Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric
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- | |width=50% valign=top|<i>En 1886 Anatole Le Braz est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions. </i> | + | |width=50% valign=top|<i>En 1886 Anatole Le Braz <ref name="LeBraz">{{PR-LeBraz}}</ref> est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions. </i> |
Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. | Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. | ||
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|}__NUMBERHEADINGS____NOTOC__ | |}__NUMBERHEADINGS____NOTOC__ | ||
+ | Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970)}}{{Tpg|Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses cahiers IV et VIII}}{{Tpg|Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot}}{{Tpg|Les bannières paroissiales de saint Guinal, ND de Kerdévot, Tonkin, saint Michel et Fatima}}{{Tpg2|:category:JMD|Espace Déguignet}} | ||
==Présentation== | ==Présentation== | ||
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Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. | Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. | ||
- | Suite à la publication de certains extraits dans un article de Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions. | + | Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. |
- | À ce jour, l'ensemble des carnets, photos et poésies sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C <ref>Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo.</ref> de Brest : [http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Le_Braz__Anatole_ Fonds Le Braz]. | + | L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C <ref name=CRBC>{{CRBC}}</ref> de Brest : [http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Le_Braz__Anatole_ Fonds Le Braz]. |
Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants : | Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants : | ||
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- | |Titre | + | | Couv. |
- | | Genre | + | | Titre |
- | | Langue | + | | Extraits |
| Date | | Date | ||
| Coll. | | Coll. | ||
| Cote | | Cote | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet EG* | + | | VIII |
- | | Journal - Collectes | + | | Carnet EG |
- | | BR / FR | + | | p. 96, 104-105 <br>Déguignet (1905) |
| 1989-1911 | | 1989-1911 | ||
| 181 | | 181 | ||
| ALB M12 | | ALB M12 | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet ED* | + | | ? |
- | | Journal - Collectes | + | | Carnet EF |
- | | BR / FR | + | | p. 86 : Kerdévot (1899) |
+ | | 1997-1905 | ||
+ | | 278 | ||
+ | | ALB M11 | ||
+ | |- | ||
+ | | IV | ||
+ | | Carnet ED | ||
+ | | p. 40-45, 253-258 Ergué | ||
| 1893-1895 | | 1893-1895 | ||
| 283 | | 283 | ||
| ALB M9 | | ALB M9 | ||
|- | |- | ||
- | |Carnet E* | + | | ? |
- | | Journal - Collectes | + | | Carnet E |
- | | BR / FR | + | | p. 76 St Gwenaël |
| 1887-1889 | | 1887-1889 | ||
| 95 | | 95 | ||
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|} | |} | ||
- | <br>Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris)}}{{Tpg2|:JMD|Espace Déguignet}} | + | <br>Autres lectures : {{Tpg|TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un paysan bas-breton (Revue de Paris)}}{{Tpg|Fiche généalogique de J.M. Déguignet *}}{{Tpg2|:JMD|Espace Déguignet}} |
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- | <big><b>En 1905</b></big> | + | <big><b>En 1905, décès de JM Déguignet</b></big> |
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- | Décès de JM Déguignet | ||
- | |||
« Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | « Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | ||
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{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
- | [[Image:DeguignetFils.jpg|center|120px|thumb]] | + | [[Image:DeguignetFils.jpg|center|120px|thumb|J.M. Déguignet fils (né en 1873)]] |
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- | Lettre au fils Déguignet | ||
- | |||
« Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | « Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | ||
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- | <big><b>En 1897</b></big> | + | <big><b>En 1897, conversation et extrait de cahier</b></big> |
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- | Les nomades montagnards | ||
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« Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | « Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | ||
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Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | ||
- | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, [...]ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. | + | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, et ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. |
- Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | - Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | ||
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<br>{{Citation}} | <br>{{Citation}} | ||
- | Déguignet | ||
- | |||
« Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | « Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | ||
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Il s'en fut pas moins satisfait. Ce filet était plus que suffisant pour payer ce qui était dû au fisc. Pendant que l'huissier écrivait sa saisie, je fus obligé de sortir, je me sentais près d'étouffer par les efforts que je faisais pour retenir mes sanglots en présence de pareilles horreurs". (24e cahier). » | Il s'en fut pas moins satisfait. Ce filet était plus que suffisant pour payer ce qui était dû au fisc. Pendant que l'huissier écrivait sa saisie, je fus obligé de sortir, je me sentais près d'étouffer par les efforts que je faisais pour retenir mes sanglots en présence de pareilles horreurs". (24e cahier). » | ||
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(carnet ED, page 253) | (carnet ED, page 253) | ||
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<big><b>Stangala</b></big> | <big><b>Stangala</b></big> | ||
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- | Le Stangala | ||
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« Notes prises dans les Mémoires de Déguignet sur Le Stangala | « Notes prises dans les Mémoires de Déguignet sur Le Stangala | ||
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« St Guénolé : pardon 3ème dimanche de juillet. La chapelle sur une hauteur dans un bois de hêtres. Monumentale reproduction à l'extérieur de l'église d'Ergué-Gabéric. A l'intérieur (bas-côté droit), dans le choeur statue de St Maudez, très belle statue, figure austère, mitre d'or, manteau bleu à franges d'or, grande robe blanche à plis tombants, crosse dans la gauche, la main droite, deux doigts levés pour bénir. Dans l'angle droit de la maitresse-vitre, St Guénolé en moine, sans mitre, en [...] rouge, croisée d'or, en pointe sur surplis blanc et robe brune, livre dans gauche, croisse curieuse dans droite ; à gauche du maitre autel, St Herbot, en ermite ; un ruban relie à lui une vache accrochée au montant de la fenêtre, une autre vache est à ses pieds. Cette statue en remplace une autre, reléguée maintenant au 2e pilier. Un St Michel fait pendant à St Modez. Le St Herbot du pilier ressemble à un St Jacques, chapeau large de pèlerin, à capu[... ) enserrant la face, tête inclinée à la longue barbe pèlerine, robe brune à surplis, corde autour des reins, livre dans la gauche. Au pilier d'en face vieil évêque à figure bénigne, appuyé sur sa croisse sans doute St Corentin. Inscription sur la voûte, au-dessus de St Maudez : HERVE MOYSAN FABRIQ FAICT PAR LAVRENS BALBOVZ ET YVON IAUVHEN, 1679. Frises curieuses, fleurs, dragons. ». | « St Guénolé : pardon 3ème dimanche de juillet. La chapelle sur une hauteur dans un bois de hêtres. Monumentale reproduction à l'extérieur de l'église d'Ergué-Gabéric. A l'intérieur (bas-côté droit), dans le choeur statue de St Maudez, très belle statue, figure austère, mitre d'or, manteau bleu à franges d'or, grande robe blanche à plis tombants, crosse dans la gauche, la main droite, deux doigts levés pour bénir. Dans l'angle droit de la maitresse-vitre, St Guénolé en moine, sans mitre, en [...] rouge, croisée d'or, en pointe sur surplis blanc et robe brune, livre dans gauche, croisse curieuse dans droite ; à gauche du maitre autel, St Herbot, en ermite ; un ruban relie à lui une vache accrochée au montant de la fenêtre, une autre vache est à ses pieds. Cette statue en remplace une autre, reléguée maintenant au 2e pilier. Un St Michel fait pendant à St Modez. Le St Herbot du pilier ressemble à un St Jacques, chapeau large de pèlerin, à capu[... ) enserrant la face, tête inclinée à la longue barbe pèlerine, robe brune à surplis, corde autour des reins, livre dans la gauche. Au pilier d'en face vieil évêque à figure bénigne, appuyé sur sa croisse sans doute St Corentin. Inscription sur la voûte, au-dessus de St Maudez : HERVE MOYSAN FABRIQ FAICT PAR LAVRENS BALBOVZ ET YVON IAUVHEN, 1679. Frises curieuses, fleurs, dragons. ». | ||
- | [...] | + | (carnet ED, page 40, numération intérieure) |
- | + | ||
- | (carnet ED, page 40) | + | |
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« À Saint-Guennolé, il y a un saint Isidore au-dessus du portail d'entrée, avec une faucille à la main. » | « À Saint-Guennolé, il y a un saint Isidore au-dessus du portail d'entrée, avec une faucille à la main. » | ||
- | « Il y a en Ergué, sur la route de Kerdévot, auprès de Lezergué, une fontaine de sainte Apolline (santez Apollina). | + | (Déguignet) |
- | C'est la patronne des dents : elle est représentée à Saint-Guennolé avec une tenaille à la main, et une dent entre les pinces de la tenaille. On allait à la fontaine jeter des croix de bois, pour le mal de dents. Peut-être la statue de sainte Apolline est-elle maintenant au bourg d'Ergué ». | + | |
- | (carnet ED, pages 254-255, conversations avec J.-M. Déguignet) | + | (carnet ED, pages 254-255) |
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<big><b>Fontaine</b></big> | <big><b>Fontaine</b></big> | ||
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« 28 août Ergué-Gabéric. Clocher comme greffé sur l'église. A l'intérieur maitre-autel remarquable. Beau vitrail représentant les scènes de la vie du Christ. A gauche de l'autel, une belle représentation de la Trinité, Dieu le Père, Christ en travers, St Esprit perché sur l'épaule de Christ. A droite, une statue de <u>St Guinal</u> en abbé (Guennaël) la crosse dans la droite, la main gauche retenant les pans du manteau abbatial, manteau rouge, surplis blanc sur robe brune. Vitrail remarquable, encore dans le bas-côté droit. La rosace en pierre de ce vitrail dessine une très belle fleur de lys. Ossuaire au levant à 4 fenêtres de côté à 3 fenêtres de face. » | « 28 août Ergué-Gabéric. Clocher comme greffé sur l'église. A l'intérieur maitre-autel remarquable. Beau vitrail représentant les scènes de la vie du Christ. A gauche de l'autel, une belle représentation de la Trinité, Dieu le Père, Christ en travers, St Esprit perché sur l'épaule de Christ. A droite, une statue de <u>St Guinal</u> en abbé (Guennaël) la crosse dans la droite, la main gauche retenant les pans du manteau abbatial, manteau rouge, surplis blanc sur robe brune. Vitrail remarquable, encore dans le bas-côté droit. La rosace en pierre de ce vitrail dessine une très belle fleur de lys. Ossuaire au levant à 4 fenêtres de côté à 3 fenêtres de face. » | ||
- | (carnet ED, page 40) | + | (carnet ED, page 40, numération intérieure) |
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<big><b>St-André</b></big> | <big><b>St-André</b></big> | ||
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- | « Il y a encore en Ergué-Gabéric la chapelle de Saint-André qu'on a reconstruite il y a une quinzaine d'années. | + | « Il y a encore en Ergué-Gabéric la chapelle de Saint-André qu'on a reconstruite il y a une quinzaine d'années ». |
- | « Le dimanche des Rameaux, les paysans cornouaillais ont l'habitude de planter un rameau de laurier bénit dans leurs champs ». (id.)ille. On allait à la fontaine jeter des croix de bois, pour le mal de dents. Peut-être la statue de sainte Apolline est-elle maintenant au bourg d'Ergué ». | + | (Déguignet) |
- | (carnet ED, pages 255-257, propos inédits de J.-M. Déguignet recueillis par Anatole Le Braz) | + | (carnet ED, pages 255) |
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+ | <big><b>Ste-Apolline</b></big> | ||
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+ | {{Citation}} | ||
+ | « Il y a en Ergué, sur la route de Kerdévot, auprès de Lézergué, une fontaine de Sainte Apolline (santez Apollina). C'est la patronne des dents : elle est représentée à St-Guénnolé avec une tenaille à la main, et une dent entre les pinces de la tenaille. On allait à la fontaine jeter des croix de bois, pour le mal de dents. Peut-être la statue de sainte Apolline est-elle maintenant au bourg d'Ergué ». | ||
+ | |||
+ | (Déguignet) | ||
+ | |||
+ | (carnet ED, pages 255) | ||
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
Ligne 208: | Ligne 214: | ||
« Vu au château de Lezergué (9 septembre 1893) sur une armoire datant de 1822 dans la cuisine une représentation de saint Edern mitre en tête sur un cerf à corps de cheval très fringant avec énormes bois sinueux, la crosse dans une main. Les gens de la maison savent du reste que c’est saint Edern ». | « Vu au château de Lezergué (9 septembre 1893) sur une armoire datant de 1822 dans la cuisine une représentation de saint Edern mitre en tête sur un cerf à corps de cheval très fringant avec énormes bois sinueux, la crosse dans une main. Les gens de la maison savent du reste que c’est saint Edern ». | ||
- | (carnet ED 42 page 36) | + | (carnet ED, page 42 numération intérieure) |
{{FinCitation}} | {{FinCitation}} | ||
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« 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ». | « 29 juin 1899 venu ce soir à Kerdévot. Remarqué l’hermine ailée qui est sculptée au fronton de la Tour. Le calvaire a quatre niches de face et deux sur chaque bout. Toutes vides. On entend du dehors le bruit sourd du balancier qui fend lourdement son heure. Édouard remarque avec raison que quelqu’un qui entendrait cela de nuit - un Breton - serait singulièrement effrayé. Sur la route un peu avant d’arriver à la chapelle et sur la gauche, une maisonnette d’où sortait un bruit de métier de tisserand et un chant de navette. Il y aurait quelque chose à écrire sur un tisserand de Notre-Dame. La chapelle de Kerdévot est une belle chose mais ce qui est encore plus beau c’est le cadre, l’immense chênaie plusieurs fois séculaire qui lui sert de parvis et tout alentour un foisonnement de verdure intense avec entre les grandes frondaisons de jolies éclaircies de soleil sur des prairies, sur des froments, sur des vergers où les fruits se nouent ». | ||
- | Et plus loin dans le même passage : « Le chêne est à lui seul un monument avec de grandes plaies, de vraies grottes dans son écorce et les bossellements de ses racines qui forment des sièges naturels ». (carnet EG 86) | + | (carnet EF, page 86) |
+ | {{FinCitation}} | ||
+ | |||
+ | <br>{{Citation}} | ||
+ | « Nous arrivons à Kerdévot la veille du pardon. Je m'assieds pour prendre ces notes sur le vieux banc de pierres déjetées qui entoure le piédestal du calvaire, très haut sur base, ce piédestal avec ses deux étages séparés par une frise qui est comme un enguirlandement de vigne autour du monument. Le 2e étage se compose de vides, quatre sur chaque face Sud et Ouest, 2 sur chaque face Nord et Sud. Les trois croix se dressent au-dessus de la plate-forme, le christ au sommet de la médiane, face à l'Ouest, deux anges courbés, recueillant dans des calices les gouttes du précieux sang. | ||
+ | |||
+ | *<spoiler text="Aux pieds du Christ ...">{{ALB-ED-43}}</spoiler> | ||
+ | Chœur à trois fenêtres, dont la centrale très belle, formant large baie ; 4 contreforts les accompagnent, les flanquent. Dans la sacristie, les choristes, en vêtements rouges, attendent l'heure de vêpres. Des petites filles en blanc et bleu vont et viennent. De très vieilles femmes, silencieuses, d'un pas hésitant, appuyés sur des bâtons ou d'anciens manches de parapluies, font le tour de la chapelle, leur chapelet dans les doigts, voûtées, avec leurs coiffes en forme de mitres. | ||
+ | |||
+ | Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins. | ||
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+ | J'ai assisté à vêpres, adossé au pilier qui, dans une embrasure, porte un St-Edern sur un cerf, déguisé en St-Eloi. Sanctuaire agricole, du reste, que ce Kerdévot. - Dans le bas-côté de droite est la statue de St-Eloi, avec son cheval blanc, près de lui, et, dans le bas-côté de gauche, lui fait face St-Fiacre, en moine vêtu de bure grise, sa pelle dans sa main droite. La Vierge de Kerdévot toute dorée est assise sur un trône dominant le rétable. des gens se confessent. Un paysan tient l'harmonium. - Les hommes sont debout ; les bannières droites dans la balustrade. L'une d'elles, blanche, avec une image en or est l'Intron Varia Kerzevot. D.E.D. On lui a mis derrière une Vierge de Lourdes qui, bientôt sans doute la supplantera. Une autre bannière de velours écarlate représente St Corentin en rouge et en jaune, avec mitre d'or, et St Guénolé, tout en blanc, blanche la mitre, protégeant un jeune enfant en robe. - Au dessous, dans un cartouche, Tonkin, 1885. Elle a été offerte par Signour. D'autres vieilles bannières aux tons plus fanés ». | ||
- | « Le clocher est d’une sveltesse extraordinaire et pointe très haut au dessus des arbres. On le voit de la montée de tout à l’heure aigü et clair au-dessus des grandes verdures de la vallée boisée où est située la chapelle à mi-versant. Deux fermes sont de part et d’autre : l’une un ancien manoir avec un très grand porche, l’autre masquée derrière un rideau de pins ». | + | *<spoiler text="- La quête ; des paysans ... ">{{ALB-ED-44}}</spoiler> |
- | (carnet ED 42 page 36-39) | + | (carnet ED, pages 42-45 numération intérieure) |
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- | Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui le CRBC, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux de numérisation, et les met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition. | + | Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux complémentaires de numérisation, le CRBC met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition. |
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Version actuelle
En 1886 Anatole Le Braz [1] est nommé professeur de lettres au lycée de Quimper. Dès son arrivée, François-Marie Luzel alors archiviste départemental et conservateur du musée archéologique de la ville, l’associe à ses travaux, et très vite Anatole Le Braz effectue ses premières collectes de contes, légendes et traditions.
Il se voit confier trois missions officielles par le ministère de l’Instruction Publique, notamment recueillir les traditions populaires sur les vieux saints bretons et leurs oratoires, et ce qu’il reste de la tradition des mystères bretons. Dans ce cadre, de 1892 à 1898 environ, il parcourt la Basse Bretagne et se sert de petits carnets sur lesquels il consigne ses observations. Et notamment sa rencontre et quelques-uns de ses échanges avec Jean-Marie Déguignet. |
Autres lectures : « TANGUY Alain - Anatole Le Braz et la tradition populaire en Bretagne » ¤ « MORVAN Frédéric - Les Bretons (1870-1970) » ¤ « Anatole Le Braz raconte J.-M. Déguignet dans ses cahiers IV et VIII » ¤ « Le pardon de Notre-Dame de Kerdévot » ¤ « Les bannières paroissiales de saint Guinal, ND de Kerdévot, Tonkin, saint Michel et Fatima » ¤ « Espace Déguignet » ¤
1 Présentation
Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. L'ensemble de ces carnets (et des photos et poésies du mémorialiste breton) sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants :
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2 Jean-Marie Déguignet
En 1905, décès de JM Déguignet
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En 1897, conversation et extrait de cahier
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3 Le patrimoine d'Ergué-Gabéric
Stangala
St-Guénolé
Fontaine
Église paroissiale
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St-André
Ste-Apolline
Lezergué
Kerdévot
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4 Facsimilés
Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux complémentaires de numérisation, le CRBC met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition.
Carnet EG - ALBM12 | |||||
Carnet ED - ALBM9 | |||||
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5 Annotations
- Anatole Le Braz (1859-1926) est né a Saint-Servais (Côtes-d'Armor). Il a écrit beaucoup d'ouvrages sur les traditions en Bretagne. Collecteur infatigable de contes, chansons et légendes populaires, il est considéré, avec Théodore Hersart de la Villemarqué. comme un des piliers du renouveau de la culture traditionnelle et populaire en Bretagne. Son œuvre la plus connue, éditée en 1893, est « La Légende de la mort en Basse-Bretagne ». Il a contribué à faire connaître les mémoires de Jean-Déguignet en publiant ses premiers cahiers en 1905 dans la Revue de Paris. [Ref.↑]
- Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Avril 2009 Dernière modification : 11.10.2014 Avancement : [Développé] |