Modèle:Rosmorduc-6
Un article de GrandTerrier.
MONSIEVR MON CHER CONFRERE, Je viens de recevoir la vostre & celle de Mr le comte de Brulon, qui justifient la diligence & l'affection que vous apportés pour faire reussir, ce qui me touche. Je ne mets point en doute que le dit seigneur comte n'obtiene du Roy tout ce qu'il voudra demander, et jé aussi peu de subjet de creindre que vous manquiés de soign pour soliciter mes expeditions, je vous suplie de me themoigner en ceste affaire les effaits de vostre amittié, puis qu'elle m'est importante au dela de tout ce je vous puis exprimer Je ne puis revenir de l'estonement dans lequel vous m'avés jetté touchant Mr de Balzac Vostre gesnie a un ascendant absolu sur le mien et je n'ay jamais d'objections à proposer sur les matieres que vous avés resolues, vous estes mon Pitagore et je crois payer de bonne raison lors que je cite vostre authorité, vous estes capable de me persuader que le Roy n'est pas en la Cour et que le Danube passe au Pont-Neuff, neanmoins vostre retorique n'est pas encore assés puissante pour imprimer en mon immagination que mes escrits puissent esgaler en auceune proportion ceux de Mr de Balzac |
mais si l'on me chicane sur quelques termes de Landerneau que jé encore retenus de ma nourice, je ne suis pas resolu d'en former une querelle, ni de jetter mon gage de bataille, ce n'est pas une injure de porter les marques d'enfant legitime et je né garde de desadvouer un pais où ma naissance ne fait fond d'une pansion mieux assurée que celles des historiographes de la Cour et que je reçois sans brevet ni sollicitation. Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin Jé veu le volume que vous avés envoyé à nostre marquis Je vous envois la genealogie de Lesonet Le Prestre, affin de m'aquiter de mes debtes ; quand je suis à Lesergué, je ne me defans jamais par delays, respirs Monsieur, Vostre très humble & très obligé confrère & serviteur. MISSIRIEN. À Lesergué, ce 8e fevrier 1638. Je vous prie que messieurs de Ste Marthe, du Chesne et la Paire trouvent en ce lieu les assurances de mon service. |
Notes (Rosmorduc) :
- M. de Missirien faisait alors des démarches pour obtenir du Roi le don des prééminences de sa paroisse ainsi que l'érection de ses terres en vicomté. C'est ce que nous apprennent les deux lettres suivantes qu'il écrivait au comte de Brulon les 1er et 17 juin 1638. [Ref.↑]
- Jean-Louis Guez, seigneur de Balzac, célèbre écrivain du XVIIe siècle, qui se plaça par ses ouvrages au premier rang des prosateurs de son temps. L'engouement fut vif et prompt, mais la critique le fut aussi. Le père Goulu, général des Feuillants, l'attaqua avec une animosité violente, dans ses Lettres de Phyllargue à Ariste. Ces désagréments décidèrent, dit-on, Balzac à se retirer dans sa terre, où il passa le reste de sa vie, solitaire, mais entretenant un commerce de lettres soignées avec la plupart des beaux esprits de son temps, même avec des souverains, parmi lesquels Christine de Suède. (Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France. [Ref.↑]
- Julien Furic, s. du Run, avocat au Parlement de Bretagne, auteur des ouvrages suivants : I. L'Usement du domaine congéable de l'évêché et comté de Cornouaille, commenté par Julien Furic, avec l'usement local de la principauté de Léon et juridiction de Daoulas. Paris, 1644, in-4°. - II. Réflexions sur le gourvernement du cardinal de Richelieu, avec un narré raccourci de toutes les actions qu'il a faites pendant son administration. Paris, 1468, in-4°. III. Entretiens civils du sieur Furic, advocat, dédiés à Mme de Carman. Paris, Journal, 1659, in-18. (P. Levot, Biographie bretonne). - Julien Furic mourut à Quimper, en sa demeure de la rue Obscure, le 23 novembre 1665 et fut inhumé le lendemain dans la cathédrale de Quimper. Il avait épousé Marie Le Beguec, dont il laissa : 1° Corentin Furic, s. de Keramanoir, décédé recteur de Loctudy et inhumé, le 22 janvier 1679, en son église, "dans vne tombe a voutte donnant vers le midy et despendante du manoir de la Forest". - 2° Ignace Furic, s. de Keramanoir et de la Forest, avocat en la Cour, qui épousa, en premières noces, le 20 août 1665, Françoise Bobet, et en secondes noces, le 8 avril 1677, Marie du Stanguier, dame douarière de Kermorvan - 3° Françoise Furic, mariée le 12 août 1655 à Guillaume de Kerguélen, écuyer, s. de Kerbiquet, conseiller du Roi au siège présidial de Quimper. [Ref.↑]
- Nicolas Caussin, jésuite, né à Troyes en Champagne, l'an 1583, se fit religieux en 1596, ou plutôt selon le père Alegambe en 1606, âgé de 23 ans, & enseigna avec beaucoup de réputation à Rouen, à Paris, à la Flèche & ailleurs ; ensuite il parut avec tant d'éclat dans la chaire, que cela le fit choisir pour confesseur de Louis XIII. C'était un homme d'une grande probité et qu'aucune considération humaine ne pouvoit obliger de trahir ses sentiments, lorsqu'il les croyait raisonnables. Persuadé par les conseils du confesseur de la Duchesse de Savoye, il travailla à faire rappeller la reine mère Marie de Medicis, & à détruire le cardinal de Richelieu ; mais ce ministre plus habile que lui, le fit reléguer, & il ne revint à Paris qu'après la mort du cardinal. Il y mourut le 2 juillet 1651 (Moréri, Dictionnaire historique). Cet ouvrage renferme en outre l'énumération des oeuvres du père Caussin. [Ref.↑]
- Il s'agit de l'Histoire de Bretagne avec les Chroniques des Maisons de Vitré et de Laval, par Pierre le Baud, ouvrage édité à Paris, en 1638, par Pierre d'Hozier, et dédié au marquis de Molac. [Ref.↑]
- Délais. [Ref.↑]
- Excuses. [Ref.↑]