Pierres et paysages de St-Guénolé et Lezergué par Keranforest, Télégramme 1972-76 - GrandTerrier

Pierres et paysages de St-Guénolé et Lezergué par Keranforest, Télégramme 1972-76

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Catégorie : Journaux
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§ E.D.F.

Deux articles signés Keranforest, alias Dominique de Lafforest, sur les "pierres et paysages" d'Ergué-Gabéric dans les colonnes du journal Le Télégramme.

Autres lectures : « KERANFOREST, alias Dominique de Lafforest - Pierres et paysages » ¤ « 1974-75 - Lettres de Keranforest sur la protection du patrimoine gabéricois » ¤ « Historique de la chapelle de Saint-Guénolé » ¤ « La rénovation du calvaire de la chapelle de St-Guénolé » ¤ 

1 Présentation

 

2 Transcriptions

Saint-Guénolé

Pierres et paysages par Keranforest à Ergué-Gabéric.

Que pensez-vous qu'il soit plus facile à déplacer : des paroissiens motorisés ou une église paroissiale ? Oui, c'est l'église paroissiale que l'on transporte le plus aisément ; j'en connais quelques exemples. Je ne sais si cela a failli arriver à Saint-Guénolé, au hameau du Quelennec, en Ergué-Gabéric. Une église a été construite en tout cas, tandis que Saint-Guénolé, vaste chapelle restaurée au siècle dernier, se voyait complètement délabrée, malgré les efforts d'un prêtre pour la sauver. Dans cette chapelle qui date du XVIe siècle on remarque que le lambris a été refait en 1679, et signé par Laurent Balbouz et Yvon Jaouen, du temps de Hervé Moysan, fabricien ; dans un talus se voit un bel Ecce Homo en granite rongé. Entourée de gazon, la chapelle se tient au milieu d'un hameau tranquille qui enregistrait sa lente agonie. "C'est aux Beaux Arts !" ai-je entendu dire, une fois de plus ; chaque fois qu'un édifice, protégé ou non, tombe en ruine, on invoque ... le même bouc émissaire. Il est affligeant de remarquer comment, habituée à ne rien décider, une certaine population rejette toujours ses responsabilités dans ce domaine. On a vu, quelquefois, avec quel enthousiasme les habitants d'un village peuvent reprendre en mains le patrimoine qu'il avaient abandonné. Pourquoi ces cas sont-ils encore l'exception ? Par quels moyens réussira-t-on à sortir le public de son indifférence en ce qui concerne son cadre de vie pour l'intéresser à ses paysages et à son habitat ? A Saint-Guénolé, des travaux ont été engagés, avec le concours des Bâtiments de France ; quelle part les habitants du Quélennec vont-ils prendre à cette restauration ?

 

Lezergué

Pierres et paysages à Ergué-Gabéric.

C'est presque un décor de théâtre qui se laisse deviner, sur le coteau en face de la route d'Ergué à Kerdévot, par-delà les prairies et les bosquets. Une façade aux dimensions inhabituelles, à demi voilée par des pans de lierre, allonge des rangées de fenêtres béantes où, tout à l'heure pourraient apparaître des personnages en robes de satin rose, en habits de velours bleu ...

Le soleil d'octobre arrose les feuilles jaunies des jeunes tilleuls ; dans l'allée s'avance un cheval pommelé, attelé d'un petit carrosse rouge. Rouge et argent, les couleurs de la famille qui venait de faire construire cette belle maison : les armoiries de La Marche ornaient aux frontons de Lezergué, sculptées dans le granit de Quimper. Le joli carrosse qui roulait dans l'allée ensoleillée amenant ce matin-là l'évêque de Léon [1].

Jean-François de La Marche venait visiter sa famille, dans ce pays du Grand-Ergué où il était né en 1727. Il aimait la douceur de ses paysages aux petites collines et aux prairies vertes. Il aimait la gaîté des gars du pays, l'admirable humilité des vieux de la paroisse. Il aimait aussi revoir ce château tout neuf dont la façade, les pièces, le mobilier, montraient cette grâce d'équilibre qui devait être la marque de ce règne où le peuple de France tout entier, jouissait peut-être des plus grandes libertés qu'il ait jamais connues [2]. En toutes choses, « la qualité de la vie » se vérifiait. Les maçons qui avaient élevé ces appartements spacieux et largement éclairés, le grand escalier double, les menuisiers qui avaient boisé les murs de lambris bien dessinés, les jardiniers qui avaient tracé le potager avec art et sagesse, autant que les fermiers qui tressaient la queue de leurs chevaux et fleurissaient leurs crinières, tout le monde semblait bénéficier d'un sens de la nature tel que chaque ouvrage, en ce temps-là, fut une oeuvre d'art.

Sous la mousse et les orties, les marches qui descendaient aux jardins de Lezergué le disent encore ; le mouvement gracieux de leur concavité, aussi bien que les sculptures de l'armoire campagnarde ou que la musique des chants du Barzaz-Breiz, témoigne de ce que créer l'esprit des hommes, lorsqu'il jouit de la vraie paix.

KERANFOREST

3 Coupures de presse

 

4 Annotations

  1. Note de l'auteur : Abbé Kerbiriou : « Etude sur un diocèse breton et sur l'émigration ». [Ref.↑]
  2. Note de l'auteur : Paul Del Peugia : « Louis XV ». Editions Albatros. [Ref.↑]


Thème de l'article : Patrimoine communal

Date de création : septembre 2018    Dernière modification : 5.09.2018    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]    Source : Télégramme 1972 et 1976