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Sant Ethbin

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1 Fiche signalétique


s. Ethbin
Vie / Buhez : en Angleterre au 6e siècle, éduqué par Samson à Dol, ermite en Irlande, reliques à Port-Mort dans l'Eure
Genre / Reizh : Masculin
Signification / Sinifiañs :
Variantes / Argemmoù : Ethbin (France) - Ezhbin (France) -

2 Almanach


le 19 octobre 2024 ~ d'an 19 a viz Here 2024
Saint(e) du jour ~ Sant(ez) an deiz s. Ethbin (en Angleterre au 6e siècle, éduqué par Samson à Dol, ermite en Irlande, reliques à Port-Mort dans l'Eure)
Proverbe breton ~ Krennlavar An danvez dastumet gant ar rastell, A yelo buan gant an avel. [Les biens ramassés au râteau s'en iront vite avec le vent.]




Almanach complet : [Calendrier:Vie des saints]

3 Sources

4 Iconographie

dalle du tombeau de Saint-Ethbin à Chateau-Neuf, commune de Port-Mort
dalle du tombeau de Saint-Ethbin à Chateau-Neuf, commune de Port-Mort

5 Monographies

Site de Port-Mort :

Jusqu'au début de ce siècle on vénérait Saint-Ethbin à Port-Mort. Des reliques sont conservées dans la nouvelle église Saint-Pierre construite en 1875. Une chapelle latérale, du côté de l'épître, lui est dédiée, et le vitrail représente ce saint personnage.
Le procès-verbal de reconnaissance de ces reliques, établi le 25 avril 1837 par Charles-Louis de Salmon du Chatellier, évêque d'Evreux, spécifie qu'elles se composent d'un humérus, d'un fémur et d'une mâchoire inférieure. Le 18 juillet 1876, un nouveau reliquaire en bronze doré remplaça l'ancien. Le procès-verbal de cette translation mentionne les mêmes reliques, mais au lieu de fémur on a écrit tibia.

D'après la légende, le moine Ethbin, martyrisé au VIIlème siècle aurait été inhumé dans un terrain donné par Vandemir, que l'on a voulu situer au hameau de Château-Neuf, dépendant de Port-Mort. Cette charte figure dans "De re Diplomatica" (1681). Mais Mabillon n'a pas identifié Port-Mort.
Cependant, en cet endroit, sur la rive droite de la Seine, se trouve en effet un monument dit "Tombeau de Saint-Ethbin. Primitivement, c'était une sorte de dolmen, pierre fruste horizontale en calcaire portant sur quatre petits supports très bas. Après 1870, ce monument disparut et fut remplacé par une table de pierre taillée reposant sur quatre supports rectangulaires ornés et surmontés de petits chapiteaux. On lit sur cette table "Saint-Ethbin, priez pour nous".

Ce monument fut élevé par l'abbé BOSTEL, curé de Port-Mort (1869-1877), afin de donner plus d'intérêt au pèlerinage qui se tenait en cet endroit le dimanche après l'Ascension et le 20 octobre, au lieu du 19, parce que ce jour là on célébrait Saint-Aquilin dans le diocèse d'Evreux. De nombreux pèlerins y venaient pour guérir leurs rhumatismes, en passant trois fois sous la table...

Tout ceci ne prouve pas que Saint-Ethbin ait été inhumé à Port-Mort, puisque de nombreux ouvrages nous rapportent qu'il est mort en Irlande et que ses reliques ont été déposées au monastère Saint-Saulve à Montreuil-sur-Mer. Par contre, on peut admettre que les reliques conservées à Port-Mort, selon certains documents, reposaient dans l'église Saint-Martin-du-Château-Neuf, avant la Révolution, et que pour les soustraire aux dévastations de cette époque, elles ont été cachées sous le monument primitif.

De nombreux ouvrages ont été écrits sur lui. De leur lecture, il ressort maintes contradictions ou confusions. Nous avons donc tenté d'extraire une logique de ces différents textes.
Tout d'abord, bien que Saint-Ethbin figure dans l'hagiographie bretonne, ceci est le fait d'une confusion entre les deux Bretagne, car il était de l'île de Bretagne (Grande Bretagne) ou d'Irlande. C'était donc ce que l'on appelle un "scott" dans le sens étendu prêté à ce nom. Selon Jean Tritheim (1462-1516), moine, puis abbé de Spanheim (Allemagne), ensuite de Wurtzburg, qui a laissé divers ouvrages, dont un "De viris illustribus ordinis S. Benedicti", Saint-Ethbin vivait "en l'an du Seigneur 610".
Surius, chartreux du XVIe siècle (1522-1578), mort à la Chartreuse de Cologne, mentionne également Saint-Ethbin dans le tome 5 de son "De probatis sanctorum historiis; de même Pierre de Natali, vénitien, chanoine, puis évêque d'Equilio ou Jesolo (mort en 1400), dans son "Grand catalogue des Saincts et Sainctes" (édition française 1522-1523). Mais nous n'avons pu encore consulter ces deux derniers ouvrages.
Enfin dans la notice sur Saint-Ethbin que donnent les Bénédictins de Paris, dans "Les vies des Saints", au 19 octobre, nous lisons : "Au Monastère de Necth-Hermitage, en Irlande, Saint-Ethbin, abbé (VIIe siècle)."

Plusieurs hypothèses sont alors émises par les historiens qui se sont penchés sur la vie monacale de Saint-Ethbin. Pour les uns il était le compagnon de Saint-Guénolé, pour les autres celui de Saint-Samson, au monastère de Taurac. Mais nul n'a pu jusqu'ici trouver l'emplacement de ce monastère...Quel que soit le lieu où vivait Saint-Ethbin, ce ne peut être au monastère de Portus-Mauri qui, certes existait vers 687, mais Saint-Ethbin avait regagné l'Irlande à cette époque, et probablement était-il déjà mort. Le monastère de Port-Mort fut détruit au IXe siècle, lors des invasions normandes.

Nous admettrons pour vraisemblable, la conclusion de Jourdans de la Passardière, Saint-Ethbin fut chassé par les Francs de son monastère, ce fameux Taurac inconnu, et se retira en Irlande, dans la forêt appelée "Silva noctensis" où il mourût.
Nous n'insisterons pas sur la controverse qui s'éleva à propos de la confusion, plus ou moins consciente, faite par un moine de Landévennec, alors réfugié à Montreuil-sur-Mer, qui transcrivit Eduinetus en Ediunetus, c'est-à-dire Ethbin en Idumet. Ce qui appartenait à Saint-Ethbin se trouvait ainsi transféré à Saint-Idumet, saint breton connu dans la Cornouaille et honoré par les moines de Landévennec. Mais dans la transcription de sa "vita", le moine copiste ne s'est pas donné la peine de changer jusqu'au bout le nom d'Ethbin en Idumet. Ethbin et Idumet sont bien deux personnages distincts. Selon l'onomastique Ethbinus et Eduinetus sortent tous deux de Etwin ou Edwin et sont le même nom d'origine anglo-saxonne. Saint-Ethbin n'était donc pas breton comme l'eussent souhaité les moines de Landévennec. Il était d'ailleurs inconnu en Bretagne et ce n'est qu'au XVlle siècle qu'il fut découvert par Albert Le Grand dans des recueils étrangers et intercalé parmi les saints bretons.
Par contre il était honoré depuis longtemps dans le Nord de la France, notamment dans les Abbayes de Marchiennes, d'Anchin et de Loos-lès-Lille. Ces abbayes avaient probablement reçu ce culte de l'Abbaye Saint-Saulve de Montreuil-sur-Mer.

Aucun des documents consultés, notamment les martyrologues, ne permet d'affirmer que Saint-Ethbin ait été martyrisé. Il est mentionné à la date du 19 octobre, comme abbé, sans autre indication, et l'on situe sa mort en Irlande. C'était ce que l'on appelle communément un saint homme. Pour expliquer la présence des reliques de Saint-Ethbin à Port-Mort, on a supposé que ce sont les moines de Landévennec qui les auraient emportées vers le monastère de Saint-Saulve, où ils allaient se réfugier, et qu'ils donnèrent quelques os en traversant le Vexin. Mais rien ne confirme cette hypothèse, car on ne sait pas à quelle date les reliques de Saint-Ethbin arrivèrent à ce monastère, ni qui les y avait apportées. Nous savons seulement qu'elles y étaient avant 954-955.
Dans tous les inventaires du Trésor de l'Abbaye de Saint-Saulve, la châsse de Saint-Etbin (orthographe employée à Montreuil) y figure depuis 1424, date de son origine. Celui de 1713 en donne une description détaillée. Enfin elle est encore mentionnée dans l'inventaire que les officiers municipaux de Montreuil établirent le 29 avril 1790.
A la Révolution le monastère bénédictin fut démoli et les reliques brûlées dans un autodafé, le 30 septembre 1793. Il semble bien que les reliques de Saint-Ethbin n'échappèrent point à cette destruction, car on ne les a pas retrouvées, ni leur reliquaire, dans ce qui forme désormais le Trésor de l'Eglise abbatiale Saint-Saulve. Mr. Roger Rodière dans son histoire des reliques de Montreuil, "Les corps Saints de Montreuil", posait le problème des reliques de Port-Mort. Et, dans une lettre que Dom Plaine de l'Abbaye de Ligugé, lui adressait le 7 mars 1899, nous lisons :
"On ne possède en Bretagne aucune relique de ce Saint (Saint-Ethbin), et il n'y est pas honoré, car il ne nous appartient que par la naissance (?), et il est allé mourir en Irlande. On en possédait aussi des reliques à Vernon, ainsi qu'à Port-Mort. J'imagine qu'elles provenaient de votre Saint-Saulve".

Après l'étude de nombreux documents l'origine des reliques conservées à Port-Mort reste donc à découvrir... Une analyse de la teneur en carbone 14 de ces ossements pourrait évidemment nous donner leur âge, rien de plus. Mais ne doit-on pas laisser aux historiens la part d'imagination qui leur permettra peut-être de découvrir la vérité ?

Louis Blanchet

Pays de Carnac :

La vie de saint Ethbin, transcrite au XIe siècle dans le manuscrit du Cartulaire de l'abbaye de Landévennec publié récemment par M. de la Borderie, pour la Société Archéologique du Finistère, nous apprend qu'après avoir reçu le diaconat, à Dol, des mains de saint Samson, ce personnage prit l'habit religieux dans un monastère nommé Taurac, gouverné par un certain saint Similien.

Celle que les nouveaux Bollandistes ont imprimée (7) sur des copies prises aux siècles derniers, par les anciens, sur les originaux des abbayes de Marcbienne et d'Anchin, en Flandre, donnent la même leçon.

L'une et l'autre disent, presque dans les mêmes termes, que le jeune moine novice fut mis par son abbé sous la direction d'un de ses Pères, prêtre, appelé Guénolé, dont il allait chaque jour servir la messe à un oratoire situé à un mille du monastère. Ethbin quitta Taurac à la suite de sa dévastation par les Francs, mais Guénolé y mourut soit avant, soit après cet événement, et ses reliques y restèrent jusques à leur translation, lors des invasions normandes, probablement en 878, à Montreuil-sur-Mer, en Ponthieu, où elles ont été l'objet d'une vénération particulière jusqu'à leur destruction en 1793. On y conservait dans l'église abbatiale de Saint-Sauve, avec la plus grande partie de ses ossements, son aube de lin, sa chasuble, sa cloche à main, semblable à celles dont usaient les supérieurs des monastères primitifs bretons et gaëliques insulaires et continentaux. Il y était aussi représenté en sculpture, la crosse dans la main droite, la cloche dans la gauche et des poissons aux pieds (8), d'où on peut présumer qu'il fut abbé, sans doute, à Taurac (9), après Saint-Similien, dont il n'est plus parlé après la simple mention de son existence, lors de la prise d'habit de saint Ethbin.

Il parait avoir dû sa renommée, très grande dans le nord de la France et des Pays-Bas, à la vulgarisation, par la reproduction des actes primitifs apportés avec ses reliques à Montreuil, d'un miracle insigne dont il fut favorisé, en récompense d'un acte de charité héroïque que tous les documents connus racontent de la manière suivante :

Un jour que Guénolé revenait au monastère, accompagné de son élève bien-aimé, après avoir dit sa messe habituelle dans son oratoire, par l'ordre de son abbé, à l'intention des morts et des vivants, il rencontra couché sur la terre, en proie à d'horribles souffrances, un pauvre lépreux le suppliant de le débarrasser de la pourriture obstruant ses fosses nasales, au point de l'étouffer. Son diacre Ethbin ayant levé debout, à bras le corps, le malade incapable de se mouvoir, il essaya à l'aide des doigts de lui rendre le service demandé. Mais l'opération occasionnant au patient des douleurs intolérables et lui faisant pousser des cris déchirants, le saint homme, à sa supplication, n'hésita pas à le soulager, en aspirant doucement de ses lèvres ces ulcérations dégoûtantes.

Elles se changèrent dans sa boouche, dit la légende, en une pierre précieuse, et les deux compagnons émerveillés virent briller en même temps sur la tête du lépreux une croix, leur montrant qu'Ethbin avait l'inapréciable faveur de tenir embrassé le seigneur Jésus en personne qui leur dit : « Vous n'avez pas eu honte, mes bons serviteurs, de me secourir dans mes douleurs, je ne manquerai pas non plus, moi, de vous reconnaître au ciel. Votre héritage est avec moi, et tous ceux qui s'adresseront à vous, dans leurs prières, obtiendront une part de mon royaume éternel, » et disparut, accompagné du concert des anges, dans le ciel entr'ouvert à leurs yeux ravis.

On ne sait pas autre chose des actions de ce saint Guénolé, sinon qu'il mourut au monastère de Taurac. Or, au village de Coëtatous (Coët-ar-Touz, le bois des herbes à foin), dont le nom atteste l'existence d'un de ces massifs forestiers, où les anciens moines aimaient tant à se retirer, dans la commune de Carnac, dont Taurac a pu très facilement dériver par une simple erreur de plume des copistes des manuscrits primitifs des actes de saint Ethbin, que nous n'avons plus (10), se trouve une chapelle sous le vocable d'un saint Guénolé, possédant en 1857, lors de notre dernière visite, un sarcophage en granit, semblable à ceux connus de tous les saints de notre pays des VIe et VIIe siècle.

A huit cents mètres environ (juste les mille pas des actes de saint Ethbin cités plus haut), est un village nommé le Moustoir (Mouster, monasterium, nom caractéristique, en Bretagne, des établissements monastiques antérieurs aux invasions normandes et à la rénovation sociale du XIe siècle). Sur le sentier reliant les deux localités, une rangée de gros blocs de pierre, destinée à faciliter aux piétons, lors des crues d'eau, le franchissement d'un ruisseau tombant dans l'étang dit de Gouyanzeur, porte le nom de Pont-er-Manac'h (Pont-du-Moine).

Nous avons, à la même époque, recueilli sur les lieux la tradition immémoriale de l'existence d'un établissement religieux attribué, à la vérité, aux moines rouges, comme dans la plupart des endroits du pays où se montrent des vestiges de constructions caractérisées par des débris de tuiles romaines.

Nous connaissions l'existence de ces vestiges, dont M. James Miln, dans le beau volume où il a consigné ses précieuses fouilles et observations dans la commune, a indiqué la position, tout prés du village. On peut, sans invraisemblance, y voir les restes du monastère auquel le lieu doit sa dénomination, l'étude des monuments ayant démontré la persistance chez nous des procédés de construction gallo-romaine jusqu'au Xe siècle inclusivement (11).

Il faudrait un scepticisme dépassant les bornes d'une saine logique pour ne pas reconnaître ici la parfaite concordance des circonstances locales avec les documents écrits.

Le Moustoir de Carnac est bien l'emplacement du monastère sanctifié au VIe siècle par la résidence des trois saints, Similien, Ethbin et Gwénolé. Le tombeau de ce dernier toujours vénéré, après plus de douze siècles, par les descendants de ses compatriotes, en serait à lui seul une preuve suffisante.

Pays de Carnac :

Saint Ethbin de Kildare, Abbé
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Né en Grande-Bretagne; mort vers 600. Le père de saint Ethbin, un noble, mourut lorsque lui n'avait que 15 ans. Sa veuve confia son éducation à son compatriote, le grand Saint Samson (28 juillet), de l'abbaye de Dol en Bretagne.
Un jour, à la Messe, il entendit les mots : "Celui qui ne sait pas renoncer à tout ce qu'il possède ne sait pas être Mon disciple". Il résolut aussitôt de renoncer au monde. Etant diacre, il demanda la permission à son évêque pour se retirer. L'ayant reçue, Ethbin partit pour l'abbaye de Taurac en 554. Comme père spirituel, le saint se choisit un autre saint : Saint Gwenolé (Winwaloee, 3 mars). La communauté fut dispersée par un raid des Francs en 556, et Winwaloee mourrut peu après.
Ethbin partit alors vers l'Irlande, où il mena une vie érémitique dans une forêt près de Kildare appelée Nectensis (non-identifiée) 20 ans durant. Montreuil et Pont-Mort (Eure), en France, affirment avoir de ses reliques. Le p. Grosjean a suggéré que la forêt, "silva" en latin, appelée Necensis pourrait être une corruption de Silvanectensis, c'est-à-dire, Senlis, France, plutôt qu'en Irlande (Bénédictins, Farmer, Husenbeth).

Tropaire de saint Ethbin ton 8 :
En disciple de notre père Samson,/
Tu fus lumineux par ton ascèse, O père Ethbin,/
Et ayant été chassé hors de Tantac par les indisciplinés Francs/
Tu cherchas le refuge dans l'éloignement des déserts verts de l'Eirin./
O Saint, prie pour nous afin que nous ne soyons pas perturbés sur le chemin,/
malgré toutes les difficultés, afin que nous soyons sauvés.