Les éloges funèbres de René Bolloré, bulletin paroissial Kannadig 1935
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- | [[Image:BolloréKannadig1935.jpg|120px|left]]Ces trois articles nécrologiques démarrent par un extrait de l'annonce du décès de René Bolloré dans les colonnes de l'Ouest-Eclair du 17 janvier, et cette formule : « <i>En un mot : un patron social, un homme de bien.</i> ». Et d'évoquer aussi la très grande affluence le jour de son enterrement : « <i>Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tint à venir à l’Église du Bourg. Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur.</i> ». | + | [[Image:BolloréKannadig1935.jpg|110px|left]]Le premier article nécrologique de janvier démarre par un extrait de l'annonce du décès de René Bolloré dans les colonnes de l'Ouest-Eclair du 17 janvier, et cette formule : « <i>En un mot : un patron social, un homme de bien.</i> ». Et d'évoquer aussi la très grande affluence le jour de son enterrement : « <i>Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tint à venir à l’Église du Bourg. Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur.</i> ». La mort d'une « <i>grand chrétien</i> » si l'on en juge par le nombre de prêtres présents (cf. photo ci-contre). |
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+ | L'article de mars est une rétrospective de la vie bien remplie du défunt et de son « <i>œuvre merveilleuse</i> » autour de la papeterie familiale : successeur de son père à 19 ans, perfectionnement du défilage et du raffinage de la pâte à papier, construction des bureaux, du laboratoire, du château, mariage avec la fille d'un armateur et magistrat nantais, création d'une deuxième machine et d'une centrale électrique avec turbine à vapeur, acquisition et développement du moulin à papier de Cascadec, construction d'une cité ouvrière, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, reconstructions des chapelles d'Odet et de Cascadec, ouverture de deux écoles libres des frères et des sœurs ... | ||
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+ | Mais l'article le plus original et le plus sincère est celui de février, titré « <i>Sous l'écorce</i> ». Il est question de bateaux, de générosité et de caractère un peu brusque. C'est l'histoire, inédite et véridique, d'un charpentier veuf, sans ressource pour nourrir sa famille nombreuse. Bolloré veut l'aider financièrement avec comme contrepartie la construction et la mise à l'eau d'un bateau dans un délai très court de 3 mois. Le jour J le patron venu réceptionner est on ne peut plus désagréable et critique. Après quelques jurons il constate qu'il est injuste et propose la commande d'un 2e bateau blanc et non en acajou verni, le premier se voyant du coup baptisé « <i>Cœur d'or</i> ». | ||
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Dans les dernières années du XIXe siècle, le père de René Bolloré avait loué le petit « Moulin à papier » de Cascadec, établi sur les bords de l'Isole, à quelques kilomètres de Scaër. Pendant la guerre, René Bolloré s'en rend acquéreur, construit l'usine hydro-électrique de la Boissière, alimentée par un canal de 1500 mètres, véritable travail cyclopéen. Une usine ultra-moderne s'élève maintenant à la place du modeste « Moulin à papier » de 1890. Cascadec, de l'avis des gens compétents, est la plus belle usine de papier à cigarettes de France. Une belle route, ouverte et entretenue par M. Bolloré la relie à Scaër. | Dans les dernières années du XIXe siècle, le père de René Bolloré avait loué le petit « Moulin à papier » de Cascadec, établi sur les bords de l'Isole, à quelques kilomètres de Scaër. Pendant la guerre, René Bolloré s'en rend acquéreur, construit l'usine hydro-électrique de la Boissière, alimentée par un canal de 1500 mètres, véritable travail cyclopéen. Une usine ultra-moderne s'élève maintenant à la place du modeste « Moulin à papier » de 1890. Cascadec, de l'avis des gens compétents, est la plus belle usine de papier à cigarettes de France. Une belle route, ouverte et entretenue par M. Bolloré la relie à Scaër. | ||
- | René Bolloré ne s'est pas préoccupé seulement de la prospérité matérielle de ses usines, le côté moral l'intéressait encore davantage/ Il a su rendre son personnel stable et dévoué par des institutions sociales : cité ouvrière, bâtie à la fin de la guerre, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, etc ... | + | René Bolloré ne s'est pas préoccupé seulement de la prospérité matérielle de ses usines, le côté moral l'intéressait encore davantage. Il a su rendre son personnel stable et dévoué par des institutions sociales : cité ouvrière, bâtie à la fin de la guerre, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, etc ... |
Animé d'une foi vive et agissante, il s'occupait d'une façon toute particulière des intérêts religieux et moraux de ses ouvriers. Il a doté son usine d'Odet d'une belle chapelle. Un des plus jolis édifices religieux du pays de Quimper, et l'on y dit la messe tous les matins pour la prospérité des Usines. | Animé d'une foi vive et agissante, il s'occupait d'une façon toute particulière des intérêts religieux et moraux de ses ouvriers. Il a doté son usine d'Odet d'une belle chapelle. Un des plus jolis édifices religieux du pays de Quimper, et l'on y dit la messe tous les matins pour la prospérité des Usines. |
Version du 14 mai ~ mae 2022 à 07:26
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« M. R. Bolloré disparait bien jeune ; il n'avait pas encore cinquante ans. Mais quelle vie bien remplie ... Il restera légendaire parmi ses pairs par la sûreté de son coup d’œil et son instinct de affaires ; il le restera surtout par sa générosité magnifique et sa foi de Breton d'Armorique, ferme comme le granite de son pays. ». Trois articles du bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzevot », publiés en janvier, février et mars 1935 pour la mémoire de René Bolloré, patron des papeteries d'Odet et Cascadec, décédé le 16 janvier à l'âge de 49 ans. |
Autres lectures : « Les 131 bulletins paroissiaux des années patronage, Kannadig IV Kerzevot 1926-37 » ¤ « Décès de René Bolloré, L'Ouest-Eclair 1935 » ¤ « 1935 - Photos des funérailles de René Bolloré » ¤ « La chapelle Saint-René de la papeterie d'Odet » ¤ « La vente de la chapelle et du calvaire de Coat-Quéau, Ouest-Eclair Illustration 1925 » ¤
Présentation
Le premier article nécrologique de janvier démarre par un extrait de l'annonce du décès de René Bolloré dans les colonnes de l'Ouest-Eclair du 17 janvier, et cette formule : « En un mot : un patron social, un homme de bien. ». Et d'évoquer aussi la très grande affluence le jour de son enterrement : « Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tint à venir à l’Église du Bourg. Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur. ». La mort d'une « grand chrétien » si l'on en juge par le nombre de prêtres présents (cf. photo ci-contre).
L'article de mars est une rétrospective de la vie bien remplie du défunt et de son « œuvre merveilleuse » autour de la papeterie familiale : successeur de son père à 19 ans, perfectionnement du défilage et du raffinage de la pâte à papier, construction des bureaux, du laboratoire, du château, mariage avec la fille d'un armateur et magistrat nantais, création d'une deuxième machine et d'une centrale électrique avec turbine à vapeur, acquisition et développement du moulin à papier de Cascadec, construction d'une cité ouvrière, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, reconstructions des chapelles d'Odet et de Cascadec, ouverture de deux écoles libres des frères et des sœurs ... |
Mais l'article le plus original et le plus sincère est celui de février, titré « Sous l'écorce ». Il est question de bateaux, de générosité et de caractère un peu brusque. C'est l'histoire, inédite et véridique, d'un charpentier veuf, sans ressource pour nourrir sa famille nombreuse. Bolloré veut l'aider financièrement avec comme contrepartie la construction et la mise à l'eau d'un bateau dans un délai très court de 3 mois. Le jour J le patron venu réceptionner est on ne peut plus désagréable et critique. Après quelques jurons il constate qu'il est injuste et propose la commande d'un 2e bateau blanc et non en acajou verni, le premier se voyant du coup baptisé « Cœur d'or ». |
Transcriptions
Kannadig 99 de janvier 1935
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Les trois bulletins Kannadig
N° 99, 100 et 101 | |||||