Modèle:Rosmorduc-61
Un article de GrandTerrier.
MONSIEVR, Je receu vos deux derniers en mesme jour par l'adresse de Mr d'Hozier & une minute des lestres de don que vous esperés obtenir en ma faveur. Celui qui les a dressées est si sçavant aux affaires de ceste nature que j'estime que son premier projet vaut incomparablement mieux que tout ce que je y pourois adjouter. L'advis qu'il vous a pleu me doner touchant la difficulté de la verification des lestres d'erection est fort iudicieux. Les cours souverenes ne sont pas toutjours disposées à faire faveur & souvant en ses rencontres le bon heur & l'industrie operent plus que le merite. Vous sçavés que la pansée de cette erection de ma terre en vicomtée n'est que come accessoere à une premiere qui estoit d'obtenir le seul don des preeminances |
je ressamble aux Gascons & aux gens de bone maison qui mandient, l'espée au costé, ils font des rodomontades & promettent de la faveurà ceux mesme qui leur font la charité, ils ont les habis dechirés et le coeur entier, & soubs la contenance d'un pauvre soldat ils ont le courage d'un valeureux capitaine ; ses braves prometent d'exercer la liberalité de Caesar lors que la necessité les oblige à exercer la vertu de Bellifere, & se vantent d'estre riches lors qu'ils sont accablés du fais de leurs miseres ; je tiens quelque chose de leur humeur, lors que je reçois de vostre liberalité des faveurs extraordinaires, je vous prometz de recognoestre les obligations que vous acquerés sur moy, aveq autant d'assurance que si j'en avois le pouvoir, et neanmois apres avoir fait inventere de tout ce qui m'appartient, je ne trouve pas seulement de quoy satisfaire à vos interets. Il n'i a que les muses toutjours secourables qui puissent relever mes esperances et estançoner mes ruines, elles se vantent de posseder plus de biens qu'il ne s'en peut trouver dans le nouveau monde, ni dans les flotes qui arrivent à Sivile, ses filles du Ciel, les queles par une grace qui leur est toute particuliere sont belles & vieilles tout ensemble, font les doux yeux à mon trauail & agreent mes sacrifices, elles ne dedeignent pas mes caresses & me donent d'vne main liberale tout ce qu'elles gardent de plus precieux dans leurs trésors inestimables. A la vérité leurs richesses ressamblent fort à des chansons et à des vers & à de la prose & malaisement les Genois les voudroient prandre pour ce que leur doet le roy d'Espaigne, ni l'armée du Vuimar pour une montre bien payée, toutefois cette monoye n'est pas toutjours de singe quand elle est marquée au coign du Parnasse, elle a cours partout ou il y a des homes qui sçavent lire ses caracteres, et iamais elle n'est descriée dans le pais des honestes gens. J'auré grande obligation à ma Clio si elle peut deminuer celle que vous avés acquise sur moy & me fournir avec abondance les termes necesseres pour publier de bonne grace la verité & vos louanges qui sont inséparables, elle peut me rendre riche à sa mode & à la miene, c'est à dire en conceptions & paroles, je vous assure que je ne veux pas ses liberalités que pour avoir les moiens de me degager en quelque façon des vostres et vous themoigner que je suis plus personne du monde Vostre ... |