Gustave "Person bragou ruz" raconté par Jean Guéguen et l'abbé Pennarun
Un article de GrandTerrier.
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Jean Guéguen né en 1926 et décédé en 2018 dans sa 92e année a toujours eu à cœur de transmettre aux générations suivantes la mémoire de son quartier et de sa famille, les évènements du passé et les richesses du patrimoine local. Ici dans cet article manuscrit, il fait le portrait du recteur gabérécois de son adolescence : « Notes sur Gustave Guéguen, recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéfic (1941-1956) que m'a contées l'abbé Pennarun qui l'a remplacé après son décès, à la tête de la paroisse. Ces récits m'ont été faits dans les années 1960. » |
Autres articles : « Gustave Guéguen, recteur (1941-1956) » ¤ « Journal paroissial du recteur Gustave Guéguen, extraits 1941-47 » ¤ « Les années difficiles 1940-1945, témoignage de Jean Guéguen » ¤
Présentation
Grâce à eux on apprend que le recteur Gustave Guéguen, pour exercer sa passion du jardinage, mettait systématiquement un pantalon de couleur brique, ce qui lui valut ce surnom de « Person bragou ruz », le recteur au pantalon rouge. C'est dans cette tenue qu'il fut surpris un jour lors d'une visite des neveux du diplomate Jean François Poncet, l'un de ses amis. Il leur dit quelques mots, partit discrètement se changer, et les retrouva dans sa salle à manger et dit en évoquant le premier contact : « c'est mon frère jumeau que j'héberge et qui entretient le presbytère ! ». On apprend aussi que la veuve de René Bolloré, pour remercier Notre-Dame de Kerdévot d'avoir protégé ses deux fils René-Guillaume et Gwenn-Aël pendant le conflit, a financé la réalisation de six statues destinées à orner les niches vides du calvaire de Kerdévot. Mais Gustave s'embrouilla avec le directeur des Monuments Historiques et les statues de pierre ont dû être dispersées dans des écoles et autres églises des environs. |
Transcriptions
L'abbé Gustave Guéguen, que tout le monde appelait de son prénom "Gustave", était un homme très cultivé, et avaient de nombreuses relations, dont celle de Jean François Poncet, ambassadeur de France en Allemagne lors de la déclaration de guerre en 1939. Celui-ci avait promis à Gustave de venir le saluer dans son presbytère breton, dès qu'il en aurait le loisir. Tout intellectuel qu'il était, Gustave aimait beaucoup le jardinage, et pour être plus à l'aise il portait un pantalon de marin, couleur brique, ce qui fait que certains l'appelait "Person bragou ruz" (recteur au pantalon rouge). C'était peu après la guerre, l'époque des vacances, le temps était beau, le soleil tapait dur. Coiffé d'un chapeau de paille, Gustave s'accorda un moment de répit et s'assit sur un banc de pierre près du portail d'entrée. Ce banc servait autrefois aux prêtres pour les aider à enfourcher leur cheval quand ils allaient rendre visite à leurs ouailles. Gustave était là sur ce banc de pierre quand on frappa au portail. Il se trouva face à face devant deux messieurs, élégants et bien mis, ceux-ci lui firent part qu'ils étaient des neveux de Jean François Poncet et qu'ils venaient saluer Monsieur le Recteur de sa part. Surpris, Gustave appela la carabassen pour les faire entrer au salon, et s'éclipsa. Très vite il se changea, fit un brin de toilette et enfila sa soutane. Puis rentrant dans le salon, il leur demanda le but de leur visite. Ceux-ci se regardèrent un peu surpris et l'un d'eux lui dit : "Mais ce n'est pas vous qui nous avez accueillis au portail ?". Et Gustave de répondre "non, non, c'est mon frère jumeau que j'héberge et qui entretient le presbytère." Il était tout confus et vexé d'avoir accueilli ces visiteurs en tenue de jardinier. |
Deuxième récit. Le calvaire de Kerdévot. De toujours la famille Bolloré a été attachée à Kerdévot. Quand René Bolloré s'est marié en 1910, lui et son épouse furent accueillis par un arc de triomphe et parmi les compliments qui leur furent adressés, on leut dit "Nous avions déjà Notre Dame de Kerdévot et maintenant nous avons notre dame d'Odet". La famille Bolloré se rendait régulièrement d'ailleurs à Kerdévot. Pendant la seconde guerre mondiale de 1939-1945, deux des enfants Bolloré, l'ainé René-Guillaume rejoignit Londres et le général De Gaulle en 1942, et le benjamin Guénaël réussit après une traversée mouvementée à joindre lui aussi l'Angleterre et s'ngagea dans les commandos. Durant cette période, Madame Bolloré était anxieuse pour ses deux fils. Elle promit que si ceux-ci revenaient de la guerre sains et saufs de faire quelque chose à Notre Dame de Kerdévot. Aussi quelque temps après la fin des hostilités (vers 1950 ?) elle demanda à Gustave ce qu'elle pouvait faire pour embellir Kerdévot. Après mûres réflexions il fut décidé de faire des statues pour meubler les niches vides du calvaire de Kerdévot. Un premier projet fut étable pour six statues, c'est à l'entreprise Beggi, marbrier à Quimper que fut confié le travail. Mais lors de la mise en place des statues, un différend éclata entre Mr Caillaux des Monuments Historiques et Gustave, et celui-ci ne put mettre les statues dans les niches du calvaire. Elles furent entreposées dans la cour du presbytère. De ces statues quelques unes échouèrent dans des écoles ou dans des paroisses. Il reste une au presbyère, une à La Retraite (rue Verdelet), une à Léchiagat où on venait de créer une nouvelle paroisse en 1949. |
Source manuscrite
3 feuillets | |||||
Annotations
Thème de l'article : Mémoires de nos anciens gabéricois. Date de création : septembre 2022 Dernière modification : 17.09.2022 Avancement : [Fignolé] |