Les sagesses antiques de Jean-Marie Déguignet et de Michel Onfray - GrandTerrier

Les sagesses antiques de Jean-Marie Déguignet et de Michel Onfray

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Dans son premier tome intitulé « Les sagesses antiques » de sa « Contre histoire de la philosophie », Michel Onfray réhabilite les hédonistes antiques contre les écoles de Platon et des Stoïciens.

Qu'en est-il de Jean-Marie Déguignet dans ses Mémoires d'un paysan bas-breton ? Admirait-il Diogène, Epicure et Epictète ? À l'instar d'Onfray abhorrait-il Platon et Socrate ? Que voulait-il dire quand il disait qu'il était un philosophe stoïcien ?

Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un Paysan Bas-Breton » ¤ 

1 Présentation

 

2 Morceaux choisix

Diogène, page 544

Je me trouve depuis dix ans logé dans un trou plus petit sans doute que le tonneau de Diogène et beaucoup plus malheureux que lorsque je mendiais mon pain de ferme en ferme.

Diogène, page 475

Depuis que je suis dans ce trou, plus petit que le tonneau de Diogène [1], quoique ce tonneau selon M. Courrier [2] n'était qu'un pot de terre, j'ai continué à écrire quand le temps me le permet ... « Sic est vitam pauperes in bace mundo  » (telle est la vie des pauvres en ce bas monde).

Diogène et Epictète, page 554

Je suis un philosophe stoïcien, plus stoïcien sans doute qu'aucun de ceux qui se donnaient ce nom au temps de Diogène et d'Epictète, j'en ai donné des preuves durant toute ma vie et j'en donne encore en ce moment, en me laissant condamner à mort ...

Épicure et Lucrèce, page 768

« In tenebris tantis extalleri lumen qui primus postuisti, illis trans comedia vitae », disait Epicure [3]. Le seul moyen d'échapper à toutes ces misères est de posséder une forte dose de philosophie naturelle, de s'élancer en esprit dans les espaces célestes, loin de tous ces bipèdes sans plumes et sans raison.

Lucrèce et Pythagore, page 694

Lucrèce [4] et Pythagore [5] dans la métempsychose [6]
Prétendent que l'âme est aussi quelque chose
Qui passe et repasse de l'homme au végétal
Du végétal à l'homme ou autre animal.

Lucrèce, page 657

Lucrèce disait aussi que les criminels étaient toujours punis sinon par le bourreau, du moins par leur conscience, par leur conscience surtout. Mais Lucrèce ne savait pas qu'un jour viendraient des hommes, des chrétiens qui ignorent complètement ce que veut dire conscience ...

Juvénal, Lucrèce et Virgile, page 703

D'après Juvénal, Lucrèce et Virgile, c'était par là, par la conscience que les citoyens romains étaient punis, c'était elle les vrais enfers des criminels. « Hinc Achuresia fit stultorum denique vita » [7].

Lucrèce, page 800

Ces savants, qui se vantent d'être érudits, et parlent un peu de tout dans ce gros volume, semblent cependant ne pas connaître Lucrèce et son poème De la Nature, ni les œuvres des dieux, desquels ils parlent partout. S'ils avaient voulu savoir comment les premiers hommes trouvèrent le feu, ils n'auraient eu qu'à consulter le poème De la Nature, à défaut de leur science et de leur pauvreté intellectuelle.

 

Platon, page 654

la fable solaire, faite sur le chef de douze apôtres ou sur le héros de la légende des chrétiens, et dix huit siècles d'impostures et d'ignorance ne détruiront pas les rapports frappants qu'à cette fable avec les autres romans sacrés faits sur le soleil, que Platon appelle fils de Dieu [8].

Socrate et Platon, page 523

Quand Socrate voulut expliquer au peuple que ces dieux qu'ils adoraient n'étaient que des êtres imaginaires, ce peuple ignorant, abruti par les prêtres, l'injuria, l'insulta et le fit arrêter et conduire en prison et força les sénateurs, du reste aussi ignorants que lui, à condamner ce grand homme à mort, le plus grand que la Grèce ait jamais eu. Et lorsque Platon, son disciple, voulut parler pour le défendre, le peuple imbécile et abruti et les sénateurs lui imposèrent le silence.

Socrate et Epictète, page 664

Et je me demande si je dois me suicider lâchement sans tirer aucune vengeance de tant de misères imméritées et de tant de canailleries. La philosophie me dit que c'est ainsi que je dois mourir, laissant à la nature le soin de me venger. Tous les Stoïciens, depuis Socrate jusqu'à Epictète, recommandaient de mourir ainsi ...

3 Annotations

  1. Diogène de Sinope (313-v. 323 av. J.-C.) : philosophe grec de l'école du Cynisme. Entre autres exemple de sa « vie de chien » (cynos : chien), il était connu pour vivre dans un tonneau. [Ref.↑]
  2. Paul-Louis Courier (1772-1825), s'est distingué à la fois comme helléniste et comme écrivain politique. Cité dans le « Littérateur universel  » de 1836 : « on ne connaissait point alors nos tonneaux, les cruches en tenaient lieu ; partout où vos traducteurs disent un tonneau, entendez un cruche. C'était une cruche qu'habitait Diogène. ». [Ref.↑]
  3. « E tenebris tantis tam clarun extollere lumen qui primus postuiti, inlustrans commoda viate » : du fonds des ténèbres si grandes, toi le premier sus faire jaillir une si éclatante lumière, et nous éclairer sur les vrais biens de la vie (Lucrèce, De Natura Rerum, livre III, v 1-2, p 98). Il s'agit en fait de l'évocation d'Epicure par Lucrèce et non pas d'un discours d'Epicure. [Ref.↑]
  4. Lucrèce définit l'âme comme un composé atomique d'une espèce particulière incapable d'exister hors du corps, ce qui le rapprocherait de la doctrine de la métemphsychose. [Ref.↑]
  5. Pythagore croyait à la réincarnation de l'âme et prétendait avoir été successivement Aethalide (fils d'Hermès), Euphorbe, Hermotime et Pyrrhos. [Ref.↑]
  6. Métempsychose ou métempsycose, s.f. : passage, transvasement d'une âme dans un autre corps, qu'elle va animer. Le métempsycosisme est la croyance selon laquelle une même âme peut animer successivement plusieurs corps soit d'humains soit d'animaux, ainsi que de végétaux. Source : Wikipedia. [Ref.↑]
  7. « Hic Achuresia fit stultorum denique vita » : enfin c'est ici-bas que la vie des sots devient un véritable enfer (Lucrèce, De Natura Rerum, livre III, v. 1023, p 141). [Ref.↑]
  8. « L'origine de tous les cultes, ou la religion universelle » de Charles-François Dupuis : Platon appelle le soleil également le fils de Dieu qu'il a engendré semblable à lui pour habiter parmi nous et pour tenir dans le monde visible le même rang que Dieu tient dans l'ordre invisible à la tête duquel est le Dieu père ou principe souverainement bon. Platon, dit Macrobe (philosophe fondateur du néoplatonisme), voulant parler du premier principe invisible à l'oeil, incompréhensible à la raison, ne trouve point d'image plus parfaite du premier être que le soleil qui éclaire le monde visible, et il nous représente Dieu et son logos ou son intelligence souveraine placée au-dessus de la Nature. [Ref.↑]




Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Octobre 2015    Dernière modification : 21.10.2015    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]