BOLLORÉ Gwenn-Aël - Nous étions 177, Commando de la France Libre, 6 juin 1944
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- | Nous voici tous les deux <ref name=n1>Gwenn-Aël et son cousin Marc Thubé, démobilisé de l'armée de l'Afrique du Nord</ref>, dans la nuit, sous une pluie battante <ref name=n2>entre la gare de Quimper et la campagne gabéricoise.</ref>. Sizorn, le garde-chasse, habite à un kilomètre dans la campagne. Il pourra sûrement nous dépanner. | + | Tout d'abord organiser notre voyage du lendemain matin jusqu'à Brest. Un train s'y rendait. Mais il fallait auparavant gagner la gare de Quimper. |
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+ | Nous voici tous les deux <ref name=n1>Gwenn-Aël et son cousin Marc Thubé, démobilisé de l'armée de l'Afrique du Nord</ref>, dans la nuit, sous une pluie battante. Sizorn, le garde-chasse, habite à un kilomètre dans la campagne. Il pourra sûrement nous dépanner. | ||
Trempés, nous frappons à sa porte. Il est plus de dix heures et tous, dans la campagne, dorment. Enfin, un rais de lumière : une clé grince dans la serrure et voici Sizorn, en pyjama, et tout étonné de nous voir. | Trempés, nous frappons à sa porte. Il est plus de dix heures et tous, dans la campagne, dorment. Enfin, un rais de lumière : une clé grince dans la serrure et voici Sizorn, en pyjama, et tout étonné de nous voir. | ||
- | Vite, nous rentrons. Une bouteille de lambic <ref name=n3>Eau-de-vie de pommes</ref> sort prestement du dessous d'un meuble. | + | Vite, nous rentrons. Une bouteille de lambic <ref name=n3>Lambic : eau-de-vie de pommes</ref> sort prestement du dessous d'un meuble. |
Sizorn ne cille pas pendant mon exposé. Il se trouvera demain matin à 8 heures devant la maison avec une voiture à cheval. Il promet de ne rien dire, de feindre de ne nous avoir jamais vus. Je sais que je puis placer toute confiance en lui. Voici donc une affaire réglée. | Sizorn ne cille pas pendant mon exposé. Il se trouvera demain matin à 8 heures devant la maison avec une voiture à cheval. Il promet de ne rien dire, de feindre de ne nous avoir jamais vus. Je sais que je puis placer toute confiance en lui. Voici donc une affaire réglée. | ||
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À gauche, le casino de Ouistreham, avec ses lance-flammes rougeoyants ; droit devant, un petit château rococo qui doit nous servir d'amer <ref name=Amer>{{K-Amer}}</ref>. | À gauche, le casino de Ouistreham, avec ses lance-flammes rougeoyants ; droit devant, un petit château rococo qui doit nous servir d'amer <ref name=Amer>{{K-Amer}}</ref>. | ||
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+ | Quelques encablures encore, et nous allons échouer. | ||
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+ | Les barges de nos camarades anglais nous laissent prendre plusieurs mètres d'avance. Ainsi l'a voulu le colonel Dawson <ref>Le lieutenant-colonel Robert Dawson était responsable du commando n° 4 des fusiliers marins Kieffer dans lequel les Français sont intégrés. Il parlait un français impeccable, fut blessé par deux fois lors du débarquement du 6 juin 1944. Les vétérans Français vouaient un véritable culte au colonel Dawson, en charge du commando n° 4 en Normandie ; ils le respectent autant que le "pacha", Philippe Kieffer</ref>. Les Français seront les premiers. | ||
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+ | « - <i>Thank you, Sir !</i> » | ||
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+ | Nous apprécions le geste. | ||
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+ | Massés sur le pont, nous attendons, près à bondir. Maurice Chauvet, agent de liaison, apporte une note surréaliste au spectacle en prodiguant tous ses soins à une curieuse bicyclette pliable qui n'eût pas déparé le premier Tour de France. | ||
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+ | Enfin, c'est un choc mou et la barge s'immobilise, à quelque cent mètres de la grève. Les marins, rapides, précis, efficaces, déploient de chaque côté de la proue deux passerelles. Quelques-uns d'entre eux sont blessés. Ils se taisent, allongés calmement, ne réclamant aucun secours tant ils gardent conscience que rien ne doit perturber, ne serait-ce que quelques secondes, le délicat mécanisme de l'action qui va suivre. | ||
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+ | C'est alors la descente des hommes, sous le poids écrasant des havresacs. | ||
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+ | L'ennemi ajuste son tir. Bientôt, nos passerelles sont emportés par un tir d'obus. Sous l'étrave, parmi les débris de bois, des hommes blessés se noient. L'eau qui emplit leur bouche les empêche d'appeler au secours. | ||
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+ | <i>objectif numéro un : débarquer les troupes dans un minimum de temps.</i> | ||
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Version du 3 juin ~ mezheven 2014 à 21:29
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Notice bibliographique
Livre réédité en 1983 chez France Empire sous le titre « Commando de la France Libre », puis en 1994 « J'ai débarqué le 6 juin 1944 ».
Autres lectures : « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG » ¤ « BOLLORÉ Gwenn-Aël - Né gosse de riche » ¤ « ESPERN André - Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe » ¤ « GUILLAMOT Loeiz - Gwenn-Aël Bolloré » ¤ « CHANTREL Maette - Les crabes de l'Odet, un musée pas comme les autres » ¤ En 1940 il a 14 ans, sous l'occupation allemande, et 3 ans plus tard dans l'âge encore adolescent il quittera Odet pour traverser la Manche sur un "vieux bateau pourri", le S'ils te mordent. Le 6 juin 1944 il fera le trajet inverse pour débarquer avec le commando Kieffer sur les plages normandes, à Oustreham. Voici comment Gwenn-Aël raconte page 59 et suivantes son départ d'Odet :
Quant au débarquement du 6 juin 1944, le récit est page 129 et suivantes :
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Annotations
- Gwenn-Aël et son cousin Marc Thubé, démobilisé de l'armée de l'Afrique du Nord [Ref.↑]
- Lambic : eau-de-vie de pommes [Ref.↑]
- L'argent français était très recherché par les services secrets. Il accompagnait le parachutage des agents en France. [Ref.↑]
- Amer s.m. : tout objet fixe et remarquable situé sur la côte ou en mer, utilisé pour prendre des relèvements ou pour contrôler la route à suivre près de terre. Source : Larousse. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Le lieutenant-colonel Robert Dawson était responsable du commando n° 4 des fusiliers marins Kieffer dans lequel les Français sont intégrés. Il parlait un français impeccable, fut blessé par deux fois lors du débarquement du 6 juin 1944. Les vétérans Français vouaient un véritable culte au colonel Dawson, en charge du commando n° 4 en Normandie ; ils le respectent autant que le "pacha", Philippe Kieffer [Ref.↑]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : mai 2007 Dernière modification : 3.06.2014 Avancement : [Fignolé] |