René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires - GrandTerrier

René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires

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-Extraits de journaux et de revue, et extraits de sa fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron.+Extraits de journaux et de revue, extraits de sa fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron, ainsi que l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo de 2012 pour la compréhension des évènements de l'année 1936.
Autres lectures : {{Tpg|MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social}} Autres lectures : {{Tpg|MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social}}
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-<big>Le lieu-ditCroas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012</big>+<big>Article "HUGUEN René, Jean, Louis", Dictionnaire Maitron</big>
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 +<small>Article rédigé par Alain Prigent, version mise en ligne le 8 mars 2010, dernière modification le 5 octobre 2010</small>
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 +Né le 23 février 1920 à Ergué-Gabéric (Finistère) ; directeur commercial, rédacteur en chef de Ouest-Matin, puis instituteur ; secrétaire des Jeunesses communistes des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) en 1944 ; adjoint au maire de Saint-Brieuc (1947-1953) ; directeur de cabinet du député-maire communiste du Havre René Cance (1956-1959), assistant parlementaire de François Leizour, député communiste des Côtes-du-Nord (1978-1981).
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 +René est le fils aîné des trois garçons de Jean-René Huguen, cheminot, et de Marie Jeanne Le Meur, tricoteuse. Son père, syndicaliste CGT fut candidat sur la liste communiste à Saint-Brieuc en 1935. René Huguen fit une partie de sa scolarité à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) où son père travailla dans les années 1920. Il participa aux manifestations de soutien au Front populaire à Saint-Brieuc en 1937 avec d’autres jeunes lycéens du lycée Anatole Le Braz et les militants de la jeunesse communiste. Lié aux enfants de militants de la région des Côtes-du-Nord du PCF de l’époque (Carnet*, Carmené*, Debord* et Flouriot*), il fut très actif dans l’organisation de l’aide aux enfants espagnols accueillis dans l’agglomération briochine par le SRI devenu Secours populaire dans la vallée de Gouédic en 1937-1939.
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 +<spoiler id="991" text="Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1937 ...">Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1937. Dès 1934, il fut en contact avec Louis Guilloux*, un des animateurs du SRI. Après avoir obtenu son baccalauréat, et compte tenu des modestes conditions familiales, il fit une demande pour être recruté comme instituteur remplaçant dans les Côtes-du-Nord. Dans le même temps, il continua ses études à la faculté de droit à Rennes. Recruté par l’Inspection académique, il enseigna successivement à Trémeur, Saint-Caradec et Trévé (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) avant la seconde guerre mondiale. Fin août 1939, alors qu’il venait d’acheter au kiosque de la gare à Saint-Brieuc le journal d’Aragon, Ce Soir, un mutilé de la guerre 1914-1918 l’agressa à propos de la position du PCF sur la signature du pacte de non-agression germano-soviétique. Après avoir passé son conseil de révision en janvier 1939, il fut rappelé au 507e régiment de chars à Vannes, unité qui fut dirigée par le colonel de Gaulle. C’est là dans le Morbihan à Billiers, le 18 juin 1940, qu’il vit arriver les troupes allemandes et fut fait prisonnier. Après l’armistice, il réussit à échapper aux autorités d’occupation mais il ne fut pas réintégré par l’inspection académique des Côtes-du-Nord dans l’impossibilité de fournir un titre de démobilisation.
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 +Entré comme secrétaire administratif au groupement d’achat et de répartition du bétail et de viandes, il devint l’un des membres de la direction de l’antenne des Côtes-du-Nord du groupement en juin 1942. Avec le directeur du groupement, Pierre Ancelin, ils s’efforcèrent de desserrer l’étau des restrictions et de résister aux réquisitions allemandes. Dans le même temps, il entra en contact avec la Résistance par l’intermédiaire de Louis Le Bigaignon*, fils du directeur de L’Imprimerie Moderne, militant de la SFIO, qui y récupéra au groupement du matériel de duplication. René Huguen fut dénoncé par les milieux proches de la LVF pour exercice de « marché noir », d’enrichissement personnel, et d’activités communistes. L’arrestation de Pierre Ancelin, début août 1943, le directeur du groupement, membre du réseau Pat, spécialisé dans l’évasion des aviateurs alliés tombés en France, qui fut déporté, précipita sa participation à la Résistance. Il entra en contact avec le Front National, dont l’un des principaux dirigeants, avec Jean Devienne*, était le communiste Adolphe Le Troquer*.
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 +À la Libération, dirigeant la région des jeunesses communistes des Côtes-du-Nord, il présenta le rapport d’activité au congrès départemental des JC en septembre 1945. Il devint un des membres importants de la direction départementale du PCF des Côtes-du-Nord siégeant au comité fédéral de 1945 à 1949. Il fut présenté par la section de Saint-Brieuc du PCF, avec trois autres camarades, dont les deux cheminots Louis et Guillaume Jouan*, pour représenter le courant communiste au sein de la municipalité, lors des élections municipales d’avril 1945. Mais, compte tenu de la pratique du panachage, il ne fut pas élu : le courant communiste, pourtant si actif dans la Résistance, n’eut aucun représentant dans la nouvelle municipalité. Il continua d’exercer son métier de directeur commercial. Paradoxalement au moment où se mettaient en place les mécanismes politiques consécutifs à la guerre froide, il fit partie de la municipalité de Saint-Brieuc d’union très large MRP-SFIO-PCF dirigée par Jean Nicolas*, un socialiste indépendant. Il devint deuxième adjoint au maire, le poste de premier adjoint ayant été attribué à Victor Rault* dirigeant historique de la CFTC et du MRP. Les deux autres postes d’adjoint revenant à Paul Héger* (MRP) et à François Jégou* (PCF), officier de la marine marchande en retraite. Le PCF dont l’influence paradoxalement était éliminée en 1945 par le mode de scrutin permettant le panachage, faisait une entrée remarquée dans le conseil municipal de Saint-Brieuc avec sept élus.
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 +En août 1948, Maurice Thorez qui participa à la fête de l’Aube Nouvelle à Saint-Brieuc proposa dans une discussion avec les principaux dirigeants communistes des Côtes-du-Nord la création d’un grand quotidien progressiste pour la Bretagne. Le projet devint réalité à l’automne 1948. Après avoir participé à l’école centrale des éducateurs à Viroflay en août 1948, il est appelé par Michel Carasso* à Rennes au moment de la création de Ouest-Matin, dirigé par Henri Denis. Après avoir effectué un stage d’un mois dans les Alpes-Maritimes au Patriote de Nice, dirigé par Virgile Barel et Tabaraud, il fit partie d’une équipe de jeunes rédacteurs, sans grande expérience professionnelle, qui se mit aussitôt en place à Rennes. Il devient rédacteur en chef d’Ouest-Matin en 1951 après le départ de Carasso comme secrétaire général de L’Humanité. En mai 1950, il participa à l’arrêt du train en gare de Saint-Brieuc qui provoqua l’arrestation de 10 militants communistes et de la CGT des Côtes-du-Nord. Il suivit, en tant que journaliste, toute la campagne organisée pour leur libération et le procès devant le tribunal militaire. Il suivit également les principaux conflits sociaux dans l’ouest de la France en particulier dans la région de Saint-Nazaire et de Nantes. Il intégra le bureau fédéral de la fédération du PCF dirigé par Emile Guerlavas* à Rennes de 1952 à 1954. Il vivait partagé entre sa famille restée à Saint-Brieuc et de très précaires conditions de travail à Rennes. Malade, il remplaça Marie-Louise Kergourlay* à Saint-Brieuc.
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 +Opéré en 1956 de problèmes respiratoires liés à son contact permanent avec l’atmosphère de l’imprimerie de Rennes, il se résigna à quitter le journal sur les conseils du docteur Yves Cachin, fils de Marcel. En mai 1956, sur proposition de Gaston Plissonnier*, il devint le directeur de cabinet du député-maire du Havre. Il participa ainsi à la préparation du congrès national du PCF en octobre 1956. Après le premier tour des élections municipales de 1959, un renversement d’alliance, initié au niveau national par les dirigeants gaullistes qui voulaient faire perdre au PCF sa plus importante municipalité, permit à Monguillon, socialiste, de devenir maire de la ville. Dans la municipalité précédente les conseillers municipaux socialistes siégeaient dans la majorité municipale à direction communiste. René Huguen, dont le poste était éminemment politique, dut chercher un nouvel emploi. Il obtint un poste d’instituteur à titre provisoire, en Seine-Maritime. Mais ses problèmes récurrents de santé l’amenèrent à demander rapidement un poste dans une région de France au climat plus clément. Il obtint à la rentrée 1960 un poste en Haute-Savoie où il enseigna jusqu’en 1968 dans la petite commune de Cervens dont le maire était Albert Boccagny*, ancien déporté et député communiste de Haute-Savoie jusqu’en 1956. Exerçant également la fonction de secrétaire de mairie, il fut à l’initiative de la construction d’un foyer rural et d’un service de ramassage des ordures ménagères. Son épouse étant gravement malade, il demanda en 1968 son retour, par permutation, dans le département des Côtes-du-Nord. Il y enseigna successivement jusqu’à son départ en retraite en 1978 à Plédran et à Saint-Brieuc (école primaire et classe de transition au collège Racine). Après l’élection du maire de Guingamp à la députation, François Leizour, en mars 1978, Édouard Quemper* et Jacques Coignard* le sollicitèrent pour qu’il devienne son attaché parlementaire. En 1981, après l’élection de François Mitterrand, le PCF perdit la circonscription de Guingamp au profit du parti socialiste. René Huguen cessa désormais toute activité professionnelle.
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 +Proche d’Édouard Prigent*, René Huguen se plongea alors dans l’étude de l’oeuvre de Louis Guilloux. Érudit local, il consacra une grande partie de sa retraite à l’étude du parcours et de l’oeuvre politique de Glais-Bizoin, député progressiste des Côtes-du-Nord de la Monarchie de Juillet et du Second Empire. Il fréquenta avec assiduité les archives départementales des Côtes-du-Nord, la bibliothèque nationale et les archives nationales. Il publia deux importantes monographies sur le rôle de ce parlementaire dans la construction du réseau ferré français et la création de l’agence postale. Il demeure fidèle au PCF.
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 +René Huguen se maria en octobre 1941 à Saint-Brieuc.
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 +<br><big>Le lieu-dit Croas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012</big>
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[[Image:KA019-1.jpg|right|120px]]René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre. [[Image:KA019-1.jpg|right|120px]]René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.
Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu. Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.
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-Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.+« <i>Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.
-[[Image:KA019-2.jpg|right|120px]]Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: « Ar goas !» (jeune homme).+[[Image:KA019-2.jpg|right|120px]]Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: "Ar goas !" (jeune homme).
-Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604.+Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604.</i> »
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Version du 16 octobre ~ here 2020 à 14:52

Catégorie : Biographies
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.
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Ce militant né à Lestonan le 23 février 1920 a reçu en 2015 la médaille d'honneur de sa ville d'adoption Saint-Brieuc, mais il avait gardé des liens forts avec sa famille gabéricoise.

Extraits de journaux et de revue, extraits de sa fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron, ainsi que l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo de 2012 pour la compréhension des évènements de l'année 1936.

Autres lectures : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social » ¤ 

Présentation

 


Ecrits divers

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Article "1936 La magie des congés payés", Le Parisien du 14.07.2012

En 1936, pour une majorité d'ouvriers, c'est la première fois. La première fois qu'ils peuvent s'arrêter de travailler tout en continuant à être payés, le premier départ en vacances. Retour sur un été mythique, inoubliable pour ceux qui l'ont connu.

* * *

Des quais bondés, des trépignements d'enfants, des parents stressés. Difficile, pour la France des juillettistes qui envahissent ces jours-ci les gares, de se représenter la liesse de l'été 1936. Pour la première fois, des centaines de milliers de familles d'ouvriers partent en vacances. « En allant à la plage, j'avais l'impression de respirer un autre air, celui du changement », analyse, avec soixante-seize ans de recul, René Huguen, alors lycéen à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Elu le 3 mai, le Front populaire de Léon Blum a signé, un mois plus tard, les accords de Matignon qui instituent deux semaines de congés payés. Une conquête sociale historique obtenue après un mois de grèves et d'occupations, pacifiques, des usines. « C'est l'un des rares moments de notre histoire où le fruit de la lutte s'inscrit immédiatement dans le quotidien des ouvriers qui l'ont menée », analyse Danielle Tartakowsky, professeure d'histoire à l'université Paris-VIII.

En juillet-août, 560000 personnes prennent d'assaut les gares parisiennes grâce au billet à tarif réduit de Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux Sports et à l'Organisation des loisirs. « Les hommes qui descendaient du train portaient un bleu tout neuf acheté pour l'occasion », se souvient avec émotion René Huguen, 92 ans. Cet été là, ce fils de cheminot part en famille chez ses grands-parents, à Ergué-Gabéric (Finistère), où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! » Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente. »

 

Article "HUGUEN René, Jean, Louis", Dictionnaire Maitron

Article rédigé par Alain Prigent, version mise en ligne le 8 mars 2010, dernière modification le 5 octobre 2010

Né le 23 février 1920 à Ergué-Gabéric (Finistère) ; directeur commercial, rédacteur en chef de Ouest-Matin, puis instituteur ; secrétaire des Jeunesses communistes des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) en 1944 ; adjoint au maire de Saint-Brieuc (1947-1953) ; directeur de cabinet du député-maire communiste du Havre René Cance (1956-1959), assistant parlementaire de François Leizour, député communiste des Côtes-du-Nord (1978-1981).

René est le fils aîné des trois garçons de Jean-René Huguen, cheminot, et de Marie Jeanne Le Meur, tricoteuse. Son père, syndicaliste CGT fut candidat sur la liste communiste à Saint-Brieuc en 1935. René Huguen fit une partie de sa scolarité à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) où son père travailla dans les années 1920. Il participa aux manifestations de soutien au Front populaire à Saint-Brieuc en 1937 avec d’autres jeunes lycéens du lycée Anatole Le Braz et les militants de la jeunesse communiste. Lié aux enfants de militants de la région des Côtes-du-Nord du PCF de l’époque (Carnet*, Carmené*, Debord* et Flouriot*), il fut très actif dans l’organisation de l’aide aux enfants espagnols accueillis dans l’agglomération briochine par le SRI devenu Secours populaire dans la vallée de Gouédic en 1937-1939.

§ Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1937 ...


Le lieu-dit Croas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012

René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.

Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.

* * *

« Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.

Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: "Ar goas !" (jeune homme).

Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604. »


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    Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise

    Date de création : octobre 2020    Dernière modification : 16.10.2020    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]