Bénédiction de la Chapelle de Cascadec
Le matin du 29 Septembre une quinzaine d'automobiles traversent Scaër et se dirigent vers la Papeterie de Cascadec ; elles s'engagent sur une large et belle route le long de la rivière grossie par les pluies qui serpente dans un paysage à visions pyrénéennes. Des groupes de jeunes filles avec leur coquette coiffure, les unes à pied, les autres à bicyclette, semblent se diriger vers un rendez-vous de fête, quelque pardon de Bretagne. Dans le ciel gris s'envolent bientôt les sons joyeux des nouvelles cloches, installées de la veuille dans ce site pittoresque de Cascadec.
Deux haies de Bretons et Bretonnes aux gais habits de fête, dont plusieurs portent fièrement leurs décorations, médailles de vermeil, médailles d'argent du travail et de l'alliance syndicale, laissent apercevoir au fond une grande et belle église gothique du XVe siècle, avec son clocher largement ajouré, miniature de celui de Guimiliau. Et voici que cette foule se tait, les hommes se découvrent : c'est Mgr Duparc qui passe, bénissant les fronts courbés, accompagne de M. Le Chanoine Cogneau, vicaire général, de M. Le Chanoine Le Goasguen, directeur des Œuvres de Jeunesse ; à leur suite viennent l'abbé Fouet, doyen de la faculté catholique de Paris, le P. de la Chevasnerie, ami de M. Bolloré, le clergé de Scaër et d'Ergué-Gabéric.
La fête de ce jour a un caractère particulier : c'est la bénédiction de la chapelle de Coatquéau, transportée à Cascadec par les soins de M. Bolloré, et rebâtie au bout d'un an dans un nouveau cadre. Ce bel édifice, jadis en ruines, est un véritable témoin de notre foi et un précieux vestige de la belle architecture bretonne au XVe siècle. Les lecteurs du Kannadig ont déjà admiré, dans les vues que nous en avons données, la beauté de la maîtresse-vitre, la grandeur et les richesses architecturales de cette magnifique église, bâtie autrefois sur le territoire de Scrignac par les moines de notre vieille Armorique.
Dès son entrée dans la chapelle, Mgr procède à la bénédiction ; il passe dans l'assistance recueillie et nombreuse (un millier de personnes), asperge d'eau bénite les murs et les voûtes ; puis il bénit la statue de Sainte Thérèse qui devient la souriante et douce patronne de la nouvelle église. Tandis que la Chrorale de Scaër, habilement dirigée, chante à trois voix le cantique de Sainte Thérèse, l'Adoromp holl ha Kantik ar Baradoz, le P. de la Chevasnerie monte à l'autel pour célébrer la sainte messe, interrompue dans cette chapelle depuis cinquante ans. À l’Évangile, dans un langage simple et élevé, le Père retrace devant un auditoire attentif, charmé par cette voix claire et chaude, quelques traits de la vie de la petite Sainte de Lizieux : « qui, semble-t-il, n'a rien fait d'extraordinaire durant sa vie, mais qui a tout fait par amour pour le bon Dieu. »
Mgr Duparc remercie le prédicateur et félicite M. Bolloré et ses collaborateurs de cette belle et bonne œuvre ; il redit son espoir dans la protection de Ste Thérèse sur les familles de Cascadec et sur les entreprises de leur patron, pieusement inspiré, qui a voulu doter sa Papeterie de ce lieu de prières et de bénédictions.
À l'issue de la messe, un cordial banquet réunit autour de Monseigneur la famille Bolloré, le clergé qui vient d'assister à la cérémonie, les directeurs et contremaitres des usines d'Odet et de Cascadec.
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