Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric
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- | |width=50% valign=top|<i>En 1886 Anatole Le Braz est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions. </i> | + | |width=50% valign=top|<i>En 1886 Anatole Le Braz <ref name="LeBraz">{{PR-LeBraz}}</ref> est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions. </i> |
Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. | Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. | ||
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|}__NUMBERHEADINGS____NOTOC__ | |}__NUMBERHEADINGS____NOTOC__ | ||
+ | Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970)}}{{Tpg|Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses cahiers IV et VIII}}{{Tpg|Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot}}{{Tpg|Les bannières paroissiales de saint Guinal, ND de Kerdévot, Tonkin, saint Michel et Fatima}}{{Tpg2|:category:JMD|Espace Déguignet}} | ||
==Présentation== | ==Présentation== | ||
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Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. | Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. | ||
- | Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. | + | Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. |
- | À ce jour, l'ensemble des carnets, photos et poésies sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C <ref name=CRBC>{{CRBC}}</ref> de Brest : [http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Le_Braz__Anatole_ Fonds Le Braz]. | + | L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C <ref name=CRBC>{{CRBC}}</ref> de Brest : [http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Le_Braz__Anatole_ Fonds Le Braz]. |
Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants : | Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants : | ||
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- | |Titre | + | | Couv. |
+ | | Titre | ||
| Extraits | | Extraits | ||
| Date | | Date | ||
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| Cote | | Cote | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet EG* | + | | VIII |
+ | | Carnet EG | ||
| p. 96, 104-105 <br>Déguignet (1905) | | p. 96, 104-105 <br>Déguignet (1905) | ||
| 1989-1911 | | 1989-1911 | ||
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| ALB M12 | | ALB M12 | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet EF* | + | | ? |
- | | p. 99 : Kerdévot (1899) | + | | Carnet EF |
+ | | p. 86 : Kerdévot (1899) | ||
| 1997-1905 | | 1997-1905 | ||
- | | 181 | + | | 278 |
| ALB M11 | | ALB M11 | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet ED* | + | | IV |
+ | | Carnet ED | ||
| p. 40-45, 253-258 Ergué | | p. 40-45, 253-258 Ergué | ||
| 1893-1895 | | 1893-1895 | ||
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| ALB M9 | | ALB M9 | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet E* | + | | ? |
- | | P. 76 Gwenaël | + | | Carnet E |
+ | | p. 76 St Gwenaël | ||
| 1887-1889 | | 1887-1889 | ||
| 95 | | 95 | ||
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|} | |} | ||
- | <br>Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris)}}{{Tpg2|:JMD|Espace Déguignet}} | + | <br>Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris)}}{{Tpg|Fiche généalogique de J.M. Déguignet *}}{{Tpg2|:JMD|Espace Déguignet}} |
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- | <big><b>En 1905</b></big> | + | <big><b>En 1905, décès de JM Déguignet</b></big> |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Décès de JM Déguignet | ||
- | |||
« Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | « Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | ||
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{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
- | [[Image:DeguignetFils.jpg|center|120px|thumb]] | + | [[Image:DeguignetFils.jpg|center|120px|thumb|J.M. Déguignet fils (né en 1873)]] |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Lettre au fils Déguignet | ||
- | |||
« Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | « Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | ||
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|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | <big><b>En 1897</b></big> | + | <big><b>En 1897, conversation et extrait de cahier</b></big> |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Les nomades montagnards | ||
- | |||
« Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | « Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | ||
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Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | ||
- | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, [...]ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. | + | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, et ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. |
- Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | - Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | ||
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<br>{{Citation}} | <br>{{Citation}} | ||
- | Déguignet | ||
- | |||
« Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | « Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | ||
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« 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ». | « 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ». | ||
- | Et plus loin dans le même passage : « Le chêne est à lui seul un monument avec de grandes plaies, de vraies grottes dans son écorce et les bossellements de ses racines qui forment des sièges naturels ». | + | (carnet EF, page 86) |
- | + | ||
- | (carnet EG 86) | + | |
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
<br>{{Citation}} | <br>{{Citation}} | ||
- | « Nous arrivons à Kerdévot la veille du pardon. Je m'assieds pour prendre ces notes sur le vieux banc de pierres déjetées qui entoure le piédestal du calvaire, très haut sur base, ce piédestal avec ses deux étages séparés par une frise qui est comme un enguirlandement de vigne autour du monumnent. Le 2e étage se compose de vides, quatre sur chaque face Sud et Ouest, 2 sur chaque face Nord et Sud. Les trois croix se dressent au-dessus de la plate-forme, le christ au sommet de la médiane, face à l'Ouest, deux anges courbés, recueillant dans des calices les gouttes du précieux sang. | + | « Nous arrivons à Kerdévot la veille du pardon. Je m'assieds pour prendre ces notes sur le vieux banc de pierres déjetées qui entoure le piédestal du calvaire, très haut sur base, ce piédestal avec ses deux étages séparés par une frise qui est comme un enguirlandement de vigne autour du monument. Le 2e étage se compose de vides, quatre sur chaque face Sud et Ouest, 2 sur chaque face Nord et Sud. Les trois croix se dressent au-dessus de la plate-forme, le christ au sommet de la médiane, face à l'Ouest, deux anges courbés, recueillant dans des calices les gouttes du précieux sang. |
*<spoiler text="Aux pieds du Christ ...">{{ALB-ED-43}}</spoiler> | *<spoiler text="Aux pieds du Christ ...">{{ALB-ED-43}}</spoiler> | ||
+ | Chœur à trois fenêtres, dont la centrale très belle, formant large baie ; 4 contreforts les accompagnent, les flanquent. Dans la sacristie, les choristes, en vêtements rouges, attendent l'heure de vêpres. Des petites filles en blanc et bleu vont et viennent. De très vieilles femmes, silencieuses, d'un pas hésitant, appuyés sur des bâtons ou d'anciens manches de parapluies, font le tour de la chapelle, leur chapelet dans les doigts, voûtées, avec leurs coiffes en forme de mitres. | ||
+ | |||
Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins. | Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins. | ||
- | *<spoiler text="J'ai assisté à vêpres ... ">{{ALB-ED-43}}</spoiler> | + | J'ai assisté à vêpres, adossé au pilier qui, dans une embrasure, porte un St-Edern sur un cerf, déguisé en St-Eloi. Sanctuaire agricole, du reste, que ce Kerdévot. - Dans le bas-côté de droite est la statue de St-Eloi, avec son cheval blanc, près de lui, et, dans le bas-côté de gauche, lui fait face St-Fiacre, en moine vêtu de bure grise, sa pelle dans sa main droite. La Vierge de Kerdévot toute dorée est assise sur un trône dominant le rétable. des gens se confessent. Un paysan tient l'harmonium. - Les hommes sont debout ; les bannières droites dans la balustrade. L'une d'elles, blanche, avec une image en or est l'Intron Varia Kerzevot. D.E.D. On lui a mis derrière une Vierge de Lourdes qui, bientôt sans doute la supplantera. Une autre bannière de velours écarlate représente St Corentin en rouge et en jaune, avec mitre d'or, et St Guénolé, tout en blanc, blanche la mitre, protégeant un jeune enfant en robe. - Au dessous, dans un cartouche, Tonkin, 1885. Elle a été offerte par Signour. D'autres vieilles bannières aux tons plus fanés ». |
- | - La quête ; des paysans avec des plats de cuivre sculptés. - Des vieux tout courbés, d'allure hésitante et lourde. Cela serait ridicule ailleurs. Les enfants, appuyés à la balustrzade. Un paysan circule, allumant les cierges des femmes. Puis la procession se déroule par le chemin qui fait le toir du placître. - Pendant les vêpres, j'entendais des fragments de psaumes : "Nigra sum, sed formosa ... etc ...". | + | |
- | + | ||
- | Le chêne est, à lui seul, un monument, avec de grandes plaies, de vraies grottes dans son écorce, et les bossèlements de ses racines qui forment des sièges naturels. Dans des charrettes, brancards à terre, sont des barriques qui attendent pour demain. | + | |
- | La fontaine sacrée est située dans un champ labouré, à 300 mètres environ de la chapelle, dans la direction du levant. Elle est très monumentale, en forme de voûte surmontée d'un faitage triangulaire en forme de tympan, accolé de deux clochetons. L'image de la Vierge et de l'Enfant-Dieu, en pierre, très vieille, très fruste. Des petites croix de bois, à ses pieds, sur son socle, mises sans doute par des pèlerins. Le fond tapissé de débris de faïences. Un pavé devant la fontaine et deux petits bassins où, autrefois, on se baignait les pieds ». | + | *<spoiler text="- La quête ; des paysans ... ">{{ALB-ED-44}}</spoiler> |
(carnet ED, pages 42-45 numération intérieure) | (carnet ED, pages 42-45 numération intérieure) | ||
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==Facsimilés== | ==Facsimilés== | ||
- | Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui le CRBC, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux de numérisation, et les met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition. | + | Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux complémentaires de numérisation, le CRBC met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition. |
<gallery caption="Carnet EG - ALBM12"> | <gallery caption="Carnet EG - ALBM12"> | ||
+ | Image:ALB-EG-0.jpg|Couverture | ||
Image:ALB-EG-96.jpg|Page 96 | Image:ALB-EG-96.jpg|Page 96 | ||
Image:ALB-EG-104.jpg|Page 104 | Image:ALB-EG-104.jpg|Page 104 | ||
Ligne 257: | Ligne 253: | ||
<gallery caption="Carnet ED - ALBM9"> | <gallery caption="Carnet ED - ALBM9"> | ||
+ | Image:ALB-ED-0.jpg|Couverture | ||
Image:ALB-ED-40.jpg|Page 40 num. int. | Image:ALB-ED-40.jpg|Page 40 num. int. | ||
Image:ALB-ED-42.jpg|Page 42 num. int. | Image:ALB-ED-42.jpg|Page 42 num. int. |
Version actuelle
En 1886 Anatole Le Braz [1] est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions.
Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. |
Autres lectures : « TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne » ¤ « MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970) » ¤ « Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses cahiers IV et VIII » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Les bannières paroissiales de saint Guinal, ND de Kerdévot, Tonkin, saint Michel et Fatima » ¤ « Espace Déguignet » ¤
1 Présentation
Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants :
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2 Jean-Marie Déguignet
En 1905, décès de JM Déguignet
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En 1897, conversation et extrait de cahier
|
3 Le patrimoine d'Ergué-Gabéric
Stangala
St-Guénolé
Fontaine
Église paroissiale
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St-André
Ste-Apolline
Lezergué
Kerdévot
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4 Facsimilés
Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux complémentaires de numérisation, le CRBC met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition.
Carnet EG - ALBM12 | |||||
Carnet ED - ALBM9 | |||||
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5 Annotations
- Anatole Le Braz (1859-1926) est né a Saint-Servais (Côtes-d'Armor). Il a écrit beaucoup d'ouvrages sur les traditions en Bretagne. Collecteur infatigable de contes, chansons et légendes populaires, il est considéré, avec Théodore Hersart de la Villemarqué. comme un des piliers du renouveau de la culture traditionnelle et populaire en Bretagne. Son œuvre la plus connue, éditée en 1893, est « La Légende de la mort en Basse-Bretagne ». Il a contribué à faire connaître les mémoires de Jean-Déguignet en publiant ses premiers cahiers en 1905 dans la Revue de Paris. [Ref.↑]
- Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Avril 2009 Dernière modification : 11.10.2014 Avancement : [Développé] |