Modèle:CrimeGourmelen995 - GrandTerrier

Modèle:CrimeGourmelen995

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search

La responsabilité de Lizen était, en effet, entière ; mais Me Jean Jadé, qui avait la lourde tâche de présenter la défense du jeune criminel, s'est efforcé d'apitoyer le jury en lui exposant la triste jeunesse de Louis Lizen, fils d'un père et d'une mère alcooliques, abandonné à lui-même sans conseil et sans affection, puis jeté dès l'âge de 13 ans, dans une de ces verreries de la Seine-Inférieure où trop d'enfants se livrent à un travail épuisant dans une lamentable promiscuité morale.

Me Jean Jadé a soutenu que son hérédité a pesé certainement sur son geste meurtrier et il a adjuré le jury dans une belle envolée oratoire de faire aussi la part des responsabilité de la société dans l'abandon dont Louis Lizen a été l'objet depuis sa naissance. Il a terminé en faisant appel à la pitié du jury et en l'adjurant de laisser pour son client une porte ouverte pour lui permettre de s'amender et de reprendre sa place dans une vie honnête et de devoir.

Me Alizon, l'éminent bâtonnier de l'ordre des avocats du barreau de Quimper, avait, avec son grand cœur et son admirable éloquence, présenté la défense du jeune André Tanguy, 14 ans, aussi domestique de ferme, à Niverrot, en Ergué-Gabéric, accusé de complicité dans l'assassinat de François Gourmelen - de Fanch comme on l'appelait - et, dans une émouvante péroraison, il a adjuré le jury de l'acquitter, de le rendre à son ancien patron, M. Bourbigot, 31 ans, cultivateur, à Niverrot, en Ergué-Gabéric, cité comme témoin, qui avait donné sur lui les meilleurs renseignements - et qui avait demandé aux jurés qu'il lui soit rendu.

- C'était là, comme l'a dit M. Bertin, conseiller à la Cour d'appel de Rennes, qui « magistralement » - c'est le cas de le dire - présidé les assises, le plus bel éloge qu'on pouvait faire du « petit André Tanguy ».

Le jury a écouté l'appel de Me Alizon et a acquitté sont tout jeune client.

En ce qui concerne Louis Lizen, le jury a répondu affirmativement à la question d'assassinat, à celle de préméditation et à celle de vol.

C'était donc la peine de mort. Mais le jury a décidé, après plaidoirie e Me Jean Jadé, qu'il y avait lieu de faire bénéficier des circonstances atténuantes - ce qui pouvait entrainer une condamnation aux travaux forcés à perpétuité.

Le jury est allé plus loin et n'a pas voulu non plus s'arrêter à cette peine. Aussi, a-t-il fait prier M. le Conseiller Bertin de vouloir bien se rendre dans sa salle de délibération où il lui a, parait-il, exprimé son désir ...

Et voilà comment Louis Lizen a été condamné à quinze ans e travaux forcés.

Il convient d'ajouter le chef du jury - c'est-à-dire celui dont le nom est sorti le premier de l'uere pour les douze jurés appelés à siéger dans cette affait - a été Jean Cap, commerçant à Plouescat. Il convient d'ajouter aussi que trois Brestois ont siégé comme jurés dans l'affaire du crime de Niverrot, en Ergué-Gabéric : M. René Canévet, instituteur en retraire, Guillaume Goachet, ancien entrepreneur de peinture et Joseph Pellé, publiciste.

Le verdict du jury a été attendu avec impatience par l'affluence énorme qui avait envahi la salle de la Cour d'assises dans toutes ses parties - prétoire compris.

Oh! combien ces deux longues audiences ont été cependant pénibles, navrantes, écœurantes de voir assis sur le banc de la Cour d'assises, prévenus d'assassinats et de vols, trois accusés respectivement de 14 à 19 ans. Il y a, incontestablement, comme l'ont si éloquemment dit MMrs Alizon et Jean Jadé, beaucoup à faire, au point de vue social, pour arrêter la jeunesse dans la voie du crime. C'est une tâche à laquelle il convient de suite de s'attacher. Le temps presse.

Voilà la morale de eux lamentables affaires d'assassinats que la Cour d'assises du Finistère vient de juger.

A.R.