Le voyage touristique à Jérusalem du permissionnaire Jean-Marie Déguignet en 1856 - GrandTerrier

Le voyage touristique à Jérusalem du permissionnaire Jean-Marie Déguignet en 1856

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<i>On a souvent écrit que Jean-Marie Déguignet avait perdu la foi en faisant un pèlerinage à Jérusalem en 1856. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car son athéisme avait été nourri par ses lectures et observations préalables.</i> <i>On a souvent écrit que Jean-Marie Déguignet avait perdu la foi en faisant un pèlerinage à Jérusalem en 1856. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car son athéisme avait été nourri par ses lectures et observations préalables.</i>
-On trouvera ici les deux versions écrites de ses récits, ceux publiées en 1905 dans la Revue de Paris et l'édition intégrale de la 2e série de cahiers en 2001, qu'on comparera avec les journaux de deux autres écrivains : les notes de Gustave Flaubert en 1850 et le poème "Clarel: A Poem and Pilgrimage in the Holy Land" d'Hermann Melville en 1856.+On trouvera ici les deux versions écrites de ses récits, ceux publiées en 1905 dans la Revue de Paris et l'édition intégrale de la 2e série de cahiers en 2001, qu'on comparera avec les notes de voyages d'un autre écrivain, Gustave Flaubert en 1850.
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 +A cette époque-là, on pourrait citer aussi d'autres voyageurs, écrivains célèbres, qui ont décrit leur découverte de la terre sainte : Hermann Melville en 1856 avec son poème "Clarel: A Poem and Pilgrimage in the Holy Land", Mark Twain en 1867 et son "The Innocents Abroad, or The New Pilgrims' Progress".
Autres lectures : {{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Jésus, fils aîné de Marie-Joachim}}{{Tpg|Cahier de notes sur la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}} Autres lectures : {{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Jésus, fils aîné de Marie-Joachim}}{{Tpg|Cahier de notes sur la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}}
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-<big>Page 202-213 de l'Intégrale</big>+<big>Chapitre XI de la Revue de Paris 1904-05</big>
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-<small>Histoire de ma vie. L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton. An Here, 2001.</small>+
-{{Citation}}+
-<spoiler id="996" text="Un jour, ce brave Arménie, qui était aussi un chrétien ...">Un jour, ce brave Arménie, qui était aussi un chrétien, nous <ref>Déguignet effectue son voyage organisé par l'Arménien en compagnie d'un camarade affecté comme lui au dépôt d'Ahoutpacha en Crimée : « <i>J'y avais trouvé un bon camarade, beaucoup plus ancien que moi, bon enfant, toujours content mais sans instruction. C'était aussi un pauvre paysan comme moi.</i> ». </ref> demanda si nous ne serions pas contents d'aller faire un tour à Jérusalem, il se chargerait de nous y conduire à ses frais. On peut penser si nous étions contents ! Aller à Jérusalem, quel est le chrétien orthodoxe ou hétérodoxe qui ne serait pas content d'aller voir Jérusalem ? Seulement, je dis à l'Arménien que pour nous, soldats, la chose serait difficile, car nous serions obligés d'avoir une permission qui nous serait probablement pas accordée.+
- +
-« Ne vous inquiétez pas de ça, dit-il, la permission vous l'aurez. Je connais votre officier comme je connais tous les officiers français et turcs qui sont ici, ce sont tous mes amis, et même quelque peu mes obligés. La paix est signée, les troupes de Crimée vont commencer à évacuer le pais. Mais ils en auront pour longtemps. Or, je sais par vos officiers supérieurs d'ici que vous autres les petits dépôts, les infirmiers, les ouvriers d'administration et des intendances, resterez ici jusqu'à ce que les dernières troupes de Sébastopol soient passées. C'est-à-dire au moins deux mois encore, sinon davantage, par conséquent vous avez le temps de faire le voyage de Jérusalem ; une permission de dix ou douze jours vous suffira ! Ayant à peu près réglé mes affaires, je partirai avec vous. Nous allons justement profiter du passage des vapeurs russes qui vont passer dans quelques jours, conduisant les pèlerins là-bas. Seulement, il faudra aller en civil, car en soldats français, les Russes pourraient vous regarder d'un mauvais œil, vous qui venez de les battre, et qui les avez empêchés de faire ce pèlerinage depuis deux ans. Je me charge du reste de vous procurer des habillements convenables. Eh bien, acceptez-vous ? » dit-il en terminant. On peut croire que nous acceptâmes avec empressement et joie. Comme avait dit l'Arménien, nous n'eûmes aucune difficulté à obtenir la permission. Quatre jours après, nous nous embarquâmes tous les trois à bord d'un vapeur russe venant d'Odessa, allant transporter un chargement de pèlerins à la Terre sainte.+
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-Le voyage à Jérusalem (Avril 1856)+
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-Ce pèlerinage de Jérusalem est obligatoire pour tous les Russes orthodoxes, comme celui de la Mecque pour les vrais croyants. Nous étions habillés à l'européenne, et nous n'avions un peu l'air de deux gentlemen faisant notre tour du monde.+
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-Le navire était bondé de pèlerins de toutes les parties de la Russie, gens qui n'avaient pas l'air bien riche. Ils étaient mal habillés, malpropres avec des cheveux longs et crasseux. Si les hommes eussent porté des chapeaux à larges bords, je les aurais pris pour des Bretons des montagnes d'Arez ! Nous débarquâmes à Beyrouth, et un peu au-delà, à Jaffa, nous trouvâmes une voiture, ou plutôt une charrette qui nous attendait. Là du reste, les pèlerins pouvaient choisir les moyens de transport à leur convenance. Il y avait des ânes, des mulets, des chevaux et des espèces de carrioles pouvant s'atteler des deux bouts. La nôtre avait été commandée et préparée d'avance. Celle-là n'était pas à louer. Aussi, nous n'y montâmes que nous trois. L'Arménien voulait aller en avant, car la route serait bien encombrée, et on serait aveuglés par la poussière.+
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-À Jaffa, on montre encore aux fidèles croyants ou crédules, la maison de Simon le corroyeur <ref>Bible, Acte des Apôtres, IX. 43, X. 1 et X. 76.</ref>, dans laquelle le fameux Pierre eut cette vision d'une immense nappe descendant du ciel remplie de toutes sortes de gibiers rôtis. Nous pouvions aller d'une seule traite de Jaffa à Jérusalem, mais notre bon guide voulut nous arrêter au Rameleh <ref>Ville de Ramlah.</ref> où s'arrêtent du reste presque tous les pèlerins pour passer la nuit, car, en ce temps-là, la route de Jérusalem n'était pas encore trop sûre. On voyait roder par là des bandes de vilains types avec des pistolets et des poignards dans leurs ceintures de cuir, et qui ressemblaient fort au fils aîné de Marie, Joachim et ses compagnons bandits. Il y avait bien des gendarmes turcs, zapotiés <ref>Zaptié : corps de troupe de l'empire turc.</ref>, établis par poste de distance en distance pour garder les routes, mais ces curieux gendarmes faisaient autant peur aux voyageurs que les bandits qu'ils étaient chargés de surveiller.+
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-<spoiler id="995" text="Le Ramaleh n'est qu'un pauvre village ...">Le Ramaleh n'est qu'un pauvre village, mais il y a un grand couvent, ou plutôt une grande hôtellerie, établie là par les bons moines franciscains pour exploiter les pèlerins. ...+
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-Je regardai aussi cette espèce de petite chapelle octogonale placée au milieu du temple [dont] on nous avait déjà parlé. C'est dans cette boite, vraie boite de prestidigitateur que le grand patriarche grec, le chef supérieur de ce temple, fait descendre l'Esprit Saint pendant les fêtes de Pâques russes. Sur les apôtres cet esprit était descendu, sous forme de sept langues de feu, du ciel bien entendu. Mais dans cette boite, il descend tout simplement du bout d'une allumette, le long d'une petite mèche soufrée. Aussitôt que le feu est allumé, le grand prestidigitateur ouvre les petits guichets percés tout autour de la boite et les fidèles se précipitent pour allumer leur chandelle à ce feu céleste, puis avec cette chandelle ils se frottent le front, pour y faire entrer sans doute ce qui y manque. Les femmes se frottent en outre les seins et même, nous affirmait-on, plus bas encore. Mais ce qui m'avait le plus frappé dans cette grande boutique de charlatans, c'était un Christ, assez vilain, un Saint Jean et une Mater Dolorosa, ressemblant parfaitement et placés dans les mêmes postures que ceux que j'avais vu si souvent dans l'église d'Ergué-Gabéric où j 'avais fait ma première communion. +
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-Nous ne restâmes pas bien longtemps du reste dans ce repaire de voleurs : on y étouffait. Courir dans les rues était une misère, on ne pouvait faire un pas sans être assommé par les vendeurs de bibelots et les demandeurs de bakchich. Nous nous décidâmes d'entrer dans une auberge en attendant de retourner à la maison pour dîner. Le soir, nous allâmes voir le Mont Sion, le couvent des Arméniens, le temple d'Omar, dans lequel les prêtres de Mahomet exploitent les vrais croyants de la même façon que les prêtres chrétiens, sauf qu'ils sont moins divisés. +
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-<br><big>Chapitre XI de la Revue de Paris 1904-05</big>+
<small>Transcription d'Ewan ar Born sur Wikisource à partir de la version Gallica.</small> <small>Transcription d'Ewan ar Born sur Wikisource à partir de la version Gallica.</small>
{{Citation}} {{Citation}}
-<spoiler id="994" text="Jérusalem, cette cité si célèbre où se sont accomplis les mystères ...">Nous allions quelquefois, et sur la fin même très souvent, le soir, notre journée terminée, chez un marchand arménien qui était venu s’établir auprès de Daoud-Pacha, pour vendre aux soldats aussi bien qu’aux Turcs tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. Chez lui, on pouvait boire, manger, se vêtir à sa fantaisie, acheter toutes sortes de bimbeloterie et de souvenirs de Sébastopol ou de Constantinople. Il faisait le change des monnaies ; à nous, il donnait facilement vingt-deux, vingt-trois et jusqu’à vingt-cinq francs de monnaie pour une pièce de vingt francs française, mais tout ça en une espèce de mitraille de toutes formes, de toutes valeurs et de toutes nationalités, qui ne pouvait servir qu’à Constantinople. Nous étions devenus, mon pharmacien et moi, deux amis intimes de ce riche Arménien, qui avait sa demeure principale à Jérusalem : il n’était venu à Constantinople, comme bien d’autres, que dans l’espoir de ramasser quelques pièces de vingt francs à la suite des armées.+<spoiler id="994" text="Jérusalem, cette cité si célèbre où se sont accomplis les mystères ...">Nous allions quelquefois, sur la fin même très souvent, le soir, notre journée terminée, chez un marchand arménien qui était venu s’établir auprès de Daoud-Pacha, pour vendre aux soldats aussi bien qu’aux Turcs tout ce dont ils pouvaient avoir besoin. Chez lui, on pouvait boire, manger, se vêtir à sa fantaisie, acheter toutes sortes de bimbeloterie et de souvenirs de Sébastopol ou de Constantinople. Il faisait le change des monnaies ; à nous, il donnait facilement vingt-deux, vingt-trois et jusqu’à vingt-cinq francs de monnaie pour une pièce de vingt francs française, mais tout ça en une espèce de mitraille de toutes formes, de toutes valeurs et de toutes nationalités, qui ne pouvait servir qu’à Constantinople. Nous étions devenus, mon pharmacien et moi, deux amis intimes de ce riche Arménien, qui avait sa demeure principale à Jérusalem : il n’était venu à Constantinople, comme bien d’autres, que dans l’espoir de ramasser quelques pièces de vingt francs à la suite des armées.
Notre Arménien avait encaissé beaucoup de piastres et se préparait à retourner à Jérusalem ; il avait cédé son fonds à un Grec. Un jour, il nous dit : Notre Arménien avait encaissé beaucoup de piastres et se préparait à retourner à Jérusalem ; il avait cédé son fonds à un Grec. Un jour, il nous dit :
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J’ai vu bien des villes célèbres depuis ; mais d’aucune je n’ai gardé d’aussi tristes souvenirs : celui qui voudrait se faire chrétien ou rester dans cette religion, il ne faut pas qu’il aille à Jérusalem avec les yeux et les oreilles ouverts. Nous arrivâmes à Jaffa juste à temps pour prendre le bateau, et, trois jours après, nous nous retrouvions, en soldats, chez notre commandant, presque un jour avant l’expiration de notre permission. J’ai vu bien des villes célèbres depuis ; mais d’aucune je n’ai gardé d’aussi tristes souvenirs : celui qui voudrait se faire chrétien ou rester dans cette religion, il ne faut pas qu’il aille à Jérusalem avec les yeux et les oreilles ouverts. Nous arrivâmes à Jaffa juste à temps pour prendre le bateau, et, trois jours après, nous nous retrouvions, en soldats, chez notre commandant, presque un jour avant l’expiration de notre permission.
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 +<br><big>Pages 202-209 de l'Intégrale (début)</big>
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 +<small>Histoire de ma vie. L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton. An Here, 2001.</small>
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 +<spoiler id="996" text="Un jour, ce brave Arménie, qui était aussi un chrétien ...">Un jour, ce brave Arménie, qui était aussi un chrétien, nous <ref>Déguignet effectue son voyage organisé par l'Arménien en compagnie d'un camarade affecté comme lui au dépôt d'Ahoutpacha en Crimée : « <i>J'y avais trouvé un bon camarade, beaucoup plus ancien que moi, bon enfant, toujours content mais sans instruction. C'était aussi un pauvre paysan comme moi.</i> ». </ref> demanda si nous ne serions pas contents d'aller faire un tour à Jérusalem, il se chargerait de nous y conduire à ses frais. On peut penser si nous étions contents ! Aller à Jérusalem, quel est le chrétien orthodoxe ou hétérodoxe qui ne serait pas content d'aller voir Jérusalem ? Seulement, je dis à l'Arménien que pour nous, soldats, la chose serait difficile, car nous serions obligés d'avoir une permission qui nous serait probablement pas accordée.
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 +« Ne vous inquiétez pas de ça, dit-il, la permission vous l'aurez. Je connais votre officier comme je connais tous les officiers français et turcs qui sont ici, ce sont tous mes amis, et même quelque peu mes obligés. La paix est signée, les troupes de Crimée vont commencer à évacuer le pais. Mais ils en auront pour longtemps. Or, je sais par vos officiers supérieurs d'ici que vous autres les petits dépôts, les infirmiers, les ouvriers d'administration et des intendances, resterez ici jusqu'à ce que les dernières troupes de Sébastopol soient passées. C'est-à-dire au moins deux mois encore, sinon davantage, par conséquent vous avez le temps de faire le voyage de Jérusalem ; une permission de dix ou douze jours vous suffira ! Ayant à peu près réglé mes affaires, je partirai avec vous. Nous allons justement profiter du passage des vapeurs russes qui vont passer dans quelques jours, conduisant les pèlerins là-bas. Seulement, il faudra aller en civil, car en soldats français, les Russes pourraient vous regarder d'un mauvais œil, vous qui venez de les battre, et qui les avez empêchés de faire ce pèlerinage depuis deux ans. Je me charge du reste de vous procurer des habillements convenables. Eh bien, acceptez-vous ? » dit-il en terminant. On peut croire que nous acceptâmes avec empressement et joie. Comme avait dit l'Arménien, nous n'eûmes aucune difficulté à obtenir la permission. Quatre jours après, nous nous embarquâmes tous les trois à bord d'un vapeur russe venant d'Odessa, allant transporter un chargement de pèlerins à la Terre sainte.
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 +Le voyage à Jérusalem (Avril 1856)
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 +Ce pèlerinage de Jérusalem est obligatoire pour tous les Russes orthodoxes, comme celui de la Mecque pour les vrais croyants. Nous étions habillés à l'européenne, et nous n'avions un peu l'air de deux gentlemen faisant notre tour du monde.
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 +Le navire était bondé de pèlerins de toutes les parties de la Russie, gens qui n'avaient pas l'air bien riche. Ils étaient mal habillés, malpropres avec des cheveux longs et crasseux. Si les hommes eussent porté des chapeaux à larges bords, je les aurais pris pour des Bretons des montagnes d'Arez ! Nous débarquâmes à Beyrouth, et un peu au-delà, à Jaffa, nous trouvâmes une voiture, ou plutôt une charrette qui nous attendait. Là du reste, les pèlerins pouvaient choisir les moyens de transport à leur convenance. Il y avait des ânes, des mulets, des chevaux et des espèces de carrioles pouvant s'atteler des deux bouts. La nôtre avait été commandée et préparée d'avance. Celle-là n'était pas à louer. Aussi, nous n'y montâmes que nous trois. L'Arménien voulait aller en avant, car la route serait bien encombrée, et on serait aveuglés par la poussière.
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 +À Jaffa, on montre encore aux fidèles croyants ou crédules, la maison de Simon le corroyeur <ref>Bible, Acte des Apôtres, IX. 43, X. 1 et X. 76.</ref>, dans laquelle le fameux Pierre eut cette vision d'une immense nappe descendant du ciel remplie de toutes sortes de gibiers rôtis. Nous pouvions aller d'une seule traite de Jaffa à Jérusalem, mais notre bon guide voulut nous arrêter au Rameleh <ref>Ville de Ramlah.</ref> où s'arrêtent du reste presque tous les pèlerins pour passer la nuit, car, en ce temps-là, la route de Jérusalem n'était pas encore trop sûre. On voyait roder par là des bandes de vilains types avec des pistolets et des poignards dans leurs ceintures de cuir, et qui ressemblaient fort au fils aîné de Marie, Joachim et ses compagnons bandits. Il y avait bien des gendarmes turcs, zapotiés <ref>Zaptié : corps de troupe de l'empire turc.</ref>, établis par poste de distance en distance pour garder les routes, mais ces curieux gendarmes faisaient autant peur aux voyageurs que les bandits qu'ils étaient chargés de surveiller.
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 +<spoiler id="995" text="Le Ramaleh n'est qu'un pauvre village ...">Le Ramaleh n'est qu'un pauvre village, mais il y a un grand couvent, ou plutôt une grande hôtellerie, établie là par les bons moines franciscains pour exploiter les pèlerins. On conserve toujours dans ce couvent un petit lit dans lequel Bonaparte, durant son expédition d'Egypte, avait couché une nuit. Les moines qui lui donnèrent l'hospitalité furent tous massacrés le lendemain, ce qui n'a pas empêché leurs successeurs de montrer depuis, avec orgueil, ce lit historique <ref>Le consol Napoléon séjourna à Ramlah entre le 1er et le 3 mars 1799.</ref>. Rameleh est l'ancienne Arimathie, patrie de Joseph et de Nicodème, ces deux grands juifs de la secte des pharisiens, que Jean, le quatrième évangéliste - ou le quatrième menteur - fait intervenir sottement dans l'embaumement et l'ensevelissement de son cher Maître. C'est aussi près de Rameleh que naquirent les deux larrons, ou les deux petits bandits, qui furent crucifiés avec le grand bandit de Nazareth : les chrétiens ont même bâti une église en cet endroit en l'honneur de ces deux malfaiteurs, qui méritaient sans doute autant cet honneur que le voleur de cochons de Génézareth et tous ses compagnons, en l'honneur desquels on a bâti des millions d'églises.
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 +Nous couchâmes à Rameleh, mais pas dans l'hôtellerie des moines, mais chez un juif que notre guide connaissait. Le lendemain
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-<big>Chapitre "Palestine" des Notes de Flaubert</big>+Pages 209-213 de l'Intégrale (Suite)
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 +<small>Histoire de ma vie. L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton. An Here, 2001.</small>
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 +Ce jour-là, quand nous eûmes déjeuné, le patron
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 +Nous arrivâmes ainsi devant le Saint-Sépulcre,
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 +Je regardai aussi cette espèce de petite chapelle octogonale placée au milieu du temple [dont] on nous avait déjà parlé. C'est dans cette boite, vraie boite de prestidigitateur que le grand patriarche grec, le chef supérieur de ce temple, fait descendre l'Esprit Saint pendant les fêtes de Pâques russes. Sur les apôtres cet esprit était descendu, sous forme de sept langues de feu, du ciel bien entendu. Mais dans cette boite, il descend tout simplement du bout d'une allumette, le long d'une petite mèche soufrée. Aussitôt que le feu est allumé, le grand prestidigitateur ouvre les petits guichets percés tout autour de la boite et les fidèles se précipitent pour allumer leur chandelle à ce feu céleste, puis avec cette chandelle ils se frottent le front, pour y faire entrer sans doute ce qui y manque. Les femmes se frottent en outre les seins et même, nous affirmait-on, plus bas encore. Mais ce qui m'avait le plus frappé dans cette grande boutique de charlatans, c'était un Christ, assez vilain, un Saint Jean et une Mater Dolorosa, ressemblant parfaitement et placés dans les mêmes postures que ceux que j'avais vu si souvent dans l'église d'Ergué-Gabéric où j 'avais fait ma première communion.
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 +Nous ne restâmes pas bien longtemps du reste dans ce repaire de voleurs : on y étouffait. Courir dans les rues était une misère, on ne pouvait faire un pas sans être assommé par les vendeurs de bibelots et les demandeurs de bakchich. Nous nous décidâmes d'entrer dans une auberge en attendant de retourner à la maison pour dîner. Le soir, nous allâmes voir le Mont Sion, le couvent des Arméniens, le temple d'Omar, dans lequel les prêtres de Mahomet exploitent les vrais croyants de la même façon que les prêtres chrétiens, sauf qu'ils sont moins divisés.
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 +<br><big>Chapitre "Palestine" des Notes de Flaubert</big>
<small>Transcription sur Wikisource à partir de l'édition compléte L. Conard de 1910.</small> <small>Transcription sur Wikisource à partir de l'édition compléte L. Conard de 1910.</small>
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Au bout de deux heures, Khan-el-Sheik, espèce de grande forteresse ou caravansérail, sur la droite de a route. Nous ne sommes arrêtés que par les nombreux cours d’eau qui se présentent, on s’attend, on se réunit, on repart. Les étoiles pâlissent, le jour se lève, nous sommes tous répandus sur le large chemin. Poésie de Cervantes, te voilà donc ! À gauche, les montagnes ont des teintes gris perle foncé, avec de la nacre au sommet c’est de la neige. Nous rencontrons quelques chameaux, on sent les approches d’une grande ville, tout le monde est gai, le bouffon chatouille son cheval pour le faire ruer et mordre ; ils blaguent Abou-Issa dans son patois beyroutien. La campagne est large, grasse, cultivée. Nous rencontrons une petite caravane de chameaux qui portent des peaux, nous traversons un grand village, nous attendons le bagage sous des arbres. Au bout de trois quarts d’heure, nous touchons à la longue ligne basse de verdure et de maisons que nous voyons depuis quelque temps, et nous entrons dans un interminable faubourg où nos chevaux glissent sur le pavé. Tas de blé par terre, fileurs de coton, teinturiers, mosquées, fontaines, des arbres qui pendent en grappes et tiennent leur flot de verdure suspendu sur la multiplicité de couleurs qui s’agitent sous eux, quelques beaux corps de garde turcs, un grand cimetière que traverse la route, avec des petites branches vertes fichées au pied de chaque tombe (le dessus des tombes est généralement convexe en forme de cylindre). Nous entrons dans la ville, nous tournons plusieurs rues étroites, l’encombrement augmente au point que nos chevaux ne peuvent avancer. Enfin nous arrivons à Damas19, à l’hôtel, où nous retrouvons MM. Striber, Husson et Muller. Au bout de deux heures, Khan-el-Sheik, espèce de grande forteresse ou caravansérail, sur la droite de a route. Nous ne sommes arrêtés que par les nombreux cours d’eau qui se présentent, on s’attend, on se réunit, on repart. Les étoiles pâlissent, le jour se lève, nous sommes tous répandus sur le large chemin. Poésie de Cervantes, te voilà donc ! À gauche, les montagnes ont des teintes gris perle foncé, avec de la nacre au sommet c’est de la neige. Nous rencontrons quelques chameaux, on sent les approches d’une grande ville, tout le monde est gai, le bouffon chatouille son cheval pour le faire ruer et mordre ; ils blaguent Abou-Issa dans son patois beyroutien. La campagne est large, grasse, cultivée. Nous rencontrons une petite caravane de chameaux qui portent des peaux, nous traversons un grand village, nous attendons le bagage sous des arbres. Au bout de trois quarts d’heure, nous touchons à la longue ligne basse de verdure et de maisons que nous voyons depuis quelque temps, et nous entrons dans un interminable faubourg où nos chevaux glissent sur le pavé. Tas de blé par terre, fileurs de coton, teinturiers, mosquées, fontaines, des arbres qui pendent en grappes et tiennent leur flot de verdure suspendu sur la multiplicité de couleurs qui s’agitent sous eux, quelques beaux corps de garde turcs, un grand cimetière que traverse la route, avec des petites branches vertes fichées au pied de chaque tombe (le dessus des tombes est généralement convexe en forme de cylindre). Nous entrons dans la ville, nous tournons plusieurs rues étroites, l’encombrement augmente au point que nos chevaux ne peuvent avancer. Enfin nous arrivons à Damas19, à l’hôtel, où nous retrouvons MM. Striber, Husson et Muller.
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-<br><big>"Pilgrimage in the Holy Land" de Melville</big> 
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Version du 21 mai ~ mae 2018 à 15:13

On a souvent écrit que Jean-Marie Déguignet avait perdu la foi en faisant un pèlerinage à Jérusalem en 1856. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car son athéisme avait été nourri par ses lectures et observations préalables.

On trouvera ici les deux versions écrites de ses récits, ceux publiées en 1905 dans la Revue de Paris et l'édition intégrale de la 2e série de cahiers en 2001, qu'on comparera avec les notes de voyages d'un autre écrivain, Gustave Flaubert en 1850.

A cette époque-là, on pourrait citer aussi d'autres voyageurs, écrivains célèbres, qui ont décrit leur découverte de la terre sainte : Hermann Melville en 1856 avec son poème "Clarel: A Poem and Pilgrimage in the Holy Land", Mark Twain en 1867 et son "The Innocents Abroad, or The New Pilgrims' Progress".

Autres lectures : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Jésus, fils aîné de Marie-Joachim » ¤ « Cahier de notes sur la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ 

St-Sépulcre de Jérusalem, A. Salzmann 1856
St-Sépulcre de Jérusalem, A. Salzmann 1856

1 Présentation

 

2 Citations

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Chapitre XI de la Revue de Paris 1904-05

Transcription d'Ewan ar Born sur Wikisource à partir de la version Gallica.

§ Jérusalem, cette cité si célèbre où se sont accomplis les mystères ...

JÉRUSALEM

Moins d’une demi-heure après le débarquement à Jaffa, nous trottions sur la route de Jérusalem, cahotés dans cette voiture d’un genre tout particulier. De route, je ne sais pas s’il y en avait : je n’en voyais guère ; nous étions du reste aveuglés par la poussière et les rayons du soleil. J’entrevoyais cependant des champs et des jardins bien cultivés, des arbres dont le nom nous était inconnu ; l’Arménien nous donna le nom des espèces qui étaient les plus nombreuses : c’étaient des oliviers et des cactus géants. Les oliviers me rappelaient certains joncs verts de mon pays.

Nous pouvions aller à Jérusalem d’une seule traite ; mais notre Arménien préféra passer la nuit dans une espèce de bourgade appelée Ramleh, chez un ami qu’il connaissait pour un excellent hospitalier. Il y avait là un grand couvent de moines franciscains, qui logeaient les pèlerins et même les tou­ristes, moyennant finances, bien entendu. J’aurais bien voulu aller voir ce couvent et ces moines, parmi lesquels il y avait, disait notre hôte, beaucoup de Français ; mais nous étions trop fatigués, dix fois plus que si nous avions fait la route à pied et sac au dos. Nous fûmes du reste fort bien reçus chez l’ami de notre ami, qui était un musulman : on sait que la pre­mière vertu des enfants du Prophète, c’est l’hospitalité.

Nous couchâmes par terre sur des nattes, avec des couver­tures blanches pour nous envelopper. Le lendemain, nous nous mîmes en route de très bonne heure, avant tous les autres voyageurs, pour avoir moins de poussière. À quelque distance de Ramleh, le pays avait complètement changé, on ne voyait plus de champs cultivés, plus de jardins, plus d’arbres, ni même aucune espèce de verdure ; de tous côtés, des montagnes brûlées. Le ciel avait aussi à peu près la même couleur que la terre. Cela ressemblait bien au pays du pro­phète : l’abomination de la désolation.

§ Nous étions dans la Judée, le pays de Juda ...


Pages 202-209 de l'Intégrale (début)

Histoire de ma vie. L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton. An Here, 2001.

§ Un jour, ce brave Arménie, qui était aussi un chrétien ...

Le voyage à Jérusalem (Avril 1856)

Ce pèlerinage de Jérusalem est obligatoire pour tous les Russes orthodoxes, comme celui de la Mecque pour les vrais croyants. Nous étions habillés à l'européenne, et nous n'avions un peu l'air de deux gentlemen faisant notre tour du monde.

Le navire était bondé de pèlerins de toutes les parties de la Russie, gens qui n'avaient pas l'air bien riche. Ils étaient mal habillés, malpropres avec des cheveux longs et crasseux. Si les hommes eussent porté des chapeaux à larges bords, je les aurais pris pour des Bretons des montagnes d'Arez ! Nous débarquâmes à Beyrouth, et un peu au-delà, à Jaffa, nous trouvâmes une voiture, ou plutôt une charrette qui nous attendait. Là du reste, les pèlerins pouvaient choisir les moyens de transport à leur convenance. Il y avait des ânes, des mulets, des chevaux et des espèces de carrioles pouvant s'atteler des deux bouts. La nôtre avait été commandée et préparée d'avance. Celle-là n'était pas à louer. Aussi, nous n'y montâmes que nous trois. L'Arménien voulait aller en avant, car la route serait bien encombrée, et on serait aveuglés par la poussière.

À Jaffa, on montre encore aux fidèles croyants ou crédules, la maison de Simon le corroyeur [2], dans laquelle le fameux Pierre eut cette vision d'une immense nappe descendant du ciel remplie de toutes sortes de gibiers rôtis. Nous pouvions aller d'une seule traite de Jaffa à Jérusalem, mais notre bon guide voulut nous arrêter au Rameleh [3] où s'arrêtent du reste presque tous les pèlerins pour passer la nuit, car, en ce temps-là, la route de Jérusalem n'était pas encore trop sûre. On voyait roder par là des bandes de vilains types avec des pistolets et des poignards dans leurs ceintures de cuir, et qui ressemblaient fort au fils aîné de Marie, Joachim et ses compagnons bandits. Il y avait bien des gendarmes turcs, zapotiés [4], établis par poste de distance en distance pour garder les routes, mais ces curieux gendarmes faisaient autant peur aux voyageurs que les bandits qu'ils étaient chargés de surveiller.

§ Le Ramaleh n'est qu'un pauvre village ...

 

Pages 209-213 de l'Intégrale (Suite)

Histoire de ma vie. L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton. An Here, 2001.

Ce jour-là, quand nous eûmes déjeuné, le patron

...

Nous arrivâmes ainsi devant le Saint-Sépulcre,

...

Je regardai aussi cette espèce de petite chapelle octogonale placée au milieu du temple [dont] on nous avait déjà parlé. C'est dans cette boite, vraie boite de prestidigitateur que le grand patriarche grec, le chef supérieur de ce temple, fait descendre l'Esprit Saint pendant les fêtes de Pâques russes. Sur les apôtres cet esprit était descendu, sous forme de sept langues de feu, du ciel bien entendu. Mais dans cette boite, il descend tout simplement du bout d'une allumette, le long d'une petite mèche soufrée. Aussitôt que le feu est allumé, le grand prestidigitateur ouvre les petits guichets percés tout autour de la boite et les fidèles se précipitent pour allumer leur chandelle à ce feu céleste, puis avec cette chandelle ils se frottent le front, pour y faire entrer sans doute ce qui y manque. Les femmes se frottent en outre les seins et même, nous affirmait-on, plus bas encore. Mais ce qui m'avait le plus frappé dans cette grande boutique de charlatans, c'était un Christ, assez vilain, un Saint Jean et une Mater Dolorosa, ressemblant parfaitement et placés dans les mêmes postures que ceux que j'avais vu si souvent dans l'église d'Ergué-Gabéric où j 'avais fait ma première communion.

Nous ne restâmes pas bien longtemps du reste dans ce repaire de voleurs : on y étouffait. Courir dans les rues était une misère, on ne pouvait faire un pas sans être assommé par les vendeurs de bibelots et les demandeurs de bakchich. Nous nous décidâmes d'entrer dans une auberge en attendant de retourner à la maison pour dîner. Le soir, nous allâmes voir le Mont Sion, le couvent des Arméniens, le temple d'Omar, dans lequel les prêtres de Mahomet exploitent les vrais croyants de la même façon que les prêtres chrétiens, sauf qu'ils sont moins divisés.


Chapitre "Palestine" des Notes de Flaubert

Transcription sur Wikisource à partir de l'édition compléte L. Conard de 1910.

PALESTINE.

§ De Beyrouth à Jérusalem ...

On monte encore pendant une grande heure. Arrivée sur le plateau ; tous les terrains des montagnes ont une couleur de poudre de bois, rouge foncé, ou mieux de mortier. À chaque instant je m’attends à voir Jérusalem et je ne la vois pas. — La route (on distingue la trace d’un ancien chemin) est exécrable, il n’y a pas moyen de trotter. — Enclos de pierres sèches dans ce terrain de pierres. Enfin, au coin d’un mur, cour dans laquelle sont des oliviers ; j’aperçois un santon, c’est tout. — Je vais encore quelque temps ; des Arabes que je rencontre me font signe de me dépêcher et me crient : el Kods, el Kods ! (prononcé il m’a semblé codesse) : 27 femmes vêtues de blouses bleues, qui m’ont l’air de revenir du bazar ; au bout de trois minutes, Jérusalem.

Comme c’est propre ! les murs sont tous conservés. — Je pense à Jésus-Christ entrant et sortant pour monter au bois des Oliviers ; je l’y vois par la porte qui est devant moi, les montagnes d’Ebron derrière la ville, à ma droite, dans une transparence vaporeuse ; tout le reste est sec, dur, gris : a lumière me semble celle d’un jour d’hiver, tant elle est crue et blanche. C’est pourtant très chaud de ton, je ne sais comment cela se fait. — Max me rejoint avec le bagage, il fumait une cigarette. Piscine de Sainte-Hélène, grand carré à notre droite.

Nous touchons presque aux murs ; la voilà donc ! nous disons-nous en dedans de nous-mêmes. — M. Stephano, avec son fusil sur l’épaule, nous propose son hôtel. — Nous entrons par la porte de Jaffa et je lâche dessous un pet en franchissant le seuil, très involontairement ; j’ai même au fond été fâché de ce voltairianisme de mon anus. Nous longeons les murs du couvent grec ; ces petites rues en pente sont propres et désertes. — Hôtel. — Visite à Botta. — Couchés de bonne heure.

§ Vendredi 9, promenade dans la ville ...

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  1. Déguignet effectue son voyage organisé par l'Arménien en compagnie d'un camarade affecté comme lui au dépôt d'Ahoutpacha en Crimée : « J'y avais trouvé un bon camarade, beaucoup plus ancien que moi, bon enfant, toujours content mais sans instruction. C'était aussi un pauvre paysan comme moi. ». [Ref.↑]
  2. Bible, Acte des Apôtres, IX. 43, X. 1 et X. 76. [Ref.↑]
  3. Ville de Ramlah. [Ref.↑]
  4. Zaptié : corps de troupe de l'empire turc. [Ref.↑]
  5. Le consol Napoléon séjourna à Ramlah entre le 1er et le 3 mars 1799. [Ref.↑]


Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Mai 2018    Dernière modification : 21.05.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]