Un grand mariage breton à Squividan, Le Petit Journal et Finistère 1892 - GrandTerrier

Un grand mariage breton à Squividan, Le Petit Journal et Finistère 1892

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Le préfet Victor Proudhon <ref name=Proudhon>{{PR-VictorProudhon}}</ref> et son épouse sont de la fête, ainsi que le député Louis Hémon, et de nombreuses personnalités. D'après la dépêche, le clou de la fête est la robe de la mariée : « <i>La toilette de la mariée, à la gracieuse mode de Quimper (robe en satin blanc garnie de velours blanc, brodée d'argent, tablier, souliers de même, coiffe en dentelle) a coûté près de 2,000 francs. </i> ». Quand on sait que pour avoir l'équivalence en francs de l'an 2000 il faut multiplier les francs de 1892 par 20, on peut noter l'importance de la dépense. Le préfet Victor Proudhon <ref name=Proudhon>{{PR-VictorProudhon}}</ref> et son épouse sont de la fête, ainsi que le député Louis Hémon, et de nombreuses personnalités. D'après la dépêche, le clou de la fête est la robe de la mariée : « <i>La toilette de la mariée, à la gracieuse mode de Quimper (robe en satin blanc garnie de velours blanc, brodée d'argent, tablier, souliers de même, coiffe en dentelle) a coûté près de 2,000 francs. </i> ». Quand on sait que pour avoir l'équivalence en francs de l'an 2000 il faut multiplier les francs de 1892 par 20, on peut noter l'importance de la dépense.
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-|width=48% valign=top align=justify|Le lendemain les pauvres furent invités pour un repas à la ferme de Squividan : 150 selon le Finistère, le double pour le Petit Journal : +|width=48% valign=top align=justify|Le lendemain les pauvres sont invités pour un repas à la ferme de Squividan : 150 selon le Finistère, le double pour le Petit Journal :
*« <i>Suivant l'usage traditionnel, l'épousée les a servis elle-même. On a tué un bœuf à cette occasion</i> » ; *« <i>Suivant l'usage traditionnel, l'épousée les a servis elle-même. On a tué un bœuf à cette occasion</i> » ;
*« <i>Suivant l'excellente tradition bretonne, M. Guyader avait voulu que les pauvres eussent leur part des réjouissances. Lundi matin, 150 indigents se sont assis à la table hospitalière de Squividan, et l'on peut croire qu'ils n'ont pas été les moins sincères dans le concert des souhaits de bonheur adressés aux jeunes mariés.</i>. » *« <i>Suivant l'excellente tradition bretonne, M. Guyader avait voulu que les pauvres eussent leur part des réjouissances. Lundi matin, 150 indigents se sont assis à la table hospitalière de Squividan, et l'on peut croire qu'ils n'ont pas été les moins sincères dans le concert des souhaits de bonheur adressés aux jeunes mariés.</i>. »

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Catégorie : Journaux
Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.

Où il est question d'un grand mariage unissant deux familles de tradition républicaine, la mariée étant fille d'un agriculteur républicain du village de Squividan, avec 600 invités au repas de noce, le tout relaté dans le journal local républicain « Le Finistère » [1] et dans le grand quotidien français « Le Petit Journal » [2].

Autres lectures : « Louis Guyader (1842-1920) de Squividan, agriculteur républicain » ¤ « Ur trakt evit votadegoù e 1883-84 » ¤ « 1900 - Demande préfectorale de déclassement du recteur par trois républicains » ¤ « 1896 - Felix Faure remet la médaille d'honneur agricole à Alain Le Berre » ¤ 

1 Présentation

La relation de l'évènement est publiée sous forme de dépêche en page 3 du numéro du 8 novembre 1892 du « Petit Journal » [2] sous le titre « Un mariage breton ».

Le marié est Jean Le Crane, fils de Michel. Son père est maire de Beuzec-Conq, et il le sera également, poursuivant le combat pour l’ouverture d'une école laïque dans sa commune.

La mariée est Perrine Guyader, fille de Louis [3]. Son père est agriculteur et marchand de bois à Squividan en Ergué-Gabéric. Il est connu pour ses positions politiques  : en 1884 et en 1892 il se présente sans succès aux élections municipales comme tête de liste du parti républicain. En 1883-84 un tract rédigé en breton par la liste des conservateurs conduite par Hervé Le Roux de Mélennec le présente de façon ironique sous son surnom Louis Squividan. En 1900 il cosigne une lettre au préfet dans laquelle les républicains dénoncent l'attitude du recteur qui pressurise les familles pour qu'elles inscrivent leurs filles dans son école privée.

Le mariage a lieu à Squividan et au bourg d'Ergué-Gabéric : 600 personnes invitées : « À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance ». Et la fête est très appréciée : « Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu.  », et se prolonge tard dans la nuit.

Le préfet Victor Proudhon [4] et son épouse sont de la fête, ainsi que le député Louis Hémon, et de nombreuses personnalités. D'après la dépêche, le clou de la fête est la robe de la mariée : « La toilette de la mariée, à la gracieuse mode de Quimper (robe en satin blanc garnie de velours blanc, brodée d'argent, tablier, souliers de même, coiffe en dentelle) a coûté près de 2,000 francs.  ». Quand on sait que pour avoir l'équivalence en francs de l'an 2000 il faut multiplier les francs de 1892 par 20, on peut noter l'importance de la dépense.

  Le lendemain les pauvres sont invités pour un repas à la ferme de Squividan : 150 selon le Finistère, le double pour le Petit Journal :
  • « Suivant l'usage traditionnel, l'épousée les a servis elle-même. On a tué un bœuf à cette occasion » ;
  • « Suivant l'excellente tradition bretonne, M. Guyader avait voulu que les pauvres eussent leur part des réjouissances. Lundi matin, 150 indigents se sont assis à la table hospitalière de Squividan, et l'on peut croire qu'ils n'ont pas été les moins sincères dans le concert des souhaits de bonheur adressés aux jeunes mariés.. »
Repas de noces, Olivier Perrin, Breiz Izel, t3
Repas de noces, Olivier Perrin, Breiz Izel, t3

2 Le Petit Journal

Un mariage breton

(Dépêche de notre correspondant).
Quimper, 7 novembre.

Aujourd’hui même on célèbre à Ergué-Gabéric, commune située à une lieue et demie de Quimper, un grand mariage suivant notre bonne vieille mode bretonne, entre deux fiches familles de cultivateurs.

M. Jean Le Crâne, fils du maire de Beuzec-Conq, épouse Mlle Perrine Guyader, dont le père est un des représentants distingués de l'agriculture finistérienne, lauréat dans maints concours.

Le nombre des invités s'élève à environ six cents.

Trois cents pauvres se sont donnés rendez-vous à la ferme de la mariée. suivant l'usage traditionnel, l'épousée les a servis elle-même. On a tué un bœuf à cette occasion.

La toilette de la mariée, à la gracieuse mode de Quimper (robe en satin blanc garnie de velours blanc, brodée d'argent, tablier, souliers de même, coiffe en dentelle) a coûté près de 2,000 francs.

Le préfet du Finistère et Mme Proudhon [4] ont dû assister à la noce.

 
Le Petit Journal, 8 novembre 1892
Le Petit Journal, 8 novembre 1892

3 Le Finistère

Ergué-Gabéric - Lundi dernier, la commune était en fête, à l'occasion d'un mariage qui rapprocha deux des familles rurales les plus considérables et les plus justement estimées de notre pays.

M. Jean Le Crâne, fils de l'excellent maire de Beuzec-Conq, éppusait Mlle Perrine Guyader, fille de M. Louis Guyader, l'agriculteur si connu par la razzia de récompenses qu'il fait dans tous les concours.

Près de six cents invités se trouvaient assemblés au bourg d'Ergué-Gabéric pendant cette journée : c'est dire combien elle a été abimée et fructueuse pour le commerce local. Courses de chevaux, courses d'hommes, danses bretonnes, avaient attiré en outre une foule de curieux dont la ville de Quimper a fourni sa bonne part.

Une autre cause d'attraction était le spectacle des costumes féminins, qui offrent une si rare variété dans notre arrondissement. Plusieurs ont fait sensation lundi.

Mais on a surtout admiré le goût et la richesse de la toilette de la mariée, toute en satin blanc, relevé de broderies d'or fin.

C'est du coupé de M. le préfet [4] que Mlle Guyader est descendue pour faire son entrée à l'église. Une longue file de voitures précédaient ou suivaient la sienne, formant sur la route de Squividan au bourg un cortège du plus pittoresque effet.

Les ressources du bourg d'Ergué-Gabéric sont restreintes : ce n'était pas une petite affaire d'y recevoir et d'y héberger tant de visiteurs à la fois. À l'heure du repas, la plupart ont trouvé place dans les salles de l'école communale, où de longues tables avaient été dressées pour la circonstance. Citons au nombre des convives : M. Proudhon, préfet du Finistère, et son chef de cabinet ; M. L. Hémon, député ; MM. Jaouen et Bonduelle, conseillers généraux ; MM. Roulland et Diligeart, conseillers d'arrondissement ; M. Laurent, président du tribunal de commerce ; M. Le Floc'h, président de la Société d'Agriculture, etc. , etc. Le Cercle républicain, dont M. Guyader fait partie, était représenté par presque tous ses membres. Enfin, un assez grand nombre de dames de Quimper avaient tenu à prendre place dans cette réunion cordiale, dont M. et Mme Guyader faisaient fort gracieusement les bonheurs.

Pendant toute l'après-midi, les gavottes et les jabadaos se sont succédé dans la cour de l'école, si admirablement placée au sommet d'une colline qui domine les environs de Quimper. Impossible de souhaiter un cadre plus pittoresque à cette fête comme on en voit peu.

 
Le Finistère, 10 novembre 1892
Le Finistère, 10 novembre 1892

L'heure de la séparation a sonné tard, très tard, de jour-là. Mais la fête n'était point finie : elle s'est continuée mardi à Ergué-Gabéric, pour recommencer mercredi et jeudi à Beuzec-Conq, au domicile du nouvel époux.

Suivant l'excellente tradition bretonne, M. Guyader avait voulu que les pauvres eussent leur part des réjouissances. Lundi matin, 150 indigents se sont assis à la table hospitalière de Squividan, et l'on peut croire qu'ils n'ont pas été les moins sincères dans le concert des souhaits de bonheur adressés aux jeunes mariés.

4 Annotations

  1. Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
  2. Le Petit Journal est un quotidien parisien républicain et conservateur, fondé par Moïse Polydore Millaud, qui a paru de 1863 à 1944. A la veille de la guerre de 1914-18, c'est l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre, avec Le Petit Parisien, Le Matin, et Le Journal. Il tire à un million d'exemplaires en 1890, en pleine crise boulangiste. [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Louis Guyader, alias Louis Squividan, est né le 10.02.1842 à Ergué Armel, marié à Jeanne Laurent en 1871, décédé le 25.04.1920 à Squividan en Ergué-Gabéric. Il est cultivateur à Squividan, et en 1871-72 il est aussi déclaré comme marchand de bois. En 1884 et en 1892 il se présente sans succès aux élections municipales comme tête de liste du parti républicain. [Ref.↑]
  4. Victor Proudhon, préfet du finistère du 23 février 1890 jusqu'à septembre 1897. Il fut sous préfet à Saint-Dié-des-Vosges. Quant à la date de nomination comme préfet d'Indre-et-Loir, les biographes hésitent entre le 13.09.1897 et le 05.10.1884. [Ref.↑ 4,0 4,1 4,2]


Thème de l'article : Revue de presse

Date de création : Avril 2011    Dernière modification : 6.09.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]