1481 - Monstre générale des gens d'armes de l'Evesché de Cornouaille - GrandTerrier

1481 - Monstre générale des gens d'armes de l'Evesché de Cornouaille

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Catégorie : Archives    
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§ E.D.F.
État de la noblesse gabéricoise selon le compte-rendu de l'une des premières revues militaires de la noblesse de Basse-Bretagne à Carhaix, grâce aux transcriptions réalisées successivement par le Chevalier de Fréminville en 1835, Norbert Bernard en 2002 et Hervé Torchet en 2008.

Sources manuscrites : document de la Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc (Fonds de Boisgélin, transcrite par Hervé Torchet) et copie plus tardive aux Archives départementales du Finistère (1J65, commande de Le Goazre de Kervélégen, transcrite par Fréminville et Norbert Bernard, et reproduite in-extenso ci-dessous).

Autres lectures : « 1426 - Exemptions gabéricoises à la Réformation des fouages » ¤ « 1536 - Réformation des personnes et des terres en Ergué-Gabéric » ¤ « 1562 - Monstre de l'arrière-ban de l'Evesché de Cornouaille à Quimpercorentin » ¤ « Familles nobles gabéricoises » ¤ « TORCHET Hervé - Montre générale des nobles de 1481 en Cornouaille » ¤ « FREMINVILLE Christophe-Paulin (de) - Antiquités du Finistère » ¤ 


[modifier] Présentation

Norbert Bernard définit ainsi les montres [1] : « revues militaires de la noblesse médiévale et moderne. Les montres ont en effet des fins militaires : elles rassemblent les nobles, regroupés par paroisse et en armes afin d’établir et de corriger la capacité militaire de la noblesse locale ». Hervé Torchet quant à lui donne cette définition : « revue générale de tous les teneurs de fiefs assujettis au service militaire ».

Celle de 1481 est organisée par le duc de Bretagne François II dans chaque siège épiscopal, et pour l’évêché de Cornouailles des 4 et 5 septembre la revue a lieu à Carhaix où 743 participants nobles, pages et commissaires « se montrent » avec leurs équipements et insignes respectifs.

Le compte-rendu nominatif de la montre de Carhaix est découpé en deux parties : la première listant les plus importants, à savoir les 46 hommes d'armes, et la deuxième les autres représentants nobles présents pour chaque paroisse. Les premiers sont en armure et ont autant de chevaux et de soldats que l'exige leur niveau de revenu, mais par contre la localisation de leur fief n'est pas mentionnée.

Le document existe sous forme de deux copies manuscrites : la première, conservée dans le fonds Boisgellin de la Bibliothèque de St-Brieuc, a été étudiée par l'historien Hervé Torchet en 2011 dans un livre intitulé « Montre générale de 1481 ».

Le manuscrit Boisgélin a été aussi analysé par le chevalier de Fréminville en 1835, mais ce dernier a transcrit principalement la copie des Archives départementales du Finistère, un manuscrit commandé par le sénéchal Le Goazre de Kervélégen à la toute fin de l'Ancien Régime dont la transcription a été enrichie et corrigée en 2002 par Norbert Bernard.

Voici le facsimile gabéricois de la copie Le Goazre aux Archives départementales du Finistère (ADF 1J65), la version intégrale étant publiée au dernier chapitre ci-après :

 

Dans son livre dédié à la Montre de Cornouailles, Hervé Torchet propose une carte avec la localisation des blasons des gens d'armes dans chaque paroisse. Pour Ergué-Gabéric, il s'agit des armes « d'or à trois croissants de gueules » des Liziart de par la présence de « Christophle de Lisiard pour son père, homme d'armes, a deux chevaux pour sa selle et o lui, Yvon Penfrat, coustilleur, Henry Berhain, archer en brigandine [2]».

Certes les Liziart de Kergonan sont bien également présents parmi les nobles convoqués d'Ergué-Gabéric : « Françoys Liziard mineur par Louys le Borgne archer en brigandine ». François est fils de Louis, tous deux seigneurs de Kergonan, mais Christophe était-il frère de François ? Norbert Bernard suggère qu'il serait plutôt du fief de Trohanet, en Langolen (autrefois rattaché à Briec) : « à ces seigneurs de Briec il faut probablement ajouter : Christophe Liziart, homme d’armes, et son père, seigneur de Trohanet ».

Les autres nobles gabéricois : « Jehan Provost de Penanrun et son fils archer en brigandine [2], Caznevet Kerfors par Hervé le Normant en brigandine [2] et voulge [3], Yvon Kersulgar de Mezanlez en brigandine [2] et pertuisane [4], Henry Kersulgar de Kernaou par Jehan Provost le jeune en brigandine [2] et voulge [3] »

Dans son étude Hervé Torchet se base sur un texte de Dom Morice pour déterminer les revenus comparés de tous les participants en fonction de leurs équipements. Pour les nobles individuels ci-dessus : « en deçà de 60 livres : arc avec carquois, ou bien sorte de hallebarde (jusarme, pertuisane ou vouge) ou de lance (jaseline ou demi-lance) et protection du haut du corps (brigandine ou paletoc), ainsi qu'un cheval même mauvais. ».

Par contre l'homme d'armes Christophe Lisiart rentrerait dans la catégorie des revenus supérieurs : « Jusqu'à 300 livres : ils s'accompagnent de deux bons chevaux, plus un page monté sur un cheval d'archer. De 300 à 400 livres : la même chose, plus deux archers en brigandine et coiffés de salades. ». Cela dépend donc s'il est accompagné de deux pages (un archer et un coustilleur) selon la source Boisgélin ou d'un seul archer selon le manuscrit Le Goazre.


[modifier] Transcriptions gabéricoises

Extrait gabéricois de la transcription d'Hervé Torchet sur le site Laperenne-zine.com et dans son livre publié en juin 2011 (« La Montre générale de Cornouaille de 1481 »):

Montre [1] de 1481
Évêché de Quimper Corentin ou Cornouaille

Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc - Fond Boisgélin


Ce présent livre est le mémoire et rapport de la montre générale des gens d'armes, de trait et autres gens de guerre, nobles, ennoblis et autres tenants fiefs et héritages nobles et sujets aux armes de l'évêché de Cornouaille tenue et faite à Kerahaes les 4e et 5e de septembre 1481

[...]

Hommes d'armes

[...]

Christophle de Lisiard pour son père, homme d'armes, a deux chevaux pour sa selle et o lui Yvon Penfrat, coustilleur Henry Berhain, archer en brigandine

[...]

... En après ensuivent les noms des nobles et tenants fiefs nobles en autres habillements que d’homme d’armes selon l’ordre des châtellenies dudit Evêché et paroisses d’icelui ainsi que s’ensuit.

Et premier

Châtellenie de Quimper-Corentin

[...]

ERGUE GABERIC

  • Jehan Provost [5] par Jehan son fils archer en brigandine [2]
  • Caznevet Kerfors [6] par Hervé le Normant en brigandine [2] et voulge [3]
  • Yvon Kersulgar [7] en brigandine [2] et pertuisane [4]
  • Françoys Liziard [8] mineur par Louys le Borgne archer en brigandine [2]
  • Henry Kersulgar [9] par Jehan Provost le jeune en brigandine [2] et voulge [3]
 

Extrait gabéricois de la transcription de Norbert Bernard sur le site Tudchentil.org avec en [italique] les graphies erronées du chevalier de Fréminville :

Ce cahier contient la montre générale de l'évesché de Cornoüaille faite à Carhaix les 4e et 5e de septembre 1481.

Archives départementales du Finistère, 1J65. Commande du sénéchal sénéchal Le Goazre de Kervélégen.


Le présent livre est le mémoire et rapport de la monstre générale des gens d’armes, de traicts et autres gens de guerre, nobles et ennoblis, et autres tenans fiefs et heritaiges nobles et subjects aux armes de l’evesché de Cornouailles, tenûe et faicte à Carhaix

[...]

Hommes d'armes.

Sçavoir :

[...]

Christophe du Liziard 45, pour son père 46, homme d’armes à deux chevaux pour la selle, et o luy Jehan le Dréhan, archer en brigandine.

[...]

En après ensuivent les noms des nobles et tenants fiefs et autres en habillement d’hommes d’armes selon l’ordre des chastellenies du dict evesché de Cornouailles, et paroisses d’iceluy, ainsi qu’il suict :

Et premier

La Chastellenie de Qquimper-Corentin

[...]

Les nobles d’Ergué Gabéric [Gaberit].

  • Jehan Provost [5], par Jehan son fils, archer en brigandine [2].
  • Caznevet [Caznoret] de Kerfort [6], par Hervé Le Normand, archer en brigandine [2] et vouge [3].
  • Yvon Kersulgar [7], archer en brigandine [2] et pertuisanne [4].
  • François Lisiart [Liziard] [8], mineur, par Louis Le Borgne, archer en brigandine [2].
  • Henry Kersulgar [9], par Jehan Provost le Jeune, archer en brigandine [2] et vouge [3].

[...]

Les nobles de Briziac

[nota : source pour Briec : Bibl. mun. de Saint-Brieuc, collection de Boisgeslin (confirmer ?). Aujourd’hui deux trèves de Briec sont devenus des communes : Landudal et Langolen]

[à ces seigneurs il faut probablement ajouter : Christophe Liziart, homme d’armes – cités page 326 – et son père, seigneur de Trohanet]


[modifier] Versions complètes

Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc

Transcription d'Hervé Torchet (site Laperenne) :


Archives départementales du finistère

Document ADF 1 J 65, clichés du manuscrit :


 

Versions Fréminville

Publiée par Fréminville (Antiquités du Finistère) :


Annotée par Norbert Bernard (site tudchentil.org) :

Présentation des montres par Norbert Bernard (site tudchentil.org) :


[modifier] Annotations

  1. Montre, s.f. : revue militaire de la noblesse. Tous les nobles doivent y participer, munis de l’équipement en rapport avec leur fortune. Les ordonnances du duché de Bretagne spécifient minutieusement l’armement de chaque noble en fonction du revenu déclaré. Organisation maintenue après le rattachement du duché de Bretagne au royaume de France. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Brigandine, s.f. : cuirasse légère, composée de lames d’acier larges de deux à trois doigts, assemblées transversalement et clouées sur un cuir de cerf bien apprêté ; la flexibilité de cette sorte d’armure la rendait commode pour les gens de trait, tels que les archers et les arbalétriers. Armure composée de lames articulées, placées à recouvrement, liées entre elles par des rivets dont on voit les têtes ; cette armure, très employée au XVe siècle, était celle de l'archer à cheval des compagnies d'ordonnance, et souvent celle du gentilhomme qui ne pouvait se procurer une armure de plates constituées de plaques d'acier (L'Haridon, Catalogue du Musée d'artillerie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14]
  3. Vouge, s.m. : pique armée d’un fer long, large, évidé et tranchant comme une lame de sabre. Le vougier n’a d’autre arme défensive qu’un morion ou simple casque sans visière ni gorgelette : c’est l’emploi des gentilshommes les plus indigents. Source : www.gwiler.net. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5]
  4. Pertuisane, s.f. : arme d'hast (arme dont le fer est monté sur une longue hampe ou fût) en usage de la fin du XVe jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Caractérisée par son fer de glaive, large à la base, muni de deux oreillons, se terminant en pointe aiguë. La pertuisane était portée par divers gardes et par les lieutenants des gens de pied. Source : www.cdc-chatelaudren-plouagat.com. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2]
  5. Seigneur de Penarun. Fils de Conan Provost auquel il succèda en 1456 (Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2013/2). [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. Caznevet, et non pas “ Caznoret ” Kerfors comme propose Fréminville. Il succède à sa mère comme seigneur de Kerfors en 1488 mais décède en 1496. Mais il apparaît déjà en 1471, échangeant des terres avec Alain Moysan (Archives départementales du Finistère, 32 J 81, pièce du 8 juin 1471). [Ref.↑ 6,0 6,1]
  7. Yvon Kersulgar, Seigneur de Mezanlez. Il avait épousé le 4 février 1448 Béatrice de Kermezhoent, et il avait reçu de son père lors de son mariage la sergenterie féodée de Quimper à Ergué-Gabéric– fief de Castel – et de l’argent pour racquiter le manoir de Rocan en Elliant [Rosmorduc (Comte de) [arrêts de maintenue de noblesse recueillis par], La Noblesse de Bretagne devant la Chambre de Réformation, 1668-1671, Saint-Brieuc, l’auteur, 1896, t. III, p. 510]. Sa femme est qualifiée de veuve le 2 juillet 1500 (Rosmorduc (Comte de), La Noblesse de Bretagne …, t. III, p. 511), son fils Jehan rendant aveu pour Kegamen le 18 juillet 1500 (Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2012/5). [Ref.↑ 7,0 7,1]
  8. François Liziard, seigneur de Kergonan. Héritier de Raoul de Liziard cité en 1426 (Torchet (Hervé), La réformation des fouages de 1425 (26) dans l’évêché de Cornouaille, 2002, p. 107) et de Louis – Loys – Lisiart cité dans l’aveu de Tréséguidy de 1458 (Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2012/2). Selon un inventaire des archives du presbytère (Archives départementales du Finistère, B 287), le 16 septembre 1495, il se fit confirmer une tombe en l’église paroissiale d’Ergué-Gabéric –où il est d’ailleurs représenté avec son épouse sur un vitrail. Étant mineur en 1481, il est permis de supposer qu’il s’agit du même François de Lisiard cité à la montre de 1536 et faisant aveu en 1540 (Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2011/6). [Ref.↑ 8,0 8,1]
  9. Henry Kersulgar, époux de Jehanne Provost, dame de Kernaou, morte en 1474 (Archives départementales de Loire-Atlantique, B 2012/7), d’eux descendent les Kersulgar de Kernaou. Un acte de partage de 1479 mentionné parmi les preuves de leur descendant en 1668 indique qu’Yvon et Henry étaient frères (Rosmorduc (Comte de) [arrêts de maintenue de noblesse recueillis par], La Noblesse de Bretagne devant la Chambre de Réformation, 1668-1671, Saint-Brieuc, l’auteur, 1896, t. III, p. 511). [Ref.↑ 9,0 9,1]


Thème de l'article : Un document ancien mentionnant des lieux ou des personnes d'Ergué-Gabéric

Date de création : janvier 2008    Dernière modification : 4.04.2023    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]