La mort de M. BOLLORÉ
L'Ouest-Eclair dans son numéro du 17 Janvier publiait l'annonce suivants :
« Une bien pénible nouvelle parvenait mercredi, en fin de matinée, à Quimper. Elle annonçait la mort de M. René Bolloré, directeur et propriétaire des Papeteries d'Odet, en Ergué-Gabéric, survenue le matin, à 4 heures, en son domicile de l'avenue Foch, à Paris.
M. Bolloré, dont le nom est attaché à l'une des industries les plus prospères de notre région et dont la générosité de cœur n'avait d'égale que la modestie la plus touchante, disparaît à l'âge de 50 ans à peine, victime d'un mal qui ne pardonne pas, qui le minait depuis longtemps et contre lequel il lutta jusqu'au bout avec un courage et une bonne humeur qui faisaient l'admiration de tous.
Sa mort affectera non seulement ses nombreux amis mais encore, et surtout, ses ouvriers et employés vis-à-vis desquels il sut se montrer un patron humain, connaissant leurs besoins et veillant sur leurs famille. En un mot : un patron social, un homme de bien. »
Assurément c'est un bien bel éloge mais ce que l'Ouest-Eclair ne souligne pas assez c'est que René Bolloré était avant tout un grand chrétien et que ce sont ses convictions profondes qui en ont fait l'homme de bien que tout le monde pleurera longtemps.
Il n'y a pas un mois il disait à son ami qui nous l'a répété :
« Que le Bon Dieu m'accorde de vivre ou qu'il m'enlève ... je suis prêt à tout, j'accepte tout ... »
Dieu l'a enlevé tandis qu'il pouvait encore murmurer « Fiat » ... Et nous, nous disons avec lui à Dieu : Mon Dieu que votre Sainte volonté soit faire ! Vous dont le propre est d'avoir pitié, épargnez-le ! ... Oh ! nous savons quelle pureté est indispensable pour entrer près de vous, mais si votre justice l'exige, écoutez nos prières, voyez ses œuvres, jugez, pesez et que, mises dans la balance nos supplications l'emportent et fassent de lui de suite l’Élu qui du haut du Ciel nous dirigea encore sur la terre. Il nous a tant aimés ! Nous l'avons tant aimé et l'aimons tant que vous ne pouvez pas rester sourt, mon Dieu ! Requiem aeternam dona ei Domine ! [1]
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Du Jeudi 17 au Samedfi 19 à la misse dite à Odet ce fut l'affluence des messes de minuit à la Papeterie.
Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tin à venir à l’Église du Bourg.
Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur.
Il paraîtrait superflu et contraire à la modestie de celui que nous pleurons de rappeler et de souligner ses innombrables bonnes œuvres.
Il aimait à les accomplir en collaboration avec sa digne et aimée épouse. Madame Bolloré, qui sut si bien se montrer « N.D. d'Odet », telle que nous l'avions saluée à son arrivée. À elle vont toutes nos sympathies et à la vénérable mère Madame Bolloré qui, si souvent, telle la Sainte Vierge aux noces de Cana, dont parlait l'Evangile de Dimanche dernier, vint lui dire : « Vinum non habent ! » pour les malheureux. Mon enfant, ils n'ont pas de ... pain. Et René Bolloré donnait du pain, comme il donnait du travail.
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