Servitudes militaires, JMD 1855 - GrandTerrier

Servitudes militaires, JMD 1855

Un article de GrandTerrier.

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(Intégrale, Déguignet, manuscrits, p. 5.49-5.51)

Un seul incident m’était arrivé dans cette longue et pénible marche. Ce fut à Charolles[1]. Là, nous faisions séjour, et tous les jours nous passions la revue dans l’après-midi. J’étais logé, toujours seul, dans une maisonnette hors la ville, chez des gens qui n’étaient pas riches assurément, car il n’y avait ni pendule, ni montre, ce qui fut la cause que j’arrivai un peu en retard à la revue. Mon sergent qui était une de ces vieilles brutes, punissait les hommes à tort et à travers, sans égard pour leur moralité et leur bonne conduite, crut devoir m’infliger quatre jours de salle de police, pour la première fois depuis cinq mois déjà que j’étais au service. En l’entendant prononcer le mot de salle, je ne pus m’empêcher d’éclater en sanglots, tellement que ce mot m’avait frappé au cœur. J’en pleurais encore, lorsque le capitaine arriva près de moi, et demanda la cause. Mais les sanglots m’étranglèrent, que je ne pouvais pas prononcer un seul mot. La vieille brute qui était saoule, lui dit alors qu’elle m’avait infligé quatre jours de salle de police pour être arrivé en retard. Mais le capitaine lui dit que je ne devais pas être arrivé beaucoup en retard puisque j’étais là avant lui, et lui dit qu’il ne fallait pas me punir pour si peu de choses, surtout moi qui n’avais jamais eu jusque là, un motif de punition. Le vieil ivrogne grommela quelques mots inintelligibles, et tout finit ainsi.

Notes :

  1. Charolles : ville de Saône-et-Loire, à 50 km de Mâcon. [Ref.↑]