Au mois d'octobre 1945 nous avons eu référendum et élections législatives, après quoi, en janvier suivant, trouvant que c'était la pagaille, De Gaulle s'est mis à l'écart ; en mai, nouveau référendum avec la victoire des "non" au projet de Constitution ; en juin, nouvelles élections d'une Assemblée constituante et en octobre un ultime référendum adopte enfin la Constitution de la Quatrième République. Entre temps, des élections municipales ont eu lieu. Des femmes ont été elues. Et les bagarres n'ont pas cessé entre partisans des oui-oui, des non-non, des oui-non et des non-oui, en réponse aux référendums. Y voir clair n'est pas très facile et ce sont sans doute les partis qui vont guider les électeurs. L'éventail de ceux-ci est très large. Il y a à gauche les socialistes, et plus à gauche les communistes qui sont actifs et virulents, et plus à gauche que l'extrême-gauche on trouve même des trotskistes dont le noyau dur et actif vient nous voir depuis Lestonan et les Papeteries Bolloré. Au centre on trouve le MRP, formé de chrétiens résistants qui se disent aussi de gauche et qui ont des idées novatrices ; il y a aussi les radicaux, anciens caciques de l'avant-guerre, usés par de vieux souvenirs qui voudraient bien se rénover. Comme dit mon père, "ils n'ont pas dû beaucoup changer les radicaux, toujours semblables à des radis, ils sont rouges à l'extérieur, tout à fait blancs à l'intérieur et proches de l'assiette au beurre". À droite, il y a le PRL, libéral et conservateur. Arrivé au dernier moment, se présente le RPF, parti du général de Gaulle, fondé depuis sa démission. Jean Maurin qui le représente, et qui nous fit tant espérer lorsqu'il parlait à Radio-Londres, malgré sa popularité, ne sera pas élu. Sur les six députés du Finistère, cinq seront des MRP, trois seront des socialistes et deux du Parti communiste. Grosso modo, le département garde entre blancs et rouges son équilibre du passé. Le vote des femmes n'a rien changé.
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