j'assistois sur l'examen qu'il me jugeroet rien que par mon advis & de consentement ; cela veut dire qu'il veut gaigner ceste vacation. Je liré voir bien tost & vous escriré mes sentiments, car si on se pouvoet assurer de lui il vaudroet autant passer par là. Il ne peut doner que des sentences & lorsqu'il y aura apel, vostre grieff sera plus manifeste quand on fera voir que le jugement est doné par un commissere qui se devoet récuser & vers lequel on auroet procés indevis. Vostre procureur lui fera encore la proposition pour la terre de Kermedio [d] ainsi que vous lui aviés escrit. Il est bon de se servir de touts artifices pour se concilier les dieux de la terre. Tout ce que Kergantel [e] vous avoet dit des décrets sont fourbes, Kermathéano [f] est bien embarassé. Bon droet a besoign d'aire.

  Pour nouvelles vous scaurés que l'on fait le procès au sieur de Saint-Prueil [g]. L'on nous a donné advis de la mort de Mr de Trécesson [h] de la maladie, quand je passé Capanéac, il estoet aux agonies. Je ne doute pas que tous ceux de [i] ne viennent à Trécesson sur ceste nouvelle & au cas qu'elle soet vraye. Mr de Rieux [j] jadis évesque de Léon est en ceste ville aveq un équipage magnifique de 4 gentilshomes 2 pages & six laquais. Il a tretté à diverses fois tous messieurs du parlement. Je suis tout à vous à rôtir et à bouillir et je nay point de paroles capables d'exprimer combien je suis, mon cher cousin ... (le reste est déchiré).

P.S. Je vous suplie que ma tante vostre mère & ma nipce vostre fame et mademoiselle du Plesix sachent que je suis leur serviteur très humble & si par rencontre vous voies nos amis les sieurs de Kerdour & de Pennini, beuves un coup à la santé de l'amy.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant [k], conseiller du Roy et son procureur au siège présidial à Kempertin. Port deu.

Notes (Bernard) :

  1. Procureur au Parlement de Bretagne, dont nous ignorons le nom de famille. La dissimulation du nom et son remplacement par le nom d'une terre, très souvent de minime importance, rend très laborieuse l'identification de certains individus. [Ref.↑] 
  2. Guy de Lopriac, sieur de Kermassonnet, fils unique de Jacques et de Jacquette Guyoit, baptisé à Saint-Germain de Rennes, le 6 mars 1595, y est décédé, le 16 avril 1675. Reçu conseiller au Parlement de Bretagne, le 17 février 1617, il résigna en faveur de son fils, en 1646 (d'après F. Saulnier, le Parlement de Bretagne, t. I, p. 596). [Ref.↑] 
  3. Jean Beaujouan, descendant de riches marchands d'Hennebont, avait épousé Anne Morice et mourut en 1640. Leurs enfants furent : Jean, sieur de Kerescant, Yvorée, dame du Plessix et Marguerite qui épousa Louis de Thiery, sieur de Vangeau. Kerminisic était une terre située dans la paroisse de Saint-Tugdual, évêché de Vannes. [Ref.↑] 
  4. La terre de Kermadio se trouvait en Pluneret, sur la rivière d'Auray. L'armée franco-bretonne y campa et s'y fortifia lors de la bataille d'Auray en 1364. [Ref.↑] 
  5. Vincent Beaujoua, époux de Jacquette Trouboul, maître à la Chambre des comptes de Bretagne, seigneur de Kermadio et de Kergantel. Le manoir de Kergantel était en Fouesnant. [Ref.↑] 
  6. Yves de Kerguelen, baptisé à Esquibien en 1568, épousa Marguerite Le Saux. Kermathéano, manoir en Plogastel. [Ref.↑] 
  7. François Jussac d'Embleville de Saint-Preuil, né en 1601, dit Tête de Fer, décapité en 1641 (cf. André, Sources de l'histoire de France, nos 702, 1876, 3706). [Ref.↑] 
  8. Pierre de Carné, seigneur de Trécesson, né à Campénéac, le 18 septembre 1583. Sa soeur Françoise épousa Pierre de Gégado, sieur de Kerollain, qui mourut sans hoirs en 1657. [Ref.↑] 
  9. Manoir en Priziac, où les conspirateurs de Pontcallec tinrent des conciliabules. Cette terre était possédée par la famille Drouillard, à l'époque de Guy Autret. [Ref.↑] 
  10. René de Rieux avait été dépossédé de son siège par ordre de Richelieu. Rétabli en 1646, il ne put reprendre possession qu'en 1648, lorsque l'évêque, Robert Cupif, consentit à se laisser transférer à Dol. [Ref.↑] 
  11. Jacques du Haffont, fils d'Hervé et de Louise Le Torcol, seigneur et dame de Lestrédiagat. Il succéda en l'office de procureur du Roi au siège présidial de Quimper, en 1641, à son beau-père Jean Beaujouan, dont il avait épousé la fille Guillemette. Le 31 mars 1648, il céda son office à Germain Lhonoré, sieur de Kerambiquette, et devint avocat du Roi au même siège. Le manoir de Kerescant se trouvait en Plonivel. [Ref.↑] 


3.2 Lettre du 12 novembre 1641

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant.
Référence : Lettre Bernard II. Résumé : Affaire de Kerfors.

Mon cher cousin, j'ai baillé vostre lettre, l'assignation du siège et les 4 l. au sieur Péan [a] qui ma promis vous faire réponse. Mr de la Varie me promet tous les jpurs qu'il advance à nos affaires et toutefois je trouve que cela vat trop lentement, après l'examen des moyens de démunitions, je suis d'advis que vous accordiés avec la Kermadio, j'atans l'inventaire et actes que je vous avois demandé et vous prie aussi de m'envoier copies garenties des actes que vous avés passé aveq Kergoadeles [b], Kergantel et loredo pour vostre office.

Kerio [c] est arrivé icy pour pléder contre moy pour Kerfors [d]. Je ne crois pas qu'il trouve icy la mesme facilité qu'à Kermper, Launay [e] Le Corre, que je n'avois jamais désobligé, a esloigné le valet de Kerfors. La cour l'a trouvé si mauvais que l'on a décrété adjournement personel contre lui, avec suspension jusques à avoir comparu. Je suis si pressé d'affaires que je nay loisir de la vous faire plus longue.

 

Je suis inviolablement, Vostre très humble ..., Mon cher cousin, Missirien.

Le 12 novembre 1641, Kergoz.

1er PS. Je vous prie d'assurer mon cousin de Kerdour [f] et vostre ami Pennini [g] de mes services.
Ma gourhemennou dam moezrep Louisa [h]. Je viens de retrouver depuis la présente escrite le paquet de Kermathéano, j'avé soign du tout.

2e PS. Mes parties m'objectent désja le procès de Kergantel, je vous prie ne manquer de menvoier tout ce que vous avès l'inventaire, les actes des greffes pour l'office et une déclaration faite par le greffier la garde après que Kerfors eut falcifié son ... (la suite est déchirée).

Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller et procureur du Roy au siège présidial, A Kempertin.

Notes (Bernard) :

  1. Jean Péan, procureur au Parlement de Bretagne. [Ref.↑] 
  2. François de Jaureguy, époux de Marguerite Caillebotte, conseiller au siège présidial de Quimper. Le manoir de Kergoadélès subsiste toujours parmi les nouvelles constructions du quartier du même nom, entre Quimper et Ergué-Armel et consiste en un modeste bâtiment orné d'une tour ronde terminée en poivrière. [Ref.↑] 
  3. Nom d'une terre possédée par une branche des Beaujouan. [Ref.↑] 
  4. Manoir en Ergué-Gabéric, habité à cette époque par Yves de la Marche, lieutenant civil au siège présidial deQuimper, office qu'il avait acquis, par contrat du 12 février 1637, de René Mocam, sieur du Pérennou, pour 21.000 livres. Il avait épousé Jeanne Frolo. Le manoir était advenu à son père Guillaume par suite de son mariage avec Isabelle de Kerfors, héritière de cette terre. Le petit-fils d'Yves de la Marche, François-Louis, époux de Marie-Anne du Botmeur, vont habiter Lesergué en acquerrant cette terre, et celle de Kernaou et domaine en dépendant, par contrat du 31 octobre 1736, de François du Bot, chevalier de Talhouet, pour la somme de 73.680 livres. Par contrat du 11 décembre 1751, il fit marché avec Charles Poulin, architecte à Quimper, pour reconstruire les bâtiments de Lesergué moyennant 6.000 livres. La reconstruction ne fut achevée qu'en 1772-1773. [Ref.↑] 
  5. Hervé Le Corre, sieur de Launay, en Guengat, conseiller au présidial de Quimper. [Ref.↑] 
  6. Pierre Le Torcol, fils de Nicolas et de Jacquette du Haffont, épousa, en 1618, Jacquette de Kerliver, troisième fille de Nicolas et d'Anne Keriar. [Ref.↑] 
  7. Guillaume Furic, sieur de Pennini, en Plozévet, époux de Louise Billoart, habitait Pont-l'Abbé. [Ref.↑] 
  8. Mes compliments à ma tante Louise. Missirien connaissait donc le breton et l'écrivait correctement, suivant l'orthographe de son temps. [Ref.↑] 


3.3 Lettre de 1640-1641

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant.
Référence : Lettre Bernard III. Résumé : Conseils pour une affaire.

Monsieur,

Mon très honoré cousin (...)

Missirien,

à Monsieur, Monsieur le procureur du Roy du siège présidial, A Kempertin.


3.4 Lettre du 10 décembre 1641

Source : ADF ? Destinataire : Mademoiselle de Kerescant.
Référence : Lettre Bernard IV. Résumé : Envoi d'une robe.

Mademoiselle,

Ma très chère et honorée niepce, je vous envois la robe et la jupe (bien faite à la hâte) de ma niepce du plessix [a], car aujourd'hui à 10 heures on ni avoet pas fait un point d'éguille, et a faillu promettre un teston [6] au messager outre le port pour atandre jusques à trois heures apres midy, mais je jugoet qu'à cause de la foere Saint-Corentin, il failloet avoir cette besoigne tout présentement.

Je vous envois vostre coeffe, cravate ou collet à la mode tost près, petit collet, bandeau et bouts de manches de batiste [7] et à languetes. Madame, de Tronjoli [b] a fait le prix de tout et j'ayé payé suivant le mémoere de sa main, que je vous envois.

Ceste petite besoigne revient à quinze livres dix huit sols, come vous voiés par le dit mémoere. J'espère que vous les trouverés bien faits, je vous assure que je y aye prins paîne.

L'on dit que la dentel s'en va deffandu et de mesme que la dantel d'argent, on a mins pour tant une petite à la plessix, quitte pour l'hoster quand l'édit sera venu.

 

Ne soiés point en paine de l'affaire de la Kermadio. J'espère en venir à bout et vostre considération et celle de mon cher cousin de Kerescant me la font entreprendre avec tel soign, que j'espère que vous avouerés que vous avés un parant et un serviteur qui ne manque jamais au besoign.

Je n'ai scay aucune chose de la mère de Vaugert que par ce que vous m'en écrivés et que ma fame m'en aprends, je feray et en cela et en toutes choses tout ce qui me sera possible pour votre satisfaction. Je ne pense pas m'en retourner de longtemps.

Je voudrais contempler vostre gravité pendant vostre grossesse. Je suis infiniment aise de vous voir en cest estat et prie Dieu qu'il vous doint heureux accouchement. Je vous conjure de conserver tousjours un peu de bienveillance pour celui qui a fait vœu d'estre éternellement, ma chere niepce,

vostre très humble serviteur, Missirien.
À Renes, le 10 décembre 1641.

Notes (Bernard) :

  1. Yvorée Beaujouan, fille de Jean Beaujouan et d'Anne Morice, soeur de Guillemette, femme de Jacques du Haffont. Yvorée était mineure à la mort de son père et il est souvent question des difficultés occasionnées par son compte de tutelle, dans les lettres. [Ref.↑] 
  2. Plusieurs familles portèrent ce nom. Il s'agit probablement de Jeanne de Kerousy, fille aînée de Jean de Kerir, seigneur de Kerousy et de Françoise de Ploeuc, qui épousa, par contrat du 1er septembre 1629, Vincent de Kergoët, seigneur de Tronjoly, en Cléder. [Ref.↑] 


3.5 Lettre du 14 janvier 1642

Source : ADF ? Destinataire : Mademoiselle de Kerescant.
Référence : Lettre Bernard V. Résumé : Mariage de sa soeur.

Mademoiselle ma chère niepce, (...)

 

à Renes, ce 14 janvier 1642.
Nous avons comencé à examiner le comte vers la Kermadio.

A Mademoiselle de Kerascant à Kempertin.


3.6 Lettre du 22 décembre 1643

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard VI. Résumé : Souvenir de repas et histoire de bateau.

Monsieur mon cher cousin, (...)

 

Ce 22 décembre 1643.
A monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy, etc. à Kempertin.


3.7 Lettre du 30 janvier 1645

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard VII. Résumé : Comptes familiaux.

A Kerpertin, ce 30 janvier 1645

Monsieur,

Mon très honoré cousin, (...)

 

Monsieur,
Vostre très humble serviteur.
Missirien.


3.8 Lettre du 19 février 1645

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard VIII. Résumé : Carnaval à Quimper.

Monsieur mon cher cousin, (...)

 

Missirien.

Ce 19 février 1645.
A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial à Kempertin.
port deub.


3.9 Lettre du 21 mars 1645

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard IX. Résumé : Travail et assiduité à l'étude.

Monsieur,

Mon cher cousin, je n'estois pas au logis lorsque vostre derniere fur rendue céans et ne l'ayant receu que depuis quatre jours, je n'avois pey y faire plus tost reponse. Je vous remercie des paines qu'il vous a plu prandre de m'escrire une si bone et longue lestre qui me marque très ponctuelement ce qui c'est passé de plus particulier en nos estats où au grand contentement de tous nos amys, vous avés rencontré une occasion très favorable pour faire voir à toutte la province les grands talents que vous possédés et que vous emploiés si généreusement au soutiende ses droits. Vous avés remarqué par vostre lestre aveq tant de circonstances et de jugement les motifs des sentiments que vous avés fait prandre aux estats, que je ne puis que je n'admire vostre facilité de exprimer aussi bien par écrit que par paroles, deux qualutés excellantes que neanmoins se rencontrent rarement en une mesme personne. Je veux que les bien nés ayent subjet de se réjouir et de doner la gloere à Dieu, mais je scay aussi qu'il ne faut tout doner à la nature et que vostre travail et assiduité à l'estude vous ont acquis le profond scavoir qui anime vos raisonemens, lequel se reconcontrant avecq ceste grande liberté, douceur et adresse d'esprit que vous possédés en haut degré. Il n'est pas possible que cest assemblage et heureux mélange ne compose en vous un grand homme. Ce que je dis pour ne desnier pas mes foibles sufrages à la mérite et pour convier à continuer de vous servir des biens que vous possédés et d'en user pour le soulagement de vostre pais et le consentement de vos amys.

 

Je nay pas encore veu M. le président que l'on m'escrit de Kemper estre de retour, nous avons tous grande passion de vous ambrasser et de vous aler complimenter à vostre retour, je vois par la dernière que vous écriviés à ma niepce vostre fame que vous avés fait examiner vostrez comte, c'edt bien le plus tost et le plus surement fait, mais jay toujours pleint les fraits et la depence si le Trélaset m'eut fait destituer elle m'auroit obligé au lieu de me nuire, je nay que du blasme et du soign et la depance en la curatel spécilae de la Plessix, mais je panse qu'elle vaudroit ceste charge remplie de quelque personne qui serait à sa devotion et qui se joinderait avecq elle. Vous me rejouissés en m'assurant que les affaires du compère Peninic vont bien. Jay passé au pont cinq ou six fois depuis deux mois sans mettre pied à terre, il m'est advis qu'il ni a personne en ville quand Penninic est absent, faites lui s'il vous plair mes besemains, vous trouverés vostre mère comme vois l'avez lessée vostre fame en a très grand soign, c'est chose que jau veu, nous faisons des voeux pour qu'elle vive encore sept mois, après cela requïes in pace. Je ne vous ennuit pas mais il démange à d'autres, je reserve le surplus aux pauvres et vous prie de croire que je suis de bouche et de coeur,

Vostre très humble serviteur, Missirien.

Ce 21 mars 1645, à Lesergué.
Ma fame vous est très humble servante.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial de Kemper. A Renes.


3.10 Lettre du 12 Juillet 1646

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard X. Résumé : Permutation de paroisses.

Monsieur,

Mon cher cousin. (...)

 

Missirien.

Au Kergoz, ce 12 Juillet 1646.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy & son procureur au siège présidial de Kemper, à Renes.


3.11 Lettre du 26 juin 1646

Source : ADF ? Destinataire : Mr Nivet, procureur du Parlement
Référence : Lettre Bernard XI. Résumé : Soutien pour le procès de Kerescant.

Monsieur,

Je vous donne advis que M. de Kerescant, procureur du Roy de Kemper, vat à Renes pour faire juger le procès qu'il a vers les créanciers et héritiers de son deffun beaupère. Il trouve à propos de rendre lestres de commission pour m'apeller comme curateur spécial de damoiselle Yvorée Beaujouan sa belle soeur. Je lui aye promis que pour abréger affaire je vous donerois pouvoir come je fais par la présente d'accepter l'assignation come si elle m'avoit esté faite en persone, et lorsque serés assigné à la barre ou ailleurs dire que nous n'avons cognoissance aucune du procés quoy que l'on dise qu'il soit pret à juger et demander un délay pour m'advertir de la dicte assignation que vous n'avés acceptée qu'en espérance d'avoir le dit délay pour m'advertir. Cela ne peut servir que pour retenir qui n'est pas le dessin du sieur de Kerescant et qui me fait présumer qu'il ne prendra pas ceste voye, mais toujours au cas qui la veille prendre, il vous plaira de faire ce que je vous escris et vous pris de me croire,

 

Monsieur,
Vostre très humble serviteur, Missirien.
Ce 26 juin 1646.

A Monsieur, Monsieur Nivet, procureur au parlement, à Renes.


3.12 Lettre du 26 juin 1646

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XII. Résumé : Préparation du procès à Rennes.

Monsieur mon cher cousin et compère,

Je vous envoie les trois lestres que je vous avois promises (...)

 

Missirien.
Mon cher cousin,
Ce 26 juin 1646.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial de Kempertin, à Renes.


3.13 Lettre de mars 1648

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XIII. Résumé : Procuration de curateur.

Monsieur mon cher cousin,

Passant à Kemper (...)

 

Monsieur ... mars 1648.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial de Kempertin, à Henbont.


3.14 Lettre du 13 septembre 1648

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XIV. Résumé : Voyages et héritages.

Monsieur,

Mon cher cousin jay receu (...)

 

Mon cher cousin,
Vostre très humble et très obéissant serviteur, Missirien.
Ce 13 septembre 1648.


3.15 Lettre du 17 juin (1648 ?)

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XV. Résumé : Affaires Kerminisic et Kermadio.

Monsieur,

Mon très honoré cousin et compère. Penguilli (...)

 

Ce 17 juin ...
A Monsieur le procureur du Roy au siège présidial à Kempertin.


3.16 Lettre du 27 juillet (1648 ?)

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XVI. Résumé : Biens de belle-soeur.

Monsieur,

Mon cher cousin et honoré compère, jay esté (...)

 

Mon cher cousin,
Vostre très humble et obéissant servitteur, Missirien.

Au Kergoz, ce 27 juillet ...
Je suis serviteur très humble de madame ma piepce.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial, à Kermpertin.


3.17 Lettre de 1648 ?

Source : ADF ? Destinataire : Jacques du Haffond et de Kerescant
Référence : Lettre Bernard XVII. Résumé : Cause des Audiernais.

Monsieur mon très cher cousin, jay comuniqué (...)

 

Missirien


4 Documents originaux

Lettre du 4 août 1636

 

BNF Cote Fr. 31798. Folio 331.

  • « jé esté tout consolé de sçavoir que le progres des Espaignols n'est pas tel que l'on l'avoit aprehendé. »
  • «  nostre armée navale a pris, à la coste de Galice & de la Cattaloigne, six gros gallions espaignols, pleins de canons, poudres, vivres & touttes munitions pour Flandres. »
  • « j'oubliois de vous dire que l'on fait exactement la garde à nos costes (...) ; nous sçavons bien garder nos poules des renards de Castille.  »




Thème de l'article : Etude et transcriptions d'actes anciens

Date de création : Mars 2009    Dernière modification : 18.10.2010    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]