Modèle:CF-1893-1 - GrandTerrier

Modèle:CF-1893-1

Un article de GrandTerrier.

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Oui, tout simplement pour un sermon ! Et ce qu'il y a de mieux, c'est que, au moment de l'enquête qui eut lieu devant le Conseil de préfecture de Quimper, les opportunistes battus déclarèrent que se sermon était bien et ne contenait rien de contraire aux lois.

Du reste, en voici la principale partie telle qu'elle a été reconstituée d'après les dépositions des témoins et versée au dossier de l'affaire. C'est le dimanche de Quasimodo que ce sermon fut prononcé et, après avoir commenté les paroles de l’Évangile du jour : Pax vobis. Que la paix soit avec vous, le prédicateur, M. l'abbé Favé, ajoutait :

« ... Oui, c'est bien là le souhait qu'il est bon de vous faire à la fin de ces belles fêtes Pascales. Vous y avez trouvé la paix, vous saurez la conserver, car vous prendrez les moyens pour cela. Jamais, il n'a été plus nécessaire de vous souhaiter la paix, la paix avec Dieu, la paix avec vous-mêmes, la paix avec le prochain. À cette heure surtout, le cœur du prêtre est triste parce qu'il voit avec douleur que, peut-être, la dissension va se mettre entre nous, la haine et la rancune : des haines et des rancunes qui dureront, hélas, longtemps !

C'est triste à y penser, quand on vous a vu, pendant ces jours, assis à la même Table Sainte, répondant à la même invitation du Sauveur béni, enfants de la même paroisse, enfants du même Père qui est aux cieux.

Mais, qu'est-ce que paix ? - Le bon ordre en toutes choses. Qu'est-ce que l'ordre en toutes choses ? - Chaque chose à sa place. Pas d'ordre, donc de paix, si Jésus notre Dieu, ne tient pas toujours la place qu'il doit avoir : la première place dans chaque cœur, dans chaque paroisse, dans chaque État.

Cette paix ne peut donc se trouver que dans l'accomplissement de tous nos devoirs, sans excepter un seul, y compris celui que vous aurez à accomplir dimanche prochain, un des plus graves, des plus importants dans la vie d'un vrai chrétien.

Je veux parler du vote que vous aurez à donner.

- "Faut-il voter ?" - Celui qui reste sans aller voter engage sa conscience.

- "Mais alors pour qui voter ?" - Je ne vous répondrai pas : cela vous regarde. - Je n'ai pas vous le dire : je ne vous le dirai pas ! Mais votez selon votre conscience, comme doit le faire un bon chrétien et un homme libre.

Votez selon votre conscience en songeant que le billet que vous mettrez dans l'urne, dimanche, sera dépouillé (countet) deux fois : une fois par le Maire, au soir du 1er mai, une autre fois par Dieu, au soir de votre vie, au jour du jugement qui suivra immédiatement votre mort ».

Nous avons volontairement soulignés les passages visés par l'instruction, mais qui ne contiennent rien de délictueux. « Votez selon votre conscience » a dit M. l'abbé Favé. Si à Ergué-Gabéric, il y avait des députés panamistes, nous eussions compris qu'ils aient traduit : « Ne votez pas pour nous » mais point n'est le cas.

D'autant que M. l'abbé Favé passe à Ergué pour un libéral ; on l'appelle même le « républicain ». C'est un savant, un archéologue qui fouille, bouquine et ne s'occupe pas de politique.

Mais alors ?

Demandez à MM. Proudhon et Hémon [1] pourquoi ils ont fait annuler ces élections.