1776 - Escroquerie du franc-maçon Jean-Corentin Bréhier, une affaire sous Louis XVI
Un article de GrandTerrier.
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Messieurs, | Messieurs, | ||
- | J'ai l'honneur de vous adresser un procès verbal, qui vous instruira de la persécution qu'on me fait éprouver dans ce païs. Vous êtes, Messieurs, chargés de la confiance du Clergé, et vous en êtes dignes, et c'est à ce titre, que je vous prie de vouloir bien faire les démarches les plus promptes et les plus efficaces, pour arrêter le cours de la révoltante procédure, qu'on ourdit ici contre moi. J'écris ce jour à son Éminence Mr le cardinal de la Rochaimon, à Mr le Garde des sceaux, et à Mr Amelot ministre aiant le département de cette province, pour les instruire de tout ce qui se passe ici, et je leur envoi copie du même procès-verbal que je vous adresse. Cette affaire, Messieurs, demande tout votre zèle et la pls grande célérité, attendu surtout notre extrême éloignement de la capitale. Vous [p.2] sentirez mieux que personne les suites facheuses qu'elle peut entrainer, et vous nous empresserez surement de les prévenir, en obtenant de Mr le Garde des sceaux, ou du ministre de la Proince, des ordre qui arrêtent la pétulante témérité des magistrats du présidial de Quimper. | + | J'ai l'honneur de vous adresser un procès verbal, qui vous instruira de la persécution qu'on me fait éprouver dans ce païs. Vous êtes, Messieurs, chargés de la confiance du Clergé, et vous en êtes dignes, et c'est à ce titre, que je vous prie de vouloir bien faire les démarches les plus promptes et les plus efficaces, pour arrêter le cours de la révoltante procédure, qu'on ourdit ici contre moi. J'écris ce jour à son Éminence Mr le cardinal de la Rochaimon, à Mr le Garde des sceaux, et à Mr Amelot ministre aiant le département de cette province, pour les instruire de tout ce qui se passe ici, et je leur envoi copie du même procès-verbal que je vous adresse. Cette affaire, Messieurs, demande tout votre zèle et la pls grande célérité, attendu surtout notre extrême éloignement de la capitale. Vous [p.2] sentirez mieux que personne les suites facheuses qu'elle peut entrainer, et vous nous empresserez surement de les prévenir, en obtenant de Mr le Garde des sceaux, ou du ministre de la Proince, des ordre qui arrêtent la pétulante témérité des magistrats du présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> de Quimper. |
C'est la cause de tout l’Épiscopat, Messieurs, et celle du sainct ministère; ce motif est plus que suffisant pour vous engager à m'accorder vos bons offices de la manière la plus prompte et la plus efficace. | C'est la cause de tout l’Épiscopat, Messieurs, et celle du sainct ministère; ce motif est plus que suffisant pour vous engager à m'accorder vos bons offices de la manière la plus prompte et la plus efficace. | ||
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<spoiler id="991" text="Page 2 ...">qui nous étoient revenus et qui méritoient attention nous crusmes devoir dire encore quelques mots au sujet de la susdite association en exhortant le peuple à persévérer dans la pratique des vertus dont il nous avoit donné l'exemple et montré pendant les exercices de la mission le plus grand désir. | <spoiler id="991" text="Page 2 ...">qui nous étoient revenus et qui méritoient attention nous crusmes devoir dire encore quelques mots au sujet de la susdite association en exhortant le peuple à persévérer dans la pratique des vertus dont il nous avoit donné l'exemple et montré pendant les exercices de la mission le plus grand désir. | ||
- | Que rendu à notre maison épiscopale, ...</spoiler> | + | Que rendu à notre maison épiscopale, on nous annonça un huissier qui avoit une signification à nous faire de la part du M. le procureur du Roy du siège présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> de cette ville, que cette signification nous ayant été faite, nous avons vu qu'on nous donnoit assignation à comparoitre le lendemain 10 de ce mois à 10 heures du matin à la Chambre du Conseil dudit présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> <u>devant M. le lieutenant particulier civil et criminel du dit siège pour déposer comme témoin contre les auteurs, fauteurs, ou complices de certaines escroqueries commises sous prétexte d'association</u>. |
- | <spoiler id="992" text="Page 3 ...">...</spoiler> | + | |
- | <spoiler id="993" text="Page 4 ...">...</spoiler> | + | Ignorant ce que contenoit la plainte du procureur du Roy et ne croyant point devoir comparaitre devant un juge qui lui-même est un des chefs de la dite association de francs-maçons dont il se fait gloire, nous fîmes signifier au procureur du Roy le lundi 10 juin à 9 heures du matin un dévoué pour lui déclarer que nous n'avions d'autres connoissances sur les objets indiqués dans l'assignation, que celles que nous tenions de M. le chevalier Geslin gentilhomme respectable de cette ville, qu'ainsi au dessus de la dite indication il étoit inutile que nous eussions comparu. |
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+ | Mais que, sans égard à notre affirmation, le dit procureur du Roy nous envoya sur le champ un second exploit pour nous obliger à comparoitre à la même heure de 10 heures du matin, aux fins duquel, par pure déférence pour la justice, nous nous rendîmes au présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> et nous fîmes annoncer par l'huissier de service au sieur juge criminel qui dans ce moment entendoit M. le chevalier Geslin. Le dit juge sortit pour nous redire et nous pria de l'excuser de ce qu'il ne nous entendoit pas à l'instant, parce qu'il ne pouvoit interrompre l'audition d'un témoin, et nous pria de passer à la buvette ; qu'après avoir attendu pendant trois quarts d'heure, on nous introduisit dans la Chambre du Conseil où nous témoignâmes au dit juge criminel notre étonnement de ce qu'il ne fut pas venu recevoir notre déposition, comme nous pensions que cela devoit être, à quoi il nous répondit par la lecture de la note 2 de la page 142 du commentaire sur l'ordonnance criminelle de 1670 par un conseiller du présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> d'Orléans, portant qu'un Évêque de</spoiler> | ||
+ | <spoiler id="992" text="Page 3 ...">Carcassone avoit été débouté de pareille prétention par un arrêt du parlement de Toulouse. Nous répondîmes que c'était le <u>summunjus</u> et après nous avoir demandé nos noms et notre age et les avoir fait écrire, il nous fit prêter serment et nous fit donner lecture du réquisitoire du procureur du Roy portant autant que nous pouvons nous en souvenir, <u>qu'ayant été appris par un sermon prêché le 8 juin dans la cathédrale qu'il s'étoit commis des escroqueries sous prétexte d'association, tant en ville qu'à la campagne, et qu'on en avoit la preuve, le procureur du Roy requiéroit qu'il en fut informé. </u> Et qu'après cette lecture nous avons dit <u>que dès lors qu'il étoit question du résultat d'un discours par nous prononcé dans la chaire de notre église cathédrale nous n'avions rien à déposer concernant cette affaire, déclarant au surplus que ce n'étoit que pour obéir à justice à donner à nos peuples l'exemple que nous lui devons que nous nous étions présenté sous toutes nos protestations et réservations.</u> | ||
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+ | Qu'après cette déclaration nous crûmes ne devoir plus être compliqués dans une action qui nous étoit absolument étrangère, mais que nous venons d'apprendre que les francs maçons irrités de nos remontrances contre leur association, ont ... le procureur du Roy et lui ont suggéré de faire entendre de nouveaux témoins. Nous ignorons si le dit procureur du Roy a fait une plainte nouvelle, mais nous sommes assurés par la déclaration qui vient de nous être faite par un gentilhomme assigné et interrogé que le juge criminel ne se contentoit plus de recevoir la déposition sur la plainte dont on nous avoit donné lecture, mais qu'il <u>interrogeoit</u> sur le discours que nous avions prêché le 8 juin. | ||
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+ | Nous avons lieu de craindre et il est vraisemblable que l'objet de toute cette procédure ne tend qu'à nous faire passer pour dénonciateur et calomniateur. | ||
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+ | Dénonciateur d'un particulier franc maçon qui a effectivement surpris la douce foi des hommes simples en leur faisant payer des sommes considérables pour les aggréger à la franc maçonnerie, quoique nous ne l'ayons désigné en aucune manière, ne le connaissant pas même de nom et quoique le procureur du Roy eut pleine connoissance des manœuvres de ce jeune homme, qu'il eut vu les billets qu'il avoit donné et qu'il eut cherché à le faire évader. | ||
+ | </spoiler> | ||
+ | <spoiler id="993" text="Page 4 ...">Cette procédure tendant encore à nous faire passer pour calomniateur | ||
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Du 19 juin 1776, Mgr | Du 19 juin 1776, Mgr | ||
- | Nous avons reçû avec la lettre que vous nous avés fait l'honneur de nous écrire le procès verbal qui y étoit joint. Nous avons écrit avant de faire aucune démarche pour prévenir les entreprises des juges de Quimper devoir nous concerter avec Mgr le cardinal de la Roche-Aymon. Il a été aussu vivement frappé que nous de la persécution qu'on vous fait éprouver et il a bien voulu se joindre à nous pour étouffer le mal dans son origine. Il a du voir lundi M le Garde des sceaux qui luy aura sans doute communiqué les mesures qu'il a déjà prises pour se faire rendre compte de la conduite des officiers du Présidial de Quimper. Il a bien voulu ne nous les pas laisser ignorer. Nous avons vû avec plaisir qu'il avoit prévenu les demandes que nous aurions pu luy faire à cet égard. Nous avons tout lieu d'espérer que vous aurés une entière satisfaction de la façon plus qu'indécente dont on s'est conduit vis-à-vis de vous. | + | Nous avons reçû avec la lettre que vous nous avés fait l'honneur de nous écrire le procès verbal qui y étoit joint. Nous avons écrit avant de faire aucune démarche pour prévenir les entreprises des juges de Quimper devoir nous concerter avec Mgr le cardinal de la Roche-Aymon. Il a été aussu vivement frappé que nous de la persécution qu'on vous fait éprouver et il a bien voulu se joindre à nous pour étouffer le mal dans son origine. Il a du voir lundi M le Garde des sceaux qui luy aura sans doute communiqué les mesures qu'il a déjà prises pour se faire rendre compte de la conduite des officiers du Présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> de Quimper. Il a bien voulu ne nous les pas laisser ignorer. Nous avons vû avec plaisir qu'il avoit prévenu les demandes que nous aurions pu luy faire à cet égard. Nous avons tout lieu d'espérer que vous aurés une entière satisfaction de la façon plus qu'indécente dont on s'est conduit vis-à-vis de vous. |
Soyés bien persuadé, Mgr, que nous nous employerons dans la suite avec autant d'ardeur que de zèle et que nous n'avons rien de plus à cœur que de vous prouver le respect avec lequel nous avons l'honneur d'être. | Soyés bien persuadé, Mgr, que nous nous employerons dans la suite avec autant d'ardeur que de zèle et que nous n'avons rien de plus à cœur que de vous prouver le respect avec lequel nous avons l'honneur d'être. | ||
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* Bréhier cadet, négociant, élu des 15, à Quimper | * Bréhier cadet, négociant, élu des 15, à Quimper | ||
* Bréhier ainé, négocient, élu des 9, à Quimper | * Bréhier ainé, négocient, élu des 9, à Quimper | ||
- | * Bréhier 2e cadet, procureur au présidial, maitre bleu, à Quimper | + | * Bréhier 2e cadet, procureur au présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref>, maitre bleu, à Quimper |
1787 | 1787 | ||
* Bréhier ainé, négociant | * Bréhier ainé, négociant | ||
- | * Bréhier 2e cadet, procureur au présidial | + | * Bréhier 2e cadet, procureur au présidial <ref name="Présidial">{{K-Présidial}}</ref> |
* Julien Bréhier, négociant, à Vannes (page 3 : n'en suit pas régulièrement les travaux) | * Julien Bréhier, négociant, à Vannes (page 3 : n'en suit pas régulièrement les travaux) | ||
Version du 19 décembre ~ kerzu 2017 à 17:51
| Une affaire qui fit du bruit à l'époque ... évêque de Cornouaille [1] ...
Autres lectures : « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen » ¤ « Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle » ¤ |
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1 Présentation
Conen de Saint-Luc |
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2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Lettre de l'évêque du 12 juin 1776
Mémoire de l'évêque du 12 juin 1776
Réponse des agents généraux du clergé le 19 juin 1776
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Lettre de la loge Parfaite Union du 24 juin 1776
Extraits des tableaux de la loge « L'heureuse maçonne »
Extraits des tableaux de la loge « La parfaite union »
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3 Documents d'archives
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Documents G/8/647 | |||||
Registre G/8/2614 | |||||
Registre O/1/472 | |||||
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Lettres FM/2/360 | |||||
Tableaux FM/2/360 | |||||
Lieu de conservation :
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Usage, droit d'image :
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Lettres FM/2/361 | |||||
Tableaux 1773 FM/2/361 | |||||
§ Tableaux 1775 à 1789 FM/2/361 ...
4 Annotations
- Toussaint Conen de Saint-Luc (1734-1790) est un évêque breton né à Rennes et décédé à Quimper. Nommé abbé de l'abbaye de Langonnet en 1767, il devient le dernier évêque de Cornouaille de 1773 à 1790. Prélat zélé, ultramontain, il s'oppose aux loges maçonniques de Quimper, " La Parfaite Union" et l'"Heureuse Maçonne", et dénonce en chaire les 8 et 9 juin 1776 « ces gens sans mœurs, sans scrupule ». [Ref.↑ 1,0 1,1]
- Présidial, s.m. : tribunal de justice de l'Ancien Régime créé au XVIe siècle ; c'est en 1552 que le roi Henri II de France, désireux de renforcer son système judiciaire et de vendre de nouveaux offices, institue les présidiaux ; le présidial de Quimper-Corentin a été créé à cette date dans le ressort du parlement de Bretagne (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7]
- Pierre Marie Mermet est lié à l'histoire d'Ergué-Gabéric car son demi-frère Vincent et son neveu Guillaume Le Guay détiendront le manoir du Cleuyou. [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Décembre 2012 Dernière modification : 19.12.2017 Avancement : [Développé] |