Les souvenirs des écoles privée et publique de Lestonan par Henriette Briand-Francès - GrandTerrier

Les souvenirs des écoles privée et publique de Lestonan par Henriette Briand-Francès

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Aujourd'hui il n'y plus beaucoup de personnes de mon âge pour parler. Je suis née en janvier 1924. Et je me suis toujours intéressée aux questions d'écoles, depuis le temps où, petite, j'assistais aux bagarres entre les deux écoles de Lestonan. Parce que j'étais dans une école privée, par obligation, car c'était pas du tout les idées de mon père. De ma mère oui. Mon père Youenn Briant, ouvrier à la papeterie d'Odet, avait du accepter de mettre ses enfants à l'école privée. Aujourd'hui il n'y plus beaucoup de personnes de mon âge pour parler. Je suis née en janvier 1924. Et je me suis toujours intéressée aux questions d'écoles, depuis le temps où, petite, j'assistais aux bagarres entre les deux écoles de Lestonan. Parce que j'étais dans une école privée, par obligation, car c'était pas du tout les idées de mon père. De ma mère oui. Mon père Youenn Briant, ouvrier à la papeterie d'Odet, avait du accepter de mettre ses enfants à l'école privée.
-Et le pire c'était cette dame qui habitait Stang-Venn. C'était Marjan Riou dont le mari Youenn ar Harp travaillait à l'usine. Elle gardait des enfants de la DDAS. Sa fille Bernadette était à l'école privée dans la même classe que. Par contre la fille qu'elle gardait était obligatoirement à l'école publique. Et nous, à l'école privée, on n'avait pas le droit de rentrer de l'école à la maison en compagnie de ceux de l'école publique, c'était formellement interdit. Alors qu'elles vivaient dans la même maison, mais elles n'avaient pas le droit de marcher ensemble sur le chemin de retour de l'école. C'était ridicule. +Et le pire c'était cette dame qui habitait Stang-Venn. C'était Marjan Riou dont le mari Youenn ar Harp travaillait aussi à l'usine. Elle gardait des enfants de la DDAS. Sa fille Bernadette était à l'école privée dans la même classe que. Par contre la fille qu'elle gardait était obligatoirement à l'école publique. Et nous, à l'école privée, on n'avait pas le droit de rentrer de l'école à la maison en compagnie de ceux de l'école publique, c'était formellement interdit. Alors qu'elles vivaient dans la même maison, mais elles n'avaient pas le droit de marcher ensemble sur le chemin de retour de l'école. C'était ridicule.
Nous également, on avait des copines qui étaient à l'école publique aussi. On s'arrétait un peu plus loin quand on était arrivé en haut de la côte de Menez-Groas, on se retrouvait là et on rentrait ensemble. Et pour les sorties qu'on faisait ensemble, des promenades où on cherchait des nids avec les garçons par exemple, on était tous ensemble, publique, privée,il n'y avait pas de différences. Mais à l'école c'était interdit ce truc là. Nous également, on avait des copines qui étaient à l'école publique aussi. On s'arrétait un peu plus loin quand on était arrivé en haut de la côte de Menez-Groas, on se retrouvait là et on rentrait ensemble. Et pour les sorties qu'on faisait ensemble, des promenades où on cherchait des nids avec les garçons par exemple, on était tous ensemble, publique, privée,il n'y avait pas de différences. Mais à l'école c'était interdit ce truc là.

Version du 17 septembre ~ gwengolo 2015 à 21:19

Catégorie : Mémoires  
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Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours l'oeil vif ...

Voici ses souvenirs racontés en août 2015 ... et au passage des photos de croisées ...

Autres articles : « Youenn Briand, ancien conducteur de la machine à papier n° 7 » ¤ « Jean et Francine Lazou, instituteurs de 1926 à 1950 » ¤ « L'année 1939-40 de Magdeleine Gloaguen à l'école communale de Lestonan » ¤ 

1 Les années d'avant guerre entre public et privé

Aujourd'hui il n'y plus beaucoup de personnes de mon âge pour parler. Je suis née en janvier 1924. Et je me suis toujours intéressée aux questions d'écoles, depuis le temps où, petite, j'assistais aux bagarres entre les deux écoles de Lestonan. Parce que j'étais dans une école privée, par obligation, car c'était pas du tout les idées de mon père. De ma mère oui. Mon père Youenn Briant, ouvrier à la papeterie d'Odet, avait du accepter de mettre ses enfants à l'école privée.

Et le pire c'était cette dame qui habitait Stang-Venn. C'était Marjan Riou dont le mari Youenn ar Harp travaillait aussi à l'usine. Elle gardait des enfants de la DDAS. Sa fille Bernadette était à l'école privée dans la même classe que. Par contre la fille qu'elle gardait était obligatoirement à l'école publique. Et nous, à l'école privée, on n'avait pas le droit de rentrer de l'école à la maison en compagnie de ceux de l'école publique, c'était formellement interdit. Alors qu'elles vivaient dans la même maison, mais elles n'avaient pas le droit de marcher ensemble sur le chemin de retour de l'école. C'était ridicule.

Nous également, on avait des copines qui étaient à l'école publique aussi. On s'arrétait un peu plus loin quand on était arrivé en haut de la côte de Menez-Groas, on se retrouvait là et on rentrait ensemble. Et pour les sorties qu'on faisait ensemble, des promenades où on cherchait des nids avec les garçons par exemple, on était tous ensemble, publique, privée,il n'y avait pas de différences. Mais à l'école c'était interdit ce truc là.

Et il y a même des gens quand on a fait l'école privée, qui travaillaient encore à l'usine, qui avaient leurs gosses à l'école publique, et les gosses ne voulaient pas partir. Ils habitaient à Lestonan ceux-là. Lui il a été viré de l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine, mais je me rappelle qu'il était sourd-muet et qu'ils habitaient dans la cité du Champ près de l'école publique. Il a du partir à Quimper et a vendu sa maison. Je me rappelle plus de son nom, sa maison a été habitée ensuite par Bénéat.

Il y a aussi le père de Mathias Louët, à Lestonan, qui a été viré de l'usine parce qu'il n'avait pas voulu envoyer ses gosses à l'école privée.

La grand-mère Marjan Riou, un jour, elle était venue faire ses courses à Lestonan, et elle rentrait, il était presque midi. Bernadette et moi on était dans la petite division de la grande classe et on devait avoir 11 ans. Et on a entendu la maman frapper fort, à la porte de la classe. Elle n'a pas attendu qu'on lui dise d'entrer, elle a ouverte la porte en grand, et elle dit en breton : qu'est ce que ça veut dire ça, ces histoires avec les enfants, ils n'ont pas le droit de rentrer ensemble. Bernadette, viens ici, qu'elle dit à sa fille. Nous on était tous "strouillées" complètement de voir ça. Elles couchent ensemble toutes les deux. elles mangent dans la même salle. Elles n'ont pas le droit de rentrer ensemble ? C'était vrai son raisonnement. Elle ne savait pas le français. Elle disait tout en breton. Mais à l'époque tous les gosses, à part quelques uns de Keranna qui ne connaissaient pas, comprenaient très bien le breton. Et Bernadette se faisait toute petite dans son coin, de voir sa mère parler comme ça. Nous on riait sous cape, parce qu'on disait : mon dieu qu'est-ce qu'elle prend aujourd'hui. Et la bonne soeur qu'on avait, c'était vraiment une peau de vache, Melle Marie qu'on l'appelait. C'était une fille Daëron originaire de Plonévez-du-Faou. C'était vraiment une peau de vache, elle avait ses préférées. Il y avait les filles des gens qui allaient à l'église et bien notés par les Bolloré. Après quand Bernardette est revenue à l'école l'après-midi, les religieuses ont continué à faire des remarques comme quoi il n'y avait toujours pas le droit de faire route ensemble. C(était rentré dans les meurs. On savait bien que si yavait des copines de l'école publique sur la route vers Stang-Venn. Aimez vous les uns les autres, c'est ce que dit la religion catholique. On avait peur qu'on nous voit ensemble.

Moi j'aurais pu finir ma dernière année à l'école publique. J'étais pas dans les meilleures, j'aimais bien rigoler à l'école. Si j'avais voulu m'appliquer vraiment, comme il fallait, j'aurais pu faire autre chose. Un jour on avait eu à résoudre un problème, je me rappelle, compliqué, compliqué. Il n'y avait pas grand monde qui avait réussi. c'était un problème de calcul de volume. J'avais pris une feuille dans mon pupitre, et ayant un modèle devant moi, j'avais trouvé. Ca m'avait obligé à réfléchir.

J'ai quitté l'école en 1938. J'aurais du avoir mon certificat l'année d'avant. Mais j'étais très mauvaise en orthographe, nulle quoi. J'avais fait cinq fautes dans ma dictée, sur les autres matières j'avais le nombre de points, mais le 0 en dictée m'avait tout foutu en l'air. En 1938 et en 1939 il y avait beaucoup de changements d'élèves à l'école privée, des élèves qui allaient à l'école publique. Moi je voulais pas, je disais à mon père, "avec le certificat je vais changer d'école et je ne l'aurai pas". C'est vrai, il y avait une adaptation avec les maitres. On ne m'a pas changé d'école, parce que c'était ma dernière année. Beaucoup de mon âge, et des plus jeunes que moi, ont quitté l'école à ce moment-là pour aller à l'école publique. L'école publique était gratuite. L'école privée ne coutait pas cher non plus car c'était payé par Bolloré. En 1937-38 c'était devenu plus libre, on a mis Bolloré dans l'obligation de laisser les familles choisir leur école. Les gens aurait peut-être changé depuis plus longtemps, mais comme le privé était obligatoire avant, et ils auraient été virés de l'usine. Et donc ceux qui préféraient le public par conviction ont changé.

 

Mon père n'était pas pour l'école privée, pas du tout, mais ma mère si. Il y a des gens qui ont changé qu'on aurait pas dit, qui n'avait qu'une fille, par exemple Marie-Louise Hascoët qui s'était mariée à Pierre Moal, ils habitaient rue des lauriers, Le père de Marie Louise travaillait à l'usine, il s'appelait Fanch Hascoêt, elle était fille unique. On lui a changé d'école. Les filles Huitric, qui habitaient les maisons jumelles à l'entrée de Lestonan, on les avait envoyées à l'école publique. On nous avait dit en classe que leurs parents c'était de bons parents parce qu'ils avaient pas changé d'école à leurs filles comme Marie Louise Hascoët. Leur père avait voulu les envoyer au public, la mère n'a pas voulu, elle a tenu, et elles sont restées avec nous. Quelque temps après les filles Huitric sont parties aussi.

J'ai quitté l'école à 13 ans 1/2, j'aurais pu rester jusqu'à 14, mais je n'avais plus rien à y faire.

Au CP, c'était la classe de la soeur Jeanne. Après il y avait mademoiselle Francine. Il y avait deux divisions par classe, CE1 et CE2.

En enfin la grande classe où j'étais, il y avait le CM1 et le CM2. Et ensuite il y avait le cour supérieur pour ceux qui avaient eu le certificat à l'âge, ils avaient encore deux ans à faire, ils n'étaient pas nombreux, deux ou trois tables, même pas une dizaine de gosses. Yavait Thérèse Rolland (mariée à Maurice Mahé), Annick Le Grand (mariée à Alain Philippe), Jeannette Gourmelen (la future épouse d'Henri Le Gars), Marie Tandé. Elles sont parties ensuite à Ste-Anne ou à Ste-Thérèse à Quimper.

Du côté de l'école publique c'était Lazou l'instituteur, j'ai connu deux autres après dont M. Lagadec. Skol an Diaoul, qu'on disait à l'école privée. Mon père et M. Lazou étaient copains tous les deux. Je me rappelle très bien de lui. M. Lazou était bien vu de tout le monde, c'est lui qui a fait bouger Lestonan, c'est lui qui a fait la première fête de Lestonan. Et tout ces trucs comme les promenades scolaires qu'il a mises sur pied. Il n'a pas eu du bol, il a été tué au début de la guerre, il était capitaine dans l'armée de terre et puis il a été à Dunkerque. Sa femme a été déportée après, quand il y a eu l'occupation, pendant 3 ans je crois, et sa fille Manou a été déportée aussi. Mathias Louët qui habitait la petite garenne près de l'école a été déporté aussi. C'était les communistes du coin. Mon père n'a pas fait la guerre, il avait 4 gosses, il a failli y aller, mais il a eu la chance de rester avec nous.

Mlle Marie avait sa classe et était la directrice. La mère supérieure par contre n'enseignait pas. Soeur Charles s'occupait aussi de l'organisation de l'école. Il y avait une soeur infirmière. Soeur Madeleine qui était musicienne, celle-là s'occupait des activités en dehors des classes, des pièces de théâtre, elle nous apprenait des récitations, elle jouait de l'harmonium. Il y avait soeur Jeanne qui n'est pas restée longtemps, elle est morte jeune de tuberculose. Après il y a eu Mlle Francine. Et soeur Louis qui enseignait à la maternelle. Elles étaient à 6 ou 7 religieuses.

Moi j'ai des photos prises à l'école, yavait les croisées. Pour les filles pieuses et sages à l'école. Moi j'ai été croisées aussi, on avait notre insigne. A l'époque il fallait aller communier tous les premiers vendredis du mois.

Yavait pas de cantine à l'école, yavait que celles venaient de loin, de Briec, de Gougastel, qui apportaient leur casse-croute avec elles. On le leur chauffait, que ce soit à l'école publique que privée. A l'école publique c'est le bureau tabac Joncour qu'ils pouvait chauffer leur gamelle. Nous on rentrait à midi chez nous manger, t comme ça on évitait les promenades obligatoires avant de reprendre la classe. Les seurs avec leur coiffes, elles venaient jusqu'aux arbres creux de Pennanec'h où des garçons se cachaient et leur lançaient discrètement des mottes de terre.

Quand moi je rentrais, c'est moi qui faisait à manger, car ma mère faisait les 2/8 et mon père les 3/8. Quand ils partaient tous les deux à 5H du matin, le petit déjeuner et le midi n'était pas sur la table quand nous on arrivait. Je faisais à manger à mes frères et soeurs, surtout à Jean et Louise les plus jeunes. Hélène est venue plus tard. Je m'occupais aussi de Pierre Le Berre le copain de Jean.


2 Les croisées

Les noms de la photo 1

Photo 1
Photo 1
Photo 2
Photo 2

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    Thème de l'article : Mémoires de nos anciens gabéricois.

    Date de création : Décembre 2010    Dernière modification : 17.09.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]