Carnets d'Anatole Le Braz sur Jean-Marie Déguignet et Ergué-Gabéric
Un article de GrandTerrier.
Version du 15 mars ~ meurzh 2014 à 09:07 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version du 15 mars ~ meurzh 2014 à 09:13 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) Différence suivante → |
||
Ligne 59: | Ligne 59: | ||
{|width=870| | {|width=870| | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | <big><b>En 1905</b></big> | + | <big><b>En 1905, décès de JM Déguignet</b></big> |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Décès de JM Déguignet | ||
- | |||
« Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | « Dans l'Union Agricole du 6 septembre 1905, je lis aujourd'hui, à la rubrique des décès de Quimper, le nom de " <i>Déguignet Jean, 71 ans, s.p. (sans profession), veuf de Marie Rospart</i> ". Ainsi donc, il s'en est allé, le pauvre vieux. Est-il resté fidèle jusqu'au bout aux convictions qu'il s'était faites et dans cet admirable mépris des dieux qu'il proclamait avec tant de ferveur ? Il faudra que je tâche de m'informer de la date exacte de sa mort et de la façon dont il a franchi le grand pas. J'ai sa dernière lettre où il protestait contre la vie qu'il était condamné à mener à l'Hôpital. Je salue ici sa mémoire et vais tâcher de la prolonger le plus possible par la publicité de ses papiers. ». | ||
Ligne 71: | Ligne 69: | ||
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Lettre au fils Déguignet | ||
- | |||
« Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | « Aujourd'hui, 14 sept 1905, je reçois de J.M. Deguignet, clerc de notaire à Pont-L'Abbé, une lettre me demandant de lui remettre les manuscrits de son père. Je lui réponds par la lettre ci-desous : | ||
Ligne 89: | Ligne 85: | ||
|width=4% valign=center {{jtfy}}| | |width=4% valign=center {{jtfy}}| | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | <big><b>En 1897</b></big> | + | <big><b>En 1897, conversation et extrait de cahier</b></big> |
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | Les nomades montagnards | ||
- | |||
« Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | « Conversation avec Déguignet - 18 décembre 1897, soir. | ||
Ligne 100: | Ligne 94: | ||
Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | Les fermiers qui les logeaient et qui restaient les écouter causer, à la porte de l'étable, entendaient parfois des propos extraordinaires. | ||
- | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, [...]ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. | + | Un fermier d'Ergué-Gabéric, assez riche, et ayant une étable bien garnie, logea un jour deux de ces compagnons : il alla lui-même, avec une lanterne, les conduire à la crèche où il leur avait préparé une couchette de paille. |
- Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | - Voilà, Messieurs. Et maintenant bonne nuit. | ||
Ligne 120: | Ligne 114: | ||
<br>{{Citation}} | <br>{{Citation}} | ||
- | Déguignet | ||
- | |||
« Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | « Déguignet vit seul, rue du Pont-Firmin, dans "un trou de sept mètres cubes". Il habite à côté d'un <u>porteur</u> de contraintes qu'il accompagne quelquefois dans ses tournées. J'extrais ce récit de ses mémoires : "En novembre 1895, je suivis notre huissier à Pont-Croix et à Audierne où il avait à pratiquer plusieurs saisies, presque toutes chez des pêcheurs. Un matin, près d'Audierne, en la commune de Plouhinec, nous entrons dans une pauvre cahutte au bord de la mer, pour saisir un pauvre pêcheur qui devait au trésor une somme de 50 francs. En entrant, j'entendais des cris et des plaintes sortir de tous les coins de la cahutte, quoique je ne vis personne. Car cette pauvre case n'était éclairée que par un trou pratiqué près de la cheminée, et tous ceux qui poussaient ces cris ou ces plaintes étaient couchés presque par terre dans ce que nous appelons en breton kel (kével) ou petites loges à cochons. Ces êtres qui criaient et se plaignaient étaient les enfants du pêcheur au nombre de sept, tous malades. L'homme était à la mer. La mère était dans un de ces <u>kel</u>, avec trois petits autour d'elle qui demandaient à manger. Mais quoi ? Il n'y avait absolument rien dans la cahutte. Lorsque le porteur de contraintes dit à la mère de se lever pour lui ouvrir le seul meuble qui fût là, une vieille armoire. Elle répondit en pleurant qu'elle ne pouvait pas se tenir debout et de plus elle était presque aveugle. L'armoire, du reste, n'était pas fermée à clef. | ||
Version du 15 mars ~ meurzh 2014 à 09:13
1 Présentation
Dans les extraits ci-dessous il est question du patrimoine d’Ergué-Gabéric et de Jean-Marie, paysan bas-breton. Ils nous donnent ainsi des aperçus de notre patrimoine dans les années 1890 et nous font part de traditions aujourd’hui oubliées. Suite à la thèse d'Alain Tanguy en 1997 et à la publication de certains passages dans un article par Norbert Bernard en avril 2003 dans le bulletin Keleier d'Arkae, voici aujourd'hui rassemblée l'intégralité des copies et transcriptions de ces extraits gabéricois. À ce jour, l'ensemble des carnets, photos et poésies sont conservés à la bibliothèque Yves Le Gallo du C.R.B.C Les textes ci-dessous sont extraits des cahiers suivants :
|
2 Jean-Marie Déguignet
En 1905, décès de JM Déguignet
|
En 1897, conversation et extrait de cahier
|
3 Le patrimoine d'Ergué-Gabéric
Stangala
St-Guénolé
Fontaine
Église paroissiale
|
St-André
Ste-Apolline
Lezergué
Kerdévot
|
4 Facsimilés
Les clichés ci-dessous ont été réalisés en 2003. Aujourd'hui le CRBC, suite à la thèse d'Alain Tanguy sur les carnets EA à ED, et aux travaux de numérisation, et les met à disposition des chercheurs des scans en plus haute définition.
Carnet EG - ALBM12 | |||||
Carnet ED - ALBM9 | |||||
|
|
5 Annotations
- Le Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC, EA 4451 / UMS 3554) est un laboratoire de recherche pluridisciplinaire de 46 membres (historiens, de l’antiquité à nos jours ; linguistes, celtisants et anglicistes ; ethnologues ; sociologues ; littéraires principalement) qui investissent des thèmes et des terrains de recherche relevant des aires culturelles bretonne et celtique. Mais ils mènent également, à titre comparatif, des recherches individuelles ou collectives sur d’autres terrains, à l’échelle de l’Europe, notamment atlantique, voire au-delà. Le CRBC a été fondé en 1969 par Yves Le Gallo. [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Avril 2009 Dernière modification : 15.03.2014 Avancement : [Développé] |