Modèle:Bernard-9 - GrandTerrier

Modèle:Bernard-9

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search

Monsieur,

Mon cher cousin, je n'estois pas au logis lorsque vostre derniere fur rendue céans et ne l'ayant receu que depuis quatre jours, je n'avois pey y faire plus tost reponse. Je vous remercie des paines qu'il vous a plu prandre de m'escrire une si bone et longue lestre qui me marque très ponctuelement ce qui c'est passé de plus particulier en nos estats où au grand contentement de tous nos amys, vous avés rencontré une occasion très favorable pour faire voir à toutte la province les grands talents que vous possédés et que vous emploiés si généreusement au soutiende ses droits. Vous avés remarqué par vostre lestre aveq tant de circonstances et de jugement les motifs des sentiments que vous avés fait prandre aux estats, que je ne puis que je n'admire vostre facilité de exprimer aussi bien par écrit que par paroles, deux qualutés excellantes que neanmoins se rencontrent rarement en une mesme personne. Je veux que les bien nés ayent subjet de se réjouir et de doner la gloere à Dieu, mais je scay aussi qu'il ne faut tout doner à la nature et que vostre travail et assiduité à l'estude vous ont acquis le profond scavoir qui anime vos raisonemens, lequel se reconcontrant avecq ceste grande liberté, douceur et adresse d'esprit que vous possédés en haut degré. Il n'est pas possible que cest assemblage et heureux mélange ne compose en vous un grand homme. Ce que je dis pour ne desnier pas mes foibles sufrages à la mérite et pour convier à continuer de vous servir des biens que vous possédés et d'en user pour le soulagement de vostre pais et le consentement de vos amys.

 

Je nay pas encore veu M. le président que l'on m'escrit de Kemper estre de retour, nous avons tous grande passion de vous ambrasser et de vous aler complimenter à vostre retour, je vois par la dernière que vous écriviés à ma niepce vostre fame que vous avés fait examiner vostrez comte, c'edt bien le plus tost et le plus surement fait, mais jay toujours pleint les fraits et la depence si le Trélaset m'eut fait destituer elle m'auroit obligé au lieu de me nuire, je nay que du blasme et du soign et la depance en la curatel spécilae de la Plessix, mais je panse qu'elle vaudroit ceste charge remplie de quelque personne qui serait à sa devotion et qui se joinderait avecq elle. Vous me rejouissés en m'assurant que les affaires du compère Peninic vont bien. Jay passé au pont cinq ou six fois depuis deux mois sans mettre pied à terre, il m'est advis qu'il ni a personne en ville quand Penninic est absent, faites lui s'il vous plair mes besemains, vous trouverés vostre mère comme vois l'avez lessée vostre fame en a très grand soign, c'est chose que jau veu, nous faisons des voeux pour qu'elle vive encore sept mois, après cela requïes in pace. Je ne vous ennuit pas mais il démange à d'autres, je reserve le surplus aux pauvres et vous prie de croire que je suis de bouche et de coeur,

Vostre très humble serviteur, Missirien.

Ce 21 mars 1645, à Lesergué.
Ma fame vous est très humble servante.

A Monsieur, Monsieur de Kerescant, conseiller du Roy et son procureur au siège présidial de Kemper. A Renes.