L'Ouest-Eclair, 03.05.1934 :
Après le 1er Mai. Le nombre des manifestants arrêtés à Paris ou dans la région parisienne s'élève à 138.
L'émeute de la rue Nationale est la conséquence douloureuse d'une journée d'excitations. L'enquête de notre collaborateur dans les immeubles sordides de la cité Jeanne-d'Arc.
Pais, 2 mai (de notre rédaction parisienne). - Dans ses dernières éditions, L'Ouest-Eclair a relaté les violentes batailles qui se sont déroulées dans le 13e arrondissement et à Alfortville. Alors que le 1er mai s'était déroulé, le matin et l'après-midi, dans le calmez, la fin de soirée fut particulièrement mouvementée par le fait des provocations communistes. Et l'on est même en droit de se demander si ce n'est pas la nouvelle du fiasco des manifestations de certains îlots bolcheviques de Paris et de sa banlieue.
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Un déraciné !
Et puis, pour être parfaitement juste, il faudrait évoquer le délabrement réel des taudis que hantaient ces révoltés, qui sont aussi et surtout des « réprouvés ». Au Breton Sinquin, enchaîné entre deux agents, j'ai demandé les mobiles qui avaient armé son bras : les yeux dans les yeux, il m'a répondu : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes. »
Je suis monté au « domicile » de Sinquin, sis au troisième étage de la trop fameuse cité ...
On interroge les émeutiers
Paris, 2 mai. - Au total, treize manifestants arrêtés au cours de la perquisition cité Jeanne-d'Arc ont été conduits à la police judiciaire où ils ont été interrogés par M. Guillaume.
Quatre de ces manifestants qui avaient été gardés au commissariat du 13e arrondissement ont subi les premiers interrogatoires. Ce sont Maurice Laborde, mécanicien ; Jean Espern, né le 22 février 1906 à Ergué-Gabéric (Finistère) ; Marceau Delavallée, manœuvre ; Jean Dhubert, maçon, tous demeurant au 168, rue Nationale.
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Le Finistère, 05.05.1934 :
Troubles à Paris.
Au soir du 1er mai, les extrémistes ont élevé des barricades dans le 13e arrondissement. Les émeutiers ont tiré à coups de revolver et de fusil sur le service d'ordre.
Il y a des victimes.
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Le Courrier du Finistère, 05.05.1934 :
Le 1er mai.
D'une façon générale, le 1er mai a été calme dans toute la France, malgré les appels de grève des communistes et des socialistes.
Mais dans la nuit du 1er au 2 mai, une brève insurrection a eu lieu dans la cité Jeanne d'Arc, à Paris. Des barricades ont été élevées, des coups de feu tirés sur des agents. On a dû faire appel à d'importantes forces de police qui, à l'aide de gaz lacrymogènes, ont pris une à une toutes les maisons. Il y a plusieurs blessés graves. Le député communiste Monfauris a été arrêté. A huit heures mercredi matin, tout était fini et le paveurs remettaient en état les rues dépavées paru les communistes.
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Union Agricole, 11.05.1934 :
Dans la soirée du 1er Mai dernier, des révolutionnaires ont dressé des barricades rue Nationale, puis se sont retranchés dans des immeubles, d'où ils ont tiré sur la police. Après un siège en règle, qui dura une bonne partie de la nuit, la police resta maîtresse de la place.
Le lendemain matin, plusieurs arrestations étaient opérés, dont celles de trois Bretons : Jean-Marie Sinquin, François Péret, de Rosporden, et Jean Espern, d'Ergué-Gabéric.
À un de nos confrères qui l'interrogeait sur les mobiles qui avaient armé son bras, Sinquin répondit : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes ».
Beaucoup d'autres auraient sans doute pu faire la même réponse.
Ils étaient venus dans la grande ville à la recherche du bonheur ; ils ont trouvé la misère, la misère noire, si noire que la mort même serait pour eux presque une délivrance.
Et l'on se demande avec notre confrère « pourquoi tant de travailleurs quittent aussi facilement leurs champs, leur campagne, le pays de leurs ancêtres pour venir mener pareille vie dans la capitale ».
Ces trois petits Bretons auraient sans doute pu vivre chez eux, sinon dans l'opulence, du moins dans la paix et l'honnêteté, tandis que là-bas ...
Puisse du moins leur exemple servir de leçon à d'autres qui pourraient se laisser tenter par le même rêve.
Puissent-ils lire et méditer les vers du poète :
« Oh! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le seuil de la maison où l'on jouait jadis. »
J. G.
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L'Humanité, 02.05.1934 :
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